Opinion : les "gamers" pourront-il sauver le Thunderbolt ?
Par Didier Pulicani - Publié le
L'adoption de périphériques à cette norme reste marginale, cantonnée à quelques châssis externes hors de prix pour professionnels exigeants. Apple est même le seul constructeur (à notre connaissance) à proposer un écran complet muni d'une telle prise ! Et que dire des PC -y compris haut-de-gamme- où il est bien rare de voir une carte-mère à moins de 200€ proposer un ou 2 ports Thunderbolt. Quelques uns s'y sont bien essayés, mais les modèles compatibles dans le monde Windows se comptent sur les doigts d'une (seule) main...
Les causes de cet échec sont multiples, mais le principale responsable se nomme USB 3. Pour la plupart des périphériques -y compris les SSD-, le débit de 5Gbps est largement suffisant et le passage à 10Gbps de l'USB 3.1 n'arrange rien. D'autres éléments expliquent également l'errance du Thunderbolt, comme les tarifs et l'encombrement des câbles, les royalties nécessaires pour les fabriquer, la nécessité d'y ajouter des contrôleurs actifs à chaque extrémité, les contrôleurs tiers sur la carte-mère...
En 2016, le Thunderbolt pourrait toutefois sortir de l'ombre. Intel ayant réussi un joli coup en mixant son bébé avec le connecteur USB C, ce qui permet d'utiliser la même prise physique pour l'USB et le Thunderbolt. Mais il est encore un peu tôt pour savoir si les constructeurs de carte-mère vont vraiment en profiter. En effet, pour prendre en charge la connectique, il faut encore rajouter le contrôleur Alpine Ridge d'Intel, ce que ne font pas encore les Asus et autres MSI, qui préfèrent le plus souvent s'orienter vers d'autres modèle moins chers...et moins performants. Même chez Gigabyte, qui a adopté massivement l'Alpine Ridge, le Thunderbolt 3 n'est souvent pas actif !
Mais hier, la petite annonce de Razer a créé un buzz sans précédent chez les geeks et les gamers. Il faut dire que beaucoup hésitent souvent à choisir entre un portable et un PC fixe, s'orientant parfois vers ces gros
trans-portablesde 3Kg qui embarquent une vraie soufflerie pour refroidir leur gros GPU. Et si le salut du Thunderbolt venait des joueurs ? Aujourd'hui, un portable muni d'un Core i7 quadri-coeur n'a pas à rougir face à une machine de bureau équivalente et seule la carte graphique fait réellement la différence. Reste tout même un contrainte de taille : quel sera le prix de ces petits boitiers qui incluent toute la connectique PCIe, ainsi qu'une grosse alimentation (500W pour le modèle de Razer) ? Chez Sonnet, il faut compter au moins 500€ pour un tel engin, soit le prix d'une GeForce 980... ou d'une tour PC déjà bien complète. Il faudra ensuite rajouter le prix du GPU, comptez entre 300 et 500€ pour que l'opération soit rentable. A l'arrivée, c'est un chèque de 1000€ qu'il faudra signer... pour un simple GPU externe.
Reste enfin le marché professionnel, celui des vidéastes, de la 3D, de l'architecture ou de la photo, qui donneraient parfois très cher pour accoler un GPU performant à leur MacBook Pro. Dans Final Cut Pro, on peut pratiquement diviser par deux certains temps de calcul entre un GPU mobile et son équivalent Desktop. La différence est encore plus grande dès que l'on se frotte aux rendus 3D en temps réel, évidemment. Mais cela sera-t-il suffisant pour créer une véritable impulsion autour du Thunderbolt ? Pas si sûr. Nous sommes en tout cas très curieux de voir de quelle manière Apple va s'engager dans cette voie sur ses nouvelles machines de 2016, nous ne serions d'ailleurs pas surpris qu'elle s'entête à ne prendre aucun risque de ce genre pour l'instant.