Cet homme a décidé de garder son Galaxy Note 7, mais son argument tient-il la route ?
Par Didier Pulicani - Publié le
Si l'on ne connait pas encore les raisons exactes de la combustion spontanée qui touche le smartphone de Samsung, il ne faut pas oublier que toutes les batteries (je dis bien "TOUTES") présentent des risques de départ de feu, voire d'explosion. En pratique, et heureusement pour nous, la probabilité est extrêmement faible. Il n'existe pas de chiffres officiels, mais depuis que l'iPhone existe, le nombre de cas graves et avérés tourne très certainement autour de quelques centaines d'unités... sur des centaines de millions d'exemplaires vendus. En revanche, le niveau de risque augmente en cas de mauvaise utilisation : chaleur, pression, court-circuit...
Pour le Galaxy Note 7, la probabilité reste là aussi très faible. Encore une fois, on parle peut-être d'une centaine de cas au maximum sur plus de 2,5 millions d'appareil écoulés. Mais la particularité de cette affaire vient du nombre de ces
explosionsdurant un laps de temps très court (quelques semaines après achat) et sur des appareils quasi-neufs, très peu utilisés. Si Samsung n'avait pas rappelé les appareils, on pourrait (peut-être) voir les cas se multiplier au fil des mois et toucher -pourquoi pas- quelques milliers de personnes, soit un niveau de risque autour de 1 ou 2 pour 1000. Vous imaginez avoir une chance sur 1000 que votre téléphone prenne feu ?
L'argument de Josh Dickey, c'est justement ce niveau de risque. Le journaliste estime qu'il a moins de chance de voir son Note 7 exploser (1 sur 25 000 en l'état) que de mourir en conduisant (1 chance sur 12 000 environ) ou encore de se faire foudroyer (1 sur 13 000, d'après la National Oceanic and Atmostpheric Administration). Mais l'homme oublie aussi que ces études probablistes ont été réalisées pendant des années, voire même des décennies pour le cas de la foudre. Qui peut réellement prévoir le niveau de risque du Galaxy Note 7, après seulement quelques semaines d'incidents répétés ?
Plus généralement, cette notion de
risque acceptableest extrêmement compliquée à aborder dans nos sociétés modernes et il existe de nombreuses études sur le sujet. Dans celle-ci, on vous explique qu'
Un tel risque sera accepté quand la probabilité d'un accident mortel à une victime est inférieur à 1 fois par million de personnes par année. Mais dans le cas de notre Galaxy Note 7, l'appareil n'a encore (heureusement) fait aucune victime. Or ce taux d'acceptation diminue plus le nombre de personnes touchées simultanément est élevé.
pour 3 victimes, l'acceptabilité est 10 x inférieure, pour 10 morts, 100 x plus petite, et pour 100 morts 10 000 x plus petite. Imaginez par exemple qu'un avion prenne feu en plein vol à cause d'un Galaxy Note 7 ! Voilà sans doute pourquoi les compagnies ont été si promptes à interdire l'appareil.
Finalement, avec si peu de recul sur le niveau de risque réel de voir un Galaxy Note 7 partir en fumée, la décision la plus sage consiste sans doute à rapporter l'appareil... en attendant une explication officielle.
Désolé Josh !
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