Xavier Niel, fondateur de Free, a reconnu lors d’un entretien sur France Culture, que le Player Devialet, lancé avec la Freebox Delta en 2018, était un important faux pas stratégique. Si l’intention de départ était d’impressionner avec une offre haut de gamme, son prix a vite refroidi la majorité des utilisateurs. Une stratégie mal calibrée qui a eu des conséquences.
Une vision ambitieuse… mais trop coûteuse
En 2018, Free mise gros sur la Freebox Delta. Entre une connexion ultra-rapide (8 Gbit/s), des services inclus comme Netflix et Amazon Prime, un système domotique intégré, et surtout le Player Devialet, l’offre veut incarner le summum de la technologie. Conçu avec la marque audio française Devialet, le Player promet un son exceptionnel et des fonctions connectées. Mais pour en profiter, il faut débourser 480 €, en plus de l’abonnement à 49,99 €/mois. Plusieurs options de paiement sont proposées, mais la note reste salée, et ça coince.
Cette stratégie, clairement axée premium, tranche avec l’ADN de Free, connu pour ses offres accessibles. Résultat : la Freebox Delta attire surtout des CSP+, mais perd une grande partie de la clientèle habituelle de l’opérateur, plus modeste.
« On s’est un peu embourgeoisé »
Xavier Niel ne mâche pas ses mots : On s’embourgeoise. On pense que tout le monde peut payer 500 euros. Mais la réalité, c’est que beaucoup galèrent pour quelques euros.Une auto-critique qui montre un décalage entre la vision ambitieuse de Free et les attentes de ses utilisateurs à cette époque-là. En visant trop haut, l’opérateur s’est éloigné de son objectif principal : démocratiser l’accès à la technologie.
Retour aux fondamentaux
Face à cet accueil plus que mitigé, Free ajuste rapidement le tir. En 2020, la version Delta Pop débarque avec un Player Pop plus simple et abordable. Succès immédiat. Le Player Devialet, lui, connaît une tentative de relance en location (6,99 euros, puis 9,99 euros par mois), mais sans succès. En 2024, Free retire définitivement la Freebox Delta de son catalogue, remplacée par la Freebox Ultra, plus en phase avec le marché.
Free semble avoir retenu la leçon avec cette Freebox Ultra, et surtout une stratégie plus réaliste, l’opérateur revient à ce qu’il fait de mieux : proposer des innovations accessibles. Et avouons-le, entendre un dirigeant comme Xavier Niel reconnaître ses erreurs, ça n’est pas déplaisant, surtout dans un pays comme la France où on a encore du mal à admettre nos erreurs. Comme quoi tout le monde peut se tromper.
