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Une bio non autorisée : Good Steve, Bad Steve

Par Arnaud Morel - Publié le

Un article du Times, biographie de Steve Jobs, met en avant la personnalité complexe du gourou de Cupertino. Un "narcissique productif", maniaque du secret, mais aussi un génie capable d'imposer une vision à son entreprise et au monde. L'homme, en tout cas, n'a pas fini de fasciner.

Le Times n'a guère trouvé d'aide chez Apple pour rédiger cette biographie. Au contraire, Cupertino a même tenté de dissuader le journal de publier l'article rédigé par Bryan Appleyard. Aussi, on ne s'étonnera pas du sous-titre retenu pour le papier : Le responsable exécutif d'Apple Inc et possesseur de la Jackling house a changé le monde et déjoué la mort. Alors pourquoi la paranoïa ?. En voici, en tout cas, les bonnes feuilles qui recèlent quelques révélations dont certaines un tantinet croustillantes.

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Le culte du secret



Comment a-t-il été possible pour le plus grand héros du capitalisme domestique de garder secrète sa transplantation du foie dans un hôpital de Memphis ?

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La réponse est, qu'avec les ordinateurs, les iPod et les iPhone, le secret est un autre produit estampillé Apple. Un culte de l'omerta d'entreprise - le code du silence de la mafia - y est mis en application sans ménagement, avec des employés étant virés pour avoir laisser échapper des informations. Des responsables sont capables de lâcher de fausses informations dans une partie de l'entreprise de manière à ce qu'une fuite puisse être retracée jusqu'à sa source. Les personnes travaillant sur des projets secrets doivent franchir de nombreux niveaux de sécurité. Une fois arrivés à leur bureau, ils sont surveillés par des caméras et doivent couvrir les prototypes d'un drap noir ou allumer une lumière rouge quand le drap est retiré.

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Jobs de retour sur scène pour présente le Mac Tablet ?



La spécialité de Jobs ce sont les Keynote, véritable cérémonies de prières pour les fans, d'une heure trente à deux heures. Elles se terminent toujours (NDR : presque !) par les mots et il y a encore une chose, qui sont le moment où il dévoile son dernier gadget sous les alléluias des geeks. Les rumeurs laissent d'ailleurs entendre que, malgré sa transplantation du foie, il va recommencer la chose d'ici quelques semaines. Ça sera une double sensation : d'abord le retour d'un Steve Jobs parlant et marchant et la révélation d'un nouvel ordinateur tablette, une sorte d'iPhone géant qui, d'une certaine façon, changera à nouveau le monde.

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Un Jobs épineux



C'est quelqu'un de difficile et d'épineux à interviewer explique Elmer-DeWitt, et il est toujours en train de vous vendre quelque chose. Durement. En vérité, n'importe quel entretien avec Steve Jobs peut devenir saignant. Un postulant, un peu coincé, à un emploi chez Apple l'a un jour tellement barbé qu'il a commencé à la bombarder de questions du genre quel âge aviez-vous quand vous avez perdu votre virginité ? et combien de fois avez-vous pris du LSD ? (Jobs a expliqué que prendre du LSD avait été une des expériences les plus importantes de sa vie). Puis il s'est mis à chanter Gobez, gobez, gobez, gobez, gobez. Je pense que je ne suis pas un bon candidat pour ce poste a finalement lâché le postulant.

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Steve Jobs n'est pas un ingénieur mais le client absolu



Jobs n'est pas un ingénieur, indique Dan Lyons, il ne peut vraiment concevoir quelque chose et il ne sait rien des circuits imprimés. Mais c'est le client ultime, le type qui est de notre côté. Avec le culte du secret et la geekerie, le bon et le mauvais Steve fusionne pour former une personnalité gigantesque et hypnotisante. Il aurait fait, s'amuse Jef Raskin, le cerveau derrière le premier Mac, un excellent roi de France.

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Un productif narcissique



Jobs est, dans la bouche du psychiatre et prêtre du leadership , Michael Maccoby, un productif narcissique. Pour Jobs, le monde est un épiphénomène, un effet collatéral à sa propre existence. Ou plutôt, c'est une pyramide avec Jobs en haut, quelques personnages brillants en dessous, et le reste, nous, les péquins moyens. Le péquin moyen qui à ses yeux et comme client n'a pas toujours raison. Dans les premiers temps on racontait que le boulot du département marketing d'Apple consistait en Jobs regardant dans son miroir et se demandant quel produit il désirait. Son gourou en matière de relation clients, c'est Henry Ford : si je demandais à mes clients ce qu'ils veulent, ils me répondraient un cheval plus rapide !

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Un sentiment d'insécurité



C'est ici, dans la ville de Mountain View, que Jobs a passé son enfance. Il est né de Joanne Schieble et Abdulfattah Jandali, à San Francisco. Ils étaient jeunes et non mariés avec, comme résultat, qu'il a été adopté par Paul et Clara Jobs. Ils semblent avoir été de bons parents mais tout le monde est convaincu que le fait d'être adopté a beaucoup contribué à façonner la personnalité de Jobs. Michael Maccoby pense que l'idée clef est le manque ou la perte du père. (...)

Plus tard, Steve Jobs abandonna l'université. À nouveau, cet élément semble avoir été crucial dans son existence. Alan Deutschman, l'auteur de La seconde venue de Steve Jobs, explique que son manque d'une éducation de haut niveau, alors qu'il évolue dans un milieu de personnes fortement éduquées, le laisse dans une insécurité permanente, notamment en matière de goûts. Je pense que ses choix d'une esthétique épurée (NDR : pour ses produits) viennent de la peur de faire le mauvais choix. C'est quelqu'un qui a connu un grand succès dès ses vingt ans. Il était inquiet de ne pas être perçu comme quelqu'un de brillant et de sophistiqué. Alors il a pris des gourous pour l'aider. Il possède cette anxiété d'être jugé, combinée avec un instinct naturel de l'importance capitale du design.

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Steve Jobs et Joan Baez



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Il est sorti avec Joan Baez, la déesse de la folk et de la contre-culture. Certains pensent que c'était surtout parce qu'elle était sortie avec Bob Dylan, et Jobs est fou de Dylan.

Selon le bouquin de Deutschman, il dira plus tard fort élégamment : je me serais marié avec Joan Baez mais elle était trop vieille pour porter mes enfants.


Les années sombres



Son éviction d'Apple en 1985 fût une première mort et il n'entra pas gentiment dans cette longue nuit. Un jour, il appela Andrea Cunningham pour l'inviter à la Jackling house pour parler de sa nouvelle entreprise. Elle le trouva dans une maison presque totalement vide haranguant les journalistes à propos de l'iniquité de son usurpateur, John Sculley. Il vociférait. J'étais surprise de voir quelqu'un de sa trempe et de son intelligence tenter ce qu'il tentait. C'était vraiment surprenant.

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Apple sans Steve Jobs



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Apple continuera à exécuter le business plan actuel explique Elmer-deWitt. Ça pourra marcher des années. Mais une chose sera différente : avec Jobs il y avait un type qui au début comme à la fin de n'importe quel projet avait l'autorité pour dire ça craint, recommencez ! Qui que ce soit qui le remplace et même s'il partage la vision et possède le titre de Steve ne sera pas le co-fondateur d'Apple et n'aura pas son autorité.

Mon idée personnelle est qu'Apple sans Steve Jobs cherchera à fusionner avec Google (...). La disparition du génie des produits qu'est Steve Jobs ferait que la capacité d'innovation de Google pourrait se conjuguer à merveille avec la science du design et du marketing d'Apple, mais les régulateurs anti-trust pourraient ne pas être d'accord.

Lire l'article complet sur le site du Times