Tesla Autopilot : le pire système de conduite semi-autonome ?
Par Didier Pulicani - Mis à jour le
Tesla, la référence des voitures électriques
Pour autant, si vous suivez régulièrement nos tests de voitures électriques, vous savez à quel point nous sommes agnostiques en matière de véhicule électrique : si Tesla reste la référence sur de nombreux plans, comme l'efficience, l'autonomie, la consommation, la puissance des moteurs, ou encore l'espace à bord (pour les bagages notamment), la marque est loin de dominer tous les domaines !
Si l'on s'intéresse à la qualité de finition, pour le tarif, les allemands font souvent mieux. Nos marques européennes proposent aussi de nombreuses options totalement indisponibles chez Tesla dans les mêmes gammes de prix, comme les sièges massants et ventilés, des feux matrix-LED, roues arrières directrices, une suspension pilotée (Tesla le propose uniquement sur les model S et X), l'ouverture du coffre au pied....
Et même sur le plan technologique, le volant capacitif, l'affichage tête haute, la caméra 360, CarPlay, Waze, AppleTV+, le rétroviseur-caméra, la charge inversée (V2L), la charge en 800V (0-80% en 18mn)... Tesla est loin d'être en avant sur tous les plans, ce qui est plutôt bon pour la concurrence.
2013 : leader sans concurrence
Historiquement, Tesla a été le premier constructeur à proposer un
Autopilot, un système de conduite semi-autonome permettant de lâcher le volant, ou plutôt, de laisser la voiture conduire tout en restant attentif au cas où le robot perdrait les pédales. Entre 2013 et 2016, ce système dit
ADASn'était pas développé en interne, mais par Mobileye, filiale d'Intel depuis 2017.
Durant ces années là, la concurrence n'arrive tout simplement pas à suivre. Il faudra attendre les années 2016/2017 pour que Volvo, Mercedes ou le groupe Volkswagen proposent enfin une conduite autonome de niveau 2 convenable, alors même que Tesla travaille sur le FSD -la conduite 100% autonome- depuis plusieurs années.
Le FSD est d'ailleurs toujours en beta à l'heure où nous écrivons ces lignes, et sous contrainte légale : en Europe par exemple, il n'est pas encore possible d'avoir une voiture 100% autonomie sur l'espace public, même si la technologie semble quasiment prête. Aux USA, la loi autorise les voitures (dans certains états) à circuler sans pilote, même s'il existe quantité de restrictions également. Si Tesla semble le seul à proposer une beta publique à ses clients, Google, Apple et les constructeurs historiques profitent de ces grands espaces où la réglementation est plus légère, pour effectuer des tests depuis plusieurs années déjà.
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L'Autopilot victime de son implémentation ?
Pour tester à peu près tous les système de conduite semi-autonome du marché, je dois me rendre à l'évidence : Tesla n'est plus le leader incontesté, loin de là ! Ce sentiment n'est pas isolé, la plupart de mes confrères journalistes ou YouTubers spécialisés ont fait l'amère constat que la marque américaine a sérieusement pris du retard.
Avant de détailler la problématique, il est important de préciser un point essentiel : l'Autopilot reste aujourd'hui l'un des systèmes les plus fiables en matière de conduite semi-autonome. Malgré le passage au tout-caméra (Tesla Vision), tout bon journaliste essayeur vous le dira : lorsqu'on enclanche l'Autopilot, on se sent en sécurité, bien plus que dans n'importe quelle voiture, même si le haut-de-gamme allemand (BMW, Mercedes) s'accroche vraiment bien. Il suffit de s'être fait un peu peur chez Volvo, Polestar ou même Hyundai ou Renault/Peugeot (on pourrait mettre ici toutes les marques), pour comprendre que ces systèmes sont encore largement perfectibles et manquent souvent d'une IA suffisamment entraînée.
Le souci de l'Autopilot concerne plutôt l'implémentation. Par exemple, Tesla n'a toujours pas de volant capacitif, il faut
forcercontinuellement sur la direction pour montrer à la voiture qu'on est bien présent derrière le pare-brise. Pourtant, chez Volkswagen (toutes marques confondues), cette technologie est pratiquement généralisée sur tous les modèles équipés de l'option !
Tesla vous punit !
Tesla est également le seul constructeur à vous
punir! Si vous ne gardez pas les mains sur le volant ou que vous ne donnez pas des a-coups réguliers, la voiture va interrompre l'Autopilot pour le reste du trajet. En clair, vous allez devoir vous arrêter pour réinitialiser la conduite autonome -une véritable infantilisation d'un client, qui a pourtant payé pour une fonctionnalité dont il ne peut profiter pleinement. Le problème est que cette
punitionn'est pas toujours justifiée : vous accélérez un peu trop fort puni !, vous vous grattez la tête avec le bras droit puni !, vous ne donnez pas de coups de volant assez prononcé toutes les 10 secondes ? puni ! Tesla utilise a priori la petite caméra d'habitacle pour analyser votre position de conduite et les erreurs sont nombreuses, ce qui conduit à agacer le conducteur assez rapidement.
A l'inverse, vous n'avez aucun moyen de punir l'a voiture, si elle se comporte mal. Par exemple, lorsque vous doublez un véhicule (surtout les poids-lourds) qui sont un peu trop à gauche de leur voie, la Tesla va souvent piler sans raison et rester sur la file de gauche, derrière le véhicule. Ces freinages-fantôme sont d'ailleurs assez courant malheureusement, parfois sans raison apparente : sortie de tunnel, ombre d'un pont...
Certains clients ont eu la peur de leur vie, et d'autres ont tout simplement cause un accident si la voiture qui vous suit n'a pas freiné à temps. Dans certains pays, ces petits défauts font même l'objet de poursuites...
Dernièrement, en activant l'Autopilot, Tesla active aussi les phares automatiques ! Problème, ces derniers ne fonctionnent pas, ou plutôt, pas assez bien. Le système de détection des véhicules circulant en face ne voit pas la moitié des conducteurs, ce qui génère de l'agacement et des appels de phare à répétition. Seule solution, désactiver à chaque fois les phares automatiques... ce qui veut dire, à chaque changement voie, si vous n'avez pas l'option
Autopilot amélioré.
L'Autopilot amélioré, bien trop cher
C'est le défaut principal de l'Autopilot : par défaut, il se déconnecte à chaque changement de voie. Si vous doublez, que vous vous rabattez, il faudra le réenclancher deux fois ! Et à chaque fois ! Il n'y a aucune voiture sur le marché qui désenclanche la fonction de cette façon -un moyen sans doute de vous forcer à prendre l'option, mais ce que propose Tesla n'offre pas la possibilité de faire le changement de voie de façon manuelle malgré tout.
Autre désagrément lors des phases de dépassement, la voiture n'accélère pas, elle a plutôt tendance à freiner. Vous étiez à 130 Km/h derrière un poids-lourd ? Vous le doublerez sans-doute à 110Km/h si vous n'accélérez pas manuellement ! Rien de vraiment dramatique, mais la concurrence permet souvent de changer de voie en accélérant.
Une mise à jour récente côté hardware (suppression des radars) et software (désactivation des radars pour les véhicules en possédant) autorise l'Autopilot à n'utiliser que les caméras pour la conduite semi-autonome.
Tesla Visionest encore en rodage, mais semble fonctionner aussi bien que son devancier, qui combinait les deux modèles. Problème, il n'est plus possible de demander à la voiture de se rapprocher au maximum de véhicule qui le précède (position 1), car Tesla se laisse encore un peu de temps avant de proposer l'option à nouveau. Dans les embouteillages, l'espace avec la voiture de devant est alors bien trop important, et d'autres en profitent pour se glisser devant vous. Là encore, il serait intéressant de connaitre la légalité de désactiver une option pourtant disponible à l'achat et qui se retrouver partiellement dégradée à l'usage.
Bilan : pire conduite ou pire implémentation ?
Alors, Tesla est-il petit à petit devenu le bonnet d'âne de la conduite semi-autonome ?
Comme vous avez pu le voir dans la vidéo, la technologie utilisée reste fiable, bien plus fiable que de nombreux concurrents à l'usage, et de ce point de vue, la firme d'Elon Musk conserve son avance... mais pour combien de temps ?
Le vrai problème se situe donc surtout sur l'implémentation. Malgré une concurrence acharnée et une souplesse dans les mises à jour, il semble que l'ingénierie n'ai pas trouvé utile de faire évoluer certains comportements de la voiture : accélérer en doublant, conserver l'Autopilot quand on dépasse/se rabat, ne pas punir l'utilisateur à tout bout de champ... Espérons que ce type de billet puisse alerter le constructeur !
Enfin, Tesla doit absolument corriger certains bugs comme les freinages fantômes, les phares automatiques... ou apporter le hardware nécessaire, comme le volant capacitif. Bref, comme le dit souvent ce cher Elon
There is room for improvement(Il y a encore de la marge pour améliorer les choses).