Interview : les développeurs francophones partagés autour de l'App Store et de ses pratiques
Par Didier Pulicani - Publié le
Parmi les griefs, le ministre évoquait l'impossibilité pour les développeurs de fixer leurs propres tarifs, mais aussi les contrats modifiés unilatéralement, la difficulté de négocier ou encore le problème des données-client, inaccessibles aux éditeurs. Ces règles ne sont pas réellement nouvelles et sont même en place depuis plus de 10 ans. En revanche, c'est surtout la situation de monopole qui semble inquiéter nos dirigeants, puisque le mécanisme de distribution des apps ne se joue désormais plus que sur deux plateformes. Une grande partie de l'économie numérique étant basée sur ces applications, Apple et Google arborent aujourd'hui un rôle crucial dans les développement des startups et leur pérennité.
Pour tenter d'y voir plus clair, nous avons posé la question aux principaux intéressés : les développeurs. Parmi eux, Clément Sauvage (), Yohan Teixeira (Freemote Télécommande Freebox Free, Télécommande box universelle), Jean-François Grang de l'agence 2 App à Z(Eatwith: dîner chez l’habitant, Swile, Zenpark - Parkings), Raphael Sebbe de Creaceed (Prizmo Go › Scan de texte, OCR, Hydra 1 (Legacy version), Carbo › Dessin + notes, pencil), Mathieu Hausherr de Virtuo - Location de voiture et enfin Thomas Jaussoin de Lunabee Studio (oneSafe+ password manager) ont accepté de répondre à nos questions, un panel large et diversifié donc les opinions sont loin d'être unanimes sur la questions.
A noter que tous ont accepté de répondre en leur nom, preuve -s'il en fallait- que l'époque où les éditeurs craignaient de s'exprimer en public et de critiquer ouvertement la boutique est désormais révolue.
Que pensez-vous de l'App Store d'une manière générale ? Est-ce que le modèle vous satisfait ?
Clément Sauvage :
Il y a du pour et du contre : d’un côté, l’App Store est génial parce qu’il offre un espace centralisé et permet la découverte d’applications (surtout avec le nouveau modèle d’iOS 11). De plus, la politique d’Apple et de sa validation offre a priori la certitude à ses utilisateurs que les applications disponibles sont de qualité, ce qui n’est pas le cas d’Android où il est fréquemment fait mention que des logiciels « frauduleux », virus et autres passent les filtres « automatiques » de la firme de Mountain View. D’un autre côté, ces guidelines imposées (ah les lutins…) ont effectivement pouvoir de vie et de mort sur les apps, c’est assez sensible quand des développeurs indépendants passent des mois sur un projet.
Yohan Teixeira :
Je pense que l'App Store est un outil fabuleux, l'avantage de ce système, c'est qu'un étudiant de 14 ans peut avoir la même visibilité qu'une multinationale pour "vendre" son application. Evidemment, les couts en marketing seront surement différents, mais c'est aussi ça, à mon sens, la force de l'App Store, le marketing n'est pas obligatoire...(je n'en ai d'ailleurs jamais fait pour mes apps).
Jean-François Grang :
Avant de faire le bilan de l’App Store, il faut parler de ce qu’il y avait avant et comment les logiciels étaient distribués. Avant l'iPhone, sur Mac nous téléchargions des apps sur VersionTracker ou MacUpdates et peu de développeurs indépendants gagnaient réellement de l’argent. L’App Store a permis de s'épargner la création d’une boutique de vente, de la gestion de licences, de la création de factures, de demandes de remboursements. Ce qui, dans un contexte de distribution mondiale, est un vrai cauchemar et en décourageait beaucoup, surtout pour engranger des gains trés hypothétiques. L’App Store a permis à un développeur de pouvoir seul, créer et vendre ses applications simplement. J’ai d’ailleurs mis ma première app en payant pour rembourser les coûts du compte développeur et ça ne m’a pas pris plus de temps que cela (moins que pour la création de l’auto-entreprise que j’ai du monter pour engranger les gains).
Alors, même si le monde s’est largement professionnalisé et que la capacité de percer s’est raréfiée, l’App Store reste une plateforme de mise en avant assez exceptionnelle. Apple n’a pas cédé aux sirènes des annonceurs en monétisant ses mises en avant et une certaine méritocratie règne encore. [le placement payant dans la recherche existe sur l'App Store, ndlr] La pomme n’a pas oublié que ce sont les petit développeurs et studios qui ont fait la renommée de l’App Store dans ses premières heures. Chaque jour de petits acteurs locaux sont mis en avant, Apple France teste beaucoup d’apps et pour ces petits éditeurs c’est une chance incroyable de se faire connaître sans devoir envoyer des camions de fric à Facebook. La plupart des apps de nos clients ont eu à un moment ou à un autre les honneurs de la première page de l’App Store, ce qui est un sacré coup de pouce pour se faire connaître.
Raphael Sebbe :
L'App Store est une super opportunité, sans doute la meilleure des plateformes actuelles. Sa modernisation récente est un plus. Il faut cependant être (très) persévérant, c'est très difficile d'y être rentable. Le modèle fonctionne pour nous avec des hauts et des bas, et on a souvent l'impression qu'avec certains aménagements, cela pourrait être beaucoup mieux.
Mathieu Hausherr :
Le modèle est très satisfaisant et surtout va dans le bon sens. Depuis un an, le système de mise en avant est beaucoup plus clair et plus efficace avec le système d'app du jour. La durée de validation a aussi beaucoup baissé, on est passé à une période de validation de l'ordre de la journée ce qui est beaucoup plus agréable.
Thomas Jaussoin :
Si on replace dans son contexte l’arrivée des Stores: avant 2008, on vendait ses logiciels dans des boîtes, à la FNAC par exemple, pour un coût de 80 EUR minimum pour le consommateur final. Le Store est arrivé avec une portée mondiale, pour tout développeur, de toute taille. Une révolution en terme de canal de distribution.
Aimeriez-vous pouvoir sortir des tarifs imposés par Apple ?
Clément Sauvage :
Non, la grille actuelle (ci dessous celle pour la France), propose 87 (!) paliers + 7 paliers alternatifs, ce qui couvre tout (ou presque) des besoins. Ces prix assurent une homogénéité tarifaire des applications, et évitent à l’utilisateur de se perdre.
Yohan Teixeira :
Les tarifs imposés par Apple sont un vrai problème, au-delà du fait que les valeurs changent avec le temps pour suivre "l'inflation", le vrai problème c'est que nous n'avons pas la possibilité (simplement) de fixer des prix pour des pays différents. Là où dans certains pays le pouvoir d'achat est très limité, nous devons simplement suivre la matrice de prix proposé par Apple (avec l'ajustement de la monnaie selon le pays)
Jean-François Grang :
La grille de tarifs est assez large pour moi aujourd’hui avec beaucoup d’échelons (200). C’est d’autant plus vrai que nous parlons de biens numériques pour lesquels on peut penser que les marges sont supérieures, donc moins sensibles à des changements de quelques centimes. Je n’ai pas souffert réellement de ça, en revanche l’achat devant être digital, il est aujourd’hui difficile de mixer un achat digital et physique (abonnement à un magazine papier avec une offre numérique).
Raphael Sebbe :
Les paliers de l'App Store sont OK. On peut choisir le prix qu'on décide pratiquement à l'euro près jusque 50€. Au delà ça reste souple. Il y a certaines incohérences cependant: ils poussent fort l'abonnement, mais ce n'est pas compatible avec les écoles et les grandes entreprises. Le prix de gros n'y est pas disponible. D'autre part, Apple dit en même temps que des updates réguliers ne sont pas une justification suffisante à ce type de modèle commercial, qu'il faut une valeur continue (genre hosting Dropbox, ou catalogue Netflix). C'est beaucoup de contortions pour finalement refuser le modèle évident des upgrades payants qui reste le plus avantageux à la fois pour le client (libre d'updater ou pas, et à moindre coût) et le développeur (fidélisation). Ca se voit avec Omnigroup ou Acorn, qui ont dû récemment enlever leur mécanisme d'IAP gratuit pour les updates. On est sans solution, après 10 ans d'App Store.
Mathieu Hausherr :
Dans cette polémique, on met souvent ce "problème" de tarif imposé en avant mais le grand public oublie / ne sait pas que ces conditions ne s'appliquent qu'a certain type de paiement : l'achat d'app et l'achat de service directement relié à l'app. Dans un contexte d'e-commerce, ce n'est pas du tout le cas.
Thomas Jaussoin :
Assez difficile de répondre non au sujet des commissions, mais il y a suffisamment de paliers tarifaires par contre ! Le plus handicapant aujourd’hui, c’est de ne pas pouvoir proposer aux clients d’upgrades payants (après 3 ou 4 ans par exemple), sur lesquels Apple pourrait se rémunérer à 10% par exemple plutôt que 30 (les upgrades, c’est principalement le fruit du travail de l'éditeur, beaucoup moins d’Apple !).
Ne pas accéder à son "fichier client" est-il problématique ?
Clément Sauvage :
Ça dépend de la finalité de ce fichier client : dans l’absolu je dirais non, mettre en place un système backend (client/serveur) est de toute façon nécessaire pour utiliser des fonctions comme les notifications push (distantes), il appartient donc au développeur de faire le nécessaire pour obtenir les informations dont il a besoin. À quoi servirait un tel fichier client et que contiendrait-il ? Email ? Nom ? Prénom ? Si c’est pour me spammer, non merci (coucou la RGPD !) Ma philosophie, c’est : moins j’en sais sur l’utilisateur, mieux je me porte, pour une application de news (Mac4Ever par ex) je serais plus intéressé au parcours de ce client, son temps in App, ce qu’offrent des des outils comme Fabric (ou même iTunes Connect), plus qu’à l’email client.
Parfois il faut aussi savoir mouiller sa chemise pour obtenir ce que l’on veut ! Pourquoi serait-ce à Apple de me fournir toutes ces informations ? Le contrat est clair, l’App Store est une plateforme de distribution, pas un CRM pour les développeurs, Apple et les équipes d’iTC font un super boulot pour nous simplifier la vie, d’un point de vue client.
Raphael Sebbe :
Pas forcément si on avait la possibilité de vendre des upgrades. Mais ce n'est pas le cas, et ça nous affaiblit (risque de perdre un %age de la clientèle en cas d'upgrade, et aucune possibilité de prospection).
Mathieu Hausherr :
Non, personnellement, je n'ai pas de problème avec l'accès à mon "fichier client". En fait je le constitue d'une autre manière. Effectivement, Apple ne fourni pas les addresses email des personnes ayant téléchargé l'application mais rien n'empêche de le demander par la suite. C'est ce que font beaucoup d'app. Et si le but est seulement de pouvoir relancer les utilisateurs, le push notification est bien plus efficace et est justement possible grâce à l'App Store.
Yohan Teixeira :
Non, ce n'est pas problématique pour moi, je fait essentiellement des apps gratuites donc la valeur (d' un) client n'est pas très importante. (je monétise avec de la pub).
Thomas Jaussoin :
On a “accès" à nos clients via des comptes in-app qu’on leur fait créer, ou bien via des notifications push. Et les analytics fournis dans iTunes Connect sont désormais assez riches pour ne pas ressentir de frustration trop importante ;)
Trouvez-vous les guidelines actuelles encore trop restrictives ? Un exemple ?
Clément Sauvage :
Oui ! … et non ! Par exemple, pour Apple Pay, il est OBLIGATOIRE d’utiliser certains composants (Sinon, pas d’Apple Pay, et niveau customisation, c’est 0.) D’un autre côté, ces règles contraignantes assurent d’avoir des applications de qualité, et des standards de compréhension. (Notre cher bouton Apple Pay est identique dans toutes les apps, Trainline, Deliveroo, Uber, Les Tontons, l’end-user n’est donc pas perdu. )
D'un autre côté, certaines lignes de conduite permettent d'obtenir des apps de qualité :
4.2.6 Apps created from a commercialized template or app generation service will be rejected unless they are submitted directly by the provider of the app’s content. These services should not submit apps on behalf of their clients and should offer tools that let their clients create customized, innovative apps that provide unique customer experiences.
J’approuve 1000 fois cette demande, les applications générées par des services (tels Goodbarber par exemple) proposent des applications sans âmes, sans personnalité, juste avec un logo et deux/trois images. De telles règles poussent la créativité des développeurs à leur paroxysme, toujours rechercher plus pour proposer un contenu toujours plus innovant, et qui plaira à leurs utilisateurs !
Yohan Teixeira :
A mon sens, le "vrai" problème ce ne sont pas tant que les guidelines soient trop restrictives, c'est surtout qu'elles ne sont pas claires, ni pour nous développeurs,ni pour la team en charge des validations chez Apple. Il m'est arrivé plusieurs fois d'envoyer une simple mise à jour et de la faire refuser par Apple, pour diverses raisons, souvent parce que j'utilise le nom d'une marque pour cibler le rôle de mes apps, et le plus étonnant c'est que je renvoie la même version quelques jours plus tard et elle est validée.
Jean-François Grang :
Il y a eu des affaires médiatisées sur des rejets d’applications comme récemment autour de la génération d’applications. Ce qui m’étonne, c’est que l’on en parle maintenant alors qu’en 2011 déjà, Apple avait prévenu des éditeurs sur le fait de ne pas faire ce genre d’apps copier/coller.
C’était aussi le cas de manipulations plus ou moins masquées de notes dans l’App Store ou l’achat de téléchargements. Là encore, c’est plutôt pour éviter des manipulations des classements par des gros acteurs avec des poches profondes et ça trompe le consommateur, donc je n’ai rien à en redire. Les règles ne changent pas mais Apple doit probablement vérifier certaines choses de manière plus intensive à des moments clés ou lorsqu’ils constatent des abus. On sait par exemple qu’à l’approche d’une coupe du monde de foot, ils seront trés attentifs à ce que les apps publiées disposent des droits d’afficher des logos de club de foot, alors qu’à un autre moment, ça pourrait passer. C’est aussi ça qui génère de la frustration. En revanche je pense qu’Apple pourrait être plus actif sur les nombreux cas d’applications purement copiées (je parle de contrefaçon d’apps) et ou souvent ils laissent les deux protagonistes s’expliquer ce qui n’aboutit à rien.
Raphael Sebbe :
Pas forcément, non, je pense qu'elles sont bien fondées, mais parfois trop arbitraire et sans recours.
Mathieu Hausherr :
Je n'ai plus eu aucun problème avec les guidelines depuis longtemps. Elle sont souvent un peu plus strictes sur les nouveaux services comme Apple Pay, Car Play etc... Par contre pour moi, elle sont plus compréhensive qu'au début de l'App Store et on sent aujourd'hui que la principale ambition d'Apple avec ses guidelines est de protéger l'utilisateur.
Thomas Jaussoin :
Les guidelines et règles de l’App Store permettent d’assurer la qualité in fine des Apps sur le Store. Donc dans l’absolu, non, elles ne sont pas trop restrictives, quand il s’agit d’assurer la qualité (et sérénité) des utilisateurs. Ça permet de créer un climat de confiance dans l’achat des Apps, et donc de favoriser ce marché.
Apple fait évoluer ses contrats régulièrement, beaucoup y voient un risque de se faire "dévalider" les apps sans préavis. Vivez-vous cela comme une épée de Damoclès pour votre business ?
Clément Sauvage :
Ça dépend des business, dans mon cas, jamais.
Yohan Teixeira :
C'est un risque sérieux et non négligeable en effet, plusieurs sociétés ont déja dû fermer car leurs apps ne respectaient plus les guidelines du jour au lendemain (notamment des apps qui regroupaient d'autres apps et qui étaient en quelque sorte des mini App Store). La grande controverse du moment concerne les sociétés qui déploient des apps à partir de templates, Apple va les supprimer et les refuser au fur et à mesure. Tu peux travailler des semaines/mois sur un projet et au final te le faire refuser par Apple parce que entre le début de ton projet et la fin, leurs guidelines ont changé.
Jean-François Grang :
Je ne pense pas avoir d’apps qui soient exposées, avec mes clients. Si j’ai un doute sur une app et son passage à la validation je me rapproche des équipes d’Apple ou alors je fais vite un prototype en lui faisant passer le contrôle.
Raphael Sebbe :
Disons qu'on reste loin des cas limites, cela bride certainement un peu notre créativité. Par contre, on est parfois pris en tenaille quand ils intègrent des fonctions de nos apps dans les leurs (sherlocking).
Mathieu Hausherr :
Non. A chaque fois, dans mon cas, les refus suite à des évolutions des contrats on été accompagnés d'une proposition d'une solution acceptable de la part d'Apple. Cela peut poser problème pour des apps qui ne sont pas développées en interne dans l'entreprise ou dont le dévelopeur ne maintient plus l'app, mais sur une app comme Virtuo - Location de voiture qui évolue très régulièrement, cela ne pose pas de problèmes. Exemple : Apple me demandait d'avoir une version de l'app à peu près utilisable sur iPad même quand mon app ne supportait pas officiellement l'iPad. C'est du travail en plus mais au final je pense que c'est un vrai plus pour l'utilisateur.
Thomas Jaussoin :
Oui c’est un risque. Néanmoins, je pense que ça peut se résoudre avec plus de communication de la part d’Apple, et fournir les nouvelles “règles/guidelines” du Store en “beta” (6 à 12 mois en avance de phase) aux développeurs. Ça permettrait d’anticiper de façon intelligente et professionnelle.
Comment qualifiez-vous la marge de négociation avec les équipes de validation ?
Clément Sauvage :
Large, très large, l’application des a été retoquée 12 fois un bouton pas aligné par-ci, le bouton Apple Pay trop petit par là, et comme à chaque fois, on repart dans les tuyaux c’est long et angoissant… Et souvent, le business n’est pas compris, c’est après 2 h passées au téléphone avec des lutins qu’ils ont finalement compris et me l’ont validé, sans quoi… je pouvais aller me cuire un œuf chez les Grecs. Donc, la marge de manœuvre est assez large.
Yohan Teixeira :
Très limitée, je n'ai réussi qu'une seule fois à faire passer une mise à jour après un refus de l'App'Store sans devoir renvoyer une version ou modifier les méta datas.(sur une fréquence de 2-3 update d'app mensuel). Le dernier exemple concret que je peux donner est assez parlant : j'ai fait une mise à jour d'une de mes application la plus téléchargée (Télécommande box universelle : Télécommande Free), le sous titre de cette app contenait le mot "Free" et au même moment, Apple venait de changer ses guidelines en interdisant l'utilisation du mot "Free" pour les apps, afin d'éviter que les développeurs ne rajoutent le terme "free, dans le sens gratuit" dans leurs apps. Sauf que la personne en charge de valider mon application m'a refusé la MAJ, sous prétexte que j'ai utilisé ce mot "interdit" ! Evidemment je leur ai expliqué que ce n'était pas le terme Free au sens de Gratuit mais bien le nom de la marque française, et leur réponse a été un copié/collé de leur premier motif de refus. Résultat : impossible de faire passer la marque "Free" dans le titre de mon app.
Jean-François Grang :
Elle n’existe pas. J’ai eu le cas d’une app dans la santé où j’ai du attendre plusieurs semaine qu’Apple se prononce (positivement), j’avais alors envoyé des documents mais sans retour. C’est assez stressant, mais ça ne m’est arrivé qu’une fois en presque 10 ans de développement d’apps. Il faut aussi souvent ré-expliquer les choses (pourquoi on n’utilise que Facebook comme login…) à chaque validation ce qui reste largement perfectible.
Raphael Sebbe :
Limitée mais possible. Il fut une époque ou des bugs de l'OS nous empêchaient de faire valider nos applications. Ce qui nous faisait perdre plusieurs semaines de chiffre d'affaire. On arrive cependant parfois à convaincre du bien fondé d'un comportement avec la personne en charge de valider les apps. C'est vraiment au cas par cas. En même temps, cela n'empêche pas non plus des copycats ou des crapware d'inonder le magasin, donc on se demande parfois à quoi ça sert.
Mathieu Hausherr :
La marge de négociation existe rarement, je n'essaye même plus de négocier, un refus est un refus. Mais comme je le précisais, Apple propose toujours une solution de remplacement. J'ai eu le cas lors de l'intégration d'Apple Pay, le flux d'écrans ne convenait pas à l'équipe de validation qui m'a proposé de passer un écran avant un autre (pour qu'Apple Pay soit proposé par défaut).
Thomas Jaussoin :
Correcte. En réalité, si vous êtes professionnels et transparents dans la démarche, ça se passe souvent très bien. Ne pas oublier que c’est une entreprise américaine, avec une culture de la transparence / honnêteté très importante.
Quel est aujourd'hui votre plus gros grief envers l'App Store ?
Clément Sauvage :
J’en ai 2 : pour une app, je souhaite des Maj payantes, c’est essentiel pour des développeurs indépendants. D’autres grosses maisons, telles que Panic, inc., réclament ces Maj payantes depuis lontemps. L’autre chose, c’est cette commission de 30 %, 3/10, c’est ÉNORME… je pense qu’un meilleur ratio doit être trouvé. 20 %, max. 25 %, après c’est asphyxiant.
Yohan Teixeira :
Malgré tous les problèmes/défauts cités plus haut, l'App'Store reste tout de même un outil qui permet à des milliers de personnes de vivre et je suis globalement satisfait de cette solution, cependant des guidelines plus claires seraient les bienvenues.
Jean-François Grang :
J’aimerais que l’App Store se dote d’une section ou app "business" pour permettre à des apps B2B de pouvoir sortir du lot. Elles sont aujourd’hui écrasées par la popularité des apps grand public. Le B2B c’est encore un domaine dans lequel un développeur indépendant peut gagner beaucoup d’argent. Ma première sortie en Aout 2008 () me rapportait encore plusieurs centaines d’euros par an alors que je ne l’avais pas mise à jour pendant 4 ans. Glorifier ces apps, leur offrir une meilleure visibilité serait à mon sens un moyen de relancer des ventes et de replacer le mobile comme un outil de productivité.
Raphael Sebbe :
L'absence d'upgrade payant qui nuit à notre business. L'absence de versions d'essai pour les apps payantes. Les commentaires de l'App Store: les faux et l'absence de monitoring. Le moteur de recherche de l'App Store qui est chroniquement à coté de la plaque et opaque. Le Mac App Store qui semble mort.
Mathieu Hausherr :
Les outils autour de l'app store, comme le site itunesconnect qui sont lourds et pas forcément adaptés.
Thomas Jaussoin :
Encore une fois, l’absence des upgrades payants. Un casse-tête pour les Apps payantes en one-shot, et l'in-app purchase n’est pas une solution.
Le sentiment est-il le même avec Google Play ?
Yohan Teixeira :
D'après ce que me disent mes amis développeurs sous android, le processus de validation que nous avons sur iOS est très envié par la communauté Android, car une app validée a moins de chance de disparaitre de l'App Store, alors que sur le Play store, c'est plus dangereux pour les développeurs : si une app est validée, mais qu'elle enfreint une règle du play store, non seulement l'app est supprimée mais il y a également des risques que le compte du dev soit fermé.
Jean-François Grang :
J’ai connu de nombreuses mises avant pour les apps de nos clients sur l’App Store, 3 de nos apps ont été élues apps de l’année et Eatwith: dîner chez l’habitant (VizEat à l’époque) à même reçu la visite de Tim Cook. Le moins que l’on puisse dire est que Google en France n’offre pas les mêmes leviers. Le store n’est pas éditorialisé, les tops ont une grosse inertie (le top 100 est inchangé ou presque) et Google est trés exigeant pour pour bénéficier d’une mise en avant. Elles ont d’ailleurs moins d’effet, ce qui est compensé par le fait qu’elles restent plus longtemps affichées.
Mathieu Hausherr :
Sur le Google Play il n'y a aucune validation. Mais en même temps il n'y a aucun contact avec les développeurs. Apple France est très présent dans la communauté des créateurs d'apps et pousse ses nouvelles technologies pour essayer d'améliorer l'expérience des utilisateurs d'iPhone. Google, de son coté, s'en tient à une logique mathématique et froide : impossible de discuter avec Google si on n'est pas dans les apps les plus télécharger en France même si on essaye de faire des apps et des services innovants.
Thomas Jaussoin :
Différent. Les deux sont perfectibles