Pourquoi la rumeur d'un Mac Pro "externe" et "à la carte" est difficile à croire
Par Didier Pulicani - Publié le
S'il est peu probable qu'Apple ait le temps de présenter son nouveau Mac Pro à la WWDC, le renouvellement du fleuron de la gamme est sur toutes les lèvres. On peut raisonnablement espérer voir débarquer la machine à la rentrée, comme l'avait promis Tim Cook l'an dernier.
Cette semaine, Lou Borella a excité la communauté avec un billet annonçant, de source plutôt sérieuse, un Mac Pro
- finis les lecteurs optiques
- exit le FireWire et le SATA
- seulement deux ports PCIe
- un boitier plus petit
- tout le reste se baserait sur des extensions
L'idée est donc plutôt séduisante sur le papier : encombrement minimal, équipement
Mais cette théorie s'avère plutôt bancale.
La raison principale -nous l'avons déjà évoquée ici- concerne le Thunderbolt. L'idée même de tout miser sur cette techno nous semble tout bonnement aberrante.
Si la nouvelle norme haut-débit d'Intel a du mal à s'imposer sur PC, elle a néanmoins le mérite de faire rêver les geeks, et c'est là tout le problème. Si sur le papier, les possibilités sont nombreuses, certains périphériques (comme les châssis d'extension PCI Express <> Thunderbolt) ont quelque peu embrouillé nos petits cerveaux, si bien qu'on pourrait imaginer tout faire passer par ce câble, devenu idéologiquement, le St Graal de la connectique.
Techniquement, le Thunderbolt plafonne à 10Gbps sur deux canaux bidirectionnels. C'est beaucoup, mais ce n'est pas ce qu'on fait de mieux en la matière. Actuellement, la norme PCI Express, que l'on retrouve sur les cartes-mère, permet d'atteindre des débits bien supérieurs, jusqu'à 256Gbps !
Quelques chiffres...
En 2013, un SSD haut-de-gamme parvient déjà à saturer le port Thunderbolt, qui culmine environ à 700Mo/s. Ce débit est d'ailleurs assez proche de celui offert par le port SATA3 (sur lequel sont généralement branchés les disques durs internes), dont la norme, déjà malmenée, devra rapidement évoluer pour suivre la douloureuse cadence imposée par les disques à mémoire flash.
Mais dans un Mac Pro, on ne met pas que des SSD. On y place aussi des cartes graphiques, des cartes RAID, des interfaces audios, vidéos. Aujourd'hui, un contrôleur RAID placé dans le plus récent des Mac Pro (une antiquité, donc) plafonne à 1750 Mo/sec, alors qu'il atteint péniblement les 700Mo/sec dans un boitier Thunderbolt !
Autre exemple, une carte graphique un peu récente est généralement au format 16x et dépasse ainsi allègrement les 30Gps lorsqu'elle est sollicitée par un jeu ou un logiciel professionnel. En la faisant passer par le Thunderbolt, on ne récupère qu'un quart des performances, et l'on revient à du PCIe 4x environ !
Evidemment, on peut reprendre le même type d'exemples pour des cartes d'acquisition vidéo ou audio, dont les besoins en débit vont croissant d'année en année.
Il ne faut pas non plus oublier que si vous chainez plusieurs périphériques, le débit sera alors partagé entre chaque, et les performances sont immédiatement impactées.
Un Mac Pro déjà obsolète ?
Difficile d'imaginer Apple fournir des machines qui vont se retrouver sérieusement bridées d'ici 2 ou 3 ans, dont le moindre SSD de 1To dépassera allègrement les 10Gbps. Ne parlons même pas des cartes RAID et autres extensions de plus en plus gourmandes en débit (4K etc.).
Supprimer les baies d'extension du Mac Pro reviendrait ainsi à proposer une machine qui ne conviendrait pas à une bonne partie du segment professionnel.
Enfin, si certains estiment que le Thunderbolt pourrait évoluer, Intel a déjà annoncé la couleur. Au mieux, la norme atteindre les 20Gbps l'an prochain, en attendant la version optique, dont les débits avoisineront les 100Mbps. Mais d'ici là, vous imaginez bien que le PCIe (et le SATA) auront eux-aussi pris quelques Gbps dans les pattes !
Comme toujours, n'hésitez pas à nous donner votre avis dans les réactions.
Cette semaine, Lou Borella a excité la communauté avec un billet annonçant, de source plutôt sérieuse, un Mac Pro
modulable. Pour faire simple, la machine serait réduite à sa plus simple expression :
- finis les lecteurs optiques
- exit le FireWire et le SATA
- seulement deux ports PCIe
- un boitier plus petit
- tout le reste se baserait sur des extensions
externesvia le Thunderbolt
L'idée est donc plutôt séduisante sur le papier : encombrement minimal, équipement
à la carteet une nouvelle façon, pour Apple, de renouveler le marché vieillissant des
Tours PCen les rendant plus modulables.
Mais cette théorie s'avère plutôt bancale.
La raison principale -nous l'avons déjà évoquée ici- concerne le Thunderbolt. L'idée même de tout miser sur cette techno nous semble tout bonnement aberrante.
Si la nouvelle norme haut-débit d'Intel a du mal à s'imposer sur PC, elle a néanmoins le mérite de faire rêver les geeks, et c'est là tout le problème. Si sur le papier, les possibilités sont nombreuses, certains périphériques (comme les châssis d'extension PCI Express <> Thunderbolt) ont quelque peu embrouillé nos petits cerveaux, si bien qu'on pourrait imaginer tout faire passer par ce câble, devenu idéologiquement, le St Graal de la connectique.
Techniquement, le Thunderbolt plafonne à 10Gbps sur deux canaux bidirectionnels. C'est beaucoup, mais ce n'est pas ce qu'on fait de mieux en la matière. Actuellement, la norme PCI Express, que l'on retrouve sur les cartes-mère, permet d'atteindre des débits bien supérieurs, jusqu'à 256Gbps !
Quelques chiffres...
En 2013, un SSD haut-de-gamme parvient déjà à saturer le port Thunderbolt, qui culmine environ à 700Mo/s. Ce débit est d'ailleurs assez proche de celui offert par le port SATA3 (sur lequel sont généralement branchés les disques durs internes), dont la norme, déjà malmenée, devra rapidement évoluer pour suivre la douloureuse cadence imposée par les disques à mémoire flash.
Mais dans un Mac Pro, on ne met pas que des SSD. On y place aussi des cartes graphiques, des cartes RAID, des interfaces audios, vidéos. Aujourd'hui, un contrôleur RAID placé dans le plus récent des Mac Pro (une antiquité, donc) plafonne à 1750 Mo/sec, alors qu'il atteint péniblement les 700Mo/sec dans un boitier Thunderbolt !
Autre exemple, une carte graphique un peu récente est généralement au format 16x et dépasse ainsi allègrement les 30Gps lorsqu'elle est sollicitée par un jeu ou un logiciel professionnel. En la faisant passer par le Thunderbolt, on ne récupère qu'un quart des performances, et l'on revient à du PCIe 4x environ !
Evidemment, on peut reprendre le même type d'exemples pour des cartes d'acquisition vidéo ou audio, dont les besoins en débit vont croissant d'année en année.
Il ne faut pas non plus oublier que si vous chainez plusieurs périphériques, le débit sera alors partagé entre chaque, et les performances sont immédiatement impactées.
Un Mac Pro déjà obsolète ?
Difficile d'imaginer Apple fournir des machines qui vont se retrouver sérieusement bridées d'ici 2 ou 3 ans, dont le moindre SSD de 1To dépassera allègrement les 10Gbps. Ne parlons même pas des cartes RAID et autres extensions de plus en plus gourmandes en débit (4K etc.).
Supprimer les baies d'extension du Mac Pro reviendrait ainsi à proposer une machine qui ne conviendrait pas à une bonne partie du segment professionnel.
Enfin, si certains estiment que le Thunderbolt pourrait évoluer, Intel a déjà annoncé la couleur. Au mieux, la norme atteindre les 20Gbps l'an prochain, en attendant la version optique, dont les débits avoisineront les 100Mbps. Mais d'ici là, vous imaginez bien que le PCIe (et le SATA) auront eux-aussi pris quelques Gbps dans les pattes !
Comme toujours, n'hésitez pas à nous donner votre avis dans les réactions.