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La neutralité du net enterrée aux USA ? Mais a-t-elle déjà vraiment existé ?

Par Didier Pulicani - Publié le

La neutralité du net enterrée aux USA ? Mais a-t-elle déjà vraiment existé ?
Avant d'aller plus loin, il est bon de rappeler ce qu'est la neutralité du net
. Chaque fournisseur d'accès qui vous propose son service de connexion est tenu d'assurer une qualité de service égale pour accéder à l'ensemble du réseau et jusque là, nous étions plutôt chanceux que la plupart joue le jeu. En clair, que vous soyez sur Facebook ou sur Mac4Ever, chacun des sites doit s'afficher avec une vitesse comparable depuis votre navigateur. Cela doit aussi se retrouver sur tous les protocoles, que vous soyez en FTP, HTTP ou en SSH.

Mais la neutralité reste un idéal que l'on n'a jamais vraiment atteint. Dernier exemple en date, le conflit YouTube/Free où le français avait bien du mal à assurer un peering suffisant pour conserver une bonne qualité de service. Plus marginaux, on trouve facilement d'autres exemples, certaines mises à jour d'Apple sont par exemple plus ou moins rapide suivant le FAI utilisé. Certains FAI (mobiles) bloquent déjà le P2P, la VOIP, les newsgroups... Et depuis toujours, suivant la localisation des serveurs que vous contactez, les débits ont toujours été très variables.

Aux USA, l'autorité de régulation des télécoms (FCC) a décidé de mettre les pieds dans le plat et de proposer un projet de loi visant à briser la sacro-sainte neutralité. Il faut aussi bien comprendre qu'en 2014, il n'est plus aussi simple pour les FAI de laisser YouTube courir à grande vitesse d'un côté tout en abaissant les tarifs de l'autre (on l'a vu avec Free). Les besoins sont assez disparates et suivant les services, les prérequis sont différents. Par exemple, les fans de jeux vidéos sont à la recherche du meilleur ping possible tandis que les fans de VOD recherchent plutôt un bon débit.

La FCC propose donc d'ouvrir la boite de pandore et de permettre aux FAI de facturer certains services. Vous souhaitez YouTube en 4K en streaming ? Il faudra payer un petit supplément sur votre abonnement. Si certains fustigent déjà l'idée, on peut aussi comparer cette façon de procéder avec un autre FAI : la Poste. Cela fait des années que la société facture le courrier au poids et suivant la taille des colis, le tarif augmente. Tant que le poids des lettres étaient globalement le même, tout allait bien. Mais si tout le monde se met à envoyer de gros colis, le facteur doit forcément investir dans une camionnette plus grande. C'est exactement ce qui se passent pour les fournisseurs d'accès depuis quelques années.

Histoire de faire taire les critiques, l'autorité américaine compte bien imposer quelques règles. Déjà, les FAI n'auront pas le droit de blocage. Si un concurrent propose de la VoD, il ne devra pas brider outre mesure son offre. De même, la FCC propose un service minimal dont les contours restent à définir. L'idée consiste à garder un niveau de service acceptable pour un usage classique d'internet, et que les surfacturations ne concernent que les demandes spécifiques.

A terme, les FAI vont donc devoir discuter avec les fournisseurs de contenu (Apple et Google en tête) et négocier au cas par cas les tarifs pratiqués. Dans les faits, c'est également un moyen de pression donnés aux deux parties pour faire valoir leurs offres : si Apple souhaite être rapide chez tous les FAI, elle devra peut-être faire quelques efforts côté peering. Mais un FAI qui ne peut satisfaire de bons débits chez Apple perdra aussi des clients... On imagine qu'un équilibre va finir par se créer pour ne pas pénaliser outre mesure les consommateurs, qui auront en revanche le choix entre plusieurs offres. L'arrivée de forfaits pour les gamers ou pour les cinéphiles pourraient bien être une réalité d'ici quelques années.

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