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Bruxelles s’attaque aux assistants personnels et aux appareils connectés

Par Laurence - Publié le

Après les magasins d’applications et la réforme fiscale hier, la Commission Européenne se penche aujourd’hui sur les assistants personnels et les produits domotiques.

Dans une déclaration officielle, Margrethe Vestager vient d’annoncer l’ouverture d’une nouvelle enquête, qui visera tout particulièrement Alexa, Siri, Google Assistant et plus largement tous les produits pour la maison connectée. Pour la responsable de l’antitrust européen, il s’agit d’empêcher les grandes entreprises de contrôler l'Internet des objets, en dominant le marché et en collectant des données personnelles.

Imaginez la situation : vous faites vos courses mais vous avez oublié votre liste. Avec votre smartphone, vous pouvez vérifier ce qu'il y a dans votre réfrigérateur et en refaire une sur place. Lorsque vous rentrez chez vous, vous déverrouillez la porte en disant un mot. Ensuite, vous déballez les achats, vous vous asseyez devant votre téléviseur et lui demandez de diffuser votre émission préférée. Votre tracker de fitness vérifie votre fréquence cardiaque et constate que vous êtes enfin détendu.

Ce type de technologie - l'Internet des objets grand public - faisait partie de la science-fiction pendant longtemps. Désormais, tout cela est bien réel. En d'autres termes, Internet fait de plus en plus partie intégrante des objets de notre quotidien.


Bruxelles s’attaque aux assistants personnels et aux appareils connectés


Margrethe Vestager en profite pour rappeler quelques données. En Europe, le nombre d'appareils intelligents était d'environ 108 millions à la fin de 2019 et devrait atteindre 184 millions d'appareils d'ici 2023. D'un point de vue économique, la valeur du segment de la domotique devrait presque doubler au cours des quatre prochaines années pour atteindre plus de 27 milliards d'euros.

Le potentiel de ces objets est incroyable. Mais nous ne verrons l’ensemble des avantages -prix bas, large choix, produits et services innovants- que si les marchés restent ouverts et compétitifs. Et le problème est que la concurrence sur ce segment peut être fragile. Lorsque les grandes entreprises abusent de leur pouvoir, elles peuvent très rapidement faire basculer les marchés, là où la concurrence devient monopole. Nous l'avons déjà vu par le passé. Si nous n'agissons pas à temps, il y a un risque sérieux que cela se reproduise, avec l'Internet des objets.

Et l'un des principaux problèmes réside au niveau des données. Les assistants vocaux et les appareils intelligents peuvent collecter une grande quantité de données sur nos habitudes. Et il y a un risque que les grandes entreprises abusent de ces éléments recueillis via de tels appareils, pour consolider leur position sur le marché face aux défis de la concurrence. Ils pourraient même utiliser leur connaissance de la façon dont nous accédons à d'autres services pour entrer sur ce même segment et en prendre le contrôle.


Bruxelles s’attaque aux assistants personnels et aux appareils connectés


Globalement, l'enquête devrait permettre d'identifier les éventuels problèmes, puis de prendre les mesures adéquates -étant précisé qu'il s'agit d'une démarche préventive. A ce jour, la Commission est en phase de recherche (de données) et a envoyé des questionnaires à 400 entreprises en Europe, en Asie et en Amérique qui vendent les produits concernés ou fournissent des services dédiés.

Les résultats des questionnaires seront également l'occasion de trouver des situations dans lesquelles des entreprises peuvent avoir enfreint les règles de concurrence et ainsi adapter les normes communautaires. Enfin, Siri‌ a été tout particulièrement mentionné dans la déclaration, Margarethe Vestager entendant poser à Apple quelques questions sur HomeKit !

Rappelons qu'en juillet 2019,The Guardian avait relancé la problématique de la confidentialité en s'attaquant à certaines pratiques indiscrètes de Siri. Citant une source anonyme à l'époque, le journal avait affirmé que des sous-traitants d'Apple récupéraient et analysaient des enregistrements des plus personnels -voire carrément intimes- récupérés par l'assistant pommé.

Depuis, Apple a suspendu ce programme, mais elle reste poursuivie pour enregistrement illégal et intentionnel de communications confidentielles de particuliers sans leur consentement -via Siri de fin 2011 à nos jours. Nul doute que la Commission aura énormément de points à aborder sur le sujet...

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