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Dyson en a marre des aspirateurs et se met aux fraises

Par Vincent Lautier - Publié le

Alors non, en vrai l’entrepreneur anglais James Dyson n’en a pas vraiment marre des aspirateurs, mais pour les fraises on est sérieux. Avec sa ferme high-tech dans le Lincolnshire, il veut produire des fraises britanniques à Noël et rivaliser avec les géants mondiaux. Un pari risqué, mais pourquoi pas ?

Miam
Miam


De la tech dans les champs



Dans une serre de 10 hectares, des robots cueillent des fraises parfaitement mûres grâce à une technologie développée par Dogtooth, une start-up locale. Ces robots ne se contentent pas de récolter : ils analysent aussi les fruits pour prévoir les rendements. Dyson a misé gros dans cette histoire, avec 140 millions de livres investis depuis 2013 pour moderniser ses fermes. Les serres fonctionnent avec de l’énergie renouvelable produite sur place, et des capteurs optimisent les apports en nutriments. Résultat : des fraises disponibles toute l’année, même en plein hiver.

Le but ? Proposer un produit premium estampillé Dyson Farming. Pour l’instant, ses fraises se retrouvent sous les marques de Sainsbury et Marks & Spencer, mais le nom Dyson va commencer à gagner en visibilité.

James Dyson dans ses champs
James Dyson dans ses champs


Un marché déjà bien occupé



Le marché actuel est dominé par des géants comme Driscoll’s, un poids lourd américain, ou Agroberries, basé au Chili. Ces entreprises produisent et vendent leurs propres variétés brevetées. Dyson, lui, utilise une variété britannique appelée Malling Centenary, mais il ne l’a pas créée. Comme quoi on peut s’appeler Dyson et ne pas avoir tout inventé.

Aujourd’hui la production britannique est marginale : seulement 20 % des fruits consommés au Royaume-Uni sont cultivés localement. Les consommateurs sont habitués aux fraises importées d’Espagne ou du Maroc, souvent moins chères. Convaincre qu’il faut payer un peu plus pour une fraise made in Lincolnshire, même à Noël, ça ne va pas être simple.

C'est du sérieux
C'est du sérieux


Un pari contre le système



Le problème ne vient pas seulement de la concurrence. Au Royaume-Uni, les terres agricoles coûtent une fortune à cause des avantages fiscaux sur les successions. Certains propriétaires préfèrent laisser leurs terres en jachère écologique plutôt que de produire. Pendant ce temps, d’autres pays proches, comme les Pays-Bas, investissent dans ce type d’innovation depuis des années. Pas étonnant qu’ils soient les deuxièmes exportateurs agricoles mondiaux.

Dyson joue gros avec ses fraises. S’il veut réussir, il devra produire davantage, créer ses propres variétés et convaincre que ses fruits méritent leur prix. Le défi est immense, mais si quelqu’un peut réussir à faire de la fraise britannique un produit de luxe, c’est bien lui. Sinon, il lui restera toujours les aspirateurs.