En Suisse, l'Etat de Vaud suspend l'installation des antennes 5G (MAJ)
Par Didier Pulicani - Publié le
Il n'y a aucun moratoire sur cette thématiqueprécise le Conseil d'Etat de Vaud, qui contredit les propos de la ministre Jacqueline de Quattro.
Depuis quelques mois, le débat s'anime en Suisse autour des antennes 5G, sous fond d'hypothètiques problèmes sanitaires liés aux ondes émises par les antennes.
Le sujet enflamme les médias locaux, et a été ravivé récemment avec l'initiative d'un jeune infirmier assistant (Marvin Grimm) qui a lancé une pétition demandant un moratoire autour de la 5G. L'homme justifie sa campagne par ce fameux sujet (
250 scientifiques de plus de 40 pays ont signé une pétition adressée à l'OMS et à l'ONU pour qu'ils mettent en garde contre le rayonnement radioélectrique issu des technologies sans fil) repris régulièrement depuis 2015 dans les médias dès que l'on évoque les technologies sans-fil, notamment autour des AirPods récemment, et que nous dénoncions justement il y a quelques semaines. A l'heure où nous écrivons ces lignes, déjà 54 438 signatures ont été recueillies et le chiffre ne cesse de grimper.
Sur la page, qui se garde bien de donner des sources à ces allégations, on peut y lire notamment :
• Acouphènes,
• Pertes d’attention,
• Céphalées,
• Vertiges,
• Inflammations des yeux,
• Dépression,
• Tension nerveuse,
• Fatigue chronique
• Maladies infectieuses à répétition
• Troubles du sommeil
• Infertilité
• Des effets néfastes ont été constatés sur les oiseaux, les souris et les rats, les insectes (abeilles, fourmis, mouches) ainsi que des vers nématodes et des bactéries.
L'Organisme mondiale de la Santé (OMS) a classé les radiofréquences comme "cancérigènes possible pour l'Homme"
Devant la pression populaire (populiste ?), le Conseil d'Etat du canton de Vaud a donc décidé d'un moratoire
jusqu'à ce que l'Office fédéral de l'environnement ait terminé d'étudier les risques éventuels de la 5G, une décision appuyée par la proposition de résolution des Verts, très actifs dans le pays. Pour l'heure, la décision semble assez inédite en Europe (et dans le reste de la Suisse), où le déploiement se fait progressivement, mais certains craignent déjà un effet boule de neige.
Il faut dire que la population reste souvent mal informée sur les ondes électromagnétique en général, beaucoup confondant les ondes ionisantes (UV, rayons X, Gamma) et les ondes non ionisantes, utilisées depuis plus d'un siècles pour la radio, TV, les radars et plus récemment, la téléphonie mobile.
Les connaissances scientifiques acquises dans ce domaine sont désormais plus complètes que celles que l'on possède sur la plupart des produits chimiquesrappelle même l'OMS, qui souffle pourtant aussi le chaud et le froid en classant ces ondes comme
cancérigènes possible pour l'Homme, un groupe dans lequel on retrouve quand-même aussi le café ou la menuiserie (sic).
Pourtant, la 5G utilise les mêmes fréquences que la 4G actuelle et ne présente pas de
risquesupplémentaire sur ce plan. La Suisse fait même partie des pays où la réglementation est le plus sévère en terme de puissance d'émission (4 à 6 volts par mètre (V/m), soit 10 fois moins que dans le reste de l'Europe). Comble de l'ironie, ce moratoire imposé par l'Etat de Vaud a en réalité été demandé avant tout.... par les opérateurs ! Car avec des seuils si bas, ils se retrouvent obligés d'installer beaucoup plus d'antennes que leurs voisins européens.
Nous aimerions que les valeurs limites soient relevées à 20 V/m [...] Dans les villes, nous sommes actuellement déjà à 90% de nos capacités en émission, contre 70% à la campagne. Si la limite préventive pour les antennes de téléphonie mobile en vigueur en Suisse n’est pas adaptée, nous devrons augmenter le nombre d’antennes. Il n’y a pas de choixaffirmait récemment au journal Le Temps Hugo Lehmann, spécialiste du réseau mobile. Voilà pourquoi l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) travaillent sur le sujet et doit remettre un rapport cet été.
Alors d'où vient réellement le fond de ces débats qui rappelle un peu la campagne des anti-ondes autour du Linky en France ?
Radio, télévision, micro-ondes, smartphones… Derrière le débat sur la 5G, c'est l'utilisation grandissante d'appareils émettant des ondes électromagnétiques qui est remise en cause. Invisibles et omniprésentes, complexes à expliquer, dans une société toujours plus soucieuse de sa santé, ces ondes sont devenues « le candidat idéal à la diabolisationdéclarait Anne Perrin , une des auteurs du livre
Champs électromagnétiques, environnement et santédans les Echos sur le sujet, qui s'immice également dans le débat en France.
En réponse à cette forte attente du public, « des efforts de recherche énormes ont été menés », indique la spécialiste. Au cours des trente dernières années, environ 25.000 articles scientifiques ont été publiés sur les effets des « rayonnements non-ionisants », comme on les appelle.
Bref, comme le rappellerait ma grand-mère, le danger de la 5G sur la santé sera certainement bien plus important si vous traversez la rue le nez sur votre smartphone et avec un gros casque à réduction de bruit...