Des QR codes sur 32 000 abeilles, et si vous en scannez une...
Par Vincent Lautier - Publié le
Coller des QR codes sur des abeilles, vraiment ?
Bon, plus sérieusement, tout ceci n'est pas juste un délire de geek. L’équipe a utilisé des AprilTags, des versions miniatures des QR codes classiques, qu’ils ont fixées sur le thorax des jeunes abeilles avec une colle naturelle. L’intérêt ? Pouvoir les identifier individuellement et suivre leurs allées et venues sans avoir à les observer à la loupe toute la journée.
Pour récupérer les données, les chercheurs ont installé des caméras et des petits ordinateurs Raspberry Pi au-dessus des ruches. À chaque entrée ou sortie, le système enregistrait l’heure, la température et la durée du vol. Un moyen efficace de suivre des milliers d’abeilles en continu, ce qui serait impossible à l’œil nu.
Le butinage, plus bizarre qu’on ne le pensait
Les résultats ont révélé quelques surprises. La plupart des abeilles font des allers-retours ultra-rapides : moins de cinq minutes pour aller chercher du nectar et revenir. Elles sont clairement plus organisées et efficaces que moi quand je vais à Super U. Autre découverte, environ 34 % d’entre elles disparaissent pendant plus de deux heures. Pourquoi ? Mystère. Peut-être qu’elles partent explorer, ou qu’elles ne retrouvent tout simplement pas le chemin de la ruche.
Autre découverte : les abeilles vivent plus longtemps que prévu. On pensait qu’elles butinaient pendant quatre semaines, mais certaines restent actives pendant six semaines. Un détail qui pourrait changer notre compréhension du cycle de vie des abeilles.
Des implications pour l’apiculture bio
Cette étude pourrait aussi bouleverser les règles de l’apiculture biologique. Aujourd’hui, les normes supposent que les abeilles peuvent parcourir jusqu’à 10 km pour trouver leur nourriture, ce qui impose aux ruchers bio d’être très éloignés des zones traitées aux pesticides. Mais les données montrent que les abeilles restent souvent bien plus proches de leur ruche. Ces résultats pourraient donc pousser à revoir ces exigences, qui sont parfois compliquées à respecter pour les apiculteurs.
Les chercheurs comptent maintenant aller encore plus loin en combinant ces données avec l’analyse des fameuses danses frétillantes des abeilles, qui servent à indiquer les bons spots de nourriture à leurs congénères. Prochaine étape, les équiper d’un GPS ? Bon ça risque d’être un peu plus compliqué.