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Airbnb s’agace et s’oppose à la ville de Paris

Par Vincent Lautier - Publié le

C’est officiel, à partir de janvier 2025, Paris serre la vis sur les locations touristiques, et Airbnb n’est pas ravi. La plateforme vient de dénoncer des mesures qu’elle juge trop strictes et inutiles, tout en publiant un rapport pour appuyer son point de vue. Alors, qui a raison dans cette affaire ?

Visuel : Airbnb
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Durée limitée et sanctions renforcées



La mairie de Paris a décidé de réduire la durée maximale de location des résidences principales : 90 jours par an au lieu de 120. Et ce n’est pas tout : les sanctions grimpent en flèche. Par exemple, transformer un bien en meublé touristique sans autorisation pourrait coûter jusqu’à 100 000 euros d’amende, contre 50 000 auparavant. Objectif affiché ? Lutter contre la pénurie de logements dans une capitale où 25 000 meublés touristiques seraient illégaux. On peut difficilement reprocher à la mairie de Paris de vouloir réglementer, non ?

Airbnb crie à l’inefficacité



De son côté, Airbnb assure que ces règles ne changeront rien à la crise du logement. Un rapport d’Oxford Economics souligne que les mesures similaires en place depuis huit ans n’ont pas empêché les loyers d’augmenter (+21 %) ni fait baisser les prix de l’immobilier (+15 %). Et ce n’est pas tout : selon Airbnb, ces restrictions ont surtout contribué à faire grimper les tarifs des séjours touristiques. Exemple ? Les prix des nuitées hôtelières auraient bondi de 77 % en six ans.

Le résultat, selon la plateforme, c’est une capitale qui devient une destination réservée aux riches touristes étrangers et aux voyageurs d’affaires. En bonus, Airbnb rappelle que ses locations génèrent des revenus importants : 3,6 milliards d’euros pour les commerces locaux en 2023 et plus de 33 000 emplois soutenus. Bref, un argument économique qui pourrait faire mouche. Sauf qu’on peut quand même se poser la question dans l’autre sens. Sans ces mesures imposées il y a huit ans, est-ce que la situation du logement ne serait pas encore pire qu’aujourd’hui ? Et surtout, les nouvelles mesures visent avant tout à imposer aux propriétaires de respecter les règles que beaucoup ne respectent pas aujourd’hui.

Visuel : Airbnb
Visuel : Airbnb


Des propositions pour détendre l’atmosphère



Plutôt que de limiter les locations, Airbnb propose des solutions plus équilibrées. Parmi elles : maintenir la limite actuelle de 120 jours pour les résidences principales et revoir le système de compensation pour les résidences secondaires en instaurant des quotas ciblés par quartier. La plateforme suggère aussi des incitations pour favoriser la location longue durée, comme des réductions de taxe foncière ou des baux mixtes (logement étudiant et location touristique). Nous savons d’expérience que sur ce type de communication, Airbnb cherche surtout à montrer aux hôtes qu’elle est de leur côté. C’est aussi une manière de calmer une grogne qui se fait parfois entendre dans les communautés d’hôtes, qui jugent que la plateforme ne se bat pas assez pour eux.

Un débat qui s’éternise



Quoi qu’il en soit, pour Airbnb, ces nouvelles règles ne feront qu’aggraver les tensions sur le marché immobilier tout en privant les Parisiens de revenus complémentaires. Et la mairie ? Elle reste ferme sur son objectif : protéger l’accès au logement. En attendant, le bras de fer continue, et on parie que les discussions sont loin d’être terminées.

Visuel : Marseille
Visuel : Marseille


Un mouvement national vers des règles plus strictes ?



Souvenons-nous aussi de l’initiative marseillaise du maire Benoît Payan, qui confirme un agacement de plus en plus intense vis à vis d'Airbnb. Les municipalités prennent de plus en plus de mesures drastiques pour encadrer les locations de courte durée, toujours accusées d’aggraver la crise du logement. Marseille veut aller encore plus loin en proposant une régulation encore plus radicale des résidences secondaires. Quel regard portez-vous sur cette situation ? Pensez-vous qu'il faut mieux encadrer les plateformes comme Airbnb, ou au contraire lâcher du lest ?