Et si l'on imaginait le MacBook Pro Retina 15" de 2016 ?
Par Didier Pulicani - Publié le
Jony Ive a sûrement réfléchi à un moyen de rendre ce portable aussi fin que le MacBook Retina, et l'on craint déjà une nouvelle série de compromis. Les professionnels ont encore besoin d'un gros CPU ventilé, d'un GPU tiers et d'une bonne batterie. Mais pour convaincre un client averti de dépenser plus de 2500€, il faut surtout qu'Apple lui déploie son lot d'innovations, et ne se contente pas seulement de faire évoluer le CPU/GPU ou de gonfler les performances du SSD comme ce fut le cas jusque là.
Voici donc notre liste de doléances pour la prochaine itération (dont beaucoup espèrent qu'elle interviendra début 2016) et je vous invite évidemment à venir nous exposer les vôtres dans les réactions !
Look : le gris, c'est fini ?
La robe du MacBook Pro Retina n'est pas encore totalement passée de mode, mais il serait peut-être temps d'en finir avec ce gris-métal qui court depuis les premiers MacBook Pro CoreDuo. Si elle ne veut pas prendre de risque (c'est le mot d'ordre en ce moment à Cupertino), Apple va sans doute devoir décliner la coque avec les coloris des MacBook Retina, disponibles en argent, gris sidéral et le très réussi modèle doré.
Et si Jony Ive en profitait plutôt pour différencier à nouveau sa gamme professionnelle, en reprenant la robe noire et nacrée du Mac Pro par exemple ?
La question de la finesse est en revanche plus inquiétante. Dans n'importe quel Mac portable, la batterie occupe désormais l'essentiel du volume intérieur de la coque. La marge de manoeuvre d'Apple ne se limite donc plus qu'à la carte-mère, déjà bien serrée au milieu d'un système de refroidissement sous-dimensionné, et qui s'encrasse très rapidement (on l'a vu ensemble). Même si Skylake devrait réduire un peu l'empreinte énergétique, le gap reste faible, insuffisant pour avoir une incidence sur le nombre de Watts dissipés. Même chose pour le GPU, les cartes mobiles consomment grosso-modo la même puissance, à moins qu'Apple se contente de la puce Intel, comme sur le 13". Mais sur le plan marketing, ce serait compliqué à justifier.
La Pomme peut en revanche gagner un peu d'épaisseur sur l'écran et le clavier, en reprenant les touches
papillondu MacBook Retina. D'autre part, l'intégration du trackpad
haptiquedevrait aussi permettre de récupérer quelques millimètres (Il est déjà présent sur la gamme actuelle, mais Apple a conservé la même architecture interne)
Un écran 4k ?
En 2012, les écrans en 2560 x 1600 étaient encore rares sur PC, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Les dalles montent désormais jusqu'en 4k (3 840 × 2 160), ce qui semble être un minimum pour notre MacBook Pro. On aimerait par exemple avoir du
vrairetina avec une résolution en
pointsde 1920x1200 (soit 3840 x 2400), ce qui correspond à peu près à la 4k UHD.
Apple pourrait également utiliser une dalle OLED avec un spectre de couleur élargi, comme sur les iMac 5k. Après tout, une machine labellisée
prone doit-elle pas proposer ce qui se fait de mieux en terme de qualité d'image ?
Enfin, certains regrettent encore les modèles de 17", qui permettaient de réellement travailler sur de gros PSD ou d'utiliser des logiciels professionnels sans se casser les yeux. Pas sûr que Cupertino revienne là dessus, mais il se murmurait à l'époque que ce modèle avait surtout été abandonné faute de dalle Retina adaptée, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.
Un CPU Skylake, mais quelle solution graphique ?
L'époque où l'on gagnait presque 30% de performances CPU chaque année est révolue, les ordinateurs ont même plutôt tendance à faire du surplace depuis 4/5 ans, avec à peine 5 à 10% d'augmentation annuelle. Skylake ne devrait pas trancher avec ses prédécesseurs, la seule inconnue concerne aujourd'hui la disponibilité des puces. Intel semble avoir du mal à produire cette nouvelle architecture gravée en 14nm et le fondeur n'a toujours pas dévoilé sa liste de processeurs compatibles avec le MacBook Pro Retina 15". Il s'agira cependant toujours de puces quad-core munies d'un GPU intégré et cadencées entre 2 et 3Ghz en fréquence nominale.
Mariée avec AMD depuis deux bonnes années, on aimerait surtout qu'Apple revienne faire la cour à NVidia, bien plus efficace sur la consommation électrique, surtout sur les puces mobiles. Il n'y a d'ailleurs qu'Apple qui est assez folle pour équiper ses portables de GPU AMD à l'heure actuelle ! La série 9XX d'NVidia fait des merveilles et certains rêveraient d'avoir accès à une 980M en option (même si le GPU chauffe sans doute un peu trop pour le boitier du Retina). Reste l'hypothèse
Polaris, cette nouvelle architecture prometteuse dévoilée récemment par AMD, mais qui ne devrait pas être disponible avant la fin 2016. Si Apple renouvelle ses MacBook Pro au premier semestre, elle se rabattra sans doute sur la gamme AMD actuelle, assez décevante en OpenGL.
Reste enfin l'hypothèse du GPU externe déjà concrétisé chez Razer : le GPU est placé dans un boitier, relié au portable en Thunderbolt 3 et offrant alors des performances de machine de bureau. Cela pourrait aussi permettre à Apple de gagner de la place dans le Mac et d'affiner un peu la machine... ou de proposer une plus grosse batterie.
Une connectique de 2016
Cette fois, ça suffit ! Apple doit arrêter de se montrer attentiste sur le font des connectiques. Une machine de grade professionnel doit proposer ce qu'il se fait de mieux, avec l'objectif de durer dans le temps.
Si l'arrivée du Thunderbolt 3 semble acquise, on espère qu'Apple n'intègrera que des ports USB C, forçant les constructeurs de périphériques à se bouger le popotin. Nous avons aussi besoin d'USB 3.1 Rev.2 capable de transmettre à 10Gbps/s, ce qui ouvre la voie à des SSD externe proposant des débits de 1Go/s. Enfin, la Pomme doit profiter de ce nouveau port -plus fin- pour garnir sa machine d'au moins trois ou quatre fiches, les deux ports actuels sont insuffisants (et mal placés).
Enfin, Apple devra trouver une solution permettant d'utiliser de l'USB C sans sacrifier le MagSafe, ce petit chargeur aimanté qui a sauvé des milliers de Mac de la chute libre !
Quatre ans après la suppression du port Ethernet, nombreux sont encore ceux qui aimerait son retour. C'est peu probable, mais quantité d'entreprises continuent de privilégier le câble, pour des raisons de performances et de sécurité. Et quoi de plus pénible que de se balader en permanence avec des adaptateurs...
Apple va-t-elle aussi supprimer la prise jack, comme sur l'iPhone 7 ? On espère que non, tous les musiciens sont encore trop attachés à leur vieux casque. Et puis, même le nouveau MacBook Retina proposent encore ce vieux connecteur, qui pourrait survivre encore quelques temps. Enfin, ce serait un peu étrange de voir arriver une fiche Lightning sur un Mac, avec pour unique but d'y faire passer du son...
En revanche, on ne serait pas contre l'arrivée de haut-parleurs au niveau de l'écran, comme sur l'iPad Pro, pour un son sur 4 sorties bien mieux spacialisé.
Enfin, il est indispensable qu'Apple conserve le lecteur SD, si pratique pour les photographes et les vidéastes. Idéalement, on aimerait aussi que les cartes microSD soient lisibles sans adaptateur...
Des spécifications vraiment "pro"
A l'intérieur de la machine, Apple doit à présent cesser la demi-mesure. A quoi bon par exemple, proposer des SSD toujours plus rapides sans augmenter les capacités ? Les
prosont besoin de disques de 2 ou 3To, surtout pour traiter des photos et vidéos au quotidien !
De même pour la RAM, limitée à 16Go, et soudée à la carte mère, que l'on aimerait bien pouvoir pousser à 32Go au moins, à défaut de pouvoir la faire évoluer.
Enfin, Apple devrait officiellement prendre en charge les châssis Thunderbolt munis de cartes graphiques tierces, avec une liste de cartes compatibles. Il devrait être possible d'ajouter un GPU externe sans devoir bidouiller des pilotes ou espérer que le modèle est bien géré par NVidia/AMD sous OS X.
Les petits travers de l'ère Tim Cook
Parce qu'Apple vit sur des dogmes, et qu'après la mort de Jobs, plus personne n'ose désormais les remettre en question, la politique d'Apple vire parfois au cauchemar, même pour les habitués de la marque.
Par exemple, cette manie de vouloir souder tous les composants internes, qui porte certes ses fruits sur des ultra-portables, mais qui se montre parfaitement aberrante sur des bécanes à plus de 3000€ destinées à être utilisées de nombreuses années par les professionnels. A la rédac', nous avons rajouté de la RAM dans 100% de nos MacBook Pro (non-retina), et nous leur avons changé le disque dur interne au moins une fois ! Pour autant, nous n'aurons probablement pas de SSD et de RAM interchangeables en 2016, une technique commerciale qui oblige surtout les clients à opter pour le modèle le plus cher, histoire d'anticiper l'avenir avec un maximum de sérénité.
D'ailleurs, la politique autour des options en place depuis 2 ans a également de quoi surprendre : le modèle de base n'est jamais intéressant et tout est mis en oeuvre pour pousser à passer à la gamme supérieure... proposées à des tarifs complètement fous. Des SSD à plus d'un euro le Go (contre 30 centimes dans le commerce), de la RAM vendue jusqu'à 6 fois le prix du marché... Rendez-vous compte, un MacBook Pro Retina avec 16GO de RAM, l'option i7 et 1To de SSD frise avec les 3600€ ! Et le modèle de base ne propose même pas de GPU dédié et seulement 256Go de stockage, le tout à 2249€ ! Là encore, les modèles de 2016 pourraient atteindre des sommets en terme de pingrerie. On attend avec impatience l'option
SSD 2Toà 2000€ !
A force de proposer des machines toujours plus fines et concentrées, Apple n'arrive tout simplement plus à les ventiler correctement. Comme vu plus haut, il faudrait pourtant pouvoir accéder à l'intérieur et nettoyer les MacBook Pro tous les ans, pour libérer les grilles de ventilation. Or plus les années passent et plus il est compliqué de simplement ouvrir ces machines. Résultat ? Beaucoup se retrouvent avec un Mac dont le CPU ralentit, faute de pouvoir être refroidi : je ne compte plus les exemples autour de moi où les MacBook Pro ont retrouvé une seconde jeunesse après un simple nettoyage interne ! Mais non, en 2016, on ne pourra toujours pas dépoussiérer son Mac sans risquer de briser 2 ou 3 nappes et sans un couple de tournevis propriétaires.
Pour le printemps ?
Lorsqu'Apple a présenté sa dernière mise à jour du MacBook Pro Retina l'an dernier, juste avant les vacances d'été, elle annonçait déjà la couleur : l'attente allait être longue avant la prochaine update. Pas de nouveau CPU, le passage vers un GPU AMD pas beaucoup plus performant et une petite augmentation de la vitesse des SSD, c'est ce qu'on appelle un upgrade vraiment mineur,
histoire de dire.
Pour l'heure, la sortie des nouvelles machines dépend surtout du bon vouloir d'Intel. Comme vu plus haut, les puces éligibles ne sont pas encore disponibles, mais elles pourraient débarquer d'ici février/mars. En revanche, sauf à obtenir une exclusivité d'AMD, les prochaines générations de GPU mobiles ne sont pas attendues avant l'été et pourraient aussi décaler la sortie.
Reste que l'on n'imagine mal Apple faire patienter ses clients jusqu'à la rentrée et l'on espère vivement que ces nouveaux MacBook Pro sortiront d'ici le printemps.