Comparatif : OnePlus 2 vs iPhone 6 Plus : du haut de gamme à moitié prix ? (vidéo M4E)
Par Didier Pulicani - Publié le
Fondée en 2013 par Pete Lau, et Carl Pei, OnePlus a fait sensation l'an dernier, en commercialisant un smartphone
haut de gammepratiquement moitié prix. Cet été, l'entreprise récidive avec une seconde version, toujours très ambitieuse, avec capteur d'empreinte, un connecteur USB C, un CPU à 8 coeurs ou encore de l'enregistrement vidéo en UltraHD (4K TV), et de la stabilisation optique... bref, des spécifications qui se rapprochent d'un iPhone 6s avant l'heure.
Qu'on se le dise, vous ne lisez pas un site spécialisé Android, et lorsque le OnePlus 2 est arrivé à la rédac', on l'a immédiatement comparé à nos iPhone 6 et 6 Plus que l'on utilise quotidiennement. C'est dans ce contexte que l'on s'est demandé, le plus sérieusement du monde, si un tel appareil pourrait vraiment rivaliser avec modèle d'iPhone récents. Puisque nous n'avons pas encore d'iPhone 6s sous la main, on a donc décidé de le mettre en banc d'essai face à un iPhone 6 Plus, qui accuse déjà d'une bonne année.
Il n'est pas non plus question ici de comparer iOS et Android, ce serait bien trop long, d'autant qu'il n'existe pas
unAndroid, mais tout un lot de déclinaisons suivant les constructeurs ou les ROMs choisies. Même les programmes livrés par défaut sont adaptés, que ce soit pour les SMS, l'appareil photo ou encore le programme pour passer un appel.
À l'aube du renouvellement annuel de l'iPhone, on s'est donc demandé si un tel appareil -vendu autour de 330€- pourrait nous faire hésiter à
switcher. La question intéresse d'autant plus les petites bourses, qui se rabattent chaque année sur des iPhone de génération précédente, vendus au tarif de ce OnePlus 2.
1080ppour une image à 60FPS !
Le téléphone que tu ne peux pas acheter
L'arrivée d'Apple dans le monde de la téléphonie a permis d'instaurer une sorte de
minimaen termes de packaging, de marketing et du soin accordé aux produits. On se rappelle du premier Galaxy S de Samsung, qui était allé jusqu'à copier la boite de l'iPhone et reprendre un à un tous les codes de la Pomme.
Un packaging exemplaire
Le OnePlus 2 ne fait pas exception à la règle et le branding est extrêmement bien travaillé.
On retrouve par exemple cette couleur rouge emblématique de la marque, aussi bien sur la boite, les câbles et jusqu'au chargeur, qu'il est impossible de confondre avec le modèle d'une sous-marque asiatique.
iFixIt, qui avait démonté l'appareil, s'est même aperçu que la batterie -pourtant inaccessible par le client- arborait également ce rouge éclatant. Un souci du détail digne de l'esprit de Steve Jobs !
Des invitations sur invitation
Même en payant de faux clients, Samsung a bien du mal à créer un phénomène de foule pour le lancement de ses Galaxy Sx. Il n'y a vraiment qu'Apple qui parvient encore à susciter de l'excitation après une dizaine modèles de téléphones et dont les nouveautés sont désormais bien limitées.
Pour créer le manque, OnePlus a orchestré un système médiatico-commercial très efficace : les téléphones ne sont pas en vente libre au lancement et il faut donc se faire
inviter. Une liste d'attente présente sur le site indique votre position avant de recevoir le sésame; à l'heure où nous écrivons ces lignes, les chiffre a déjà dépassé les 4 millions (!).
Mais le meilleur moyen d'obtenir une invitation reste... de la trouver. Et c'est là que le génie marketing opère : les futurs clients passent leur temps à demander une
invitesur les réseaux sociaux, des tickets sont également distribués par des sites internet spécialisés qui lui assurent une bonne promotion. Plus intelligent encore, ce sont les acheteurs, nouveaux bénéficiaires d'invitations, qui décideront qui seront les suivants... ou revendront leurs laissez-passer à prix d'or sur les sites de petites annonces. Payer pour avoir le droit d'acheter, même Steve Jobs n'y avait pas pensé.
Un design soigné... ou presque
Avec les années, les téléphones tout en PVC et aux assemblages douteux ont presque disparu de la circulation, du moins, sur les segments de milieu/haut de gamme. L'association du métal avec une seconde texture est devenue la norme, comme ici avec l'alliance aluminium/magnésium. On retrouve également ces petites bandes en plastique -que l'on qualifiait d'inélégantes à la sortie de l'iPhone 6- et qui apparaissent désormais sur une grande partie des smartphones modernes.
Ce OnePlus 2 ne présente pas de défaut de finition majeur, l'ensemble est assez robuste, les découpes sont fines et les matériaux assez haut de gamme. Même les boutons situés sur la tranche affichent d'excellentes finitions, sans jeu important avec le boitier.
On sera en revanche plus mitigé sur la face arrière, qu'il est possible de retirer. Une fois les entrailles à l'air, l'appareil perd beaucoup de sa superbe, le même soin n'ayant pas été accordé à l'intérieur, tout de plastique vêtu et avec des vis apparentes -qui provoqueraient à coup sûr, un infarctus à Jony Ive.
On regrettera aussi qu'il faille enlever la coque (si fine, qu'on hésite à tirer trop fort) pour insérer ses cartes SIM :
OnePlus invente et revendique le terme "2016 flagship killer"
Après le
Next is now(le futur est déjà là) de Samsung, OnePlus a repris à son compte le slogan de
flagship killer, en d'autres termes, le
tueur de smartphone haut-de-gamme. Le Chinois va même jusqu'à y accoler l'année 2016, jugeant son appareil plus performant que tout ce qui va sortir l'an prochain ! Il fallait oser !
Une fiche technique impressionnante... mais pas révolutionnaire
Depuis quelques années déjà, la taille des écrans s'est stabilisée entre 4,5 et 5,5" et l'on retrouve les principaux composants internes partout : boussole, gyroscope, accéléromètres, capteur de proximité... La
révolutionest désormais terminée et il faut donc trouver quelques points de différenciation pour se démarquer de la concurrence.
Chez OnePlus, la sélection s'est faite de manière assez intelligente : plutôt que d'empiler les fonctions inutiles, le constructeur a choisi de privilégier les composants essentiels, et de ne retenir que ce qui se fait de mieux en la matière.
On retrouve donc un CPU 64 bit à 8 coeurs -le fameux Snapdragon 810 de Qualcomm, un GPU Adreno 430, 4Go de RAM, un stockage de 16 ou 64Go, une batterie de 3,300 mAh, un capteur de 13MP (avec flash double LED), la prise en charge de la 4k, un capteur
selfiede 5MP... mais aussi un port USB C, un lecteur d'empreintes digitales, tout cela sous un écran de 5,5" en FullHD, comme sur l'iPhone 6 Plus.
Evidemment, toute la connectivité WiFi/4G/Bluetooth/GPS est au programme, mais avec un avantage certain sur l'iPhone : il est possible d'insérer deux cartes nano-SIM dans le boitier !
Mais pour caser tout cela dans un téléphone bon marché (on y reviendra plus bas), il faut faire quelques concessions. Ainsi, la NFC a été oubliée, tout comme une éventuelle étanchéité du boitier ou encore un système de recharge rapide, ainsi que la recharge sans-fil. Mais ces éléments coûtent cher et prennent de la place, ce qui aurait sans doute obligé le constructeur à épaissir un châssis déjà plus épais que celui d'un iPhone 6. Apple, de son côté, a également dû faire des choix similaires, pour les mêmes raisons.
Un rapport qualité/prix imbattable
Soyons honnête, cette fiche technique n'a rien d'incroyable dans le monde Android, le Galaxy S6 propose des caractéristiques voisines. Même l'iPhone 6 Plus tient encore largement la comparaison, un an après sa commercialisation. Mais c'est bien là que OnePlus frappe fort : le téléphone propose des caractéristiques haut-de-gamme à un prix défiant toute concurrence.
Le OnePlus 2 démarre donc à 339€ (399€ pour la version 64Go) là où un iPhone 6 Plus est encore facturé 809€ ! Et même côté Android, un Galaxy S6 se négocie de base, autour de 600€. Vous pouvez tenter de chercher des équivalents au OnePlus 2, vous n'en trouverez pas... encore. Les prochains Xiaomi Mi5 (prix non communiqué, mais sans doute autour de 300€) ou éventuellement le Moto X Play (399€ en précommande), le Meizu MX5 (Prix N/C mais sans doute autour de 300€) promettent tout de même un peu de concurrence.
Pour le prix d'un coupé RCZ, vous vous retrouvez ici avec les spécifications d'une Porsche, mais sans le design qui va avec. Cela dit, devant de tels tarifs, pourquoi faire le difficile ? C'est justement ce que nous allons voir dans la suite de l'article !
Le gap sur le terrain
Lorsque Samsung venait titiller Apple avec ses Galaxy S1 et S2, on retrouvait la même agressivité commerciale : des tarifs plus accessibles combinés à une liste de caractéristiques qui donne le tournis, mais dont les fonctions se révélaient en pratique souvent inutiles, voire carrément inutilisables. Ce fut notamment le cas de la NFC, dont l'usage reste encore marginal dans nos contrées.
Après quelques minutes d'excitation, on a donc vite déchanté en testant les principales fonctions prétendument haut-de-gamme de ce OnePlus 2. Comme vous le verrez, le souci est souvent logiciel, preuve que les choix d'Apple -de maîtriser toute la chaîne- finit par payer sur ce type d'appareil.
Un appareil photo médiocre
Avant d'entrer en matière, voici comme OnePlus décrit son capteur photo/vidéo :
Avec un capteur de 13MP et une ouverture à ƒ2.0, l'appareil photo se place tout de suite au dessus de l'iPhone 6 Plus. Si le nombre de pixels ne fait pas tout, on ne peut ignorer que l'augmentation du nombre de photosites fait partie des éléments permettant de gagner en qualité, au même titre que l'ouverture ou que de bonnes lentilles. Et justement, l'ouverture plus importante ici permet théoriquement de shooter dans des environnements plus sombres, point faible des smartphones et de leur petit capteur.
Sauf qu'en réalité, cet appareil photo s'est montré très médiocre. Cela commence par le déclencheur, d'une lenteur qui nous rappellera l'iPhone 1 : il faut parfois une bonne seconde entre l'appui sur le bouton et la prise de vue effective. Ce qui nous amène à notre second point, à savoir la mise au point laser. Véritable argument de vente, la technologie n'est ici pas du tout maitrisée. Si l'appareil est aussi lent à prendre un cliché, c'est surtout qu'il n'arrive pas à faire le point lorsque l'environnement est en mouvement. Et même lorsqu'on a croit avoir réussi sa photo, on s'aperçoit plus tard qu'elle est finalement... floue.
Enfin, la plus grosse déception viendra des prises de vue en faible luminosité. Et là, c'est la cata : par rapport à l'iPhone 6 Plus, les images ont rapidement du grain et il faut sans doute remonter jusqu'à l'iPhone 4 pour obtenir pareille qualité :
Au final, ce capteur photo est extrêmement décevant, et il faut s'armer de patience pour arriver à prendre des clichés corrects, même en pleine lumière. C'est d'autant plus dommage qu'en 2015, les smartphones ont remplacé les compacts, et la plupart des gens n'achètent pas forcément d'appareils tiers pour immortaliser leurs bambins sur la plage ou pour prendre quelques photos en voyage. La déception est donc garantie à la sortie de l'avion...
Vidéo : où est le stabilisateur optique ?
Sur cette gamme de prix, la stabilisation optique est rarement de la partie. Il faut dire que la technologie coûte encore chère et qu'elle nécessite une véritable synergie hardware/software pour en profiter. Pour tout vous dire, le stabilisateur optique, on le cherche encore !
Si vous avez regardé la vidéo en début d'article, il n'y a pas photo (sans jeu de mot) : le système d'Apple est vraiment efficace, alors qu'ici, on a l'impression qu'il n'y a aucune stabilisation, pas même logicielle.
Vidéo : 4k et autofocus à la ramasse
Depuis 2014, de plus en plus de smartphones sont capables de filmer en 4k avec plus ou moins de réussite. Ce nouveau format exige cependant de maitriser toute la chaine, et pas seulement d'avoir un capteur efficace. L'enregistrement nécessite une bonne bande passante, le CPU doit suivre la charge et le logiciel doit être en mesure de traiter les images en temps réel.
Sur ce OnePlus 2, c'est simple, les images 4k sont tout simplement inexploitables. Quand le focus ne joue pas au yoyo, c'est l'image qui saute, avec des
drop-framesvisibles même au moment de la prise de vue. Il y a toujours un espoir que le problème soit réglé de manière logicielle, mais en attendant, ceux qui ont acheté le téléphone pour ses capacités photos & vidéos doivent être sacrément déçus.
Double SIM : la fausse bonne idée ?
Curieux qu'en 2015, on se traine encore ces encombrantes cartes SIM, compliquées à utiliser. Un système de
loginsur les réseaux mobiles serait tellement plus efficace. Mais soit, il faut faire avec et lorsqu'on a deux téléphones (pro/perso ou français/étranger), c'est souvent la panique : si l'on veut garder son iPhone, il faut avoir deux appareils et même côté Android, la double-SIM n'est pas encore la norme.
Ici, on a trouvé le système assez pratique -même s'il faut retirer la coque pour les insérer. Le téléphone se connecte alors aisément sur les deux réseaux, et la mise en route est plutôt rapide.
Toutefois, on a noté deux inconvénients majeurs à ce système :
- plusieurs fois, le réseau de la première carte a perdu 2 à 3 barres lorsque le second était actif
- enfin, il faut aller fouiller dans les réglages pour dire au téléphone d'utiliser une carte (plutôt qu'une autre) pour les données, les SMS ou les appels. Dans les applications, c'est même rapidement le foutoir, puisqu'on ne sait pas toujours si l'on a envoyé un message depuis le bon numéro. Je ne vous parle même pas des programmes comme WhatsApp, qui utilisent le numéro de téléphone comme identifiant principal...
Une autonomie décevante
Avec une batterie de 3300 mAh contre 2900 pour l'iPhone 6 Plus, on pourrait imaginer que l'appareil tienne presque 2 jours.
En pratique, on arrive tout juste à la fin de la journée, et encore, il ne faut pas trop solliciter l'appareil... qui chauffe assez rapidement. Même si OnePlus a revu les fréquence du Snapdragon 810 à la baisse, il n'est pas rare de voir le téléphone brûlant après quelques heures sous Real Racing, par exemple.
Quelques bonnes surprises
Si le OnePlus 2 nous a finalement assez déçus durant les premiers tests, nous avons aussi été surpris par certaines fonctionnalités plutôt convaincantes :
- l'écran est aussi bon que sur l'iPhone 6 Plus
- la finition du boitier est exemplaire (tant qu'on ne retire pas la coque)
- le capteur d'empreintes est rapide et extrêmement efficace (jusqu'à 5 empreintes possibles)
- les photos en plein jour, quand elles ne sont pas floues, sont bien mieux définies que l'iPhone
- les performances sont comparable aux smartphones haut-de-gamme du marché (FrAndroid vient d'ailleurs de publier un dossier très complet sur le sujet)
- la caméra en façade de 5MP est de très bonne qualité, et bien meilleure que chez Apple
- l'USB C, bien qu'un peu plus volumineux que le lightning, lui assure une compatibilité avec les périphériques de ces prochaines années
- l'USB classique dit
double face, l'essayer, c'est l'adopter !
- la surcouche Android est légère et plutôt agréable visuellement
- le tuner audio intégré qui permet de modifier la sortie son au niveau global, pas seulement pour les MP3
- il est possible de lancer certaines apps rapidement (comme l'appareil photo) en faisant un petit dessin à l'écran. Par exemple, un
Vpour allumer la lampe de poche :
- le bouton des notifications et ses trois positions est astucieux. Il n'est d'ailleurs pas si commun de trouver un bouton
silencieuxsur les téléphones Android du marché.
Android, l'éternel choix par défaut
Ecrire un article comparatif entre iOS et Android est toujours très compliqué, chaque système ayant ses qualités et ses défauts, mais aussi ses fans de longue date. Les petites habitudes prises avec l'un ou l'autre ont plus d'importance que ce qu'on ne l'imagine et c'est souvent le
switchqui est le plus difficile, un peu comme lorsqu'on passe du PC au Mac... ou du Mac au PC.
Si vous lisez ce papier, étant donné la nature de notre média, vous avez de grandes chances d'avoir déjà opté pour iOS, bien mieux fini à vos yeux et en adéquation parfaite avec le matériel. Même si Android a fait de réels progrès (tout comme Windows 10, d'ailleurs), il reste malgré tout certains points de détails assez horripilants dans le monde de Google, et dont il est bien difficile de faire abstraction lorsqu'on sort du giron d'Apple.
Après plusieurs semaines sous Android, il n'y a rien à faire : si l'OS suffit effectivement pour lire ses mails, aller sur les réseaux sociaux et répondre à ses SMS, il manque un peu de magie, de simplicité, de cohérence, de réactivité... Toutes ces petites choses anodines qu'il est toujours difficile d'expliquer à vos amis sous Android, qui n'ont jamais tenu un iPhone dans les mains plus de 10mn.
Si Apple proposait des terminaux à 300€, Google aurait forcément du souci à se faire. Android reste, quoiqu'on en dise, un choix par défaut et la baisse des ventes de terminaux haut-de-gamme chez Samsung le prouve : pour le prix d'un iPhone, on préfère un iPhone. En 2008/2009, la question ne se posait pas : il n'y avait que l'iPhone pour proposer autant d'innovations dans un même appareil et la concurrence avait encore deux ou trois ans de retard. Aujourd'hui, on trouve des terminaux bien équipés moitié moins cher, dont l'OS
fait le job; on a le sentiment d'en avoir eu pour son argent.
Bien que dominant le marché mondial, Android reste aux yeux des geeks, encore un challenger d'iOS. Le
trollinganti-Apple que l'on croyait disparu au début des années 2000 le prouve et refait d'ailleurs surface à chaque nouvelle sortie d'iPhone, à coup d'arguments bien rodés, généralement partagés entre les spécifications techniques d'un côté et de limitations logicielles de l'autre. La dissertation se finit souvent par des questions budgétaires, comme si l'OS n'avait in finé aucune valeur réelle face à un CPU à 12 coeurs et 12Go de RAM.
Une mise en route laborieuse
Je n'ai jamais compris pourquoi Google n'avait jamais développé un outil similaire à iTunes pour Mac & PC, permettant à la fois de sauvegarder ses contenus Android et surtout, d'importer les données d'iOS. Car en 2015, ce programme miracle n'existe toujours pas. Oh, il y bien des solutions tierces, plus ou moins efficaces et plus ou moins mises à jour. Google a également mis en ligne un mini-site expliquant comment récupérer ses contacts, photos, musiques et autres données personnelles, et les réimporter sur son Android.
Dans les faits, la transition se montre extrêmement complexe. Les vrais-bonnes applications sont souvent payantes, et l'on doit avoir recours à plusieurs programmes différents suivant le type de contenus à migrer. Le plus simple consiste finalement à utiliser l'ensemble des services de Google : Photos, Musique, Drive, et GMail. On quitte alors une multinationale pour en retrouver une autre, sauf qu'avec Google, on se dit toujours que nos données serviront sans doute à financer toute cette gratuité dégoulinante de bons sentiments.
Il n'y a pas que l'import qui soit compliqué sous Android. La configuration du téléphone prend au moins deux fois plus de temps que sur iOS. Par exemple, dans le cas du OnePlus 2 (dont l'écran d'accueil est en chinois, mais passons), l'assistant ne mentionne jamais de capteur d'empreinte et il faut aller farfouiller dans les réglages pour l'activer. Tout comme le chiffrage du téléphone. Quant aux applications, plutôt que de les placer directement sur l'écran de démarrage, elles sont toutes regroupées dans un dossier ad-hoc, et il faut venir sortir ses
apps favoritespour les placer sur l'écran d'accueil. Et c'est comme ça pour toutes les (nombreuses) options, censées offrir plus de libertés, mais qui, in fine complexifient davantage l'usage.
Ça rame !
À l'origine, la grande différence entre un iPhone et un Galaxy S tenait en un mot : fluidité. Avec des interfaces qui saccadent et des écrans tactiles souvent de moins bonne qualité, le gap était flagrant. Avec les années, la montée en puissance des terminaux et les optimisations de Google, l'écart s'est réduit entre les deux systèmes.
Pourtant, il faudrait être aveugle et souffrir de problèmes de motricité pour nier l'évidence : Android, ça rame ! Les applications mettent un temps fou à s'ouvrir, le défilement des listes complexes n'est pas toujours très fluide et comme vous avez pu le voir sur la vidéo, les déplacements avec le doigt ne sont toujours pas au niveau d'iOS !
Peut-on vraiment admettre qu'avec 8 coeurs et 4Go de RAM, un simple zoom sur une photo ne soit pas parfaitement fluide ? Lorsqu'on pose cette question à un utilisateur régulier d'Android, il vous jurera bec et ongle que ce n'est pas le cas, même si vous osez lui faire la comparaison en live.
Il n'y a pas que les interfaces qui rament. On retrouve cette sensation dans les commandes des jeux, ou dans les applications un peu gourmandes. Dans le domaine musical, il n'existe presque aucun programme de qualité pour des raisons voisines : le traitement du signal est beaucoup trop lent et cette latence empêche tout simplement de proposer des apps comparables à GarageBand ou même pour mixer façon DJ.
C'est sûr, un jour, Android sera parfaitement fluide. Mais ce jour là n'est pas encore arrivé.
Quelques fonctions bien pensées
Reconnaissons-le, Apple s'est grandement inspirée d'Android pour certaines fonctionnalités, comme le centre de notifications ou même la personnalisation de l'écran verrouillé. Sur ce OnePlus 2, on peut notamment changer les icônes présentes sur le centre de notifications : si l'on ne désactive jamais le bluetooth, pourquoi ne pas remplacer l'icône par le partage internet, par exemple ?
Ce qu'on aime bien sur Android, c'est aussi d'avoir le contrôle : gérer ses fichiers, voir le détail de sa consommation application par application... Si Apple s'y met, elle offre rarement autant de possibilités pour aller farfouiller dans les entrailles de son OS. On est ici clairement dans un usage
geekdu téléphone, il est par exemple possible d'obtenir une estimation de l'heure à laquelle la batterie sera HS :
C'est d'ailleurs cette liberté poussée à l'extrême qui reste l'un des points forts d'Android : pouvoir installer des apps en dehors de Google Play, connecter un clavier ou une carte SD, pouvoir accéder à du contenu un peu
olé oléou choquant les bonnes moeurs sans aucune censure... La prison dorée d'Apple a certes ses avantages (moins de virus, protection des enfants, etc...) mais l'homme déteste, par nature, se sentir enfermé par une élite, qui vous informe de
ce qui est bon pour vous.
Au final, une bonne affaire ?
Pour les habitués de l'iPhone et malgré un rapport qualité/prix très attractif, difficile de vous conseiller pareil téléphone. Face à lui, même un iPhone âgé de 2 ou 3 ans paraîtra plus abouti sur le plan logiciel. À quoi bon avoir un capteur de 13MP si une photo sur deux parait floue ? Et à quoi bon prendre en charge la 4k, si l'image saute en permanence ? Si l'iPhone avait été commercialisé avec un dixième de ces défauts, nul doute qu'Apple se serait faite incendier par la presse.
Pour les habitués d'Android, c'est une autre histoire. Le niveau d'exigence est différent et si l'on apprécie l'OS de Google, on est sans doute plus enclin à attendre les prochaines mises à jour censées régler les bugs de jeunesse (une MAJ a d'ailleurs été déployé en début de semaine, que nous n'avons pu tester). Face à un Galaxy S6 mieux fini mais trop cher et à des modèles à 300€ clairement en dessous techniquement, il n'y a pas photo : le OnePlus 2 se montre absolument imbattable face à ses concurrents directs.
Les médias sous influence
Si vous faites le tour des sites spécialisés, de TheVerge à C|Net, tous sont unanimes : le téléphone est noté autour de 8/10, un chiffre proche de celui donné chaque année à l'iPhone. Plus étonnant encore, la plupart ne mentionne pas ou peu les bugs que l'on a pu rencontrer au sein du capteur photo, de la vidéo ou encore de certains programmes (comme l'application Photos de Google). Je n'ai même vu aucun article sur d'éventuelles pertes de réseau avec la double SIM, que l'on a pu reproduire assez facilement. Pourtant, on ne peut pas dire que ce soient des
points de détail. Au lieu de cela, nos confrères s'attardent à comparer des benchs théoriques et le nombre de FPS sous RealRacing, des métriques qui ne révèlent d'ailleurs pas grand chose, la plupart des téléphones Android utilisant les mêmes SoC et le même GPU.
La presse semble également s'être faite une raison avec Android : jamais, en testant un téléphone, un reporter se risquera à critiquer les lenteurs et la complexité du système de Google, désormais ultra-dominant. Pourtant, l'immense majorité des journalistes connait très bien iOS et je ne peux imaginer que cela ne leur traverse jamais l'esprit. Il faut dire que les constructeurs de smartphones Android arrosent volontiers la presse
tech, qui reçoit la quasi-totalité des téléphones gratuitement. Ce sont également eux qui financent certains déplacements complets (Mobile World Congress, IFA, CES...) ou de gigantesques campagnes publicitaires sur les sites web ou dans les magazines. Et puis, pourquoi les tenir responsables d'un OS, qu'ils ne développent pas ? Voilà pourquoi les
testsse limitent souvent aux spécifications de l'appareil, et non à l'expérience complète avec le mobile.
Si l'on devait lui donner une note sur Mac4Ever, elle ne dépasserait probablement pas la moyenne, ou tout juste. Sur un site spécialisé Android et en ignorant volontairement l'iPhone, nous lui aurions sans doute accordé un bon 6,5, voire -allez- un 7/10.