LinkedIn assigné en justice par la presse française
Par Vincent Lautier - Publié le
Des articles de presse utilisés sans compensation
Depuis 2019, la loi impose aux géants du numérique de rémunérer les médias lorsqu’ils reprennent leurs articles. Mais selon l’APIG, LinkedIn s’affranchit de cette règle. La plateforme ne négocie aucun accord, contrairement à Google ou Meta, et continue d’exploiter des contenus de presse sans aucune autorisation, et bien sûr aucune rémunération.
Le problème, c’est que LinkedIn ne se contente pas d’héberger des liens partagés par ses utilisateurs. Des articles entiers se retrouvent publiés directement sur la plateforme, souvent mis en avant dans la section
Actualité. Une visibilité qui peut sembler avantageuse pour les médias, sauf que, sans compensation financière, les éditeurs considèrent qu’ils n’y trouvent pas leur compte.
Une affaire qui traîne depuis des mois
Ce n’est pas la première fois que la presse tente de faire plier LinkedIn. Le Figaro avait déjà lancé une procédure en octobre 2024. L’APIG, qui représente une cinquantaine de titres, a décidé de passer à l’étape suivante en assignant officiellement LinkedIn en justice.
Autre point de tension : la plateforme refuse de transmettre les données d’utilisation des articles publiés. Impossible donc pour la presse d’évaluer précisément combien de fois ses contenus sont vus et partagés, et donc de négocier une rémunération équitable. Un manque de transparence qui rappelle celui de Microsoft, maison mère de LinkedIn, elle aussi poursuivie en justice en novembre dernier pour des pratiques identiques.
Google joue le jeu, Meta recule
Toutes les plateformes ne sont pas logées à la même enseigne. Google a récemment renouvelé son accord avec l’APIG, signé en 2022 et couvrant plus de 300 titres de presse. Mais du côté de Meta (Facebook, Instagram), la situation se complique. L’entreprise a mis fin à Facebook News et affirme que les articles de presse sont désormais moins mis en avant par ses algorithmes, ce qui réduit de fait la base sur laquelle les accords étaient négociés.
Cette affaire ne concerne pas seulement LinkedIn. Derrière ce bras de fer, c’est une question plus large qui se pose : comment la presse peut-elle être rémunérée à l’ère des plateformes et de l’intelligence artificielle ? Certains médias ont déjà gagné des batailles contre Google, qui a écopé d’une amende de 250 millions d’euros pour non-respect des droits voisins. LinkedIn pourrait être le prochain sur la liste.