Apple et la RAM : les clients sont-ils pris pour des pigeons ?
Par Didier Pulicani - Publié le
Il y a quelques années, lorsqu'un ami vous demandait un conseil sur les options à prendre lors de l'achat d'un Mac, la première recommandation était souvent
Avant d'entrer dans le vif du sujet, rappelons brièvement la problématique qui entoure la RAM : il s'agit d'un composant majeur de tout ordinateur (comme le CPU ou encore le GPU), dont les coûts de fabrication restent élevés. Même si le tarif est incomparable avec ce qu'on a pu connaitre dans les années 90, une barrette de 8Go coûte encore presque une petite centaine d'euros, ce qui explique notamment pourquoi les machines d'entrée de gamme sont encore fournies avec seulement 4Go. En parallèle, la quantité de RAM va influer de manière importante sur le comportement (et donc, les performances) d'un ordinateur, et ce durant toute sa vie. La nécessité de pouvoir faire évoluer ce composant -dont le prix reste relativement bas par rapport à celui de la machine- offre donc une garantie sur sa capacité à évoluer en fonction des besoins. Or ces dernières années, la politique d'Apple vis à vis de ce composant laisse perplexe, tant sur le plan tarifaire que sur les capacités d'évolution.
Ce qui n'a pas beaucoup changé, avec les années, c'est le prix pratiqué par Cupertino. Le passage de 8 à 16Go sur un iMac ou un MacBook Pro Retina est facturé 200€, soit environ deux fois le tarif du marché. Sur l'iMac haut-de-gamme, il faudra même compter 600€ pour passer de 8 à 32Go, là où l'on trouve des barrettes équivalentes pour moins de 300€. Encore en 2014, on pourrait donc légitimement vous conseiller d'acheter sa RAM
A l'heure où nous écrivons ces lignes, seules deux machines permettent de remplacer la RAM : l'iMac 27" et le Mac Pro. Sur tous les autres (Mac mini, MacBook Air, et MacBook Pro Retina ), la mémoire est désormais soudée. Le cas de l'iMac 21,5" est un peu particulier car il vous oblige à démonter l'intégralité de la machine pour changer les barrettes, une opération qui n'est pas sans risque et sans difficulté.
Sur les forums, vous êtes nombreux à ne pas comprendre pourquoi Apple se met tout à coup à souder la RAM sur ses machines. Nous n'avons pas fait de sondage, mais j'imagine que la majorité estime qu'il s'agit uniquement d'une opération commerciale visant à limiter la durée de vie des Mac.
La réalité est en fait un peu plus complexe. Sur la plupart des
Il y a ensuite une véritable raison technique : lorsqu'un composant passe par un connecteur, il y aura toujours une déperdition et un risque plus important de générer des erreurs. Sans parler des problèmes lors de la manipulation : on en a tous déjà fait l'amère expérience d'une barrette posée sur une surface bourrée d'électricité statique, qui peut finir par avoir raison du composant. Bref, souder la RAM permet effectivement de gagner en qualité et même en performances. Enfin, troisième raison à sortir le fer à souder -et celle-là est particulièrement chère à Apple- le procédé permet de réduire drastiquement l'épaisseur de la carte-mère. En clair, c'est grâce à cela qu'on a pu voir émerger les MacBook Air et autres MacBook Pro Retina dans les boitiers que nous connaissons. Le GPU et le CPU sont d'ailleurs également soudés sur ces machines, et ce, pour les mêmes raisons.
MAJ : comme nous le suggèrent certains lecteurs, rajoutons également le fait que la LPDDR3 améliore nettement l'autonomie et n'est pas (encore ?) disponible en barrettes.
Le fait de souder la RAM engendre trois problématiques majeures :
- Tout d'abord, l'utilisateur ne peut plus faire jouer la concurrence : Apple est libre de fixer ses tarifs -ici, nettement supérieurs au marché. L'utilisateur n'a pas le choix et se retrouve dépendant d'un seul fournisseur. Le monopole est toujours une mauvaise chose, quoiqu'on en dise.
- hors garantie, la panne est immédiatement punitive : si par malheur, la RAM de votre MacBook Pro Retina lâchait, il faudrait changer l'intégralité de la carte-mère. Hors garantie, ce type de frais oscille entre 700 et 1000€ environ. A ce tarif, autant changer de Mac, surtout si la machine a déjà 4 ou 5 ans. On pourrait presque parler d'
- enfin, la quantité de RAM est imposée par Apple au moment de l'achat : parfois (et c'est le cas sur les Mac Pro), la firme ne propose que deux ou trois configuration de RAM possible et certaines capacités ne sont tout simplement pas disponibles : Cupertino ne propose pas encore de barrettes de 32Go, par exemple. Et ne parlons pas du problème majeur de tout acheteur d'une configuration à plusieurs milliers d'euros : il devra absolument se décider au moment de l'achat, une appréciation pas toujours aisée à comprendre pour les non initiés, qui préfèrent souvent réorienter leur budget... ailleurs.
En tant qu'utilisateur, difficile, donc, de ne pas se sentir pris au piège, d'autant qu'Apple ne fait aucun effort particulier pour faire passer la pilule. Jugez plutôt, les Mac mini sont encore vendus avec 4Go de RAM (soudés) en cette fin 2014 !
En y regardant de près, Apple a quand-même fait quelques efforts. Par exemple, elle livre ses MacBook Pro Retina 15" avec la quantité de RAM maximale (16Go) et la plupart des machines milieu de gamme possèdent au moins 8Go en standard. Apple a également baissé certaines options, comme le passage de 8 à 16Go (200€).
Mais la firme reste pingre, et nul besoin d'être un fin limier pour s'en rendre compte. On l'a vu plus haut, le fait de souder la RAM permet théoriquement d'abaisser le coût des machines. Pour autant, Apple continue de surtarifer la mémoire en option.
Sur certaines machines, comme le nouveau Mac mini, on a également du mal à croire à la justification technique : le boitier n'a pas changé, et la trape d'accès a été simplement
Et que dire de l'iMac 21,5" où l'on peut effectivement changer la RAM, mais au prix d'un démontage intégral ? Ici, il s'agit clairement d'un aveu d'échec sur les contraintes liées au boitier. Certes, la machine est superbe, mais ne pas avoir prévu un moyen d'accéder à la mémoire -alors que le dispositif existe sur le 27"- parait insupportable, d'autant que les barrettes ne sont même pas soudées...
Au final, le bilan reste donc contrasté : oui, souder la RAM présente certains avantages indéniables, mais face à cela, la firme ne fait aucun effort pour compenser ces nouvelles contraintes. On observe d'ailleurs le même type de comportement avec les SSD : à l'époque des premiers modèles PCIe, il n'existant pas ou peu de standard pour ce type de barrettes. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, et rien n'empêcherait Apple d'utiliser des connecteurs du commerce... sauf peut-être, pour nous forcer à racheter l'ordinateur complet ou à opter pour la configuration la plus chère au moment de l'achat.
N'achète jamais ta RAM chez Apple ! Elle est facturée au prix de l'uranium enrichi !. Qu'en est-il aujourd'hui ?
Avant d'entrer dans le vif du sujet, rappelons brièvement la problématique qui entoure la RAM : il s'agit d'un composant majeur de tout ordinateur (comme le CPU ou encore le GPU), dont les coûts de fabrication restent élevés. Même si le tarif est incomparable avec ce qu'on a pu connaitre dans les années 90, une barrette de 8Go coûte encore presque une petite centaine d'euros, ce qui explique notamment pourquoi les machines d'entrée de gamme sont encore fournies avec seulement 4Go. En parallèle, la quantité de RAM va influer de manière importante sur le comportement (et donc, les performances) d'un ordinateur, et ce durant toute sa vie. La nécessité de pouvoir faire évoluer ce composant -dont le prix reste relativement bas par rapport à celui de la machine- offre donc une garantie sur sa capacité à évoluer en fonction des besoins. Or ces dernières années, la politique d'Apple vis à vis de ce composant laisse perplexe, tant sur le plan tarifaire que sur les capacités d'évolution.
Pas assez cher, mon fils
Ce qui n'a pas beaucoup changé, avec les années, c'est le prix pratiqué par Cupertino. Le passage de 8 à 16Go sur un iMac ou un MacBook Pro Retina est facturé 200€, soit environ deux fois le tarif du marché. Sur l'iMac haut-de-gamme, il faudra même compter 600€ pour passer de 8 à 32Go, là où l'on trouve des barrettes équivalentes pour moins de 300€. Encore en 2014, on pourrait donc légitimement vous conseiller d'acheter sa RAM
ailleurs, mais les choses ne sont pas toujours aussi simples.
A l'heure où nous écrivons ces lignes, seules deux machines permettent de remplacer la RAM : l'iMac 27" et le Mac Pro. Sur tous les autres (Mac mini, MacBook Air, et MacBook Pro Retina ), la mémoire est désormais soudée. Le cas de l'iMac 21,5" est un peu particulier car il vous oblige à démonter l'intégralité de la machine pour changer les barrettes, une opération qui n'est pas sans risque et sans difficulté.
Pourquoi souder la RAM ?
Sur les forums, vous êtes nombreux à ne pas comprendre pourquoi Apple se met tout à coup à souder la RAM sur ses machines. Nous n'avons pas fait de sondage, mais j'imagine que la majorité estime qu'il s'agit uniquement d'une opération commerciale visant à limiter la durée de vie des Mac.
La réalité est en fait un peu plus complexe. Sur la plupart des
ordinateursque vous utilisez tous les jours -de votre cafetière hyper high-tech à votre autoradio multimédia en passant par votre téléviseur- la mémoire vive est en fait toujours soudée à la carte-mère. Les raisons sont multiples. Tout d'abord, cette technique permet de réduire les coûts. Il est plus facile d'aller souder un composant que de rajouter une série de connecteurs, qui ne seront peut-être jamais utilisés. Par ailleurs, le fait de réduire le nombre de configurations (8 et 16Go par exemple) a lui aussi un impact sur la facture. Sur certains appareils (comme votre lave-linge), le besoin en RAM ne va jamais évoluer tout au long de sa vie. En ce sens, on peut estimer qu'à terme, la mémoire arrive parfois à suivre toute la vie d'un PC ou d'un Mac, ce qui n'était jamais le cas dans les années 80/90/2000.
La RAM soudée sur un MacBook Pro Retina 13", ici en orange
Il y a ensuite une véritable raison technique : lorsqu'un composant passe par un connecteur, il y aura toujours une déperdition et un risque plus important de générer des erreurs. Sans parler des problèmes lors de la manipulation : on en a tous déjà fait l'amère expérience d'une barrette posée sur une surface bourrée d'électricité statique, qui peut finir par avoir raison du composant. Bref, souder la RAM permet effectivement de gagner en qualité et même en performances. Enfin, troisième raison à sortir le fer à souder -et celle-là est particulièrement chère à Apple- le procédé permet de réduire drastiquement l'épaisseur de la carte-mère. En clair, c'est grâce à cela qu'on a pu voir émerger les MacBook Air et autres MacBook Pro Retina dans les boitiers que nous connaissons. Le GPU et le CPU sont d'ailleurs également soudés sur ces machines, et ce, pour les mêmes raisons.
MAJ : comme nous le suggèrent certains lecteurs, rajoutons également le fait que la LPDDR3 améliore nettement l'autonomie et n'est pas (encore ?) disponible en barrettes.
Une politique qui arrange bien les affaires d'Apple
Le fait de souder la RAM engendre trois problématiques majeures :
- Tout d'abord, l'utilisateur ne peut plus faire jouer la concurrence : Apple est libre de fixer ses tarifs -ici, nettement supérieurs au marché. L'utilisateur n'a pas le choix et se retrouve dépendant d'un seul fournisseur. Le monopole est toujours une mauvaise chose, quoiqu'on en dise.
- hors garantie, la panne est immédiatement punitive : si par malheur, la RAM de votre MacBook Pro Retina lâchait, il faudrait changer l'intégralité de la carte-mère. Hors garantie, ce type de frais oscille entre 700 et 1000€ environ. A ce tarif, autant changer de Mac, surtout si la machine a déjà 4 ou 5 ans. On pourrait presque parler d'
obsolescence programmée, même si les
pannes de RAMsont assez rares, surtout si la mémoire est effectivement soudée.
- enfin, la quantité de RAM est imposée par Apple au moment de l'achat : parfois (et c'est le cas sur les Mac Pro), la firme ne propose que deux ou trois configuration de RAM possible et certaines capacités ne sont tout simplement pas disponibles : Cupertino ne propose pas encore de barrettes de 32Go, par exemple. Et ne parlons pas du problème majeur de tout acheteur d'une configuration à plusieurs milliers d'euros : il devra absolument se décider au moment de l'achat, une appréciation pas toujours aisée à comprendre pour les non initiés, qui préfèrent souvent réorienter leur budget... ailleurs.
En tant qu'utilisateur, difficile, donc, de ne pas se sentir pris au piège, d'autant qu'Apple ne fait aucun effort particulier pour faire passer la pilule. Jugez plutôt, les Mac mini sont encore vendus avec 4Go de RAM (soudés) en cette fin 2014 !
Du mieux... et du moins bien
En y regardant de près, Apple a quand-même fait quelques efforts. Par exemple, elle livre ses MacBook Pro Retina 15" avec la quantité de RAM maximale (16Go) et la plupart des machines milieu de gamme possèdent au moins 8Go en standard. Apple a également baissé certaines options, comme le passage de 8 à 16Go (200€).
Mais la firme reste pingre, et nul besoin d'être un fin limier pour s'en rendre compte. On l'a vu plus haut, le fait de souder la RAM permet théoriquement d'abaisser le coût des machines. Pour autant, Apple continue de surtarifer la mémoire en option.
Sur certaines machines, comme le nouveau Mac mini, on a également du mal à croire à la justification technique : le boitier n'a pas changé, et la trape d'accès a été simplement
bouchée, comme pour dire
Avant tu pouvais, mais ça, c'était avant..
Et que dire de l'iMac 21,5" où l'on peut effectivement changer la RAM, mais au prix d'un démontage intégral ? Ici, il s'agit clairement d'un aveu d'échec sur les contraintes liées au boitier. Certes, la machine est superbe, mais ne pas avoir prévu un moyen d'accéder à la mémoire -alors que le dispositif existe sur le 27"- parait insupportable, d'autant que les barrettes ne sont même pas soudées...
Au final, le bilan reste donc contrasté : oui, souder la RAM présente certains avantages indéniables, mais face à cela, la firme ne fait aucun effort pour compenser ces nouvelles contraintes. On observe d'ailleurs le même type de comportement avec les SSD : à l'époque des premiers modèles PCIe, il n'existant pas ou peu de standard pour ce type de barrettes. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, et rien n'empêcherait Apple d'utiliser des connecteurs du commerce... sauf peut-être, pour nous forcer à racheter l'ordinateur complet ou à opter pour la configuration la plus chère au moment de l'achat.