DxO Labs, dans le futur de l'image !
Par Arnaud Morel - Publié le
Cyrille de La Chesnais est Directeur Marketing et Commercial de l’activité Photographie chez DxO Labs. Pour Mac4Ever, il évoque sans détour les forces, mais aussi les faiblesses de DXO Optics Pro, l'un des tout meilleurs logiciels de correction d'images à destination des photographes.
Une interview vérité à ne pas manquer !
D'autres nouveautés ?
La version Mac s'est pourtant faite attendre, suscitant la grogne des utilisateurs. Et une fois arrivée, elle s'est attirée des critiques au niveau de l'interface et des temps de calcul. Qu'en pensez-vous
DxO Optics Pro, le test de Mac4Ever
DXO Optics Pro
Une interview vérité à ne pas manquer !
Un logiciel né dans une piscine
Pouvez-vous nous donner, dans les grandes lignes, l'historique de votre entreprise, et la genèse de DXO Optics Pro ?
DXO Labs est créé en 2003 comme une émanation de Vision IQ, une société créée en 1995 qui réalise des systèmes de prévention de noyade dans les piscines. À l'aide de caméras sous l'eau, un logiciel analyse la scène et la reconstitue en 3D. Lorsqu'un objet reste plus de 9 secondes dans l'eau, une alarme se déclenche.
Or pour arriver à effectuer la détection automatique, VisionIQ a développé un logiciel pour corriger les déformations optiques et du vignettage liés aux caméras grand angle utilisées. Sans cette correction, les données ne sont pas exploitables de manière automatique.
Très vite s'est imposée l'idée que cette technologie pouvait avoir des débouchés dans le monde de la photographie et nous avons créé DXO Labs.
DXO Optics a ceci de remarquable qu'il s'appuie sur un calibrage mathématique très précis à la fois des boîtiers reflex, mais aussi des optiques utilisées. Pouvez-vous nous expliquer la méthode de travail que vous employez ?
Notre premier produit a été DXO analyser, une version packagée de l'outil utilisé pour mesurer les défauts des optiques. Celui-ci travaille à partir de différentes photos d'une mire, où l'on fait varier les focales de l'objectif, le couple ouverture diaphragme ou la sensibilité. Toutes ces données sont ensuite analysées par le logiciel qui en ressort un profil très précis recensant les défauts de l'optique. C'est lui qui sert à établir la base de données utilisée par DXO Optics pro.
Ce logiciel est si performant qu'il a été acheté par la plupart des fabricants d'appareils photo. Tous les japonais, notamment. Il est également repris par le labo test de la FNAC ou encore le magazine Chasseur d'Images. C'est un logiciel très professionnel qui se vend plusieurs dizaines de milliers d'euros.
Cette approche n'a pas que des avantages, notamment si une optique utilisée n'est pas référencée chez vous. Qu'en pensez-vous ?
Nous couvrons plus de 600 combinaisons boîtiers/objectifs. C'est beaucoup et pas assez. Nous étendons en permanence cette gamme. Toutes les 6 semaines, on met de nouveaux modules sur le marché qui sont disponibles gratuitement pour nos utilisateurs. Clairement, nous n'avons pas les ressources pour couvrir toute l'offre du marché. Nous ne sommes qu'une vingtaine à DXO à travailler sur DXO Optics. Nous nous concentrons sur notre coeur de cible, les boîtiers reflex et quelques bridges. Mais nous n'avons, par exemple, pas les moyens de couvrir les gammes de compact par exemple.
Une nouvelle version 5.1 pour Mac, enfin !
Parlez-nous des nouveautés de cette version 5.1 qui vient de sortir pour Mac
D'abord, il apporte un nouveau convertisseur RAW qui a fait des progrès considérables sur 2 aspects : le dématriçage, pour limiter le moiré (ces petits détails dans l'image qu'on n'arrive pas à restituer, tissus prince de Galles par exemple) et la gestion du bruit.
Concernant le moirage, toute la difficulté est d'identifier la bonne direction des lignes dans l'image. Avec notre technologie, nous regardons toute l'image pour définir la direction à donner à l'interpolation. On supprime donc de façon considérable le moiré, ce qui permet de faire ressortir des détails dans l'image.
Dans le RAW, il y a des pixels bruités. L'approche classique consiste à traiter le bruit après le dématriçage. Lorsqu'on le dématrice, on interpole un pixel avec les pixels voisins. En clair, le pixel de bruit se propage aux pixels attenants. Vous avez mélangé le bruit et le signal. Notre approche est différente : nous traitons le bruit en amont de la phase de dématriçage. Résultat, un bruit beaucoup plus fin et doux, qui ne se sera pas propagé. En toute honnêteté, je crois qu'on peut dire que nous avons pris un bonne longueur d'avance sur la concurrence dans ces domaines.
D'autres nouveautés ?
Un outil de suppression de poussière qui n'utilise pas un tampon mais qui essaye vraiment de reconstruire la structure derrière la poussière. Ceci n'étant possible que grâce à nos profils d'optiques très précis.
Ensuite, une interface revisitée, plus agréable, plus facile à utiliser. Nous avons groupé les outils de corrections en 4 sections : lumière, couleur, détail, géométrie. Ceci afin de suivre le flux de travail des photographes. Bien que le logiciel fasse les choses de façon automatique, certaines corrections sont subjectives, la correction d'éclairage par exemple. Il n'existe pas de solution universelle. Nous offrons donc la possibilité d'éditer les différents traitements appliqués aux images. DXO fonctionne donc de manière tout automatique, ou de manière contrôlée, selon le goût des utilisateurs.
En plus des corrections optiques, nous avons également développé le DXO lighting qui va automatiquement corriger l'aspect général de l'image en débouchant les ombres, sans toucher aux hautes lumières. Nous n'effectuons jamais de sur-correction, nous y tenons. Mais l'utilisateur peut dépasser cette approche.
Une protection trop inviolable ?
Que représente la version Mac dans vos ventes ?
Le Mac occupe une place de choix ! Nous sommes loin des 5 % de parts de marché que compte Apple de manière globale. Chez nous, la part du Mac avoisine les 20 %.
La version Mac s'est pourtant faite attendre, suscitant la grogne des utilisateurs. Et une fois arrivée, elle s'est attirée des critiques au niveau de l'interface et des temps de calcul. Qu'en pensez-vous
Nous sommes bien conscients des attentes des utilisateurs, mais nous ne voulions pas sortir un produit à la va-vite. Nous espérons que les Mac-Users seront satisfaits de cette nouvelle version.
Pour l'interface, nous avons tenté de l'optimiser en pensant au photographe et à son mode de travail. Concernant la lourdeur, je dois dire que je n'ai pas eu de retours tels que ceux que vous évoquez. Peut être s'agit-il de problèmes spécifiques à des configurations particulières. Nous n'adoptons pas les technologies offertes par Mac OS X dans le domaine de l'image (core image notamment), nos algorithmes sont trop complexes pour être gérés de cette façon. Et tout ceci, forcément, demande une jolie puissance de calcul
Petite question piège : vous utilisez un système de protection anti-copie très performant, parfois décrié par les utilisateurs qui le trouvent contraignant. On comprend ce choix, bien sûr. Mais ne craignez-vous pas qu'il affecte vos parts de marchés ? Certains logiciels, je pense à Photoshop notamment, on largement bénéficié de la copie illégale pour établir une base d'utilisateurs large. Une fois professionnels, ces utilisateurs achètent la licence...
C'est une excellente question. Aujourd'hui, nous protégeons fortement notre logiciel, mais ça peut très bien changer. C'est, à vrai dire, une réflexion que nous conduisons aujourd'hui et J'accepte tout à fait vos arguments. Notre philosophie n'est pas gravée dans le marbre là dessus.
Voyage vers le futur !
Quels sont vos projets, faites nous rêver un peu avec le futur du monde de l'image !
Nous fondons de grands espoirs dans l'embarqué, en clair DXO intégré directement dans votre appareil photo. Nous n'en sommes qu'aux balbutiements.
Notre idée est la suivante : en intégrant nos technologies dans le matériel, on peut faire des optiques moins parfaites, moins chères, moins lourdes. Les défauts de l'image peuvent être corrigés a posteriori.
Ça ouvre de très larges perspectives. Je ne peux pas vous en dire tellement plus sur le sujet mais sachez que nous négocions un accord avec un très gros fabricant de téléphones portables qui intégrera DXO dans la partie appareil photo.
Au risque de paraître immodeste, nous allons révolutionner l'optique avec cette approche. Nous avons, par exemple, conçu une lentille qui n'a plus besoin d'autofocus. On le remplace par un focus numérique. Cette lentille adopte un design très particulier qui nous permet de faire le point net entre 10 cm et l'infini. Imaginez l'impact de telles technologies : pour le fabricant, son bloc optique lui coûte beaucoup moins cher, il consomme bien moins, mais prend d'excellentes photos.
DxO Optics Pro, le test de Mac4Ever
DXO Optics Pro