Test de l'iPad Pro (2017)
Par Didier Pulicani - Publié le
Cette année, l' iPad Proprend donc du galon, avec un nouvel écran, un processeur sur-puissant et des capacités photo/vidéo en nette hausse. Assez pour remplacer l'ordinateur ? Nous tenterons d'y répondre à travers ce dossier. N'hésitez d'ailleurs pas à réagir et à nous poser vos questions dans les commentaires !
iPad Pro ou iPad Pro ?
Depuis sa naissance, l' iPad Pro souffre d'un problème de terminologie, savamment entretenu par Apple qui ne cesse de vouloir le comparer à un ordinateur. Pas un seul média n'a d'ailleurs éludé la question (nous y compris) quant à savoir si cette tablette haut-de-gamme pouvait -oui ou non- remplacer un Mac. Mais n'est-ce pas là un total camouflet ?
L' iPad Pro n'a pas besoin de se comparer à un Mac ni à un PC, car l'iPad Pro est d'abord un iPad. Dès sa sortie, la tablette a trouvé son public dans pratiquement tous les secteurs : familial, éducatif (comme ici, vers Toulon), dans le monde de l'entreprise... Même Thomas Pesquet en a emmené un sur l'ISS (lire notre reportage exclusif). L'iPad
Pron'a finalement apporté que quelques améliorations haut-de-gamme à un produit déjà populaire : des capacités de stockage en hausse, un stylet, un écran plus grand, et un processeur plus rapide... sans vraiment révolutionner le concept initial.
Dessiner c'est gagné
La prise en charge de vrais stylets a évidemment élargi les frontière de la tablette vers le monde des illustrateurs, concepteurs, et ceux qui ont toujours un papier et un crayon sous la main. L' iPad Pro ne remplacera pas vraiment les Cintiq accolés aux grosses tours PC, mais la tablette se glisse petit à petit dans le processus de création. Certains illustrateurs nous disent souvent qu'il s'agir d'un excellent compagnon dans les transports pour griffonner, et qu'ils l'utilisent en fait, en complément de leur ordinateur, qui reste le maître absolu de la chaine de production.
L' iPad Pro souffre d'une offre logicielle un peu faiblarde, la faute à un parc encore limité. Curieusement, c'est Microsoft qui a le plus travaillé sur ses applications, Office pour iPad étant aujourd'hui l'un des meilleurs logiciels de bureautique, mimant à merveille son grand-frère sur ordinateur. Pourtant, le traitement de texte n'est pas vraiment l'un des atouts majeurs de l'iPad, qui -absence de souris oblige- contraint l'utilisateur à jongler continuellement entre le clavier physique et le tactile, un sport dont on se passerait bien volontiers et qui rappelle que l'ordinateur reste le maitre de la frappe au clavier.
Adobe, m'entends-tu ?
Le grand absent de l' iPad Pro, c'est bien-sûr Adobe : tant que Photoshop, Illustrator et InDesign n'auront pas élu domicile sur la tablette autrement que par des pseudo-versions allégées, l' iPad Pro aura bien du mal à se faire un nom chez les graphistes et spécialistes de la PAO. Curieusement, l'approche de Microsoft -avec sa Surface- semble mieux séduire la profession : cet ordinateur déguisé en tablette permet d'obtenir tous les logiciels
desktopsur l'appareil. Les éditeurs ont d'ailleurs tous joué en jeu, en rajoutant des gestes et du tactile à des interfaces prévues initialement pour la souris et Windows. Quant au stylet, cela fait belle lurette que Photoshop et les autres le prennent en charge, en grande partie grâce à Wacom et ses célèbres palettes graphiques. Difficile de savoir quelle approche sera la plus efficace sur le long terme, mais Microsoft conserve malgré tout une certaine avance, et l'on voit de plus en plus fleurir des Surface dans les écoles d'art... à se demander si Apple n'a pas tout simplement loupé le coche.
Et puis,
l'autrefrein au développement de l' iPad Pro, c'est bien-sûr iOS. Jusqu'à présent, Apple avance bien trop timidement pour rendre son système d'exploitation compatible avec le monde de l'entreprise. Manier des fichiers reste un calvaire, gérer ses fenêtres n'est guère aisé, et malgré tout ses atouts, l'iPad est encore poussif lorsqu'il s'agit de rejoindre une chaine de production. Personne n'imagine encore remplacer tous les PC Dell par des iPad avec Smart Keyboard, même pour des tâches basiques. Avez-vous déjà essayé de vous connecter à un disque réseau ? De charger une session à distance ? De se brancher sur un second écran tactile plus large et plus confortable ? Travailler H24 avec un iPad Pro relève aujourd'hui de la prouesse, sauf à vouloir se casser le dos, les yeux et l'esprit.
iOS 11 : stop ou encore ?
S'il est difficile de se mettre au niveau de plusieurs décennies de PC dans le monde professionnel, Apple montre enfin un signe d'ouverture avec iOS 11 : un dock, 3 à 4 fenêtres qui cohabitent, du glisser-déposer... Cette version est cool, mais elle aurait du sortir en 2015, voire même avant !
Combien de temps faudra-t-il pour avoir un trackpad sur le Smart Keyboard ? Et un vrai système de fichiers, qui permette d'aller fouiner dans les répertoires de chaque application ? Quant aux fenêtres, c'est un bon début, mais l'approche est complexe et pas très souple. Parfois, j'aimerais simplement des petites fenêtres comme sur Mac, que l'on puisse ouvrir, fermer, redimensionner simplement avec le doigt et arranger comme je le souhaite, avec un peu de magnétisme.
Finalement, l' iPad Pro reste pour l'heure surtout un
super-iPad. En dehors du stylet et du grand écran, il ne propose pas tant de fonctionnalités supplémentaires, et c'est comme ça qu'Apple l'imagine : un produit simple, mais puissant, capable de trouver sa place dans des environnement où l'ordinateur traditionnel n'était pas toujours aussi mobile et facile à appréhender -typiquement dans l'éducation ou dans les professions à forte mobilité. Récemment, Apple a pourtant de nouveau confronté l'iPad à l'ordinateur, une posture contre-productive, pour une tablette qui n'avait absolument pas besoin de ça pour exister. Mais peut-être que nos esprits n'envisagent pas encore la tablette comme alternative crédible et viable à nos bons vieux ordinateurs personnels ?
2017 : la révolution est dans l'écran !
Cette année, l' iPad Pro ne propose pas de changement radical, mais les nouveautés sont notables : un tout nouvel écran, une puce surpuissante et un Pencil plus précis... De quoi faire regretter les premiers acheteurs ? Ça se pourrait bien !
10,5" : la taille idéale ?
Lorsque les premières rumeurs évoquaient l'arrivée d'une dalle de 10,5", il y avait de quoi rester perplexe. Quel intérêt de gagner un pouce de diagonale, alors que la taille de 9,7" semblait un bon compromis ? En réalité, Apple a surtout supprimé une grande partie des bords, ce qui permet de (pratiquement) caser cette nouvelle taille d'écran dans un boitier de la génération précédente.
Les deux iPad ne sont donc pas
compatibles: impossible de réutiliser une vieille coque de protection par exemple. Mais placés l'un au dessus de l'autre, la différence est minime. une fois entre les main, elle est même imperceptible ! La tablette gagne en effet 10mm en largeur et 5mm en hauteur (paysage).
Sur le plan technique, Apple affiche donc plus de points : 2 224 x 1 668 pixels à 264 pixels par pouce (ppp) contre 2 048 x 1 536 pixels à 264 ppp pour les iPad 9,7". On gagne donc environ 200 pixels en largeur et 100 en hauteur (en mode paysage) sans perdre en densité de pixels.
Précisons que l'iPad Pro 12,9" propose toujours le même écran et le même nombre de pixels.
Un écran deux fois plus rapide !
Sur les écrans d'ordinateur, le standard d'affichage est de 60Hz, c'est à dire, 60 images affichée chaque seconde. Sur la plupart des moniteurs 4k/5k, il n'est souvent pas possible d'aller au delà de cette limite, essentiellement pour des raisons de bande passante et de puissance graphique. Beaucoup considèrent que c'est aujourd'hui suffisant pour obtenir des interfaces fluides sur un écran, les jeux sont d'ailleurs souvent limités à 60FPS pour se caler sur les moniteurs.
En vidéo, ça dépend vraiment de ce que vous faites. On dit souvent que la rétine perçoit un mouvement à partir de 24Hz, qui est devenu la référence au cinéma et sur lequel notre perception s'est adaptée (on ressent un
effet cinémamême si l'image n'est pas parfaitement fluide). Pourtant, à la télévision, l'oeil a plutôt l'habitude de regarder des images à 50 ou 60Hz, ce qui offre des mouvements plus adoucis. Sur YouTube, vous pouvez faire le test avec nos vidéos : la plupart sont désormais tournées en 1080p60, et c'est souvent plus agréable lorsqu'il y a des animations d'interface ou des mouvements de caméra.
Notre oeil est pourtant capable de distinguer des mouvements bien au delà de 60Hz ! Le passage de 60 à 120 sur l' iPad Pro n'est donc pas qu'un coup marketing, et j'étais même assez surpris de l'impact visuel : à côté, sur un iPad classique, les animations paraissent tout à coup presque saccadées. J'exagère un peu, mais sur ces nouveaux modèles, les défilements, zooms et autres mouvements d'icônes sont réellement plus fluides. Il faut dire qu'Apple ne propose pas seulement un rafraichissement de 120Hz (comme sur certaines télévisions), mais bien des images supplémentaires (intermédiaires) présentes dans les animations. On
gagnedonc vraiment des
framesce qui rend les interfaces plus agréables à l'oeil. L'effet pervers de cette avancée -à l'image du Retina- c'est que l'on aimerait maintenant la voir arriver partout, y compris sur Mac ou sur iPhone !
Pour voir un comparatif 60/120Hz, je vous invite à regarder la vidéo en préambule.
Le Pencil est plus précis
Outre les 120Hz, Apple a également amélioré la latence de l'Apple Pencil, une technologie baptisée
ProMotion. Déjà, l' iPad Pro originel était plutôt bon comparé aux Cintiq : lorsqu'on dessine, le laps de temps entre le
frottementde la mine et l'apparition du trait était alors très réduite. Désormais, cette latence est encore plus faible et on le voit très nettement dans la vidéo (en début d'article).
En fait, ces améliorations sont assez variables suivant les programmes. Avec Procreate ou Adobe Photoshop Sketch, lorsque vous utilisez des brosses complexes, la latence peut alors décupler ! Cette variable découle en réalité directement de la puissance CPU de la tablette, mais aussi des optimisations réalisées par les développeurs. Dans les apps d'Apple (Notes par exemple) le trait suit très bien le crayon, peu importe la brosse utilisée, alors que dans Adobe Photoshop Sketch, on voit nettement le décalage. A terme, les éditeurs ont donc encore pas mal de travail avant d'obtenir une meilleure fluidité, en utilisant toutes les optimisations disponibles dans les API.
Reste que les illustrateurs que nous avons rencontrés n'ont pas paru gênés : sur ordinateur, il y a déjà ce phénomène avec lequel ils ont été habitués à travailler.
On arrivera peut-être au niveau du papier un jour, mais il faudra des tablettes très puissantesnous confiait l'un d'entre-eux. En effet, sous Photoshop, même avec de gros PC, les brosses rament assez rapidement lorsque les calques sont nombreux et bourrés d'effets de transparence. Sur l'iPad, on voit d'ailleurs très vites les limites de puissance de la machine lorsqu'on commence à jongler avec les calques et le canal alpha...
P3, lamination, antireflet : un superbe écran, tout simplement
Initié depuis 2 ans, le gamut dit
P3permet d'afficher plus de couleurs que le spectre habituel des moniteurs. Si vous avez un des derniers iMac, MacBook Pro Retina, écran LG Ultrafine ou même l'iPad Pro 9,7" de l'an dernier, vous avez déjà pu (ou non) vous en rendre compte. Cette nouveauté intéresse surtout les professionnels de la création très spécialisés, comme les photographes par exemple, à condition d'avoir le matériel adapté. Pour les autres, il faudra donc retenir que l'on perçoit désormais des images plus fidèles à la réalité sur ce type d'écran.
Contrairement à l'iPad 5, l'écran de l' iPad Pro est laminé, c'est à dire que la couche vitrée est fusionnée avec l'écran. Cette technologie est très pratique sur les iPad Pro car elle réduit
l'épaisseur de l'écran, cette sensation que l'on ne dessine pas exactement à l'endroit prévu lorsqu'on regarde le moniteur de biais.
Enfin, la couche anti-reflet nous a parue en net progrès, même s'il est toujours compliqué d'utiliser la tablette en plein soleil.
CPU, GPU, Photo... des spécification au firmament
Alors que les Mac sont souvent raillés par la communauté PC pour leur manque de puissance et leurs spécifications parfois en retard au regard de leur niveau de prix, c'est tout le contraire qui se produit sur les appareils iOS. Cette année encore, Apple prouve son savoir-faire, notamment en matière de puissance brute.
Un processeur d'ordinateur ?
L'A10X repousse une nouvelle fois la puissance embarquée dans ces appareils mobile basse-consommation, capable de fonctionner à pleine vitesse sans ventilateur. Dans ses publicités, Apple compare très souvent son iPad Pro avec un ordinateur, estimant qu'elle n'avait plus rien à lui envier côté perfs.
Les programmes de benchs -qui mesurent les performances brutes- corroborent cet état de fait, que ce soit sous geekbench (CPU) ou GFXBench (GPU) :
Ces comparatifs doivent néanmoins être pris pour ce qu'ils sont : de simples indicateurs avec des scores pondérés de manière subjective -on dit souvent que Geekbench favorise un peu les dispositifs mobiles face aux ordinateurs traditionnels. En effet, pour comparer deux machines, il faut un socle commun minimal, et c'est encore loin d'être le cas sur iPad. Si le noyau du système est grosso-modo identique, l'architecture reste bien différente, et tant qu'Apple n'aura pas porté exactement les mêmes OS et applications sur les deux appareils, il sera toujours difficile de les placer sur un même plan.
Cela ne doit pas retirer à l'A10X ses qualités intrinsèques, puisque de grosses applications (Office, ProCreate, et même iMovie) tournent comme un charme sur ces tablettes. La logithèque disponible sur l'App Store est d'ailleurs bien loin d'utiliser tout le potentiel offert par Apple, les développeurs préférant souvent niveler leurs programmes vers l'iPad le plus lent, histoire de maximiser les ventes sans frustrer les consommateurs.
Photo/Vidéo : le capteur de l'iPhone 7
L'iPad Pro de 9,7" possédait un bien meilleur capteur photo que son grand-frère sorti quelques mois plus tôt, mais cette année, les deux modèles héritent logiquement des spécifications de l'iPhone 7 et 7 Plus :
- ƒ1.8
- stabilisation optique
- flash true-tone (4 LED)
- 4k à 30FPS, 1080p à 60FPS (ralenti à 120 FPS)
Nous n'allons pas re-détailler les qualités de ce capteur que nous avons déjà bien étudié à la sortie de l'iPhone 7 (par ici).
Voici quand-même quelques photos prises avec l'iPad Pro 10,5" dans différentes configurations de lumière :
En façade, on passe de 5MP (1,2MP sur l'iPad Pro 12,9") à 7MP (Ouverture ƒ/2,2) et l'on filme en FullHD, comme sur l'iPhone 7 !
Comble de l'ironie, on obtient ici un bien meilleur capteur que celui qui équipe les dernier Mac ! A l'heure de FaceTime et de la visio, on s'étonne qu'Apple ne généralise pas ce modèle à l'ensemble de sa gamme. A noter que le saut est plus important sur le modèle de 12,9" que celui de 9,7", qui était très mal équipé en 2015.
Touch ID v2
Sur le nouvel iPad Pro, Touch ID passe enfin la seconde ! Jusqu'à présent, la tablette bénéficiait de la première version du capteur d'empreinte, un peu plus lente. Désormais, l'identification est instantanée, ce qui est nettement plus agréable si vous avez pris l'habitude de verrouiller la tablette.
Autonomie : en progrès
Les dimensions en hausse de l'iPad Pro 10,5" lui permettent de gagner une heure sur ses petits frères de 9,7".
Néanmoins, ces scores réalisés dans notre labo sont à relativiser : l'autonome varie toujours beaucoup suivant les usages, et d'un jour à l'autre, nous réalisons souvent des tâches bien différentes. Sur l' iPad Pro, si vous utilisez des programmes comme Astropad Standard, il est même vivement conseillé d'avoir un bon gros chargeur à portée de main, sans quoi la tablette ne durera que quelques heures !
Oh, de nouveaux accessoires !
Cette année, Apple a enfin gratifié l' iPad Pro de nouveaux accessoires, deux, pour être exct. Le premier est une housse pour Apple Pencil en cuir (39€), dont la garniture en micro-fibre permet de le nettoyer à chaque insertion. Pour être tout à fait franc, on n'a pas trop cerné l'intérêt du produit : le Pencil est déjà très robuste et finalement bien plus résistant que le cuir ! Par ailleurs, cette pochette a été mal pensée : si l'on tente de sortir le stylet, on a tendance à l'attraper par son capuchon... qui est mobile. Jony Ive a parfois des ratés !
Étui en cuir pour iPad Pro 10,5 pouces - Havane - 149,00 €
Étui Apple Pencil - Bleu nuit - 35,00 €
La housse (149€) que propose Apple est en revanche plus intéressante. Déjà, son cuir respire la qualité (au sens propre) et surtout, elle permet de ne pas égarer le stylet grâce à un emplacement dédié. Sa conception est simple, sans chichis, même si l'on aurait préféré un modèle plus compact (avec le stylet sur la tranche ou au dessus de l'iPad, par exemple). Certains m'ont demandé si les Smart Cover/Keyboard passaient : la réponse est positive, mais vous risquez de déformer un peu la housse...
Concernant les accessoires existants, la plupart seront incompatibles avec l'iPad Pro 10,5" (embonpoint oblige), mais nous avons quand-même réussi à faire fonctionner le Smart Keyboard d'Apple de l'iPad Pro 9,7", même si Apple en propose une nouvelle version :
Certaines housses un peu larges passeront (comme celle de Mac4Ever !), mais pas les coques dont les dimensions sont calculés au millimètre :
Concernant l'iPad Pro 12,9", les dimensions sont strictement identiques SAUF au niveau du capteur photo. Ce dernier dépasse de la coque et le flash ainsi que le micro nécessitent des ouvertures plus larges.
Bilan : le meilleur des iPad (au prix d'un ordinateur)
Vous l'avez compris, l' iPad Pro fait aujourd'hui figure de proue, Apple ayant rassemblé ici tout son savoir-faire technologique et mis la barre très haut, y compris face à la concurrence. Processeur puissant, écran de très haute qualité, une latence de plus en plus faible pour le stylet, et une autonomie toujours importante, la tablette n'a pas à rougir sur le plan technique. La balle est désormais dans le camp du software ! Avec iOS 11, Apple avance ses pions en proposant enfin un système de fichiers et une gestion des fenêtres, mais les avancées sont encore timides pour vraiment battre le rappel : il n'y pas exemple toujours aucun système de sessions à distance, indispensable en entreprise. Les éditeurs sont également encore frileux à investir dans du développement spécifique à la tablette, alors que les ventes s'écroulent depuis plusieurs années déjà, sans vraiment que l'on sache si le marché va finir par se stabiliser.
Avec l' iPad Pro, Apple donne donc l'impression d'y croire et ne renonce pas au projet initial de Steve Jobs, persuadé que ses tablettes allaient un jour supplanter l'ordinateur traditionnel. Avant d'acheter l' iPad Pro, il convient néanmoins de faire un bilan exhaustif de vos besoins et de l'offre logicielle disponible, qui est souvent le point le plus limitant pour adopter l'appareil au quotidien. Et à ce prix là, il sera dommage de craquer pour simplement regarder Netflix en voyage ou griffonner quelques notes en meeting...
Après une grosse semaine de test, je suis donc tombé amoureux de l' iPad Pro de 10,5", que l'on pourrait qualifier tout simplement de
meilleur iPad jamais produit. Sa puissance et ses spécifications donnent d'ailleurs l'impression qu'il ne sera pas ridicule d'ici 4 ou 5 ans, la durée de vie des tablette étant d'ailleurs l'un des principaux atouts des modèles d'Apple (qui bénéficier de nombreuses versions d'iOS). On regrettera quand-même que les tarifs soient un peu élevés dès que l'on souhaite sortir de l'entrée de gamme... A ce niveau de prix, on hésite parfois encore avec un ultrabook, comme le MacBook ou le MacBook Air.
Alors ? iPad Pro ou MacBook ?
Puisqu'il faut que je compare l' iPad Pro au moins une fois à mon Mac dans cet article, je dois vous avouer que je ne fais (toujours) pas partie de ceux qui pourraient envisager de troquer un jour son ordinateur pour un iPad. La raison est simple : dans mes activités, mon niveau de productivité serait immédiatement divisé par 4 ou 5. Au quotidien, j'ai en effet besoin d'un gros SSD, de la précision d'une souris, du confort d'un vrai clavier, de pouvoir arranger 5 ou 6 fenêtres à l'écran, d'utiliser des applications lourdes comme Photoshop, Final Cut Pro, Outlook (et ma base de mails gigantesque) et surtout, de plusieurs écrans ! Je n'imagine pas un instant passer 12 heures par jour courbé en deux devant une tablette riquiqui ! Déjà, quand je vois certains travailler toute la journée sur un écran de MacBook sans moniteur externe, je me fais du soucis pour leur dos (et leur vision) d'ici une dizaine d'années... La confort au travail, ma bonne dame, ça compte ! Mais je parle ici bien-sûr d'une utilisation très sédentaire et même
lourdede l'informatique, ce qui n'est pas le cas de toute le monde.
Sur le plan des usages, il est souvent jugé condescendant de dire que l'iPad remplace l'ordinateur chez ceux qui ont une utilisation assez
simpliste(ou verticalisé, pour être politiquement correct) de l'outil informatique. Pourtant, c'est le cas dans de nombreuses professions : gestion des Mails, consultation Web, Power Points à répétitions, gestion du calendrier... Ces personnes -avec qui j'ai beaucoup discuté- ne sont généralement pas de gros créateurs de contenus sur tablette, mais avant-tout des
consommateurs connectés, des gens pour qui un MacBook serait trop lourd au quotidien, et largement surdimensionnés pour leurs activités. La force de l'iPad (et de l'iPhone) a été de faciliter l'accès à de nombreux services qui exigeaient jusque là obligatoirement un ordi (VPN, Exchange, calendriers partagés, partage de médias, décharger ses cartes SD...) et qui sont devenus totalement transparents sur la tablette. Pour le reste, ces individus ultra-mobiles arrivent généralement à se satisfaire des quelques applications
prodisponibles sur l'App Store, comme iWorks ou la suite Office.
Voilà pourquoi la comparaison iPad/MacBook me parait souvent être un non-sens : les deux produits sont si différents qu'ils ne méritent pas une oppositions franche : si vous passez votre vie sur l'autoroute, vous n'allez pas acheter un Renault Twizy, uniquement conçu pour la ville ! Alors oui, il existe des personnes chez qui l' iPad Pro répond à l'essentiel des besoins et qui seront ravies de voir débarquer un peu plus de souplesse avec iOS 11. Mais pour autant, il en faudra nettement plus pour convaincre toutes les personnes aujourd'hui pleinement satisfaites de macOS. De ce point de vue, Apple n'a-t-elle pas tout simplement réussi son pari ?
Conseils d'achat
10,5" ou 12,9" ?
La question de la taille d'écran est toujours compliquée et il sera bien difficile de faire ce choix à votre place. C'est vrai, les presque-treize-pouces du grand modèle sont forcément plus agréables, et nettement plus adaptés au multi-fenêtrage d'iOS 11, au dessin et même au traitement de texte ! Pour autant, cette tablette est assez lourde à transporter (~700g), surtout si vous envisagez de lui adjoindre un clavier (on dépasse souvent le kilo). A l'arrivée, si vous utilisez peu les fonctions tactiles (stylet etc.) et bien que les deux produits soient assez différents, on finit par se demander si un MacBook 12" ne serait pas un meilleur choix !
Quant au modèle 10,5", il remplace avantageusement son devancier de 9,7", avec une dalle légèrement plus grande pour des dimensions quasiment stables. Finalement, en mobilité, il s'agit là du compromis le plus intéressant et l'on hésitera moins longtemps à l'emmener partout avec soi. Pour le moment, le petit modèle reste mon préféré et je le trouve surtout plus polyvalent et complémentaire à mes Mac. En revanche, s'il s'agissait de mon appareil principal, je prendrais sans hésiter le grand écran, dont la surface utile rejoint celle d'un petit ordinateur portable.
64, 256 ou 512Go ?
Le passage de 32 à 64Go sur l'entrée de gamme est plutôt bienvenu... mais assez pingre lorsqu'on regarde la capacité supérieure, qui offre 256Go, soit près de 200Go pour 100€ supplémentaires seulement ! A titre comparatif, ça revient moins cher que les SSD des MacBook Pro ! C'est un problème récurrent chez Apple sur l'ensemble des produits : l'entrée de gamme ne vaut jamais le coup et crée beaucoup de frustration.
En 128Go, l' iPad Pro aurait été bien plus honnête, surtout à 739€ ! Pour la revente et la durée de vie de la tablette, on vous conseillera donc de casser votre tirelire pour un modèle de 256Go. Cette capacité permet de stocker de nombreuses photos, vidéos, mais aussi de travailler avec des projets lourds sur ProCreate et autres application de graphisme, peu économes en stockage -sauf à utiliser DropBox/iCloud. Quant à la version 512Go, elle est nettement plus chère et réservée à ceux qui utilisent leur iPad comme ordinateur principal.