MAJ : 18 septembre 2024 : Unity s'est finalement excusé et est revenu en arrière sur sa décision de taxer chaque téléchargement.
Reste à savoir si la nouvelle politique sera conforme à l'ancienne, ou si les tarifs vont réellement augmenter. En tout cas, la confiance semble d'être brisée entre l'éditeur et sa communauté.
Nous vous avons entendu. Nous nous excusons pour la confusion et l'angoisse causées par la politique de frais d'exécution que nous avons annoncée mardi. Nous écoutons et discutons avec les membres de notre équipe, la communauté, les clients et les partenaires, et apporterons des modifications à la politique. Nous vous partagerons notre décision dans quelques jours. Merci pour votre retour honnête et critique.
Unity est un environnement de développement principalement dédié au jeu (mais pas que) qui a l'avantage de simplifier la publication des titres sur différentes plateformes. En clair, vous développez sur Mac et vous pouvez publier votre jeu sur Android, PC, Mac et même les consoles de jeux.
L'autre spécificité de Unity, c'était le tarif : €1 877 par développeur et par an, sans limite de publication, c'était sans doute le juste prix pour les petits studios, surtout pour ceux qui font du Free2Play (des jeux gratuits financés par la publicité).
Des tarifs particulièrement salés
Au 1er janvier 2024, Unity a prévenu, les tarifs évoluent... et pas vraiment dans le bon sens !
Entre 0,15$ et 0,02$ par installation suivant les volumes, les sommes réclamées deviennent difficilement supportables par les petits éditeurs qui ont la chance de faire de gros volumes.
Comme me le rappelle Jérémie, fondateur du studio français 1Button (Mr Jump World ou plus récemment Boom! - Online PVP Battles), cette nouvelle tarification avantage surtout les gros éditeurs de console :
Un jeu indé Steam ou console à 20€, 150k joueurs, donc un beau succès, 3M€ de CA. Il faudra donner 1500€ à Unity soit 0.05% des revenus.
Maintenant un jeu mobile gratuit téléchargé 30M de fois, qui génère aussi 3M€ de CA : il faudra donner 300k€ à Unity soit 10% des revenus. On n'est quand même pas sur le même ordre de grandeur...
Effectivement, on comprend la détresse des petits studio qui ont tout mise sur la solution, sans se douter que les tarifs pourraient exploser en quelques mois. D'ici là, les éditeurs risquent de se réorienter vers des solutions comme l'Unreal Engine ou Godot...
Unity proche de la banqueroute ?
Ce revirement assez abrupt illustre parfaitement la situation dans laquelle se trouve Unity depuis plusieurs années déjà.
Malgré un succès avéré, la firme accumule les pertes, ce qui l'avait conduit à licencier 200 personnes en 2022, 300 en début d'année et encore 600 en mai 2023. Ces dégraissages à répétition ne suffisent apparemment pas à financier les investissements du groupe qui compte encore 7 000 employés dans le monde.
John Riccitiello, président de Unity, justifiait à l'époque ces décisions pour anticiper une croissance qui peine à se traduire dans le bilan financier. Encore en 2022, la société présentait un déficit proche d'un milliard de dollars ! Pourtant, le chiffre d'affaire progresse bel et bien d'année en année, ce qui permet apparemment de conserver la confiance des investisseurs. Riccitiello mise peut-être sur un éventuel rachat, mais aucune des GAFAM n'a encore manifesté son intérêt pour l'entreprise... qui accumule les pertes.
D'après les échos que l'on a reçus ici et là, l'ambiance n'est pas très rose dans les bureaux de Unity, y compris en France... Les départs se succèdent et les développeurs s'attendent à être licenciés d'un jour à l'autre... parfois rappelés le lendemain de leur éviction !
