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Mac mini 2018 : les besoins ont changé (opinion)

Par Didier Pulicani - Publié le

2018 sera l'année du revival de plusieurs machines, dont le Mac mini, si l'on en croit les derniers bruits de couloir de Bloomberg. Après le MacBook Air, Apple tenterait donc de faire survivre celui que l'on appelait à l'époque le mal-aimé de Steve Jobs, tant les mises à jour étaient sporadiques et pas toujours dans l'ère du temps.

Pour bien comprendre cette machine, il faut se remémorer le contexte : imposé par le conseil d'administration de l'époque, il devait surtout générer des switchers, facilitant la transition depuis un PC -en réutilisant notamment clavier, écran et souris, le Mac étant livré sans aucun accessoire pour faire diminuer son prix. 13 ans plus tard, beaucoup regrettent qu'Apple l'ait quasiment abandonné après une ultime mise à jour en 2014, lors de l'arrivée du Thunderbolt 2, mais surtout de l'arrêt du quadri-coeur, et du soudage de la RAM -une honte après un modèle puissant et évolutif en 2012. Si cette machine figure toujours au catalogue, ses composants sont vieillots et le coeur de la bête -CPU/GPU combiné- aurait mérité au moins une mise à jour annuelle pour rester à niveau.

Mac mini 2018 : les besoins ont changé (opinion)


Si ces bécanes semblent toujours s'arracher lorsqu'elles sont vendues à 459€ sur le Refurb, il n'est pas certain qu'Apple en ait écoulé des palettes ces derniers années. La première raison est simple : les portables dominent désormais très largement le marché, reléguant les Mac de bureau à des machines purement utilitaires. Un temps, le Mac mini faisait aussi figure de MediaCenter sous la télé, mais le segment a depuis été remplacé définitivement en 2015 par l'Apple TV, désormais bien plus flexible et pratique grâce à ses apps et sa télécommande tactile. On en retrouve même souvent dans les salles de conférence des entreprises, où il sert de récepteur AirPlay Vidéo, branché à un vidéo-projecteur...

Reste donc le segment professionnel, sans doute le seul marché réellement viable pour cette machine, peu à peu délaissé par le grand public. Tantôt faisant office de petit serveurs (rappelez vous du Mac mini serveur !), tantôt de machine dédiée à la bureautique, tantôt placé dans des bornes de consultation, de part sa taille et son prix, il permet toujours d'obtenir un Mac moderne dans un format compact et pratique. Le segment a d'ailleurs été repris par Intel et ses NUC, très prisés en entreprise pour les postes peu exigeant (accueil, secrétariat) ou pour piloter des données à distance, comme dans une salle d'Escape Game ou un petit serveur d'entreprise.

Mac mini 2018 : les besoins ont changé (opinion)

Pour ouvrir un Mac mini moderne, il faut un ouvre-boite !


Evidemment, cela n'empêche pas le particulier de se montrer intéressé, mais à l'heure des tablettes, des smartphones et des ordinateurs portables, le Mac familial n'existe pratiquement plus dans les foyers. Le Mac mini ne sera pas non plus une machine de jeu, avec son GPU anémique et ses puces basse-consommation (série U). Lorsque Bloomberg évoque un repositionnement professionnel, il faut plutôt traduire par des possibilité de configurations plus élaborées, avec des puces de 2 à 6 coeurs, jusqu'à 32Go de RAM et même du stockage plus souple (haha), bref, de quoi l'adapter en fonction de besoins très spécifiques -que ce soit pour en faire un serveur, ou un poste de travail pour la secrétaire.

Mais la question qui me taraude concerne plutôt le segment supérieur : pourquoi Apple ne comble-t-elle pas plutôt le vide situé entre le Mac mini actuel et le futur Mac Pro ? En clair, pourquoi ne va-t-elle pas carrément dans le segment des tours d'entrée et milieu de gamme, qui n'a pas besoin de Xeon mais plutôt de GPU costaud, de Core i5/i7 et d'évolutivité -ce que l'iMac, pro ou pas, ne proposera jamais. Car si le mini répond à de nombreuses tâches bureautiques, il cible toujours la niche de la niche. En entreprise, les tours dominent encore beaucoup -aux côtés des portables- et il reste toujours un marché colossal pour un public avide de puissance pure, notamment dans la création. Les artistes 3D, les illustrateurs, les graphistes et même les monteurs n'ont aujourd'hui d'alternative que le hackintosh pour se payer un Mac modulaire, vraiment rapide et pas trop cher, que l'on puisse gaver en SSD bon marché et en GPU dédiés. Résultat des courses, je vois de plus en plus de PC dans les studios de création, les écoles, les agences... un comble pour des domaines où Apple possède toujours une solide réputation, mais pas le matériel adéquat. A ces questions, la Pomme n'a qu'un seul mot à la bouche : l'iMac. Comme si chez les pros, l'informatique pouvait se résumer à 2 tailles d'écran et des composants soudés pendant 5 ans.

Mac mini 2018 : les besoins ont changé (opinion)


Bref, contrairement à mes confrères de 9to5 qui regrettaient hier qu'Apple ne reste pas sur de l'entrée de gamme, je ne pense pas que Tim Cook fasse une erreur en ciblant mieux les professionnels avec le Mac mini. C'est là où se situe le marché et les geeks y trouveront peut-être leur compte malgré tout. La question est plutôt de savoir si la machine sera suffisamment configurable pour contenter toutes les niches entre 500 et 1000€, ce qui est loin d'être gagné ! En revanche, ceux qui espéraient acheter la version 2018 à moins de 500€ pourraient être assez déçus cette année... tout comme ceux qui attendaient un petite tour modulaire à 1000/1500€.



Il y a 4 ans déjà...