Test de l'iMac Pro 10 coeurs/Vega 64 (en vidéo) vs 8 coeurs vs Hackintosh (Vega64/i7 7700K)
Par Didier Pulicani - Publié le
Avec 2000€ d'écart avec l'entrée de gamme, cette machine nous paraissait initialement un bon compromis de puissance, sans trop casser sa tirelire -toutes proportions gardées. Mais est-ce réellement le cas ? Pour appuyer notre test, nous avons rajouté à ce comparatif notre valeureux hackintosh monté cet été, qui contient le même CPU que l'iMac 5k haut-de-gamme, mais aussi la Radeon Vega 64 du commerce (564€) -reconnue nativement sous High Sierra.
Comme pour la version à 8 coeurs, je vous propose une (belle) vidéo rassemblants benchs, démos et impressions sur cette machine, qui -vous le verrez- cache quelques surprises.
CPU : seulement +10% mais un bon Turbo
Sur l'iMac Pro, Intel utilise des Xeon standards, mais légèrement bridés, dérivés des puces W-2145, W-2155, W-2175 et W-2195, qui se retrouvent donc sous-cadencées. On ne connait pas le TDP officiel (car Intel ne les référence pas), mais il y a fort à parier qu'il ait été largement revu à la baisse pour satisfaire les contraintes thermiques de la machine. Sur l'entrée de gamme, on
perdquand-même 500Mhz de base et 300Mhz sur le Turbo, alors que les modèles plus haut-de-gamme sont moins touchés.
En passant de 8 à dix coeurs et avec des fréquences assez voisines, le gain entre nos deux iMac était forcément limité, d'à peine 5 à 10% en moyenne. On retrouve ces chiffres sur la plupart des logiciels de benchs :
Dans les applications, la différence est également similaire, comme dans Final Cut Pro, Resolve, ou encore ici sous Logic Pro où l'on passe de 150 à plus de 170 pistes (24bit, 96khz) en lecture simultanée (contre seulement 60 sur un MacBook Pro 15" haut-de-gamme).
Si le gain entre 8 et 10 coeurs est limité, cette puce plus puissante est en revanche assez intéressante pour les applications moins à l'aise en multi-coeur. En effet, le Turbo est plus élevé (4.5Ghz contre 4.2Ghz), ce qui permet d'obtenir de meilleurs résultats sur certains traitements mono-tâche.
A l'arrivée, le gap entre 8 et 10 coeurs parait donc assez modeste, mais raccord avec la différence de prix. Si vos programmes ont besoin de beaucoup de CPU (comme dans FCP, Logic, etc.) mais que votre budget est limité, il peut s'agir d'un bon compromis par rapport aux coûteux 14 et 18 coeurs et à un modèle d'entrée de gamme qui sera rapidement talonné par les iMac 5k.
GPU : une Vega 64 puissante, mais castrée
Avant d'avoir eu la machine entre les mains, j'avais tendance à recommander le choix de la Radeon Pro Vega 64 (16Go) à tous les futurs clients de l'iMac Pro, malgré le supplément important (720€). Il faut dire que dans les tests
PC, la Vega 64 vient taquiner la GeForce 1080 et j'espérais retrouver enfin de telles performances sur un Mac "officiel".
Mais dans notre iMac Pro, malgré sa terminologie, la Radeon
ProVega 64 est pourtant beaucoup moins performante que les modèles standards du marché ! Certes, elle propose 16Go de VRAM (contre 8 la plupart du temps), mais ses performances brutes sont en net retrait (vous allez le voir) par rapport à sa cousine. Les raisons ? Une fréquence ralentie de 20% environ, avec 1350Mhz sur l'iMac contre 1630Mhz dans le commerce. A titre de comparaison, la Vega 56 passe à 1,25Ghz, contre 1,4Ghz dans le commerce, la perte n'est donc
quede 10%.
Dès lors -et c'est une demi-surprise-, la différence entre la Vega 56 et la Vega 64 est assez faible, d'à peine 5 à 10% !
Dans tous les jeux testés, les performances sont vraiment très voisines :
Attention, nous avons quand-même ici des puces délivrant une belle puissance de calcul et permettant pour la première fois -excusez du peu- de faire tourner de la 3D en temps réel en 4k à 70FPS, une première sur un Mac
officiel!
A noter que l'on retrouve un écart à peine plus important sur PC entre Vega 56/64 (mais plutôt entre 10 et 15% environ) ; ce qui déçoit ici, c'est surtout le fossé qui se creuse nettement avec la Vega 64 que nous avons installée dans notre hackintosh (sous High Sierra) :
Sous Windows, la différence reste importante en OpenGL (avec Tomb Raider par exemple) mais tend à l'équilibre -c'est notable- si le titre est optimité pour Metal 2 :
On retrouve ces chiffres en OpenCL, avec une Vega 64 du commerce qui fait presque aussi bien qu'une 1080Ti (sur Mac), là où la Vega Pro 64 de l'iMac se rapproche plutôt de la Vega56, un comble :
Une fois encore, il est nécessaire de rappeler que ce modèle offre tout de même des caractéristiques assez haut-de-gamme à l'heure où nous écrivons ces lignes : une bande passante de 400 Go/s, 16Go de mémoire HBM ou encore une puissance de calcul de 22 téraflops. Evidemment, on pourrait comparer cette carte à la Titan V d'Nvidia, qui propose 110 teraflops, 12Go de RAM HBM2, 21 milliards de transistors, 5120 coeurs CUDA, 320 unités de texture... pour un TDP de 250W, soit autant que notre Vega 64 ! A 3000€ pièce, elle n'aurait pas été
sichère dans un iMac Pro, mais Apple boude Nvidia depuis plusieurs années déjà.
A l'arrivée, comment ne pas être un peu déçu par cette puce visiblement très (trop ?) castrée par Apple, et qui se classe donc en dessous de deux cartes du commerce, pourtant disponibles et officiellement compatibles Mac (on peut les intégrer dans un Mac Pro Tour ou en eGPU). Seuls les professionnels avides de VRAM y trouveront leur compte (c'est très utile dans certaines applications où l'on a besoin de charger de grandes quantités de textures d'un coup).
A noter que notre Vega 64 a refusé d'être reconnue en eGPU sur l'iMac Pro alors qu'elle fonctionne parfaitement avec un MacBook Pro 15".
On arrive peut-être là aux limites du form-factor de l'iMac, un facteur aggravé par un rapport consommation/performances médiocre chez AMD sur la série Vega par rapport à son concurrent Nvidia. La prochaine génération de GeForce risque d'ailleurs de faire très mal aux Radeon actuelles...
Consommation et bruit : le silence est d'or (Oui, mais...)
Sur l'iMac Pro à 8 coeurs, je vous avais dit avoir trouvé la machine extrêmement silencieuse, même lorsqu'elle était très sollicitée.
C'est toujours le cas sur la version à 10 coeurs/Vega 64, mais après plusieurs semaines de test, je mettrais quand-même un léger bémol (qui s'applique sur les deux configurations) : si vous utilisez des apps qui sollicitent le CPU ET le GPU assez longtemps à et 100% de leurs capacités (ce n'est pas si courant, mais ça arrive), alors là, oui, la machine devient parfois (assez) bruyante, avec une belle soufflerie à l'arrière. Je vous laisserai regarder la vidéo pour apprécier la perturbation sonore, qui reste acceptable dans un bureau, un peu moins dans un studio d'enregistrement.
Côté consommation, alors que j'avais du mal à dépasser les 300W sur le modèle 8C/Vega56, je suis ici plutôt à 300W en utilisation
standard(avec des logiciels professionnels), mais il est possible de monter à presque 500W en crête, soit les limites de l'alimentation !
Il faut dire que sur le papier, le CPU a un TDP de 140W (environ) et la Vega 64 peut grimper à plus de 300W (sur PC du moins, nous ne pouvons pas le mesurer sur l'iMac), ce qui arrive rapidement aux limites du bloc. Dans notre cas, jamais la machine s'est arrêtée, mais de voir la puissance approcher les valeurs maximales fait toujours un peu froid dans le dos.
Hackintosh, une alternative encore théorique
Pour les besoins de ce comparatif, j'ai dû mettre à jour mon hackintosh monté cet été (lire le dossier) et le passer sous High Sierra. Il a fallu installer toutes les dernières versions (OS, apps, jeux) pour lancer tous les programmes de tests. On a également intégré une carte Vega 64 et passé le système en APFS, pour être le plus proche possible de l'iMac Pro. Cette installation n'était pas aussi simple qu'espéré, et nous a demandé pas mal de boulot.
Comme vous l'avez vu, certains tests lui donnent l'avantage (en OpenGL/OpenCL notamment) et font parfois hésiter à basculer sur un iMac Pro ou sur un iMac 5k tout court. Si sous Sierra, j'arrivais à obtenir une machine plutôt stable, cette nouvelle configuration reste encore trop bancale. La migration n'a pas été simple et le système présente encore des bugs gênants pour travailler (on y reviendra).
Bref, le hackintosh reste une alternative intéressante à ceux qui veulent une petite tour pas trop chère, une sorte d'iMac 5k évolutif, mais il nécessite encore pas mal de bidouilles et de temps. En environnement de production, pas sûr que le gain financier compense le temps passé et les éventuels problèmes d'entrées/sorties, de pilotes et de mise à jour. L'intégrer à ce comparatif était surtout intéressant sur le plan des performances, sans tenir comptes de la stabilité et de l'entretien du système. (Avec un peu de chance, d'ici 3 ou 6 mois, peut-être que les choses auront changé, et que la machine sera plus stable)
Bilan : un fair-valoir pour l'entrée de gamme ?
Alors, que penser de cette configuration à 10 coeurs ? Est-ce LA bonne alternative pour un budget à moins de 10 000€ ?
Soyons clair, il n'existe jamais de configuration idéale, chaque utilisation étant très différente, surtout dans un monde de professionnels où se côtoient des graphistes, des monteurs, des spécialistes de la 3D, du son ou même des architectes par exemple.
Comme vous l'avez vu dans la vidéo, je n'ai pas trouvé que le surplus financier (presque 2000€) offrait une réelle plus-value sur cette machine, qui ne gagne que 10% sur le CPU et 10% sur le GPU. Les résultats obtenus se jouent dans un mouchoir de poche, (alors que la consommation moyenne a nettement augmenté).
Si vous avez de gros besoins CPU (comme dans FCP, Logic ou Resolve), et que vous avez ~7000€ de budget, n'est-il pas plus intéressant de tout mettre dans le processeur ? Vous pourrez alors bénéficier de 14 coeurs, soit un vrai bond par rapport à l'entrée de gamme.
A l'inverse, si vos besoins sont équilibrés et votre budget limité, finalement, l'iMac Pro de base reste une configuration tout à fait intéressante pour un prix légèrement au dessus d'un iMac 5k toutes option. Au bureau, mes collègues graphistes ont trouvé le rapport prix/performance assez intéressant pour leurs activités, eux qui n'ont pas non plus besoin d'un très gros GPU ou de 20 coeurs pour traiter leurs volumineux PSD, mais qui craignent que l'iMac 5k actuel soit rapidement largué.
Cette version à 10 coeurs garde tout de même un léger avantage en mono-tâche et la Vega 64 répond bien à certains usages très consommateurs de mémoire vidéo. A 7100€, elle se positionne donc comme une station de travail équilibrée, qui ne devrait pas se faire rattraper trop vite par les iMac
grand public. Evidemment, mes conclusions sur l'obsolescence rapide de cette machine ultra-fermée n'ont pas changé, même si potentiellement, le CPU et les SSD restent évolutifs (mais pas le GPU), à condition de trouver les pièces.
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