Les éditeurs et les auteurs en colère contre "L'AppGratis d'Amazon" sur Kindle
Par Didier Pulicani - Publié le
En cause, l'activité d'une société du nom de
MyKindex, dont le modèle économique serait particulièrement ambigu. Lorsqu'un auteur souhaite apparaitre dans le top 20 d'Amazon, il fait un chèque de 178 € TTC à MyKindex, qui se charge de mettre en place le positionnement. Comment ? Grâce à une communauté de lecteurs, qui sont invités à télécharger le fameux eBook, et qui se feront rembourser par MyKindex. Seule condition, le livre ne doit pas coûter plus d'un Euro (logique, car si le prix était plus élevé, MyKindex ne serait alors plus rentable). Ce fameux
clubne compterait qu'une centaine d'adhérents, un nombre suffisant pour propulser un ouvrage dans les hauts du classement.
Ça nous vous rappelle rien ? Mais si, bien-sûr, AppGratis ! A ceci près qu'au lieu de 10 à 15 000 téléchargements nécessaires sur l'AppStore pour être dans le Top 10, il en faut ici moins d'une centaine, et que le livre n'est pas gratuit (mais remboursé aux acheteurs ensuite), le technique utilisée est grosso-modo la même.
La résultante est alors similaire : le top 20 se fait temporairement
pirateret les ouvrages présentés comme les plus populaires, ne le sont pas forcément. Vous imaginez un auteur aller acheter ses propres livres en librairie, dans l'unique but de se retrouver en tête de gondole ? La technique n'est pas très honnête vis à vis du lectorat, même s'il s'agit là d'un vecteur de promotions parmi d'autres. Reste que les auteurs/éditeurs qui ont fait appel au service ne s'en vante apparemment pas, preuve que la technique n'est pas vraiment assumée par le milieu.
Comme pour Apple avec AppGratis, on attendrait donc logiquement qu'Amazon réagisse. Bien qu'au courant du système, la filiale française ne se serait pas bougée le petit doigt pour lutter contre la pratique. Mais contrairement à AppGratis (qui possédait sa propre app et qu'Apple pouvait supprimer à tout moment), MyKindex a une activité externe à Amazon et il sera difficile pour la société, de contrer efficacement ses pratiques.
Un lecteur, qui connnait bien le milieu, nous livre son témoignage :
Le réel problème est qu'Amazon refuse tout simplement de prendre position sur ces pratiques… et beaucoup d'auteurs, de lecteurs et d'éditeurs trouvent ce silence scandaleux.
D'un point de vue plus professionnel (puisque je suis prestataire dans le milieu, sans lien aucun avec ni un éditeur, ni un revendeur), je peux dire que le sentiment général est qu'Amazon France (et Kindle en particulier) est très très mal géré et qu'il y a une sorte de laisser-faire depuis ses débuts qui le transforment en terrain de jeu des webmarketeurs–arnaqueurs. Bref, tout le monde en a marre, et d'ailleurs, nous n'avions pas compris à l'époque pourquoi Amazon était allé débaucher la directrice du livre numérique FNAC alors que son bilan était tout bonnement catastrophique. Du coup, ce n'est pas une surprise de voir les choses aussi mal tourner aujourd'hui…
Reste que je pense que les lecteurs ont le droit de savoir, et il y a beaucoup de possesseurs de matériel Apple qui consomment de l'ebook Kindle.
Amazon, contacté par nos confrères d'Actualitté, semble pourtant prendre acte du phénomène :
Amazon prend très au sérieux toute tentative d'altération de ses résultats, et s'efforce de maintenir l'intégrité des informations communiquées. Comme le souligne le site spécialisé, la firme aurait mis en place une liste de diffusion à ses clients contenant des recommandations, une forme de parasitage du service MyKindex. Mais vous le savez, les newsletters des fabricants -parfois personnalisées- sont rarement basées sur les qualités des produits. Le but reste de ventre à tout prix et de trouver les produits qui plairont aux clients.
Finalement, on pourrait se poser la question de savoir si les
Top 10présentent encore un réel intérêt pour le client final (comme pour la boutique). Si la plupart sont faussés, les acheteurs se retrouvent tentés par des titres faussement populaires, et ils ne sont laisseront certainement pas avoir deux fois. Les boutiques induisent alors leurs propres clients en erreur, ce qui n'est -à terme- pas vraiment bon pour le business.