Opinion : pourquoi Apple devrait proposer du stockage "plus lent" dans ses Mac
Par Didier Pulicani - Publié le
Mais est-ce réellement justifié ? Jugez plutôt :
- un iMac 4k (de base) est vendu 1 699,00 € avec un disque à plateaux de 1 To
- un iMac 5k (de base) est vendu 2 099,00 € avec un disque à plateaux de 1 To
- un MacBook Retina (de base) est vendu 1 449,00 € avec un SSD de 256Go
- un MacBook Pro Retina 13" (de base) est vendu 1 699,00 € (1 999,00 € avec Touch Bar) avec un SSD de 256Go
- un MacBook Pro Retina 15" (de base) est vendu 2 699,00 € avec un SSD de 256Go
En 2017, proposer encore des disques à plateaux sur des machines à plus de 1500€ (et parfois même 2000€) est absolument scandaleux, car ces technologies mécaniques brident largement les capacités de la machine, nuisent à l'expérience utilisateur et créent de la frustration chez une catégorie de clients souvent néophytes et/ou avec des budgets limités.
Par ailleurs, l'économie réalisée ici est vraiment marginale au regard du tarif de la machine : un SSD SATA de 512Go coûte aujourd'hui une bonne centaine d'euros dans le commerce (et nettement moins avec des tarifs de gros), soit seulement 50€ de plus qu'un HDD de 1To. Apple pourrait au moins avoir la décence de généraliser son Fusion Drive sur l'entrée de gamme, qui rajoute simplement un tout petit SSD (24Go) et qui ne doit pas lui coûter bien cher à produire (l'option est facturée 120€ ! Le prix d'un
vraiSSD de 512Go).
Quand aux Mac qui ont la chance d'intégrer un SSD par défaut, les capacités démarrent systématiquement à 256Go, une quantité encore réduite une fois que l'on a installé l'OS et ses applications. Cette capacité devient pourtant la
normeque beaucoup adoptent, faute de budget pour le segment supérieur (à l'image de l'iPhone 16Go en son temps)
Si les prochaines générations de Mac devraient sans doute en finir avec ces vieux disques mécaniques (espérons !), les choix d'Apple en matière de SSD ne sont pas pour autant très judicieux. Vous l'avez vu dans notre test du Bolt 3 de LaCie et lors des comparatifs de performances, la mémoire utilisée par Apple dans ses machines est incroyablement rapide et tout aussi difficile et coûteuse à produire. Les performances sont certes bluffantes, mais à qui servent-elles réellement ?
Pour l'utilisateur d'un MacBook Retina qui se cantonne surtout à du web et des mails, le passage d'un débit de 400Mo/s (SATA) à 2/3Go/s (PCIe) n'aura aucune incidence sur son activité quotidienne et occupera pourtant inutilement des lignes de PCIe. Faites le test en installant votre système sur un SSD externe acheté dans le commerce : à l'aveugle, impossible de faire la différence avec le modèle interne, sauf cas très particulier. Sur un MacBook Pro 13 d'entrée de gamme, on préférerait nettement récupérer ce débit
gâché... sur les ports par exemple ! Ou sur une webcam de meilleure qualité...
Quant aux professionnels, même en optant pour 1 à 2To de stockage (une option très onéreuse, environ 1000€/To), ces capacités seront de toute façon insuffisantes pour éditer de gros projets vidéos. Un monteur aura forcément besoin d'utiliser des solutions externes pour travailler, d'autant que le volet applicatif (et ses caches) occupe vite le plupart de l'espace sur le disque principal. Une partie d'entre-eux se réjouit donc effectivement qu'Apple offre des SSD dépassant les 3Go/s, mais sur l'ensemble de la clientèle
Pro, seule une frange minoritaire en aura l'usage.
Enfin, le principal problème qui court depuis la présentation des premiers MacBook Air, c'est l'impossibilité de faire évoluer ces disques (même si certaines solutions existent), et d'étendre ainsi leur capacité au fil du temps, ce qui rend la machine
obsolètecôté stockage, bien avant le reste des composants. Dommage que dans son rapport annuel, Greenpeace ne pointe pas aussi ce mécanisme de vente, comme un moyen de rendre artificiellement des machines obsolètes en bridant à tout prix leur capacité d'évolution. Quel dommage de voir des gens racheter des Mac pour simplement passer de 256Go à 512Go.... ou de se balader continuellement avec un petit disques dur, faute de place.
Alors que les prix des SSD ont fondu ces dernières années, la mémoire utilisée dans les Mac est la plus chère du marché ! Apple devrait donc proposer par défaut, de la mémoire moins rapide, tout en laissant les barrettes haut-de-gamme en option. Cela permettrait à la fois de faire baisser les prix des machines, tout en offrant des capacités supérieures pour le même tarif, à ceux qui n'ont pas besoin de ces débits fulgurants. Cette solution serait nettement plus cohérente sur des Mac de petite bureautique (comme le MacBook Retina) ou sur des iMac d'entrée de gamme.
Enfin, comment ne pas s'étonner qu'Apple mette autant d'énergie à proposer des SSD de compétition sur l'ensemble de sa gamme, alors qu'elle reste à la traine sur de nombreux composants, comme les cartes graphiques ou la RAM, pourtant (au moins) aussi utiles au quotidien.