Opinion : et s'il était temps de lancer officiellement OS X sur PC ?
Par Didier Pulicani - Publié le
Dans la presse, on appelle ça un
Par le passé, on se mettait à rêver des
On en parlait encore récemment dans On Refait le Mac, mais depuis 5/6 ans, Apple a bien du mal à faire rêver les Mac-Addicts. Les dernières révolutions se comptent sur les doigts d'une main et visent surtout l'ultra-mobilité. Si vous n'êtes pas un globte-trotter ou un VRP avides de MacBook Air/12", les machines professionnelles sont non seulement vendues de plus en plus chères -rien de nouveau sous le soleil- mais accusent surtout un retard certains face à la concurrence. A l'heure de la 4k, du Thunderbolt3/USB C, des GeForce 1080 et des SSD modulaires, la firme concède à peine quelques mises à jour CPU/GPU annuelles tout en gardant des prix gonflés à bloc depuis l'arrivée des écrans Retina.... il y a 4 ans.
Le PowerUser -car c'est bien de lui dont on parle- ne retrouve plus ses petits. Il se sent tiraillé entre des machines en fin de vie vendues à prix d'or et une gamme de moins en moins évolutive... au point qu'il se demande si Apple s'intéresse encore au Mac, avec un grand
En 1995, alors qu'Apple baignait au fond du ravin, les dirigeants de l'époque eurent la géniale idée de lancer officiellement un programme de clones. Pendant près de deux ans et demi, il était ainsi possible d'acheter une machine estampillée
Financièrement, ce fut une catastrophe magistrale. A l'époque, Apple ne gagnait pas d'argent sur le logiciel -contrairement à Microsoft- mais essentiellement en vendant des machines. Plutôt que d'élargir son parc de clients, cette stratégie ne fit que diluer les parts de marché (déjà faibles) d'Apple sur le hardware et n'eut aucun
Quand Steve Jobs a été réintégré, il mit rapidement fin à tous ces contrats. Acculé par certaines marques, il fut pratiquement contraint de racheter PowerComputing pour en finir une fois pour toutes avec les assembleurs. On se souvient à l'époque des opérations de communication des cloneurs récalcitrants, prônant la
Ce premier
Lorsqu'on évoques les clones, on pense donc plutôt à ceux de 1995 ou aux actuels hackintosh (on y reviendra plus bas). Mais l'on oublie pourtant qu'ils existaient déjà dès les années 70 !
La plupart des machines emblématiques d'Apple ont en effet été abondamment copiées et ce, à plusieurs reprises. Le brésilien Unitron a par exemple créé des répliques d'Apple II pendant des années sans être vraiment inquiété, avant de s'attaquer au Macintosh en 1985. A l'époque, les lois internationales protégeaient peu la propriété intellectuelles, et il était possible de copier la ROM des Mac assez facilement. D'autres, comme Dynamac ou Colby Systems, avaient trouvé une astuce plus "légale" en récupérant des cartes-mères d'occasion et en créant des portables "compatibles Mac".
Ces petites anecdotes sont assez amusantes, mais pour tout vous dire, elles n'ont jamais vraiment pesé dans les finances d'Apple. Il s'agissait surtout -dans le cas d'Unitron par exemple- de combler les restrictions autour des importations de machines, puisque ces copies étaient surtout destinées au marché local, privé de Mac. Pour le reste, il s'agissait souvent d'initiatives isolées et qui n'ont pas fait long feu, généralement stoppées nettes par les avocats de Cupertino.
Lorsqu'Apple décide de passer sous Intel en 2005, les choses changent radicalement. En réalité, il faut même remonter quelques années plus tôt, lorsqu'Apple teste les premières version de Mac OS X sur des Pentium. Pour ce faire, elle utilise à l'époque de vulgaires PC portables, qui servent d'ailleurs à Steve Jobs pour réaliser ses démos privées. A partir de ce jour là, le Mac ne possède plus aucun composant spécifique, comme la ROM ou les processeurs PowerPC. Elle utilise un EFI
Evidemment, le risque de voir partir ses utilisateurs chez les assembleurs restait fort à l'époque, la compagnie étant encore très dépendante des ventes de Mac. Si l'iPod cartonnait, l'iPhone et l'iPad n'avaient pas encore été dévoilés et la firme ne pouvait se permettre de laisser filer son hardware. Durant les premières années, Mac OS X était relativement bien protégé, en grande partie car il utilisait un EFI encore peu courant dans le monde PC. La position d'Apple était sans équivoque
C'est finalement plus récemment que les choses se sont accélérées, grâce à des solutions très faciles à mettre en place et complètes (avec les pilotes, le multi-boot etc.), permettant d'installer OS X sur un grand nombre de configurations PC et sans trop de bidouille. Avec les bons outils, il ne faut qu'une petite heure pour installer OS X sur un PC du commerce, et le web regorge de documentation sur la question. La pratique reste certes très
Très tôt, Apple avait malgré tout attaqué plusieurs assembleurs qui se permettaient de vendre des "compatibles Mac" avec OS X préinstallé (rappelez-vous de l'affaire PsyStar), mais depuis, la firme est restée très discrète sur le sujet. Les sites se sont donc largement développés, référençant le hardware compatible, les techniques pour y installer OS X et ces derniers ne semble pas avoir reçu de lettres des avocats de Cupertino. Si certains y voient une certaine bienveillance, il serait plus juste de parler de désintérêt de la part de la compagnie, qui a tout simplement d'autres chats à fouetter. Tout juste trouve-elle le temps de mettre à jour ses propres machines de temps en temps....
Pourtant, la situation devient de plus en plus préoccupante. Autour de nous, les témoignages de professionnels se multiplient, beaucoup trouvant ces solutions
Si créer un Mac
Nous ne sommes pas juristes, mais une telle clause pourrait tout à fait être remise en question devant un juge, bien que ce type de décision soit rarement prononcée en dehors de certains cas très spécifiques (position dominante, par exemple). Si le particulier ne risque pas grand chose, Apple pourrait très bien se retourner contre ceux qui proposent des moyens techniques de contournement ou ceux qui en font la promotion. Cela explique aussi pourquoi la presse évite de traiter le sujet de trop près (comme le *
Mais un Mac se limite-t-il vraiment à son OS ? Jusqu'à présent, Apple se positionnait comme la reine du
Ce qui fait un Mac -outre son design- concerne bien-sûr l'intégration de bout en bout. Apple sait exactement quels composants sont placés dans ses machines, ce qui permet d'éviter les bugs liés à un composants incompatibles ou responsable d'un mauvais fonctionnement hardware. Or sur ce plans, Cupertino est de plus en plus permissive. Il faut dire que la plupart des contrôleurs (son, ethernet, wifi, bluetooth) sont désormais intégrés au CPU, rendant de facto la plupart des carte-mères du marché compatibles. Pour l'essentiel des composants (CPU, GPU, RAM, disques...), OS X affiche donc une assez bonne compatibilité. Seules quelques cartes WiFi, graveurs blu-ray et autres accessoires spécifiques nécessitent parfois des pilotes ad-hoc, incompatibles Mac. A l'arrivée, OS X est donc devenu très ouvert et se satisfait parfaitement d'un hardware qui sort des sentiers battus de Cupertino.
Bien-sûr, lorsqu'on compare un MacBook à son équivalent Asus, les iMac aux tout-intégrés de Hp, les Mac mini aux NUS d'Intel ou encore les MacBook Pro Retina avec les gros Dell des entreprises, il n'y a pas photo. Les machines d'Apple sont nettement plus sexy et nettement mieux finies. Il n'est d'ailleurs pas rare de croiser des personnes ayant installé Windows sur un MacBook, ne trouvant pas d'équivalent à la hauteur dans le monde PC. Quand bien même Apple proposerait des compatibles, il y a fort à parier qu'elle reste imbattable sur certains segments de gamme, où la concurrence ne propose tout simplement aucune équivalence.
En imaginant Apple annoncer en grandes pompes l'ouverture d'OS X à des assembleurs PC, la firme serait par la même occasion, obligée de revoir totalement sa politique tarifaire.
Par exemple, elle pourrait proposer une version gratuite d'OS X si l'utilisateur optait pour l'achat d'un Mac, et une licence payante -façon Windows- pour ceux qui choisiraient d'installer le système avec des composants standards. Historiquement, OS X était vendu entre 100 et 200€, soit à peu près le tarif d'une licence Windows. La Pomme continuerait alors à gagner de l'argent tout en permettant aux clients de monter leur propre machine.
Evidemment, cette stratégie ne fonctionnerait que dans l'optique d'une croissance du marché pour OS X. En clair, les ventes de licences devraient constituer un revenu supplémentaires, et non un manque à gagner. A l'époque des clones, l'erreur d'Apple eut été de croire que les utilisateurs étaient plus attachées aux machines qu'à l'OS, alors que ce fut tout le contraire. L'essentiel des acheteurs recherchent le meilleur rapport qualité/prix, parfois bien avant les finitions et la qualité de fabrication.
Si j'ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce petit papier (et j'espère au moins autant pour vous à le lire), je ne pense pas qu'Apple soit réellement prête à une telle ouverture. Les dogmes initiés par Steve Jobs ont la vie dure à Cupertino, et Tim Cook n'a pas encore le courage -ni la légitimité- pour remettre en question le modèle qui a conduit au succès de l'entreprise.
En 1995, la décision d'autoriser les clones était vécue comme un ultime espoir pour sauver une société malade. Pour que ça marche, il aurait fallu le faire 10 ans plus tôt, à l'époque où Microsoft était encore un nain du logiciel. Aujourd'hui, la situation est bien différente. Même si l'on a le sentiment d'observer une gamme au point mort, Apple n'a jamais vendu autant de Mac, battant fin 2015 ses records absolus ! Il faudrait être fou pour envisager de licencier OS X alors que tous les indicateurs sont au vert !
Pourtant, en observant le marché, le timing serait sans doute propice à une explosion de la plateforme OS X. Microsoft peine à trouver de la crédibilité avec ses versions bancales de Windows 8 & 10. Plus étonnant encore, Redmond n'hésite pas à cibler frontalement le Mac dans ses publicités (Surface Pro, SurfaceBook...), comme si la firme était en position de challenger alors qu'elle vend plus de copies de Windows 10 en un week-end qu'Apple écoule de versions d'OS X en 10 ans ! Il faut dire que la
A l'inverse, et même si ça se voit moins, le Mac reste peu présent en entreprise. La Pomme a pourtant une carte à jouer dans les PME, aussi bien pour remplacer les stations de travail PC que pour créer de petits serveurs locaux. Plus inquiétant encore, lorsqu'on part à la rencontre des créatifs (3D, infographie, webdesign, montage, photo...), les Mac se font de plus en plus rares, alors même que ces spécialistes de l'image ont toujours plébiscité les solutions de Cupertino. Ne parlons même pas des gamers, qui rigolent encore en lisant la fiche technique des iMac 4k, sans GPU, avec un disque à plateaux et un tarif prohibitif... Bref, tout ce petit monde ne basculera jamais chez Apple tant qu'elle ne proposera pas des machines réellement concurrentielles, tant sur le plan des performances que sur les prix. Et à ce petit jeu, voir OS X tourner sur PC pourrait sans doute éveiller les consciences...
marronnieret celui-ci a le mérite de se réveiller à intervalles réguliers, en particulier lorsqu'Apple s'endort un peu sur ses lauriers.
Par le passé, on se mettait à rêver des
compatibles Maclorsque le 68K s'essoufflait, ou plus récemment, quand le G4 et le G5 peinaient à concurrencer le Pentium. Mais presque à chaque fois, Apple parvenait à sortir de nouvelles machines de son chapeau. Qui n'a pas rêvé à l'époque devant les premiers iMac G3, les Power Mac Bondie Blue, les premiers G4 surpuissants, ou les G5 bi-pro dans leur superbe coque en alu ! La Pomme est parvenue à créer des portables emblématiques, comme l'iBook, le PowerBook Titanium ou plus récemment le premier MacBook Pro CoreDuo ! Certains rêvent même toujours d'un éventuel retour de l'iMac Tournesol...
On en parlait encore récemment dans On Refait le Mac, mais depuis 5/6 ans, Apple a bien du mal à faire rêver les Mac-Addicts. Les dernières révolutions se comptent sur les doigts d'une main et visent surtout l'ultra-mobilité. Si vous n'êtes pas un globte-trotter ou un VRP avides de MacBook Air/12", les machines professionnelles sont non seulement vendues de plus en plus chères -rien de nouveau sous le soleil- mais accusent surtout un retard certains face à la concurrence. A l'heure de la 4k, du Thunderbolt3/USB C, des GeForce 1080 et des SSD modulaires, la firme concède à peine quelques mises à jour CPU/GPU annuelles tout en gardant des prix gonflés à bloc depuis l'arrivée des écrans Retina.... il y a 4 ans.
Le PowerUser -car c'est bien de lui dont on parle- ne retrouve plus ses petits. Il se sent tiraillé entre des machines en fin de vie vendues à prix d'or et une gamme de moins en moins évolutive... au point qu'il se demande si Apple s'intéresse encore au Mac, avec un grand
M. Quoi de plus naturel, lorsqu'un couple éprouve une certaine lassitude, que de voir tout à coup galoper l'envie de venir jeter un oeil à la fenêtre de la voisine ! En 2016, pas un MacFan un peu aguerri ne manque de me parler de hackintosh, espérant au fond de lui qu'Apple se décide à officialiser le retour des clones. Et même si tout ceci ne restera sans doute qu'un gros fantasme de geek (comme pour la voisine, d'ailleurs), vient l'heure de commencer la thérapie de groupe !
Un précédent raté
En 1995, alors qu'Apple baignait au fond du ravin, les dirigeants de l'époque eurent la géniale idée de lancer officiellement un programme de clones. Pendant près de deux ans et demi, il était ainsi possible d'acheter une machine estampillée
DayStar,
Motorola,
UMAXou encore
Tatung, capable de faire tourner le System 7 comme sur un Mac. Apple fournissait la ROM (l'équivalent du BIOS ou de l'EFI d'aujourd'hui) à ses partenaires, qui restaient libre de gaver la machines en composants adéquats. Les bécanes ainsi produites tournaient plutôt bien même si Mac OS se cherchait alors une seconde vie, face à un Windows 95 un peu plus moderne et omniprésent.
Un clone de Mac parfaitement officiel dans les années 90
Financièrement, ce fut une catastrophe magistrale. A l'époque, Apple ne gagnait pas d'argent sur le logiciel -contrairement à Microsoft- mais essentiellement en vendant des machines. Plutôt que d'élargir son parc de clients, cette stratégie ne fit que diluer les parts de marché (déjà faibles) d'Apple sur le hardware et n'eut aucun
effet haloescompté chez les
PCistes. Il faut dire que l'absence de compatibilité Intel n'arrangeait pas le tableau, et il manquait au Mac un système vraiment nouveau, que les équipes cherchaient justement chez NeXT et chez Be OS ces années là.
Quand Steve Jobs a été réintégré, il mit rapidement fin à tous ces contrats. Acculé par certaines marques, il fut pratiquement contraint de racheter PowerComputing pour en finir une fois pour toutes avec les assembleurs. On se souvient à l'époque des opérations de communication des cloneurs récalcitrants, prônant la
liberté de choisirface à du matériel de Cupertino plus cher et parfois moins puissant.
Un tract de Power Computing à la MacWorld de 1997
Ce premier
clonage officieldu Mac restera donc dans les annales comme un immense échec et doit certainement peser dans les mémoires des dirigeants actuels (même s'il faut garder à l'esprit que l'Apple des années 90 n'a plus rien à voir avec la grande Pomme de 2016, dont le "hardware Mac" ne représente plus que quelques pourcents de son chiffre d'affaire...) Néanmoins, Apple s'est aperçue que ses clients étaient tout à fait capables de se montrer parfaitement infidèles s'ils pouvaient trouver Mac OS installé sur une machine munie des mêmes composants qu'un Mac, mais moins chère, et parfois moins bien finie.
Les clones ont toujours existé
Lorsqu'on évoques les clones, on pense donc plutôt à ceux de 1995 ou aux actuels hackintosh (on y reviendra plus bas). Mais l'on oublie pourtant qu'ils existaient déjà dès les années 70 !
Un clone d'Apple ][ "ACE1000"
La plupart des machines emblématiques d'Apple ont en effet été abondamment copiées et ce, à plusieurs reprises. Le brésilien Unitron a par exemple créé des répliques d'Apple II pendant des années sans être vraiment inquiété, avant de s'attaquer au Macintosh en 1985. A l'époque, les lois internationales protégeaient peu la propriété intellectuelles, et il était possible de copier la ROM des Mac assez facilement. D'autres, comme Dynamac ou Colby Systems, avaient trouvé une astuce plus "légale" en récupérant des cartes-mères d'occasion et en créant des portables "compatibles Mac".
Le vrai Mac est à droite. A gauche, un clone brésilien parfaitement illégal.
Ces petites anecdotes sont assez amusantes, mais pour tout vous dire, elles n'ont jamais vraiment pesé dans les finances d'Apple. Il s'agissait surtout -dans le cas d'Unitron par exemple- de combler les restrictions autour des importations de machines, puisque ces copies étaient surtout destinées au marché local, privé de Mac. Pour le reste, il s'agissait souvent d'initiatives isolées et qui n'ont pas fait long feu, généralement stoppées nettes par les avocats de Cupertino.
La folie hackintosh
Lorsqu'Apple décide de passer sous Intel en 2005, les choses changent radicalement. En réalité, il faut même remonter quelques années plus tôt, lorsqu'Apple teste les premières version de Mac OS X sur des Pentium. Pour ce faire, elle utilise à l'époque de vulgaires PC portables, qui servent d'ailleurs à Steve Jobs pour réaliser ses démos privées. A partir de ce jour là, le Mac ne possède plus aucun composant spécifique, comme la ROM ou les processeurs PowerPC. Elle utilise un EFI
standardet des composants totalement banals : puce Intel, RAM, disque dur, USB... A partir de 2005, c'est un peu triste à dire, mais les Mac étaient devenus des PC, des jolis PC, certes, mais en dehors du design, rien ne les différenciaient plus vraiment.
Evidemment, le risque de voir partir ses utilisateurs chez les assembleurs restait fort à l'époque, la compagnie étant encore très dépendante des ventes de Mac. Si l'iPod cartonnait, l'iPhone et l'iPad n'avaient pas encore été dévoilés et la firme ne pouvait se permettre de laisser filer son hardware. Durant les premières années, Mac OS X était relativement bien protégé, en grande partie car il utilisait un EFI encore peu courant dans le monde PC. La position d'Apple était sans équivoque
Nous ne permettrons pas de faire tourner Mac OS X sur un autre système qu'un Mac d'Appleavait déclaré Schiller à l'époque.
C'est finalement plus récemment que les choses se sont accélérées, grâce à des solutions très faciles à mettre en place et complètes (avec les pilotes, le multi-boot etc.), permettant d'installer OS X sur un grand nombre de configurations PC et sans trop de bidouille. Avec les bons outils, il ne faut qu'une petite heure pour installer OS X sur un PC du commerce, et le web regorge de documentation sur la question. La pratique reste certes très
undergroundet peut même se montrer risquée sur des machines de production (la moindre mise à jour peut faire planter la machine !). Malgré tout, un
bon père de famillea tout à fait les capacités de créer son hackintosh dans un coin de son salon.
Très tôt, Apple avait malgré tout attaqué plusieurs assembleurs qui se permettaient de vendre des "compatibles Mac" avec OS X préinstallé (rappelez-vous de l'affaire PsyStar), mais depuis, la firme est restée très discrète sur le sujet. Les sites se sont donc largement développés, référençant le hardware compatible, les techniques pour y installer OS X et ces derniers ne semble pas avoir reçu de lettres des avocats de Cupertino. Si certains y voient une certaine bienveillance, il serait plus juste de parler de désintérêt de la part de la compagnie, qui a tout simplement d'autres chats à fouetter. Tout juste trouve-elle le temps de mettre à jour ses propres machines de temps en temps....
Pourtant, la situation devient de plus en plus préoccupante. Autour de nous, les témoignages de professionnels se multiplient, beaucoup trouvant ces solutions
alternativesde plus en plus adaptées à leurs besoins. Les machines sont bien moins chères, évolutives et ne présentent pas de problèmes majeurs en production. Ce qui était un loisir de geek est tout doucement en train de se transformer en alternative viables aux coûteux Mac Pro et aux iMac impossibles à ouvrir ou à mettre à jour. Plus ironique encore, NVidia rend la plupart de ses cartes compatibles Mac, y compris la dernière GeForce 980Ti, officiellement par souci de compatibilité avec les anciens Mac Pro au format
Tour. A l'heure où nous écrivons ces lignes, il est possible de se monter une machine à 1000/1500€ qui propose des performances CPU/GPU capables de faire tourner Maya ou After Effects bien plus rapidement qu'un Mac Pro à plus de 10 000€ ! Il y a comme un
hic, un sacré hic, comme dirait la chanson.
Un Mac se résume-t-il à OS X ?
Si créer un Mac
compatibleest de plus en plus facile, l'opération est évidemment prohibée par Apple. La licence d'OS X est très claire sur le sujet : le système ne doit être utilisé que sur du hardware Apple, point.
Nous ne sommes pas juristes, mais une telle clause pourrait tout à fait être remise en question devant un juge, bien que ce type de décision soit rarement prononcée en dehors de certains cas très spécifiques (position dominante, par exemple). Si le particulier ne risque pas grand chose, Apple pourrait très bien se retourner contre ceux qui proposent des moyens techniques de contournement ou ceux qui en font la promotion. Cela explique aussi pourquoi la presse évite de traiter le sujet de trop près (comme le *
j-a-i-l-b-r-e-a-k(beetlejuice, beetlejuice, beetlejuice !) ou toute forme de piratage du matériel de la compagnie)
Mais un Mac se limite-t-il vraiment à son OS ? Jusqu'à présent, Apple se positionnait comme la reine du
plug & playavec des machines directement utilisables à la sortie de la boite, là où un PC demandait des heures de montages et une succession de branchements. Cette facilité d'usage se retrouve encore aujourd'hui, tous les PC n'ayant pas adopté le form-factor de l'iMac et conservant ce concept de tour accolée à un écran et à une multitudes d'accessoires. C'est un peu moins vrai sur le segment des portables, où l'ordinateur est bien plus rapidement opérationnel et souvent mieux construit.
Du troll anti-Mac classique, qui souligne l'élégance d'Apple, mais le manque d'ambition sur le hardware
Ce qui fait un Mac -outre son design- concerne bien-sûr l'intégration de bout en bout. Apple sait exactement quels composants sont placés dans ses machines, ce qui permet d'éviter les bugs liés à un composants incompatibles ou responsable d'un mauvais fonctionnement hardware. Or sur ce plans, Cupertino est de plus en plus permissive. Il faut dire que la plupart des contrôleurs (son, ethernet, wifi, bluetooth) sont désormais intégrés au CPU, rendant de facto la plupart des carte-mères du marché compatibles. Pour l'essentiel des composants (CPU, GPU, RAM, disques...), OS X affiche donc une assez bonne compatibilité. Seules quelques cartes WiFi, graveurs blu-ray et autres accessoires spécifiques nécessitent parfois des pilotes ad-hoc, incompatibles Mac. A l'arrivée, OS X est donc devenu très ouvert et se satisfait parfaitement d'un hardware qui sort des sentiers battus de Cupertino.
Bien plus classe qu'un NUC d'Intel (à droite), le Mac mini 2014 reste une machine impossible à faire évoluer
Bien-sûr, lorsqu'on compare un MacBook à son équivalent Asus, les iMac aux tout-intégrés de Hp, les Mac mini aux NUS d'Intel ou encore les MacBook Pro Retina avec les gros Dell des entreprises, il n'y a pas photo. Les machines d'Apple sont nettement plus sexy et nettement mieux finies. Il n'est d'ailleurs pas rare de croiser des personnes ayant installé Windows sur un MacBook, ne trouvant pas d'équivalent à la hauteur dans le monde PC. Quand bien même Apple proposerait des compatibles, il y a fort à parier qu'elle reste imbattable sur certains segments de gamme, où la concurrence ne propose tout simplement aucune équivalence.
OS X de nouveau payant ?
En imaginant Apple annoncer en grandes pompes l'ouverture d'OS X à des assembleurs PC, la firme serait par la même occasion, obligée de revoir totalement sa politique tarifaire.
Par exemple, elle pourrait proposer une version gratuite d'OS X si l'utilisateur optait pour l'achat d'un Mac, et une licence payante -façon Windows- pour ceux qui choisiraient d'installer le système avec des composants standards. Historiquement, OS X était vendu entre 100 et 200€, soit à peu près le tarif d'une licence Windows. La Pomme continuerait alors à gagner de l'argent tout en permettant aux clients de monter leur propre machine.
Evidemment, cette stratégie ne fonctionnerait que dans l'optique d'une croissance du marché pour OS X. En clair, les ventes de licences devraient constituer un revenu supplémentaires, et non un manque à gagner. A l'époque des clones, l'erreur d'Apple eut été de croire que les utilisateurs étaient plus attachées aux machines qu'à l'OS, alors que ce fut tout le contraire. L'essentiel des acheteurs recherchent le meilleur rapport qualité/prix, parfois bien avant les finitions et la qualité de fabrication.
Pour conclure
Si j'ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce petit papier (et j'espère au moins autant pour vous à le lire), je ne pense pas qu'Apple soit réellement prête à une telle ouverture. Les dogmes initiés par Steve Jobs ont la vie dure à Cupertino, et Tim Cook n'a pas encore le courage -ni la légitimité- pour remettre en question le modèle qui a conduit au succès de l'entreprise.
En 1995, la décision d'autoriser les clones était vécue comme un ultime espoir pour sauver une société malade. Pour que ça marche, il aurait fallu le faire 10 ans plus tôt, à l'époque où Microsoft était encore un nain du logiciel. Aujourd'hui, la situation est bien différente. Même si l'on a le sentiment d'observer une gamme au point mort, Apple n'a jamais vendu autant de Mac, battant fin 2015 ses records absolus ! Il faudrait être fou pour envisager de licencier OS X alors que tous les indicateurs sont au vert !
Pourtant, en observant le marché, le timing serait sans doute propice à une explosion de la plateforme OS X. Microsoft peine à trouver de la crédibilité avec ses versions bancales de Windows 8 & 10. Plus étonnant encore, Redmond n'hésite pas à cibler frontalement le Mac dans ses publicités (Surface Pro, SurfaceBook...), comme si la firme était en position de challenger alors qu'elle vend plus de copies de Windows 10 en un week-end qu'Apple écoule de versions d'OS X en 10 ans ! Il faut dire que la
hypea largement profité aux MacBook Air et autres MacBook 12" ces dernières années, les machines étant devenues ultra-populaires dans les écoles de commerce et chez les VRP. En se baladant dans les Starbucks ou dans le train, on ne compte plus les petites Pommes allumées... Mieux encore, OS X devient petit à petit LE système sympa pour développer, grâce à ses fondations Unix et sa communauté iOS qui pèse de plus en plus lourd dans le secteur.
A l'inverse, et même si ça se voit moins, le Mac reste peu présent en entreprise. La Pomme a pourtant une carte à jouer dans les PME, aussi bien pour remplacer les stations de travail PC que pour créer de petits serveurs locaux. Plus inquiétant encore, lorsqu'on part à la rencontre des créatifs (3D, infographie, webdesign, montage, photo...), les Mac se font de plus en plus rares, alors même que ces spécialistes de l'image ont toujours plébiscité les solutions de Cupertino. Ne parlons même pas des gamers, qui rigolent encore en lisant la fiche technique des iMac 4k, sans GPU, avec un disque à plateaux et un tarif prohibitif... Bref, tout ce petit monde ne basculera jamais chez Apple tant qu'elle ne proposera pas des machines réellement concurrentielles, tant sur le plan des performances que sur les prix. Et à ce petit jeu, voir OS X tourner sur PC pourrait sans doute éveiller les consciences...