Interview : un pilote d'Air France explique les usages de l'iPad
Par Arnaud Morel - Publié le
Il y a quelques jours, nous vous parlions du projet Pilot Pad, conduit par Air France et visant à équiper chacun des 4100 pilotes de l'entreprise d'une tablette Apple.
On le sait, l'iPad était l'an dernier certifié par la Federal Aviation Administration (FAA) américaine, et donc susceptible d'être embarqué en vol. Il n'en est pas encore de même en Europe, les iPad d'Air France ne serviront, pour l'heure, qu'au sol. Un pilote de long courrier, qui travaille depuis bientôt 10 ans pour Air France, nous explique tout l'intérêt de la tablette dans ce contexte, et dissipe, par la même occasion, quelques doutes et interrogations manifestées sur nos forums.
Bonjour. Pouvez-vous nous expliquer le programme Pilot Pad d'air France ?
C'est un projet qui s'inscrit dans le cadre des réformes entreprises par Air France. L'iPad nous servira comme source de documentation. Y seront intégrées les documentations techniques de l'avion, les recommandations du constructeur, ainsi que diverses données de cartographies.
Jusqu'alors, Air France avait une approche particulière au niveau des documentations techniques, que les constructeurs nous fournissent en anglais. Celles-ci étaient traduites en interne, puis diffusées aux personnels. Mais, malgré le plaisir d'avoir des documents dans notre langue natale, ce système induisait des lenteurs - le temps de traduire, éditer, envoyer - qui vont disparaitre. Désormais nos docs seront en anglais, et elles seront mise à jour immédiatement, dès que l'iPad sera connecté à l'internet. Ça sera bien plus pratique, notamment pour intégrer les recommandations que font régulièrement les constructeurs.
Les 4100 pilotes de la compagnie seront équipés d'ici l'été 2013. Pour le moment, seuls ceux de la division 777, la plus grosse division long courrier d'Air France, sont équipés.
Air France espère faire des économies en supprimant les docs papiers. C'est si important que ça, 20 kg de papier dans un avion ?
Oui, c'est très important. J'ai vu sur votre site des lecteurs mettre en doute cette idée, mais elle est très exacte pourtant. On économise 20 kg de documentation papier, avec un iPad de 600 grammes. 1 tonne sur un long courrier ça peut couter environ 500 kg de carburant. Donc 10 kg de carburant d'économie pour 20 kg de doc papier en moins. Imaginez, maintenant, ce chiffre rapporté aux centaines d'avions d'air France, et aux milliers de vol. Vous obtenez des économies considérables, très loin du coût d'acquisition des tablettes.
Pour vous dire jusqu'où nous poussons les choses, l'entreprise a récemment réduit l'épaisseur des ... gobelets en plastiques pour réduire la masse en vol. Chaque kilo compte !
En outre, les documentations numériques nous permettront un accès immédiat à l'information recherchée. Même si nous connaissons très bien les documents papier, il faut plus de temps pour retrouver ce que l'on cherche.
L'iPad va-t-il modifier vos habitudes en vol ? Si oui, comment ?
L'iPad n'est pas encore certifié par les autorités européennes. Ça ne saurait tarder, mais ce n'est pas encore le cas. Sous cette réserve, l'iPad permet de réduire les délais de certaines procédures. Par exemple, nous avons besoin de calculer une série de vitesses optimales avant de décoller. Ces vitesses sont V1, VR et V2. V1, c'est la vitesse de décision. Passée celle-ci, quoi qu'il arrive, l'avion doit décoller car il va trop vite pour pouvoir s'arrêter en bout de piste. VR c'est la vitesse de rotation, au moment où on tire sur le manche, et V2 c'est la première vitesse de montée.
Ces vitesses dépendent d'une multitude de paramètres : le poids de l'appareil, les conditions météo, les conditions de pistes. Actuellement, nous pouvons les calculer avec un outil informatique mais cette opération se fait 1h15 avant le décollage. Et les paramètres ne sont pas tous connus. Les passagers ne sont pas montés à bord, les bagages pas forcément non plus, et la météo peut évoluer. Avec l'iPad, nous pourrons calculer nos vitesses optimales instantanément.
De ce fait, nous obtiendrons des données très précises, et nous utiliseront les vitesses optimales pour chacune des phases, ce qui permet d'économiser du carburant, et les moteurs.
Nous aurons également un logiciel spécialisé sur la question du braquage des volets, là aussi pour améliorer les performances.
Enfin, l'iPad embarquera des modules de formation.
Et les pilotes, ils sont contents d'avoir un iPad ?
L'iPad a un côté fun et tendance, mais c'est vraiment l'intérêt pratique de la tablette et des outils d'Apple qui sont recherchés ici. Moins de maintenance, plus d'économie. Nous ne sommes pas si impatients de recevoir ces iPad, pour une raison toute simple : ceux qui veulent s'équiper de cette tablette l'ont déjà fait, c'est le cas de nombreux pilotes et c'est sans doute le cas de nombreux français.
Merci beaucoup à notre lecteur pilote, et son ami, qui nous ont permis de réaliser cette interview.
On le sait, l'iPad était l'an dernier certifié par la Federal Aviation Administration (FAA) américaine, et donc susceptible d'être embarqué en vol. Il n'en est pas encore de même en Europe, les iPad d'Air France ne serviront, pour l'heure, qu'au sol. Un pilote de long courrier, qui travaille depuis bientôt 10 ans pour Air France, nous explique tout l'intérêt de la tablette dans ce contexte, et dissipe, par la même occasion, quelques doutes et interrogations manifestées sur nos forums.
Bonjour. Pouvez-vous nous expliquer le programme Pilot Pad d'air France ?
C'est un projet qui s'inscrit dans le cadre des réformes entreprises par Air France. L'iPad nous servira comme source de documentation. Y seront intégrées les documentations techniques de l'avion, les recommandations du constructeur, ainsi que diverses données de cartographies.
Jusqu'alors, Air France avait une approche particulière au niveau des documentations techniques, que les constructeurs nous fournissent en anglais. Celles-ci étaient traduites en interne, puis diffusées aux personnels. Mais, malgré le plaisir d'avoir des documents dans notre langue natale, ce système induisait des lenteurs - le temps de traduire, éditer, envoyer - qui vont disparaitre. Désormais nos docs seront en anglais, et elles seront mise à jour immédiatement, dès que l'iPad sera connecté à l'internet. Ça sera bien plus pratique, notamment pour intégrer les recommandations que font régulièrement les constructeurs.
Les 4100 pilotes de la compagnie seront équipés d'ici l'été 2013. Pour le moment, seuls ceux de la division 777, la plus grosse division long courrier d'Air France, sont équipés.
Air France espère faire des économies en supprimant les docs papiers. C'est si important que ça, 20 kg de papier dans un avion ?
Oui, c'est très important. J'ai vu sur votre site des lecteurs mettre en doute cette idée, mais elle est très exacte pourtant. On économise 20 kg de documentation papier, avec un iPad de 600 grammes. 1 tonne sur un long courrier ça peut couter environ 500 kg de carburant. Donc 10 kg de carburant d'économie pour 20 kg de doc papier en moins. Imaginez, maintenant, ce chiffre rapporté aux centaines d'avions d'air France, et aux milliers de vol. Vous obtenez des économies considérables, très loin du coût d'acquisition des tablettes.
Pour vous dire jusqu'où nous poussons les choses, l'entreprise a récemment réduit l'épaisseur des ... gobelets en plastiques pour réduire la masse en vol. Chaque kilo compte !
En outre, les documentations numériques nous permettront un accès immédiat à l'information recherchée. Même si nous connaissons très bien les documents papier, il faut plus de temps pour retrouver ce que l'on cherche.
L'iPad va-t-il modifier vos habitudes en vol ? Si oui, comment ?
L'iPad n'est pas encore certifié par les autorités européennes. Ça ne saurait tarder, mais ce n'est pas encore le cas. Sous cette réserve, l'iPad permet de réduire les délais de certaines procédures. Par exemple, nous avons besoin de calculer une série de vitesses optimales avant de décoller. Ces vitesses sont V1, VR et V2. V1, c'est la vitesse de décision. Passée celle-ci, quoi qu'il arrive, l'avion doit décoller car il va trop vite pour pouvoir s'arrêter en bout de piste. VR c'est la vitesse de rotation, au moment où on tire sur le manche, et V2 c'est la première vitesse de montée.
Ces vitesses dépendent d'une multitude de paramètres : le poids de l'appareil, les conditions météo, les conditions de pistes. Actuellement, nous pouvons les calculer avec un outil informatique mais cette opération se fait 1h15 avant le décollage. Et les paramètres ne sont pas tous connus. Les passagers ne sont pas montés à bord, les bagages pas forcément non plus, et la météo peut évoluer. Avec l'iPad, nous pourrons calculer nos vitesses optimales instantanément.
De ce fait, nous obtiendrons des données très précises, et nous utiliseront les vitesses optimales pour chacune des phases, ce qui permet d'économiser du carburant, et les moteurs.
Nous aurons également un logiciel spécialisé sur la question du braquage des volets, là aussi pour améliorer les performances.
Enfin, l'iPad embarquera des modules de formation.
Et les pilotes, ils sont contents d'avoir un iPad ?
L'iPad a un côté fun et tendance, mais c'est vraiment l'intérêt pratique de la tablette et des outils d'Apple qui sont recherchés ici. Moins de maintenance, plus d'économie. Nous ne sommes pas si impatients de recevoir ces iPad, pour une raison toute simple : ceux qui veulent s'équiper de cette tablette l'ont déjà fait, c'est le cas de nombreux pilotes et c'est sans doute le cas de nombreux français.
Merci beaucoup à notre lecteur pilote, et son ami, qui nous ont permis de réaliser cette interview.