L'avis des programmeurs sur l'iPad
Par Arnaud Morel - Publié le
Mac4Ever a voulu recueillir les impressions de quelques programmeurs, pour iPhone et/ou Mac, à propos de l'iPad, la nouvelle tablette multitouch d’Apple. Avec beaucoup d'acuité, ils nous décrivent les intérêts qu'ils attribuent au périphérique, pointent ses défauts et affichent leur impatience de commencer à le programmer.
Nous remercions très sincèrement nos camarades développeurs qui nous ont fait l'amitié de nous donner leurs impressions et commentaires, à chaud : Frédéric Bayle, le programmeur, notamment, d'isort pour iPhone, Raphael Sebbe, qui développe pour Creaceed et propose, notamment, vocalia sur l'App Store, Jonathan Karp, qui édite squaro, Vincent Dondaine, le PDG de bulkypix, un éditeur de titres ludiques particulièrement productif Cyril Anger, le programmeur de icompta, disponible pour Mac et en version iPhone et iPod touch et d'Éric Brunelle, le PDG de Druide, éditeur, notamment d'Antidote pour Mac et d'Antidote Mobile pour iPhone et iPod touch.
Que pensez-vous de l'iPad ? Le ressentez-vous comme un "gros" iPod touch, ou plus comme un tout nouveau périphérique qui ouvre des usages d'informatique mobile non explorés encore ?
Frédéric Bayle, isort : J'aime beaucoup l'iPad, et je n'ai pas l'impression que l'usage sera le même qu'avec un iPod Touch. La taille de ce dernier le rend à la fois toujours disponible mais également un peu frustrant; à l'inverse, la taille de l'iPad empêche de l'avoir toujours sur soi mais lui ouvre des possibilités inédites. De plus, son côté eBook le rend unique : je n'ai vraiment pas envie de lire un roman sur mon iPhone, mais sur un iPad, cela s'envisage.
Raphael Sebbe, vocalia : Dans la continuité des produits Apple, mélangeant les mondes iPhone et Mac. L'iPad comble bien le vide du catalogue d'Apple par rapport aux netbooks, et s'attaque en même temps aux e-readers (très à la mode ces temps-ci). Le plus grand écran, donc plus grand clavier virtuel, et le clavier physique optionnel permettent certainement des usages plus avancés (édition de documents) que l'iPhone ou l'iPod Touch.
Jonathan Karp, squaro : Étant fan de Mac depuis des années (comme beaucoup chez Mac4Ever), considérer l'iPad comme un gros iPod Touch semble réducteur. Je me souviens que lorsque l'iPhone est sorti, on le comparait à un iPod avec téléphone intégré, alors qu'aujourd'hui peu de personnes achètent un iPhone pour écouter leur musique.
Donc révolution assurément. Dans quel domaine ? Le jeu des prédictions est toujours difficile mais ce support semble particulièrement adapté à la lecture de presse et aux jeux vidéos. C'est peut-être un nouveau marché pour les éditeurs d'applications iPhone comme nous ! Nous développons notamment le jeu SquarO.
Vincent Dondaine, bulkypix : L’iPad est une révolution, de notre point de vue Apple frappe très fort en proposant une fois de plus la plateforme que tout le monde attendait. Ce sera le jour 1 de la presse numérique selon moi, après Amazon, Apple va démocratiser la lecture numérique pour le plus grand bien des journaux et des magazines. D’un point de vue jeu nous sommes vraiment bluffés par les possibilités offertes et la puissance de l’iPad. La surface tactile est immense, on peut alors rapidement imaginer des jeux multi-joueurs à 1 contre 1 face à face sur l’iPad. Avec un tel écran vos pouces ne vont plus cacher l’écran pour jouer. Cela signifie également des jeux aux graphismes HD de toute beauté !
Cyril Anger, icompta : C'est bien plus qu'un iPod Touch à mon avis, c'est le genre d'appareil qu'on laisse sur la table basse du salon et qui peut servir à toute la famille quand on veut regarder un truc sur Internet en étant confortablement avachi sur son canapé par exemple ;-).
Éric Brunelle, éditeur d'Antidote Mobile : Il y a clairement un élément de nouveauté important. Ce n'est pas un objet que l'on porte sur soi, contrairement à l'iPhone, mais ce n'est pas non plus un objet fixe, comme un iMac. Ça se prend en main comme un iPhone, et on interagit de la même façon très naturelle, avec les doigts. Presque autant d'espace d'écran et de puissance qu'un Mac, mais pas de système apparent, pas de Dock, de desktop ou de menus. C'est donc un hybride intéressant, particulièrement pour consommer des contenus textuels et vidéos, interactifs ou non. Pour tous ceux qui ont abandonné la télévision pour l'Internet, et ils sont nombreux, cela semble plus agréable qu'un portable ou qu'un fixe. Et il y a peut-être moyen d'aller chercher des gens qui seraient plus réfractaires à un ordinateur traditionnel.
Quelles sont les cibles d'un tel produit à votre avis ?
Frédéric Bayle, isort : Grâce à sa compatibilité avec les applications iPhone, mais aussi à son orientation très marquée vers les livres électroniques, je dirais que la cible, c'est tout le monde. Son interface, son autonomie, sa disponibilité lui ouvrent les portes des foyers mais aussi des entreprises. Je le vois vraiment comme un appareil extrêmement polyvalent, toujours disponible.
Raphael Sebbe, vocalia : Les "Casual surfer", travail léger en déplacement. Le prix agressif place l'iPad comme concurrent réel des netbooks. Reste à voir si Apple donnera un peu plus de liberté à l'utilisateur, comme par exemple pouvoir gérer des fichiers. L'autre cible c'est les lecteurs de livre numérique. Enfin, les joueurs. La possibilité de partager le catalogue des jeux iPhone est très bien. Dans le créneau des netbooks et des e-reader concurrents, les possibilités de jeu ne sont nulle part et ce n'est pas prêt de changer (écran lent, noir et blanc, ou alors manque de CPU).
Jonathan Karp, squaro : Les premiers qui vont acheter l'iPad sont à mon avis ceux qui se procuraient jusqu'à présent des netbooks. En terme de prix et d'usage on est assez proche de cette gamme de produits. Beaucoup de Netbook ont essayé, sans succès, de toucher le marché des personnes qui n'y connaissent rien en informatique. Apple pourrait réussir ce pari.
Vincent Dondaine, bulkypix : Il y aura dans un premier temps les « early adopter » comme moi ;-), mais du fait du positionnement prix agressif dès le départ je pense que le public touché est bien plus large qu’au lancement de l’iPhone en 2007. Du surf sur internet, de la lecture et du jeu, c’est simple et destiné essentiellement à la détente et l’amusement. Comme l’a rappelé Apple hier soir, tout le monde sait déjà utiliser l’iPad avec 75 Millions d’iPhone et iPod Touch confondus, les gens sont déjà prêts à passer sur iPad.
Cyril Anger, icompta : Tout le monde, notamment ceux qui n'ont pas d'ordinateur et qui souhaiteraient avoir un appareil multimédia évolué relativement simple à prendre en main.
Éric Brunelle, éditeur d'Antidote Mobile : Le salon ! (internautes, lecteurs, photonautes, vidéonautes) Probablement aussi les écoles, grâce à la simplicité et au prix. Les entreprises résisteront au départ - ce n'est pas sérieux, il n'y a même pas de clavier ! - mais il y fera probablement aussi son chemin, lorsque les applications apparaitront.
Quelles caractéristiques techniques retenez-vous de ce produit ? Que trouvez-vous marquant (ou pas) dans le concept ?
Frédéric Bayle, isort : Je retiens le processeur, il était attendu, mais je trouve vraiment intéressant qu'Apple se lance dans cette direction. Il a l'air très performant, en plus. L'écran est splendide. J'aime aussi la possibilité d'ajouter un clavier, même si cela dénature un peu le concept. Sinon le reste de l'appareil est très proche de ce qui existe depuis quelque temps dans les netbooks, 3G y compris, donc sans surprise.
Raphael Sebbe, vocalia : La nouvelle puce.
Jonathan Karp, squaro : Un point tout bête, qui fait que l'iPad n'est pas juste un iPod géant est la fonction 3G. Cela peut paraître bête, mais cette tablette sera un des premiers "grands écrans" capable de se connecter au net sans carte 3G et sans abonnement (si Apple arrive à reproduire en France le Deal passé aux Etats-Unis).
Vincent Dondaine, bulkypix : Du point de vue de Bulkypix, l’immense écran tactile qui va ouvrir de nombreuses possibilités de jeu. Nous dirions ensuite l’intégration dans la famille « iPhone » avec l’Appstore, l’interface quasi similaire. Les gens ont déjà leurs marques et vont pouvoir progresser avec le périphérique. Un plus pour l’iPad aurait été la caméra frontale pour faire notamment de la vidéo conférence. Nous pourrions donc imaginer qu’en cours de jeu les joueurs se voient et puissent discuter tout en s’affrontant. Je suis convaincu que nous verrons apparaître ce genre de fonctionnalités dans les futures itérations de l’iPad. Nous aurions également rêvé de voir un système ressemblant à NATAL sur Xbox 360 pour interagir avec sa tablette sans la toucher à la Minority Report.
Éric Brunelle, éditeur d'Antidote Mobile : La puissance du processeur, rapportée comme impressionnante (du moins pour la vitesse de Safari). Nous pourrons découvrir à quel point Cocoa Touch est bon (ou non) pour le travail «normal», lorsqu'il n'est pas contraint par la puissance et l'affichage.
Le fait de tenir l'iPad entre ses mains pour l'utiliser instaurera peut-être un nouveau rapport à l'objet. Le poids nous inquiète un peu: à une livre et demie, c'est plus de deux fois plus que le Kindle, et sans doute encore un peu trop pour des séances de lecture prolongées.
Le prix. À 500 $, on se rapproche du prix des ultraportables, qui est un facteur majeur de leur popularité. C'est une surprise de la part d'Apple.
Mais ce qui nous parait le plus marquant, c'est qu'en exportant l'interface épurée de l'iPhone à une machine grand format, on assiste peut-être à la naissance d'un nouveau paradigme d'interface pour l'informatique grand public, qui remplacerait celui apporté par le Mac en 1984: plus de fenêtres, plus de souris, plus de menus.
Que n'aimez-vous pas ?
Frédéric Bayle, isort : Je suis un peu déçu par l'interface, je pensais qu'elle se démarquerait davantage de celle de l'iPhone. Ceci dit, l'OS n'est qu'une version 3.2, Attendons de voir la version 4.0 pour juger. Et puis l'appareil n'est pas encore sorti, Apple peut nous surprendre. Je suis également surpris par l'absence de caméra en façade, cela aurait donné à l'iPad ce petit quelque chose en plus qui lui manque. Bref, je le trouve un peu trop sage.
Raphael Sebbe, vocalia : Ce produit est un compromis. Peut-être moins efficace qu'un netbook pour travailler (gestion de documents type Open Office, clavier), gérer ses données. Pour la lecture des livres, et bien je demande à voir l'écran. Les écrans passifs type Kindle sont agréables et pas fatiguant pour les yeux. Je crois au contraire que celui de l'iPad est assez agressif (comme l'iPhone), et dans tous les cas il ne proposera pas une autonomie comparable à la concurrence dans ce type d'application.
Il offre donc des fonctions supérieures dans certains domaines, et inférieures dans d'autres. Ce n'est pas la solution à tous les problèmes, et l'acheteur devra se questionner quant à son contexte d'utilisation pour savoir si l'iPad lui convient.
Jonathan Karp, squaro : Je pense que ce support n'explosera pas complètement tant qu'il n'aura pas de "Store" dédié. Je n'ai pas vu d'annonce de store pour acheter de la presse ou des jeux dédiés à l'iPad. (NDLR : en fait, il y aura bien une section spéciale sur l'App Store)
Vincent Dondaine, bulkypix : Honnêtement… rien, je suis très satisfait de ce que j’ai vu hier soir, il y a déjà tant de choses à faire. J’ai parfois l’impression que la réalité rejoint la science-fiction d’il y a quelques années. J’ai toujours rêvé d’avoir une tablette comme dans Star Trek…
Cyril Anger, icompta : Les mesquineries habituelles d'Apple, pas de webcam et pas de port USB par exemple...
Éric Brunelle, éditeur d'Antidote Mobile :
1. L'absence du multitâche. Le multitâche est crucial pour permettre au correcteur d'Antidote d'interagir avec les logiciels où l'on écrit, et pour faire apparaitre les définitions ou les synonymes d'un mot sans devoir quitter l'application où on l'a lu. Comme beaucoup d'autres, nous notons que le système de l'iPad n'est qu'une évolution de l'iPhone OS, en version 3.2, et nous espérons que le futur iPhone OS 4 comble cette lacune.
2. Les contraintes pour sauvegarder le contenu de l'iPad (chansons, applications, vidéos, livres). La seule méthode mentionnée, soit la synchronisation avec iTunes, implique que l'iPad reste dépendant d'un ordinateur maitre au lieu d'être autonome. C'était compréhensible pour l'iPhone, mais pour l'iPad, qu'il nous semble naturel de considérer comme "le seul ordinateur dont on a besoin", nous aurions préféré quelque chose comme une sortie USB avec un petit logiciel de sauvegarde.
3. L'absence de caméra frontale. Il nous semble que la taille et la prise en main de l'iPad en feraient la machine idéale pour les appels vidéo, avec iChat ou Skype. Si c'est une simple question de prix, pourquoi ne pas l'avoir au moins proposée sur les modèles plus chers?
Pensez-vous que les développeurs iPhone vont porter leurs applications et les adapter à l'iPad ? Vous-même, en avez-vous l'intention ?
Frédéric Bayle, isort : Oui, je suis persuadé que les développeurs vont adapter leurs applications, car la taille de l'iPhone/iPod Touch oblige à faire des choix ergonomiques qui peuvent être tout à fait différents. Avec un écran de cette taille, cela ouvre des perspectives excitantes. En ce qui me concerne, j'en ai tout à fait l'intention !
Raphael Sebbe, vocalia : Oui certainement, les développeurs vont s'y mettre. Il faut tout de même noter que tous les capteurs de l'iPhone ne sont pas dans l'iPad (APN...), et donc pas mal d'app n'auront pas de sens. D'autre part, beaucoup d'applications de l'AppStore sont abandonnées, et ne verront vraisemblablement pas de mise à jour spécifique.
De notre côté, disons que nous avons des concepts en cours de réflexion qui colleraient vraiment bien avec iPad. De plus Vocalia pourrait s'avérer utile sur la tablette, et encore plus si Apple ouvre les applications en tâche de fonds. Croisons les doigts pour iPhone OS 4.0
Jonathan Karp, squaro : Assurément. Cela va prendre un peu de temps à mon avis, le temps que les développeurs comprennent le potentiel de la machine mais beaucoup d'éditeurs de jeux ont rêvé d'un support comme celui-ci. Nous développerons, je pense, une version de SquarO pour l'iPad. C'est juste une question de temps
Vincent Dondaine, bulkypix : C’est un tout nouveau marché qui s’est ouvert hier soir. L’iPad va être du divertissement à l’état pur et j’en suis certain va connaître un grand succès pour le grand public et les développeurs. Bulkypix va massivement soutenir cette nouvelle plateforme et proposer des contenus adaptés de hautes qualités. Nous sommes déjà en pleine ébullition pour proposer le plus rapidement possible du contenu sur iPad.
Cyril Anger, icompta : Je ne sais pas, il faudra sans doute attendre de voir l'adoption du produit par le public pour que les developpeurs décident ou non de passer du temps à développer spécifiquement pour l'iPad. Personnellement, j'envisage sérieusement d'adapter mon application de gestion de comptes perso iCompta, le grand écran est un réel plus et permettra certainement une interface plus claire et plus intuitive.
Éric Brunelle, éditeur d'Antidote Mobile : Pour quiconque a une application qui peut profiter de l'espace supplémentaire, cela en vaut la peine: c'est relativement facile et ce sera plus agréable. C'est le cas d'Antidote Mobile, dont le grand frère Antidote HD profite déjà très bien de grands écrans. La formule de l'App Store, qui a beaucoup d'attraits pour les développeurs, facilite la décision commerciale sur plusieurs aspects; elle impose toutefois certaines contraintes qui modulent les développements possibles. Nous réservons encore notre jugement sur la nature exacte de ce que nous publierons pour l'iPad.
Avez-vous testé le SDK 3.2 bêta et quelles sont, dans ce cas, vos impressions ?
Frédéric Bayle, isort : Non, je n'ai pas encore installé le SDK 3.2 bêta parce que je suis en train de finaliser la version 2.02 d'iSort, je préfère faire cela sur la version 3.1 du SDK, qui est stable. Je l'ai tout de même téléchargé, et j'ai évidemment hâte de le tester.
Raphael Sebbe, vocalia : J'attends avec impatience la WWDC pour un update majeur des API. ;-)
Jonathan Karp, squaro : Pas encore mais nous avons hâte de voir ce qu'il a dans le ventre !
Vincent Dondaine, bulkypix : Dès hier soir oui, c’est encore tôt pour le dire en détail mais je dirai la puissance et l’ergonomie sur un grand écran tactile de 10 pouces. On est encore tout retournés tant les possibilités offertes sont grandes. Bulkypix doit maintenant avancer dès maintenant pour proposer prochainement des jeux de qualité sur l’iPad.
Cyril Anger, icompta : Pas encore mais je vais m'y attaquer dès que possible !
Éric Brunelle, éditeur d'Antidote Mobile : Vous n'ignorez pas que le SDK est toujours sous accord de non-divulgation jusqu'à la parution. Nos constats resteront donc vagues: c'est très bien conçu et très bien documenté, et cela constitue une greffe intelligente sur la base existante. Si les autres conditions sont réunies, nous en tirerons certainement une autre belle déclinaison d'Antidote.
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bulkypix
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Nous remercions très sincèrement nos camarades développeurs qui nous ont fait l'amitié de nous donner leurs impressions et commentaires, à chaud : Frédéric Bayle, le programmeur, notamment, d'isort pour iPhone, Raphael Sebbe, qui développe pour Creaceed et propose, notamment, vocalia sur l'App Store, Jonathan Karp, qui édite squaro, Vincent Dondaine, le PDG de bulkypix, un éditeur de titres ludiques particulièrement productif Cyril Anger, le programmeur de icompta, disponible pour Mac et en version iPhone et iPod touch et d'Éric Brunelle, le PDG de Druide, éditeur, notamment d'Antidote pour Mac et d'Antidote Mobile pour iPhone et iPod touch.
Que pensez-vous de l'iPad ? Le ressentez-vous comme un "gros" iPod touch, ou plus comme un tout nouveau périphérique qui ouvre des usages d'informatique mobile non explorés encore ?
Frédéric Bayle, isort : J'aime beaucoup l'iPad, et je n'ai pas l'impression que l'usage sera le même qu'avec un iPod Touch. La taille de ce dernier le rend à la fois toujours disponible mais également un peu frustrant; à l'inverse, la taille de l'iPad empêche de l'avoir toujours sur soi mais lui ouvre des possibilités inédites. De plus, son côté eBook le rend unique : je n'ai vraiment pas envie de lire un roman sur mon iPhone, mais sur un iPad, cela s'envisage.
Raphael Sebbe, vocalia : Dans la continuité des produits Apple, mélangeant les mondes iPhone et Mac. L'iPad comble bien le vide du catalogue d'Apple par rapport aux netbooks, et s'attaque en même temps aux e-readers (très à la mode ces temps-ci). Le plus grand écran, donc plus grand clavier virtuel, et le clavier physique optionnel permettent certainement des usages plus avancés (édition de documents) que l'iPhone ou l'iPod Touch.
Jonathan Karp, squaro : Étant fan de Mac depuis des années (comme beaucoup chez Mac4Ever), considérer l'iPad comme un gros iPod Touch semble réducteur. Je me souviens que lorsque l'iPhone est sorti, on le comparait à un iPod avec téléphone intégré, alors qu'aujourd'hui peu de personnes achètent un iPhone pour écouter leur musique.
Donc révolution assurément. Dans quel domaine ? Le jeu des prédictions est toujours difficile mais ce support semble particulièrement adapté à la lecture de presse et aux jeux vidéos. C'est peut-être un nouveau marché pour les éditeurs d'applications iPhone comme nous ! Nous développons notamment le jeu SquarO.
Vincent Dondaine, bulkypix : L’iPad est une révolution, de notre point de vue Apple frappe très fort en proposant une fois de plus la plateforme que tout le monde attendait. Ce sera le jour 1 de la presse numérique selon moi, après Amazon, Apple va démocratiser la lecture numérique pour le plus grand bien des journaux et des magazines. D’un point de vue jeu nous sommes vraiment bluffés par les possibilités offertes et la puissance de l’iPad. La surface tactile est immense, on peut alors rapidement imaginer des jeux multi-joueurs à 1 contre 1 face à face sur l’iPad. Avec un tel écran vos pouces ne vont plus cacher l’écran pour jouer. Cela signifie également des jeux aux graphismes HD de toute beauté !
Cyril Anger, icompta : C'est bien plus qu'un iPod Touch à mon avis, c'est le genre d'appareil qu'on laisse sur la table basse du salon et qui peut servir à toute la famille quand on veut regarder un truc sur Internet en étant confortablement avachi sur son canapé par exemple ;-).
Éric Brunelle, éditeur d'Antidote Mobile : Il y a clairement un élément de nouveauté important. Ce n'est pas un objet que l'on porte sur soi, contrairement à l'iPhone, mais ce n'est pas non plus un objet fixe, comme un iMac. Ça se prend en main comme un iPhone, et on interagit de la même façon très naturelle, avec les doigts. Presque autant d'espace d'écran et de puissance qu'un Mac, mais pas de système apparent, pas de Dock, de desktop ou de menus. C'est donc un hybride intéressant, particulièrement pour consommer des contenus textuels et vidéos, interactifs ou non. Pour tous ceux qui ont abandonné la télévision pour l'Internet, et ils sont nombreux, cela semble plus agréable qu'un portable ou qu'un fixe. Et il y a peut-être moyen d'aller chercher des gens qui seraient plus réfractaires à un ordinateur traditionnel.
Quelles sont les cibles d'un tel produit à votre avis ?
Frédéric Bayle, isort : Grâce à sa compatibilité avec les applications iPhone, mais aussi à son orientation très marquée vers les livres électroniques, je dirais que la cible, c'est tout le monde. Son interface, son autonomie, sa disponibilité lui ouvrent les portes des foyers mais aussi des entreprises. Je le vois vraiment comme un appareil extrêmement polyvalent, toujours disponible.
Raphael Sebbe, vocalia : Les "Casual surfer", travail léger en déplacement. Le prix agressif place l'iPad comme concurrent réel des netbooks. Reste à voir si Apple donnera un peu plus de liberté à l'utilisateur, comme par exemple pouvoir gérer des fichiers. L'autre cible c'est les lecteurs de livre numérique. Enfin, les joueurs. La possibilité de partager le catalogue des jeux iPhone est très bien. Dans le créneau des netbooks et des e-reader concurrents, les possibilités de jeu ne sont nulle part et ce n'est pas prêt de changer (écran lent, noir et blanc, ou alors manque de CPU).
Jonathan Karp, squaro : Les premiers qui vont acheter l'iPad sont à mon avis ceux qui se procuraient jusqu'à présent des netbooks. En terme de prix et d'usage on est assez proche de cette gamme de produits. Beaucoup de Netbook ont essayé, sans succès, de toucher le marché des personnes qui n'y connaissent rien en informatique. Apple pourrait réussir ce pari.
Vincent Dondaine, bulkypix : Il y aura dans un premier temps les « early adopter » comme moi ;-), mais du fait du positionnement prix agressif dès le départ je pense que le public touché est bien plus large qu’au lancement de l’iPhone en 2007. Du surf sur internet, de la lecture et du jeu, c’est simple et destiné essentiellement à la détente et l’amusement. Comme l’a rappelé Apple hier soir, tout le monde sait déjà utiliser l’iPad avec 75 Millions d’iPhone et iPod Touch confondus, les gens sont déjà prêts à passer sur iPad.
Cyril Anger, icompta : Tout le monde, notamment ceux qui n'ont pas d'ordinateur et qui souhaiteraient avoir un appareil multimédia évolué relativement simple à prendre en main.
Éric Brunelle, éditeur d'Antidote Mobile : Le salon ! (internautes, lecteurs, photonautes, vidéonautes) Probablement aussi les écoles, grâce à la simplicité et au prix. Les entreprises résisteront au départ - ce n'est pas sérieux, il n'y a même pas de clavier ! - mais il y fera probablement aussi son chemin, lorsque les applications apparaitront.
Quelles caractéristiques techniques retenez-vous de ce produit ? Que trouvez-vous marquant (ou pas) dans le concept ?
Frédéric Bayle, isort : Je retiens le processeur, il était attendu, mais je trouve vraiment intéressant qu'Apple se lance dans cette direction. Il a l'air très performant, en plus. L'écran est splendide. J'aime aussi la possibilité d'ajouter un clavier, même si cela dénature un peu le concept. Sinon le reste de l'appareil est très proche de ce qui existe depuis quelque temps dans les netbooks, 3G y compris, donc sans surprise.
Raphael Sebbe, vocalia : La nouvelle puce.
Jonathan Karp, squaro : Un point tout bête, qui fait que l'iPad n'est pas juste un iPod géant est la fonction 3G. Cela peut paraître bête, mais cette tablette sera un des premiers "grands écrans" capable de se connecter au net sans carte 3G et sans abonnement (si Apple arrive à reproduire en France le Deal passé aux Etats-Unis).
Vincent Dondaine, bulkypix : Du point de vue de Bulkypix, l’immense écran tactile qui va ouvrir de nombreuses possibilités de jeu. Nous dirions ensuite l’intégration dans la famille « iPhone » avec l’Appstore, l’interface quasi similaire. Les gens ont déjà leurs marques et vont pouvoir progresser avec le périphérique. Un plus pour l’iPad aurait été la caméra frontale pour faire notamment de la vidéo conférence. Nous pourrions donc imaginer qu’en cours de jeu les joueurs se voient et puissent discuter tout en s’affrontant. Je suis convaincu que nous verrons apparaître ce genre de fonctionnalités dans les futures itérations de l’iPad. Nous aurions également rêvé de voir un système ressemblant à NATAL sur Xbox 360 pour interagir avec sa tablette sans la toucher à la Minority Report.
Éric Brunelle, éditeur d'Antidote Mobile : La puissance du processeur, rapportée comme impressionnante (du moins pour la vitesse de Safari). Nous pourrons découvrir à quel point Cocoa Touch est bon (ou non) pour le travail «normal», lorsqu'il n'est pas contraint par la puissance et l'affichage.
Le fait de tenir l'iPad entre ses mains pour l'utiliser instaurera peut-être un nouveau rapport à l'objet. Le poids nous inquiète un peu: à une livre et demie, c'est plus de deux fois plus que le Kindle, et sans doute encore un peu trop pour des séances de lecture prolongées.
Le prix. À 500 $, on se rapproche du prix des ultraportables, qui est un facteur majeur de leur popularité. C'est une surprise de la part d'Apple.
Mais ce qui nous parait le plus marquant, c'est qu'en exportant l'interface épurée de l'iPhone à une machine grand format, on assiste peut-être à la naissance d'un nouveau paradigme d'interface pour l'informatique grand public, qui remplacerait celui apporté par le Mac en 1984: plus de fenêtres, plus de souris, plus de menus.
Que n'aimez-vous pas ?
Frédéric Bayle, isort : Je suis un peu déçu par l'interface, je pensais qu'elle se démarquerait davantage de celle de l'iPhone. Ceci dit, l'OS n'est qu'une version 3.2, Attendons de voir la version 4.0 pour juger. Et puis l'appareil n'est pas encore sorti, Apple peut nous surprendre. Je suis également surpris par l'absence de caméra en façade, cela aurait donné à l'iPad ce petit quelque chose en plus qui lui manque. Bref, je le trouve un peu trop sage.
Raphael Sebbe, vocalia : Ce produit est un compromis. Peut-être moins efficace qu'un netbook pour travailler (gestion de documents type Open Office, clavier), gérer ses données. Pour la lecture des livres, et bien je demande à voir l'écran. Les écrans passifs type Kindle sont agréables et pas fatiguant pour les yeux. Je crois au contraire que celui de l'iPad est assez agressif (comme l'iPhone), et dans tous les cas il ne proposera pas une autonomie comparable à la concurrence dans ce type d'application.
Il offre donc des fonctions supérieures dans certains domaines, et inférieures dans d'autres. Ce n'est pas la solution à tous les problèmes, et l'acheteur devra se questionner quant à son contexte d'utilisation pour savoir si l'iPad lui convient.
Jonathan Karp, squaro : Je pense que ce support n'explosera pas complètement tant qu'il n'aura pas de "Store" dédié. Je n'ai pas vu d'annonce de store pour acheter de la presse ou des jeux dédiés à l'iPad. (NDLR : en fait, il y aura bien une section spéciale sur l'App Store)
Vincent Dondaine, bulkypix : Honnêtement… rien, je suis très satisfait de ce que j’ai vu hier soir, il y a déjà tant de choses à faire. J’ai parfois l’impression que la réalité rejoint la science-fiction d’il y a quelques années. J’ai toujours rêvé d’avoir une tablette comme dans Star Trek…
Cyril Anger, icompta : Les mesquineries habituelles d'Apple, pas de webcam et pas de port USB par exemple...
Éric Brunelle, éditeur d'Antidote Mobile :
1. L'absence du multitâche. Le multitâche est crucial pour permettre au correcteur d'Antidote d'interagir avec les logiciels où l'on écrit, et pour faire apparaitre les définitions ou les synonymes d'un mot sans devoir quitter l'application où on l'a lu. Comme beaucoup d'autres, nous notons que le système de l'iPad n'est qu'une évolution de l'iPhone OS, en version 3.2, et nous espérons que le futur iPhone OS 4 comble cette lacune.
2. Les contraintes pour sauvegarder le contenu de l'iPad (chansons, applications, vidéos, livres). La seule méthode mentionnée, soit la synchronisation avec iTunes, implique que l'iPad reste dépendant d'un ordinateur maitre au lieu d'être autonome. C'était compréhensible pour l'iPhone, mais pour l'iPad, qu'il nous semble naturel de considérer comme "le seul ordinateur dont on a besoin", nous aurions préféré quelque chose comme une sortie USB avec un petit logiciel de sauvegarde.
3. L'absence de caméra frontale. Il nous semble que la taille et la prise en main de l'iPad en feraient la machine idéale pour les appels vidéo, avec iChat ou Skype. Si c'est une simple question de prix, pourquoi ne pas l'avoir au moins proposée sur les modèles plus chers?
Pensez-vous que les développeurs iPhone vont porter leurs applications et les adapter à l'iPad ? Vous-même, en avez-vous l'intention ?
Frédéric Bayle, isort : Oui, je suis persuadé que les développeurs vont adapter leurs applications, car la taille de l'iPhone/iPod Touch oblige à faire des choix ergonomiques qui peuvent être tout à fait différents. Avec un écran de cette taille, cela ouvre des perspectives excitantes. En ce qui me concerne, j'en ai tout à fait l'intention !
Raphael Sebbe, vocalia : Oui certainement, les développeurs vont s'y mettre. Il faut tout de même noter que tous les capteurs de l'iPhone ne sont pas dans l'iPad (APN...), et donc pas mal d'app n'auront pas de sens. D'autre part, beaucoup d'applications de l'AppStore sont abandonnées, et ne verront vraisemblablement pas de mise à jour spécifique.
De notre côté, disons que nous avons des concepts en cours de réflexion qui colleraient vraiment bien avec iPad. De plus Vocalia pourrait s'avérer utile sur la tablette, et encore plus si Apple ouvre les applications en tâche de fonds. Croisons les doigts pour iPhone OS 4.0
Jonathan Karp, squaro : Assurément. Cela va prendre un peu de temps à mon avis, le temps que les développeurs comprennent le potentiel de la machine mais beaucoup d'éditeurs de jeux ont rêvé d'un support comme celui-ci. Nous développerons, je pense, une version de SquarO pour l'iPad. C'est juste une question de temps
Vincent Dondaine, bulkypix : C’est un tout nouveau marché qui s’est ouvert hier soir. L’iPad va être du divertissement à l’état pur et j’en suis certain va connaître un grand succès pour le grand public et les développeurs. Bulkypix va massivement soutenir cette nouvelle plateforme et proposer des contenus adaptés de hautes qualités. Nous sommes déjà en pleine ébullition pour proposer le plus rapidement possible du contenu sur iPad.
Cyril Anger, icompta : Je ne sais pas, il faudra sans doute attendre de voir l'adoption du produit par le public pour que les developpeurs décident ou non de passer du temps à développer spécifiquement pour l'iPad. Personnellement, j'envisage sérieusement d'adapter mon application de gestion de comptes perso iCompta, le grand écran est un réel plus et permettra certainement une interface plus claire et plus intuitive.
Éric Brunelle, éditeur d'Antidote Mobile : Pour quiconque a une application qui peut profiter de l'espace supplémentaire, cela en vaut la peine: c'est relativement facile et ce sera plus agréable. C'est le cas d'Antidote Mobile, dont le grand frère Antidote HD profite déjà très bien de grands écrans. La formule de l'App Store, qui a beaucoup d'attraits pour les développeurs, facilite la décision commerciale sur plusieurs aspects; elle impose toutefois certaines contraintes qui modulent les développements possibles. Nous réservons encore notre jugement sur la nature exacte de ce que nous publierons pour l'iPad.
Avez-vous testé le SDK 3.2 bêta et quelles sont, dans ce cas, vos impressions ?
Frédéric Bayle, isort : Non, je n'ai pas encore installé le SDK 3.2 bêta parce que je suis en train de finaliser la version 2.02 d'iSort, je préfère faire cela sur la version 3.1 du SDK, qui est stable. Je l'ai tout de même téléchargé, et j'ai évidemment hâte de le tester.
Raphael Sebbe, vocalia : J'attends avec impatience la WWDC pour un update majeur des API. ;-)
Jonathan Karp, squaro : Pas encore mais nous avons hâte de voir ce qu'il a dans le ventre !
Vincent Dondaine, bulkypix : Dès hier soir oui, c’est encore tôt pour le dire en détail mais je dirai la puissance et l’ergonomie sur un grand écran tactile de 10 pouces. On est encore tout retournés tant les possibilités offertes sont grandes. Bulkypix doit maintenant avancer dès maintenant pour proposer prochainement des jeux de qualité sur l’iPad.
Cyril Anger, icompta : Pas encore mais je vais m'y attaquer dès que possible !
Éric Brunelle, éditeur d'Antidote Mobile : Vous n'ignorez pas que le SDK est toujours sous accord de non-divulgation jusqu'à la parution. Nos constats resteront donc vagues: c'est très bien conçu et très bien documenté, et cela constitue une greffe intelligente sur la base existante. Si les autres conditions sont réunies, nous en tirerons certainement une autre belle déclinaison d'Antidote.
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