iBooks Author : réactions de développeurs
Par Arnaud Morel - Publié le
Aquafadas, qui nous répond par le biais de Allison Reber, responsable communication, propose un système de publication numérique performant, autour de logiciels de PAO tels que InDesign, GoodBye Paper, qui édite des livres numériques pour enfant, donne la parole à Jeremie Clevy, qui parlera également au nom de Mondadori, qui réalise SV Kids, le premier iMag pour enfants (7-12 ans) réalisé par la rédaction de Science et Vie, tandis que Raphael Sebbe nous donne un point de vue de développeur moins directement concerné par le domaine.
Que pensez-vous des annonces et du lancement de iBooks Author ?
Raphael Sebbe, Creaceed : Apple continue son avancée vers l'omniprésence. Ils proposent un écosystème de qualité, mais à ces qualités sont également associées des contraintes.
Allison Reber, Aquafadas : Nous sommes ravis de voir qu'Apple développe iBooks. Depuis plusieurs mois, nous développons l'export de livres numériques enrichis vers iBooks à partir de nos outils pour le Digital Publishing et nous rencontrions des difficultés techniques avec la première version d'iBooks. La sortie d'iBooks 2 et de iBooks Author nous garantit qu'Apple va améliorer régulièrement sa liseuse et qu'elle sera ainsi compatible avec des documents très interactifs.
Jeremie Clevy, GoodBye Paper & Mondadori : Il peut rendre la production de livres pour enfants plus simple et plus accessible à "n'importe qui". Même si en fait, il existait déjà des outils de ce genre. De toute façon, ce qui fait la différence, c'est aussi d'avoir des enrichissements uniques : une voix (ex : Jean-Pierre Marielle), une licence de film (ex : l'Apprenti Père Noel), de la musique, des sons, des vidéos... La capacité à promouvoir et animer son catalogue est toujours aussi clé. Les auteurs seuls ont donc toujours intérêt à se faire publier dans des maisons d'édition comme la nôtre. Pour Mondadori, c'est un outil intéressant pour regrouper des contenus courts produits pour les magazines en 1 ebook. Ce sont des choses que l'on fait déjà pour le Print (hors séries, livres etc.), donc le passage vers iBooks Author est tout à fait naturel.
Le logiciel est-il de nature à changer le paysage du domaine des livres numériques ?
Raphael Sebbe, Creaceed : C'est un pas important en avant. Même si cela peut sembler facile, l'air de rien de donner une app gratuite pour la réalisation de livres, cela semble être un logiciel très abouti que peu d'éditeurs seraient capables de fournir. Adobe ou Microsoft vendent tous les deux des applications de mise en page, c'est leur business model. Par contre Apple le donne gratuit et se rémunère par pourcentage sur les ventes de contenus et d'appareils pour y accéder.
Allison Reber, Aquafadas : Il semble qu'iBooks Author soit conçu pour rendre l'iPad indispensable. Aujourd'hui, les tablettes se multiplient et la concurrence autour des prix commence à peine. En proposant un éco-système complet à l'utilisateur, Apple donne d'autres arguments pour choisir un iPad. On comprend que l'éducation, les professeurs et le fait de séduire les jeunes soient des atouts majeurs. iBooks Author changera peut-être à terme la manière dont les livres sont écrits - non pas une commande d'un éditeur à un auteur, mais une contribution de particuliers. Mais il ne change pas la donne pour les éditeurs qui veulent aujourd'hui s'ouvrir au numérique. iBooks Author est conçu pour des projets particuliers et ne s'adapte pas à une production à l'échelle d'un groupe éditorial. Aujourd'hui, pour pouvoir rentrer dans leurs frais, les éditeurs ont surtout besoin de pouvoir créer un livre numérique à partir des livres imprimés. Ils ont besoin de pouvoir faire un livre numérique à partir des logiciels qu'ils utilisent déjà pour créer les livres papiers, d' exporter ce livre sur plusieurs plateformes, d' automatiser des exports en numérique et d'intégrer à leur workflow la production de livres numériques. C'est ce que propose le Digital Publishing System d'Aquafadas.
Jeremie Clevy, GoodBye Paper & Mondadori : Encore trop de limites, comme, par exemple, l'impossibilité de mettre de vrais bonus, comme des jeux.
Est-il en concurrence avec vos solutions ou, au contraire, songez-vous à l'utiliser ?
Raphael Sebbe, Creaceed : Nous y pensons pour la réalisation de manuels utilisateur pour nos apps. Nous n'avons pas une concurrence directe avec eux là-dessus en particulier.
Allison Reber, Aquafadas : Comme le Digital Publishing System d'Aquafadas est plus complexe qu'iBooks Author, car il s'adapte aux besoins de grands groupes éditoriaux comme Prisma Presse ou Bayard, il n'y a pas de concurrence. De plus, nous sommes déjà au travail pour que nos outils augmentent les possibilités offertes par iBooks Author. Par exemple, en permettant aux utilisateurs d'enrichir leur livre de séquences animées et interactives. Ils pourront le faire facilement avec MotionComposer, logiciel très simple à prendre en main, permettant de réaliser d'animations en HTML5. Nous allons créé pour MotionComposer des widgets prêts à être intégrés dans les livres numériques d'iBooks Author.
Que pensez-vous des limitations concernant les modes de distributions ?
Raphael Sebbe, Creaceed : Cela ne tient pas la route de bloquer la diffusion d'un contenu parce qu'on utilise un logiciel pour le créer. Les autorités américaines/européennes s'occuperont de cela le moment venu. Notez que le business modèle d'Apple reste tout à fait viable sans ça. C'est une erreur d'Apple selon moi.
Allison Reber, Aquafadas : Il n'y a pas vraiment de format standard pour le livre numérique pour le moment. Par exemple, l'ePub 3 est interprété différemment selon les liseuses. Amazon, Barnes&Nobel, Sony ou Apple on chacun leurs particularités. C'est pourquoi Aquafadas a un pôle de chercheurs importants faisant de la recherche et faisant évoluer régulièrement les outils. L'objectif est de garantir à un éditeur que son fichier sera lisible sur plusieurs plateformes, et dans un premier temps, sur les plateformes qui vendent. Apple a su créer un marché numérique rémunérateur, attractif aussi bien pour les clients que pour les diffuseurs de contenus (vidéos, musiques, applications, livres...). Comment ? En développant des devices associés à du software. En faisant des devices une fenêtre de distribution, un magasin implanté directement chez l'utilisateur. Ouvrir complètement la distribution des fichiers réalisés avec iBooks Author reviendrait à casser ce modèle.
Jeremie Clevy, GoodBye Paper & Mondadori : La limitation à iBooks rend iBooks Author finalement relativement mineur. Pour Modadori, la aussi la limitation à iBooks rend l'outil pas si intéressant que ça dans l'optique d'être multi plate-forme à long terme (d'ici 2 ans). Mais à court terme (entre aujourd'hui et J + 2 ans), étant donné que la principale tablette est l'iPad, c'est quelque chose que nous allons regarder de très près.
Avez-vous été contacté par Apple au regard de vos publications ?
Raphael Sebbe, Creaceed : Non.
Allison Reber, Aquafadas : Nous avons de très bons rapports avec Apple. Plusieurs des grands groupes de presse et de livres, qui travaillent actuellement avec nous, sont venus nous voir sur les conseils de nos contacts chez Apple. En développant des produits pour iBooks, NewsStand ou AppStore, nous touchons parfois les limites des systèmes et nos rapports peuvent aider les équipes d'Apple à améliorer ces services.
Que pensez-vous des prix pratiqués et de l'incitation à utiliser un prix maximum de 15 $ ?
Raphael Sebbe, Creaceed : Intéressant, mais certains livres peuvent avoir des contenus plus compliqués à concevoir et/ou avoir une plus petite diffusion car très spécialisés. Cela n'a pas beaucoup de sens de limiter le prix dans ce cas.
Allison Reber, Aquafadas : Il est encore un peu tôt pour se prononcer. Poser des prix standards handicape parfois le marché. On le voit avec le prix des applications : l'utilisateur est habitué à une gamme de prix faible. Il est alors difficile de trouver un modèle économique intéressant pour une application de qualité.
Des commentaires sur l'app iTunes U ?
Raphael Sebbe, Creaceed : Non, je n'ai pas encore regardé la démo à ce stade.
Pour moi ce qui est essentiel dans l'apprentissage, c'est de pouvoir s'approprier les bouquins, par des notes / surlignage, etc. Et cela est permis avec ces nouveaux outils. L'approche manuscrite risque de se perdre un petit peu, et cela va changer la mécanique de l'apprentissage. Pas forcément en bien (ni en mal), je demande à voir. Est-ce que cela sera plus pratique, plus souple, ou plus lent mais avec d'autres avantages comme l'intéractivité ? Attention aussi à l'écran LCD, pas sûr que ce soit l'idéal pour des grandes quantités de texte (irritation des yeux). Quid aussi de l'export des métadata des utilisateurs du système ?
Allison Reber, Aquafadas : Comme l'AppStore ou NewsStand, iTunes U permet de mettre en avant tout le contenu ayant trait à la formation. C'est un nouvel outil marketing a exploiter pour les éditeurs et les développeurs, afin de réaliser des contenus au service de tous. Nous sommes très enthousiastes à l'idée de publier du contenu sur ce nouveau store avec nos partenaires.
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