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“Tu m’étonnes que c’était cordial” : Xavier Niel met une balayette au directeur général de Bouygues

Par Vincent Lautier - Publié le

Xavier Niel, le boss de Free, n’a jamais été du genre à mâcher ses mots. Sur son compte X, il a encore frappé avec une vanne bien sentie. Cette fois, la cible, c’est Bouygues Telecom, ou plutôt son directeur général. Dans une interview vidéo qu’il partage, ce dernier explique qu’avant l’arrivée de Free sur le marché, les relations entre les opérateurs étaient cordiales. Un mot qui, sorti de ce contexte, fait doucement sourire quand on se souvient des ententes bien trop cordiales qui avaient valu à SFR, Bouygues et Orange une condamnation plus que retentissante en 2005. Et évidemment, Niel n’a pas pu s’empêcher de commenter, avec toute son ironie habituelle : Tu m’étonnes que c’était cordial.

“Tu m’étonnes que c’était cordial” : Xavier Niel met une balayette au directeur général de Bouygues


L’affaire des ententes entre opérateurs



Pour comprendre pourquoi cette phrase tape là où ça fait mal, il faut revenir 20 ans en arrière. En 2005, l’Autorité de la concurrence avait mis au jour un véritable cartel entre les trois opérateurs historiques : Orange, SFR et Bouygues Telecom. Entre 2000 et 2002, ils s’échangeaient des informations confidentielles sur leurs parts de marché, leurs chiffres de recrutement et, plus gênant encore, ils s’étaient entendus pour limiter la concurrence. En gros, tout était fait pour que chacun garde sa petite part du gâteau, sans trop marcher sur les plates-bandes des autres. Le tout au détriment des consommateurs, bien sûr, qui devaient se contenter de forfaits coûteux et d’un choix limité.



Résultat ? Une amende record de 534 millions d’euros. Orange avait écopé de 256 millions d’euros, SFR de 220 millions, et Bouygues Telecom de 58 millions. Une sanction salée, mais qui n’avait pas suffi à effacer l’image d’un marché verrouillé par ces trois géants. Et c’est justement ce système bien huilé que Xavier Niel a fait exploser en débarquant avec Free Mobile en 2012.

2012 : l’arrivée de Free change tout



Si aujourd’hui vous avez un forfait mobile à 10 ou 20 euros, vous pouvez dire merci à Free. Avant son arrivée, les prix étaient bien plus élevés, et les abonnements s’accompagnaient souvent d’engagements longue durée, et c’était vraiment infernal. Quand Xavier Niel lance Free Mobile, c’est un tremblement de terre dans le secteur. Avec des forfaits sans engagement à des tarifs jamais vus, Free pousse ses concurrents à revoir complètement leurs stratégies.



Les relations cordiales dont parlait le DG de Bouygues ? Elles volent en éclats. Les trois opérateurs historiques, qui avaient si bien cohabité jusqu’alors, se retrouvent à devoir se battre pour ne pas perdre leurs abonnés face aux prix cassés de Free. Et autant dire qu’ils ne se sont pas gênés pour critiquer leur nouvel adversaire. On l’accuse de tirer les prix vers le bas, de fragiliser le secteur… Mais au final, c’est bien le consommateur qui a été le grand gagnant de cette bataille, avec des prix qui n’ont jamais été aussi bas.

“Tu m’étonnes que c’était cordial” : Xavier Niel met une balayette au directeur général de Bouygues


Tu m’étonnes que c’était cordial



En postant cette vidéo, Xavier Niel fait plus que rappeler un souvenir gênant à ses concurrents. Il renforce une image qui lui colle à la peau depuis le début : celle du trublion du secteur télécom, le seul capable de bousculer les anciens dinosaures. Son commentaire, Tu m’étonnes que c’était cordial, n’a rien d’innocent. C’est un rappel des pratiques passées des opérateurs historiques et, par la même occasion, une façon de rappeler que Free est toujours là pour faire bouger les choses.

Un rappel toujours d’actualité



Au-delà de l’anecdote, cette affaire d’entente montre à quel point le secteur des télécoms a évolué en deux décennies. Les sanctions de 2005 et l’arrivée de Free ont permis d’assainir un marché qui, à l’époque, était clairement tourné vers les intérêts des opérateurs, pas des utilisateurs. Aujourd’hui, la concurrence est plus vive, et les consommateurs ont le choix entre une multitude d’offres, souvent bien plus avantageuses.

“Tu m’étonnes que c’était cordial” : Xavier Niel met une balayette au directeur général de Bouygues


Et Niel dans tout ça ?



Xavier Niel reste fidèle à lui-même : provocateur, visionnaire et probablement très agaçant pour ses concurrents. Avec ce genre de sortie sur X, il s’assure de rester dans la conversation publique, et de rappeler encore et toujours que Free est là pour jouer les trouble-fêtes. Dans tous les cas, cette publication n’envoie pas un message très subtil à Orange, SFR et Bouygues. Free n’oublie rien, surtout pas leurs erreurs du passé.

Xavier Niel, montre encore une fois qu’il maîtrise parfaitement l’art du troll… tout en relançant le débat sur les pratiques du marché. Bien joué.