iTunes 4, le p2p, et les majors !
Par Contributeur - Publié le
Conjoncture actuelle
Un 'vol' bilatéral' !
Les majors 'volent' clients et auteurs légalement, et les utilisateurs de p2p illégalement. Les deux extrêmes sont tous deux des modèles de cupidité ! Alors que jusqu'à maintenant, à l'aide d'une utilisation raisonnée du p2p (achat si on écoute régulièrement, apprécie et qu'on en a les moyens), on pouvait espérer obtenir un certain équilibre n'entraînant pas de perte de bénéfice pour les majors et une certaine flexibilité pour les clients qui pouvaient ainsi découvrir facilement d'autres styles, d'autres groupes, et choisir leurs morceaux.
Encore faut-il que l'utilisateur sache se maîtriser et prendre conscience que le tout-gratuit n'est pas viable à long terme. Or l'intolérance semble régner, beaucoup de pirates ne sont pas prêts à lâcher leur petit confort, mais auront-ils le choix dans les mois qui suivent ?
Aggressivité croissante des majors
De leur côté les majors semblent n'avoir toujours pas compris que leur part du gâteau est bien trop importante. Sony a récemment annoncé abandonner ses protections sur les CD audio, cependant la chasse au pirate est plus que jamais à l'ordre du jour comme le témoigne les percutants procès aux USA, les annonces agressives de la RIAA et de la MPAA et les tentatives de légalisation de l'identification des pirates dans le but de les poursuivre au sein de l'Europe. Sans compter leurs agissements nettement moins légaux contre le piratage, tels que l'élaboration de divers traceurs et softs anti-partage permettant de tracer, contrôler, stopper les systèmes des pirates connectés aux réseaux p2p... Cette 'guerre' fait rage depuis 6 mois, mais les majors ont un atout et pas des moindre, leur poid sur l'économie et donc sur les politiques ! No comment...
Apple, en sauveur ?
En ces temps de tensions extrêmes entre consommateurs et majors, Apple apparaissait aux yeux de tous comme 'la' solution contre le piratage abusif et les prix exagérés des CD audio. Le Music Store permet d'écouter des extraits, de télécharger rapidement des morceaux ou des albums que l'on choisit, le tout à un prix défiant toute concurrence. Or tous ses prédécesseurs s'y sont cassés les dents et c'est sans grand espoirs que les maisons de disques ont signé les récents contrat avec Apple. Et pourtant, les résultats financiers actuels sont encourageants, avec en quelques semaine plus de 2 millions de téléchargements (payants) à partir du Music Store pour seulement moins de 3% des personnes possédant un ordinateur (les MacUsers) au niveau mondial. De quoi faire réfléchir les maisons de disques...et les auteurs qui pourraient bien rapidement se passer de ces derniers.
Un système de protection efficace ?
Afin d'obtenir des accords avec les majors du disque, Apple a dû mettre en place un système de protection complexe des fichiers téléchargés via le Music Store, appelé DRM. Ce système de gestions des droits numériques est basé sur un double identifiant : l' Apple ID, utilisé lors du paiement des fichiers sur le Music Store, et un id spécifique à chaque Mac dépendant de votre carte Ethernet. Ce 'traceur' est implémenté dans dans chaque fichier AAC et est automatiquement recensé et vérifié dans une base de donnée centrale permettant ou non la lecture du fichier. L'extension '.mp4p' ne veut donc rien dire d'autre que 'mp4 protected' ( protégé ) !
Quelle en est la conséquence ? Les fichiers téléchargés ne peuvent être copiés sur seulement 3 Mac différents . Apple détient donc une fiche détaillée de chaque personne utilisant les services du Music Store et une trace de chaque fichier téléchargé, imitant ainsi le modèle Passport de Microsoft ! Un sérieux coup pour la liberté individuelle, mais un procédé indispensable afin de s'accorder avec les Majors.
Seulement, voilà, tout système de protection a malheureusement ses failles. Il est facilement contournable via une gravure audio, ou tout bonnement une capture du flux sonore d'iTunes via Audio Hijack, puis une reconversion AAC (afin de perdre le moins possible de qualité sonore). Tout comme l'enregistrement via les sorties audio matérielles, Apple est et restera malheureusement incapable de l'empêcher, à moins d'envisager un système de protection matérielle à l'instar de Microsoft et son projet Palladium !
Risque de détournement du streaming...
Apple ne s'est certainement pas vanté non plus auprès des majors des risques de reconversion de son logiciel à des fins de partage. En effet, l'implémentation dans iTunes d'un module de streaming de ses musiques en réseau local, a ouvert une brèche grande ouverte aux pirates. Le module de partage permet de diffuser relativement facilement sur Internet ses musiques.
Eh oui, quoi de plus facile que de capturer un flux de streaming envoyé par un client ITunes, que vous réceptionnez ? Un logiciel dédié à cette tâche est apparu très rapidement : ITunesDL et un autre permet depuis quelque temps déjà de capturer le son : Audio Hijack. Mais n'allez pas croire que ces logiciels ont été créés dans ce but.
La fluidité d'une lecture en streaming, dépend et du débit de celle-ci (de 128, 192, 256 ou 320 la plupart du temps) et de l'optimisation du module de streaming. Le streaming iTunes via une connexion ADSL de 128kbps en upload (ADSL 1), connexion qui fournit en théorie pile le débit nécessaire à une lecture fluide à distance, n'est pas très optimisé, car on constate que la lecture est entrecoupée par de nombreuses mises en caches. Ce phénomène est d'autant plus fréquent qu'un nombre important de personnes lisent vos musiques en même temps. Ainsi à moins d'avoir une connexion ADSL 2 Pro à 256kbps en upload (minimum), il vous sera impossible de faire du streaming en de bonnes conditions. Toute l'utilité d'iTunesDL se révélait alors, mais cela permettait dans la foulée aux pirates de se doter d'un logiciel de téléchargement.
Moteurs de recherche dédiés
Apple avait trouvé bon de révéler les détails de son système de protection afin d'avertir les adeptes du partage, mais ce fût sans effet. En plus des nombreux trackers et sites web référançant les serveurs iTunes, des petits malins de chez SpyMac se sont récemment empressés de créer un moteur de recherche pour ses clients iTunes partageant leur musique. Comment est-ce possible ? Voici une réponse plus qu'explicite du Webmaster de SpyMac, David Benesch, mettant une fois de plus Apple en cause : «Cette fonctionnalité est présente dans iTunes (...) mais nous avons dû effectuer la dissection nous-mêmes » !
Conclusion
Bref, Apple nous a mis à disposition un outil à double tranchant puisque développeurs et bidouilleurs invétérés, adeptes du partage ont tôt fait d'exploiter les faiblesses du logiciel afin de servir leur cause, mettant ainsi Apple dans une situation délicate face aux majors. Apple nous a permis une telle utilisation, mais espérait peut-être une attitude plus raisonnable de notre part et ceci dans notre propre intérêt puisque le système Music Store-iTunes actuel pallie clairement à nos besoins musicaux. Gageons un rapide retour en arrière dès la prochaine mise à jour d'itunes, car dans le cas contraire les accords avec les majors risquent d'être rapidement remis en cause !