Alors que les constructeurs évoquent la batterie au million de miles, des questions restent en suspens : faut-il alors foncer tête baissée vers les VE ou bien prendre le temps de s’informer des nuances existantes entre les divers contrats, garanties et services après-vente en cas de défaillance d’une batterie électrique ?
Une batterie de Tesla Model Y
Il subsiste aujourd’hui un manque de confiance sur l’autonomie et la durée de vie des batteries de traction des véhicules électriques. Pourtant, lors de l’achat, tout acheteur ne se questionne pas sur la fin de vie de la batterie du véhicule électrique car cela reviendrait à s’interroger sur la fin de vie d’un moteur sur un véhicule thermique sauf que, l’investissement initial est plus élevé dans le cas de l’électrique. Ainsi, c’est parfois lorsque la batterie de traction commence à faiblir et que la période de validité de la garantie est dépassée, que surgit la question des solutions à envisager pour l’utilisateur.
La dégradation de la batterie finalement peu impactée par la charge rapide
D’après les études qui ont été menées sur les VE existants et les retours d’expérience de constructeurs, la chute d’autonomie est moins à craindre qu’une panne soudaine. Relativisons cependant : cette situation fatidique est rare. Mais, comme pour une panne majeure ou une catastrophe naturelle, la faible probabilité d'apparition est inversement proportionnelle aux coûts que cela pourrait engendrer.
Certains modèles assez récents ont été plus sujets que d’autres aux rappels de batteries, comme la Nissan Leaf, la Chevrolet Bolt EV (les premiers modèles de la génération 2017-2022) et la Hyundai Kona (génération 2019-2022). D’après une étude menée par la start-up Recurrent, le taux de rappels des batteries a diminué progressivement depuis 2011. Il s'élevait en 2011 à 7,5 % et serait aujourd’hui inférieur à 0,5 %. Néanmoins, ces taux sont à prendre avec précaution, même si la technologie est aujourd'hui plus fiable car nous avons évidemment moins de recul sur les modèles produits ces dernières années.
Finalement, le problème ne serait pas tant l’absence de solution mais le manque de connaissances des non-initiés sur les VE et sur les différentes possibilités face à la fin de vie d’une batterie électrique.
La garantie constructeur sur les batteries : entre 8 et 10 ans sous protection.
Tout d’abord, sachez qu’à l’achat ou la location (LOA) d’un véhicule électrique ou hybride, les constructeurs proposent une garantie constructeur sur la batterie, le plus souvent, de 8 à 10 ans ou 160 000 km, avec quelques variations en fonction des modèles. Par exemple, comptez 8 ans ou 100 000 km pour une Smart.
Malgré la garantie, que faire pour prévenir les problématiques pouvant apparaître sur les batteries électriques en fin de vie ?
Première option : la batterie est en location
Lorsque la batterie est en location par le propriétaire, indépendamment du véhicule, la remplacer ou la faire réparer n’est généralement pas problématique car la garantie inclut souvent une garantie illimitée pendant toute la durée de la location. Même lorsque la garantie constructeur est dépassée, le locataire sera garanti d’avoir une batterie fonctionnelle, tant qu’il ne décide pas de racheter la batterie.
En revanche, en cas de remplacement, en fonction du constructeur, la batterie est parfois remplacée par une batterie reconditionnée ou une batterie dite « neuve avec quelques kilomètres », tant que la batterie fonctionne et conserve plus de 70 % de sa capacité initiale.
La chute de l’autonomie survient rarement avant la fin de la période de garantie. Dans ces cas-là, la nécessité de changer de batterie résulte souvent d’un court-circuitage, d’un défaut de fabrication, d’un système de refroidissement défectueux entraînant une surchauffe de la batterie, ou encore d’un défaut logiciel lié au BMS (Battery Management System).
La batterie en location sur la Renault Zoé
Cependant, la location de batterie se fait de plus en plus rare sur les nouveaux modèles. Elle était courante sur des véhicules comme les Renault Kangoo ou Zoe, les Nissan Leaf, les Peugeot iOn et Citroën C-Zero, et les Smart Fortwo Electric Drive, mais cette pratique commerciale a été progressivement abandonnée au profit des batteries incluses.
Attention à ne pas confondre location de la batterie et Location avec Option d’Achat (LOA). De nombreux constructeurs proposent de prendre un véhicule en LOA mais ceci ne garantie pas que la batterie sera couverte après l’extinction de la garantie constructeur. Ce sera le cas si le loueur propose une garantie étendue couvrant les réparations majeures, y compris la batterie de traction.
Deuxième option : le propriétaire possède la batterie qui est toujours sous garantie
Dès l’achat du véhicule ou plus tard, après une période de location de la batterie, le propriétaire peut acheter la batterie.
Dans ce cas, la batterie de traction est couverte par la garantie constructeur, valable généralement de 8 à 10 ans ou 160 000 km, selon le constructeur.
Le constructeur est alors tenu de remplacer ou de réparer la batterie. Cependant, il n'est pas obligé de la remplacer par une neuve, et peut proposer des solutions alternatives (batterie reconditionnée, batterie faiblement utilisée), à condition que la batterie fonctionne et conserve plus de 70 % de sa capacité initiale. Les constructeurs appliquent des politiques variées : Volkswagen et Tesla remplaceraient systématiquement la batterie dans son intégralité, Audi procéderait par remplacement de rack, tandis que d'autres comme Renault favoriseraient la réparation des cellules endommagées autant que possible.
Pour information, un pack de batterie est aussi appelé « rack de cellules ». Celui-ci est constitué des systèmes de gestion de la batterie (BMS), de la protection contre la surchauffe, parfois des systèmes de refroidissement, et surtout, des différents modules. Ces modules sont eux-mêmes constitués de plusieurs cellules groupées ensemble, qui sont, les unités de base de la batterie.
Petit point sur l’upgrade : cela consiste à remplacer une batterie par une version plus récente et de meilleure capacité. BMW l’avait proposé sur son modèle i3, Renault sur sa Zoe et Nissan sur la Leaf, moyennant un coût supplémentaire pour l'acheteur. Tous ont aujourd'hui cessé de proposer des upgrades pour des raisons stratégiques, techniques et/ou financières.
Troisième option : la batterie a été achetée par le propriétaire et n’est plus couverte par la garantie
Lorsque la batterie n’est plus sous garantie, le constructeur n’est alors plus tenu de réparer ou de remplacer gratuitement la batterie, ni d'assurer la fabrication de modèles compatibles ou de respecter certains délais. Les propriétaires ne sont donc pas assurés de bénéficier du service après-vente de leur constructeur, ni de la fourniture d’un véhicule de prêt, même moyennant facturation, selon l'expérience d'un Youtubeur sur une Tesla Model 3. Certains commerciaux de Mini affirment que, si l’entretien du véhicule a toujours été effectué chez Mini, une prise en charge de la réparation pourrait être possible, même après l’expiration de la garantie.
Une batterie de Tesla Model S hors garantie
En Europe, la législation impose aux constructeurs automobiles de fournir des pièces détachées pour les véhicules pendant au moins 10 ans après la date de fabrication du dernier véhicule. Même si un certain nombre de constructeurs équipent leurs véhicules de batteries d’origine asiatique, ils doivent prévoir des solutions, en passant par d'autres fournisseurs, en stockant ou en proposant des solutions de réparation. Cependant, cette législation ne garantie aucun délai pour obtenir les pièces nécessaires. Par exemple, bien que Tesla respecte la législation européenne, certaines plaintes de consommateurs suggèrent qu'il y a des délais significatifs pour obtenir certaines pièces, allongeant les temps d'immobilisation des véhicules.
En cas de défaillance...
En cas de défaillance, aussi rare soit-elle, plusieurs options s'offrent à l’acheteur :
• Demander au constructeur la réparation ou la remise en état : après un diagnostic du véhicule, le constructeur peut proposer une remise en état de la batterie via un centre agréé, souvent détenu et géré par un partenaire. • Passer par un garage indépendant, comme le garage Revolte, qui peut réparer les batteries sous certaines conditions. • Acheter une nouvelle batterie auprès du constructeur, si cela est possible. • Faire reprendre son véhicule, ce qui implique de racheter un véhicule de la même enseigne.
Les constructeurs ne donnent cependant pas toujours de réponse claire sur le recyclage et la seconde vie des véhicules.
Pour résumer
Il est important que les consommateurs aient une meilleure connaissance de ces différentes options avant d’acheter un VE afin de s’assurer au mieux. Le secteur des VE et de l’automobile en général reste imprévisible mais des solutions devraient se généraliser avec la création de centres de réparation et de recyclage, l’apparition de nouvelles technologies de batteries et les politiques européennes contraignantes pour les constructeurs en matière de durabilité. Le discours qui nous a été tenu par un grand nombre de commerciaux (Mini, Groupe Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat), Audi) est de privilégier la LOA à l’achat d’un véhicule électrique, justement, du fait que ce secteur soit en transition et que les technologies évoluent rapidement.
Il faut retenir que tous les VE sont tous protégés par la garantie constructeur (d’une durée de 8 à 10 ans en général) et par la législation européenne imposant aux constructeurs de fournir des pièces détachées pour les véhicules pendant au moins 10 ans après la date de fabrication du véhicule. Face à la fin de vie des batteries, la solution la plus simple était de louer la batterie mais cette option n’est plus que rarement proposée par les constructeurs. Les détenteurs d’un véhicule en LOA pourront s’appuyer sur de possibles extensions de garantie si elles sont prévues au contrat. Et, finalement, lorsque les garanties sont dépassées, propriétaires et locataires devront faire face aux doutes qui subsistent sur les solutions à envisager car la réparabilité, la disponibilité et les délais d’accès aux pièces ne sont alors plus garantis.
Ces différentes options entraînent des coûts variés pour l’acheteur. Nous détaillerons ces options, les délais et les coûts inhérents dans un prochain article.
