Comme AppGratis, AppsFire veut croire en son avenir. "Mais allô quoi !"
Par Didier Pulicani - Publié le
Nous vous le disions, depuis l'apparition du SDK, de nombreuses officines se sont crées -en France et ailleurs- permettant de faire de l'
App leverage, autrement dit, de générer artificiellement des téléchargements contre une somme d'argent. Pour un éditeur, il s'agit d'une solution simple : on paie un nombre de downloads, qui permettent de faire apparaitre le programme dans les
Topde l'AppStore, et la boutique d'Apple fait le reste, grâce à son audience sans équivalent.
Outre les moyens
traditionnels(bannières publicitaires, billets sponsorisés), ces sociétés développent généralement leur propre app, qui offre chaque jour de découvrir de nouvelles applications. Suivant le modèle choisi, certaines ne proposent que des applications gratuites (AppGratis à ses débuts), d'autres notent surtout les baisses de prix (AppShopper) et certains proposent une vaste sélection dans laquelle plusieurs applications sont artificiellement sélectionnées (comme AppsFire). Rajoutons à cela l'affiliation, transversale à toutes ces pratique, mais les sommes récoltées restent marginales en comparaison.
Depuis qu'Apple a banni deux poids lourds du segment (AppGratis et AppShopper, donc), tous les clones et autres dérivés se sentent donc naturellement eux-aussi menacés. Plutôt discret jusqu'à présent, Ouriel Ohayon (d'AppsFire) a finalement publié son point de vue sur la question dans un billet de blog.
Sans entrer dans les détails, le fondateur estime que sa société ne peut être assimilée au sort de ses confrères : la sélection d'AppsFire n'est subventionnée qu'en partie (et de façon claire), son business-model est également basé sur des services tiers aux développeurs et AppsFire se réfugie derrière une stratégie de
Guide Michelindont les recommandations seraient au dessus de tout soupçon.
Pourtant, AppsFire a déjà eu quelques déboires avec Apple : comme le précise Ouriel, la levée de fond (il y a trois ans) a semble-t-il éveillé la curiosité de Cupertino à l'époque (ça ne vous rappelle rien ?). Rappelons que Marc Simoncini et Xavier Niel avaient investi quelques millions dans cette petite boite française, pleine de promesses.
Mais tout n'est pas si simple. Il faut dire que la fameuse règle mise en place par Apple l'an dernier est sujette à moult interprétations :
Je vous laisse le soin de comparer cette phrase avec l'apparence de la page d'accueil d'AppsFire :
Pas inquiétés ? Seriously ?
(Précisons que la mise en page d'AppsFire a précédé le récente refonte de l'AppStore.)
Evidemment, il est encore difficile de prédire qui sera expulsé et qui ne le sera pas. Nous comme vous ne faisons pas parti des
lutins validateursdont le pouvoir dictatorial n'a de secret que les règles édictées dans les hautes sphères d'Apple. Cependant, tout porte à croire qu'AppGratis et AppShopper n'aient été que les premiers d'une longue série.
Maintenant que l'on sait que Walt Mossberg a une ligne directe chez Tim Cook, lorsque le vieil homme déclare aujourd'hui qu'Apple va faire sérieusement le ménage ces prochaines semaines dans sa boutique, on n'oserait remettre en cause ses déclaration. Time Cook a par ailleurs prouvé qu'il se fiche éperdument du volet social (emplois, investissements) qui se cache souvent derrière une simple icône de l'AppStore. Reste à savoir qui sera concerné et quelle sera la stratégie de la Pomme, qui se terre pour le moment dans un mutisme pesant vis à vis des développeurs qui ne savent pas quand et à quelle sauce ils vont être mangés.
Mais le plus amusant reste de lire les réactions de la presse, des millieux publicitaires et de la communauté des utilisateurs. Vous avez d'un côté les éternels
atterrésde la dictature cupertinienne, comme La Tribune qui vous explique (bonjour les Bisounours) comment Apple a
mis à genoux une startup française. Et de l'autre, beaucoup applaudissent des deux mains, affirmant que la décision d'Apple permettra avant-tout de protéger les consommateurs, et estimant que les
chartsde l'AppStore vont tout à coup se retrouver lavés de tout soupçons. Au milieu, les régies publicitaires se frottent déjà les mains, persuadées de récupérer ces immenses budgets au niveau du
display(la pub classique)
Il serait cependant illusoire de croire que le marché des apps va changer du jour au lendemain. Les développeurs auront toujours besoin de leviers de promotions et les utilisateurs n'ont de cesse de demander à découvrir de nouvelles applications. Mais ces dernières années, l'économie créée autour de cette problématique a clairement dérivé et a conduit Apple a serrer la vis et à laisser quelques startups sur le carreau.
Comme nous le confions souvent aux développeurs et aux éditeurs avec qui nous travaillons, promouvoir une application reste une activité difficile. Faire connaitre son programme au sein des médias, parcourir les salons, bien rédiger ses communiqués de presse, trouver des idées originale de promotions... La stratégie marketing ne dois pas être négligée et confiée au dernier moment à des officines, préoccupée uniquement par la sommes que vous acceptez de leur confier.