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Les amendes records de 2024 ont-elles vraiment de l'effet sur les géants de la tech ?

Par Laurence - Publié le

Les géants de la tech -Google, Apple, Amazon, Microsoft et Meta- ont tous écopé en 2024 d’énormes amendes pour des infractions portant sur la vie privée des utilisateurs et les lois sur la concurrence. En cumulé, ces dernières atteignent 8,2 milliards de dollars. Pourtant massifs à première vue, ces montants doivent être relativisés par la capacité financière toute aussi hors norme de ces entreprises. Selon l’entreprise suisse Proton, il suffirait à ces cinq entreprises seulement quelques jours pour générer les flux de trésorerie nécessaires à leur règlement.

Les amendes records de 2024 ont-elles vraiment de l'effet sur les géants de la tech ?


Champion des prunes



Google arrive en tête de liste avec près de 3 milliards de dollars de sanctions en 2024. Parmi celles-ci, on trouve une amende de 2,5 milliards infligée par la Commission européenne pour pratiques anticoncurrentielles, notamment pour avoir favorisé ses propres recommandations d’achat au détriment de la concurrence. Un constat : cette somme représente à peine trois semaines de revenus pour le géant. À titre d’exemple, l’amende de 2 000 dollars imposée par la Corée du Sud pour collecte de données sans consentement a été couverte en seulement sept secondes d’activité.

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Meta a reçu un total de 1,4 milliard de dollars d’amendes en 2024, ce qui correspond à moins de deux semaines. En novembre, la société de Mark Zuckerberg a été condamnée à payer 797 millions d’euros pour violation des règles antitrust européennes, accusée d’imposer des conditions commerciales déloyales à ses partenaires publicitaires. Le CEO de Meta a dénoncé ces sanctions répétées, les qualifiant de quasi-droit de douane imposé par l’Union européenne, qui aurait infligé plus de 30 milliards de dollars de pénalités aux entreprises américaines au cours des deux dernières décennies.

Apple quant à elle, a été condamné à plus de 2,1 milliards de dollars l'année dernière pour des violations en matière de concurrence déloyale. Concrètement ? C'est l'équivalent d'un peu plus d'une semaine de flux de trésorerie disponible (en vrai il lui faudrait 7 jours, 2 heures et 28 minutes).

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Des amendes intégrées dans les stratégies commerciales



Pour Jurgita Miseviciute, directeur des affaires publiques de Proton, ces montants, ne représentent pour ces firmes qu’un faible coût au regard de leurs bénéfices et sont parfaitement provisionnés (et de très loin). Ces entreprises considèrent ces sanctions comme l’équivalent d’une amende de stationnement pour vous ou moi. Il s'agit tout simplement d'une gestion stratégique des infractions, où les entreprises anticipent ces sanctions comme un simple coût des affaires.

Pour sensibiliser le public et les régulateurs, Proton a récemment lancé un outil bluffant. Ce dernier permet de suivre en temps réel les nouvelles amendes infligées aux Big Tech. Cet outil vise à mettre en lumière l’ampleur des infractions et à encourager des réponses plus strictes de la part des gouvernements.

Bien que les sanctions atteignent des records, leur impact reste donc -très- limité face à la puissance financière des géants de la tech. Pour les régulateurs, le défi de 2025 sera donc de trouver des moyens d’imposer des mesures dissuasives réellement efficaces face à ces géants de la tech.


Les amendes records de 2024 ont-elles vraiment de l'effet sur les géants de la tech ?