Test : Bioshock, la terreur humide sur Mac
Par Arnaud Morel - Publié le
Le calendrier de nos sorties est basé sur différents facteurs, notamment les accords commerciaux et le temps consacré au développement. Sur ce dernier point, la conversion de code, le temps peut varier grandement. Bien souvent nous n'avons aucune idée du temps qui nous sera nécessaire avant de commencer à travailler dessus. Il suffit de vous dire que nous faisons de notre mieux pour être les plus rapides possibles mais aussi pour sortir des titres aussi aboutis que possible et sans bogue, nous a-t-il indiqué.
Pour compréhensibles qu'ils soient, ces arguments ne lèvent pas le paradoxe tautologique qui frappe les jeux sur le Mac : ils sortent si tardivement que les joueurs acharnés ont tous eu le temps - ou presque - d'y jouer sous Windows via Bootcamp, avec, comme conséquence, des ventes qu'on imagine d'autant plus réduites sur Mac. Ce qui, n'en doutons pas, affecte les budgets développement et donc... La date de sortie.
Cependant, Bioshock sur Mac reste un petit événement ludique. Le jeu figure, en effet, parmi les titres les plus ambitieux disponibles : univers riche et imaginatif, ambiance prenante (et flippante), graphismes de haut niveau et intrigue complexe à souhait. Tout ça dans un FPS, la chose est assez rare pour être signalée.
Configuration requise
La configuration requise relativement musclée : Mac Intel 1.8 GHz, 1.5 GO RAM, carte graphique 128 MO et Mac OS X v10.5.8 ou ultérieur. Les GMA ne sont pas supportés mais les nVidia 9400 M des derniers MacBook et Mac Mini, si.
Lors de nos tests, nous avons installé Bioshock sur 3 machines : un iMac 24" début 2008 Core2Duo 3,06 GHz NVdiaGForce 8800 GS 512 Mo, un MacBook Unibody Core2Duo 2,2 GHz avec chipset Nvidia 9400 M (une machine testée ici) et un iMac 27 Core2Duo 3,06 GHz ATI Radeon HD 4670 256 Mo (aperçu des performances ici).
Sur ces trois machines, le jeu fonctionne correctement en pleine résolution. Pour un confort maximum, les paramètres graphiques devront, cependant, être abaissés (qualité moyenne) sur le MacBook et sur l'iMac 27" dont la carte 256 Mo peine un brin à alimenter l'écran 2560x1440. Rien de très rédhibitoire, le jeu reste très beau et la fluidité au rendez-vous la plupart du temps.
Seuls quelques rares moments, avec la présence de nombreux adversaires à l'écran, conduiront à des ralentissements notables. De même certains effets sur certaines cartes graphiques conduisent à des ralentissements - notre NVIDIA GeForce 8800 GS n'aime pas, par exemple, certaines formes de feu. Cependant, il est possible de paramétrer assez finement - et de manière compréhensible - les effets activés et désactivés. Globalement, on trouve quand même la configuration minimale optimiste. 256 Mo de VRAM constituent un minimum pour profiter de Bioshock, de même qu'un processeur Core2Duo cadencé au moins à 2 GHz et remarquant, au moins toujours, 2 Go de RAM.
Notez que Feral n'utilise pas de moteur de traduction de type cider pour ses titres, recodés pour le Mac. Dernière précision, nous n'avons pas comparé la version Mac à son alter ego sous Windows. Mais nul doute que certains lecteurs s'en chargeront pour nous dans les réactions à ce test. ;-)
L'imagination au pouvoir
Le point fort de Bioshock, c'est son intrigue, dense et riche, un véritable mini-roman de science fiction. L'action se déroule en 1960, au sein de décors inspirés de l'époque ou un peu avant. Suite au crash de votre avion, vous devez aborder sur un étrange îlot d'où vous serez emmené dans une citée mystérieuse enfouie sous les eaux : Rapture.
La ville est l'œuvre d'un capitaine d'industrie iconoclaste, un certain Andrew Ryan, qui entendait fuir le capitalisme américain, l'emprise de la religion et le communisme. Il aurait pu opter pour le bouddhisme et aller tranquillement faire de la méditation transcendantale au Tibet mais non, finalement, il a préféré construire, avec son plombier, Rapture. La cité devait, il y a quelques années avoir une bonne tête. Malheureusement, quand vous y débarquez, c'est un brin en désordre.
Un bestiaire délirant
Votre première rencontre avec un Chrosôme s'opère très rapidement. Ces habitants de Rapture, tout droits sortis d'une clinique psychiatrique et d'un passage sous des hachoirs, ne goûtent guère les joies des joutes philosophiques. Et au fond ne désirent guère qu'une seule chose, vous faire la peau. Et ils sont vicieux, les carnes : esquives, courses poursuites, pièges figurent parmi leurs nombreux coups tordus.
Encore ne composent-ils, toutes variétés confondues, qu'une petite partie du bestiaire délirant de ce jeu. Bientôt débarquent les petites sœurs, des gamines "contaminées" qui récoltent l'Adam, l'énergie génétique à la base de Rapture. Les gamines sont protégées, et salement : les protecteurs sont des espèces de monstres mi-scaphandriers, mi-rhinoceros (ils chargent !). Et avant d'approcher les petites sœurs, il faut abattre le protecteur. Et c'est tout sauf une partie de plaisir, surtout dans les premiers temps du jeu.
Une fois écrabouillé, le protecteur laisse libre accès à la petite sœur et s'ouvre à vous un choix très rapturien : soit vous la sauvez, soit vous lui arrachez la limace qui la ronge de l'intérieur, récupérant tout l'Adam et tuant la petite par la même occasion. Ah oui, c'et un jeu barré !
Pièges et chausse-trappes
Rapture n'est pas un FPS classique. Il est plus complexe et plus riche. Tout au long de votre progression, vous rencontrez des pièges - caméras de surveillance, mitrailleuses volantes ou sur pieds, lance roquette automatique etc. Pour chacun de ses objets, vous pourrez, au choix, tenter l'évitement ou le piratage. Avec cette dernière méthode, les objets vous serviront fidèlement, hachant menus vos adversaires qui passent à portée. Mais gare si vous ratez votre coup. Pour jouer les hackeurs, une sorte de mini-jeu est proposé : il faut reconstituer le cheminement d'un fluide dans un labyrinthe de morceaux de tuyaux. Malin et amusant, même répétitivement.
Génétique folle
Le dernier aspect marquant de Bioshock, et ils sont nombreux, concerne vos armes et pouvoirs. Dans ce monde souterrain fou, les modifications génétiques sont partout, et en vous. Vous pouvez collecter, tout au long du jeu, des plasmides, qui vous confèrent des pouvoirs particulier : gelez vos adversaires, brûlez-les, transformez les Protecteurs en créatures à votre service ou jouez de pouvoirs télékinésiques. Liste non exhaustive.
De même pouvez-vous modifier certaines de vos caractéristiques, résistance, vitesse etc grâces à elles. Et les armes subissent le même sort, tout au long du parcours, lorsque vous rencontrez des boutiques spécialisées, dans lesquelles vous dépensez vos dollars - que vous récupérez sur les cadavres, notamment - ou votre Adam. Sachez, enfin, que vous pouvez vous saouler, ou fumer comme un pompier dans le jeu. Ça fait remonter, un peu, votre niveau de vie et/ou l'énergie disponible pour vos plasmides.
Quel jeu !
Vous l'aurez compris, Bioshock : welcome to Rapture est un jeu incroyable : magnifique, dense, effrayant - il est interdit aux moins de 18 ans !
Pour ceux qui disposent de machines assez performantes, c'est en plus un plaisir des yeux. Et que dire de l'ambiance sonore, absolument parfaite. Aah entendre le brame du protecteur au coin du jardin, c'est un souvenir mémorable.
Nous ne pouvons que vivement le conseiller à tous ceux qui n'ont pas déjà joué à la version PC - et même eux le referont sans doute avec plaisir. Les performances sont honorables, mais disqualifient tout de même le matériel un peu ancien. N'escomptez guère jouer correctement sur un Core2Duo 2 GHz avec un chipset NVidia 9400 M, surtout si vous ne disposez que de 128 Mo de VRAM partagée (une seule barrette mémoire dans votre mini par exemple). Avec un iMac récent, le plaisir est total. D'ailleurs, j'y retourne !
Welcome to Rapture: BioShock, 40 € chez MacGames.fr