L'iPhone 4 en test chez Mac4Ever
Par Arnaud Morel - Publié le
Pourtant, divers problèmes ont entaché son lancement - taches jaunes sur certains écrans, problème avec les antennes de réception 3G, modèle blanc non encore disponible et capteur de proximité capricieux - qui a, par ailleurs, été un grand succès commercial : 1,7 millions d'iPhone 4 auront trouvé preneur en 3 jours seulement et Apple peine toujours à assurer des approvisionnements.
Alors, que penser de cet iPhone 4, au final ? Nos réponses, dans ce test complet du nouveau smartphone d'Apple.
Design
L'iPhone 4 inaugure une nouvelle ligne, plus affirmée, moins consensuelle peut-être et définitivement plus agressive. Aux courbes douces succèdent les droites, au plastique le métal. Cet iPhone 4 est une vraie réussite en terme de design mais se montre peut-être moins agréable à tenir en main que ses prédécesseurs. Cet aspect est évidemment subjectif.
Coque en alliage métallique très rigide, deux faces de verre, avec un arrondi léger sur la tranche, l'iPhone 4 est plus fin que les générations précédentes, tout en s'imposant comme une masse compacte et solide en main. L'impression de sécurité est bien présente.
L'iPhone 4 permet à Apple de renouer avec la qualité de fabrication de l'iPhone Edge. L'engin fait forte impression, affiche un fini impeccable et des lignes plus agressives que les iPhone de précédente génération.
Pour en finir avec les microrayures auxquels les iPhone 3G et 3GS savent se montrer si sensibles, Cupertino a effectué un choix radical : les deux faces de l'iPhone sont en verre, un verre aluminosilicaté offrant une résistante élevée. Résultat, le verre utilisé serait
trente fois plus dur que le plastiqueselon Apple. En résumé, ça peut se rayer, mais bien moins facilement qu'un iPhone 3.
La coque "unibody" qui enserre les deux verres est composée, elle, d'un alliage spécifique, donné comme cinq fois plus résistant d'un acier traditionnel. Il donne la rigidité à l'iPhone et a été, judicieusement, placé de manière à déborder légèrement, le verre étant en retrait. Évidemment, la chose n'est pas anodine mais vise bien à minimiser les risques de chocs latéraux. Car si l'iPhone 4 est infiniment moins sensible aux rayures que les 3GS, il est aussi nettement plus susceptible de voir ses deux verres se briser. L'expérience, d'ailleurs, a été été tentée, involontaire par Andy Ihnatko, chroniqueur au Chicago Sun Times.
Performances & autonomie
Apple promet une autonomie en hausse significative sur ce modèle : jusqu'à 7 voix en 3G, 10 heures en surf WIFI, 6 heures en 3G, 10 heures en lecture vidéo et jusqu'à 40 heures en lecture audio.
De fait, l'iPhone 4 "tient" la charge et vous assure une journée de fonctionnement sans problème. Nous avons effectué un "stress test" de l'engin : écran poussé au maximum, économie d'énergie annulée, données WIFI et GPS activées, notre iPhone 4 de test a tenu 5h30 sans broncher.
L'iPhone 4 n'embarque pas plus de stockage que l'iPhone 3 GS. Il est disponible en 16 et 32 Go, et c'est la première génération d'iPhone qui n'enregistre pas de doublement de capacité. La mémoire vive, elle, double et passe à 512 Mo tandis que le processeur est un Apple A4.
Selon Geekbench 2, l'iPhone 4 est 37 % plus véloce que l'iPhone 3GS et réalise un score global de 372 points. Pour mémoire, un iMac i7 2,8 GHz réalise un score de 8603 points et un MacBook Pro 13’’ 2,26 GHz de 3526.
Voici, en vidéo, un petit test de vitesse que nous avons réalisé en opposant l'iPhone 4 au 3 GS : chargement de diverses pages web en WIFI et lancements d'applications au menu.
L'écran Retina
Sur- vendu par Apple, l'écran de l'iPhone 4 affiche une résolution 4 fois supérieure à celui des générations précédentes, soit 960x640 pixels contre 480x320 pixels. Utilisant la technologie IPS, il offre également un angle de vision plus large, supérieur à 170°. Concrètement, vous voyez très bien ce qu'affiche votre iPhone même si vous tenez à plat devant vos yeux.
La différence est très nette mais pas aussi importante qu'on aurait pu le penser. Tout est très net sur l'iPhone 4, notamment les polices de caractères mais l'avantage ne semble pas si déterminant : il reste difficile de lire des petits caractères des pages web affichées en pleine taille et c'est en prêtant attention aux détails qu'on mesure la finesse du rendu. Pour le reste, l'écran apparaît juste pour ce qu'il est : un excellent écran de smartphone. L'impression, d'ailleurs, est confirmée par des tests plus complets, notamment ceux réalisés par PCMag. Lumineux, contrasté (moins qu'un écran OLED cependant), l'écran Retina restitue parfaitement les nuances de la gamme complète des couleurs.
Si le nombre de pixel a quadruplé, la surface, elle, n'a pas bougé. Concrètement, les applications réalisées pour l'écran de la génération précédente ne présenteront pas de problèmes particuliers à l'affichage. Malgré tout, avec un peu d'attention, les images et autres éléments graphiques
basse résolutionapparaitront un peu flous à côté des éléments vectoriels, que sont les polices ou les couches graphiques adaptées automatiquement par Apple en haute résolution. Il faudra donc attendre un peu avant que les développeurs retravaillent leurs icônes et autres images, afin qu'elles profitent de ces nouvelles définitions. Seul bémol, sur le web, tout est à 75/80 points par pouce à l'échelle 1:1. Et là, peu de chance que les développeurs fournissent des images en haute résolution aux seuls iPhone 4.
Le capteur photo principal
Après le design et l'amélioration d'autonomie, la vraie grosse nouveauté de cet iPhone 4 est sa partie Audio/vidéo. L'engin embarque un capteur CMOS de 5 millions de pixels, mais garde la même taille de photodiodes que le 3 GS (1,75µm) tout en offrant 60 % de pixels en plus. L'optique en elle-même est significativement plus large que sur la génération précédente, permettant à un maximum de lumière de rentrer en contact avec le capteur. La qualité est au rendez-vous : l'image est piquée, bien nette, avec une absence assez remarquable de bruit en bonnes conditions de lumières.
Un petit Flash LED (activable, forcé, ou désactivé) accompagne la chose mais ne réalise pas de vraies prouesses. Au moins permet-il d photographier à courte distance en faible lumière mais au prix d'une dominante désagréable.
Globalement, le principal grief à cette partie photographique sera le logiciel, toujours aussi rudimentaire. Pas de retardateur, pas de contrôle de l'exposition, ni même de la mesure de lumière (effectuée à l'endroit de la mise au point, un mode dit de prédominance centrale), encore moins de balance des blancs. Dommage de ne pas pouvoir tirer mieux parti d'un pourtant très honnête appareil photo.
Le mode vidéo
L'iPhone 4 fait presque aussi bien qu'un petit compact en matière de photo. Mais il est doté, également, d'un mode vidéo HD 720p plutôt performant. Là aussi, la mesure d'exposition se fait sur la zone de mise au point, en prédominance centrale. Dans des conditions de contraste, une vidéo iPhone pourra donc être un peu brûlée, ou alors charbonnée, selon l'endroit où vous aurez effectué la mise au point.
Autre grief, le capteur à balayage, une constante sur les capteurs d'entrée de gamme, se montre peu adapté à la vidéo d'objet en mouvement ceux-ci se "déchirant" tandis que le capteur les balaye. Enfin, et c'est le principal défaut, difficile d'assurer une prise en main ferme de l'iPhone et de ne pas "bouger" pendant la prise de vue. Bien sûr, le grain monte très fort dès que vous êtes dans un environnement bien sombre, mais reste acceptable.
Sorti de ces problèmes, plutôt mineurs pour un téléphone dont la photo et vidéo ne sont pas les objets essentiels, l'iPhone 4 fournit des vidéos de grande qualité, à 30 images secondes. La prise de son, pour peu qu'on soit à proximité de la source sonore est assez correcte (jugez-en avec les musiciens que nous avons filmé). Par contre, dès qu'on s'éloigne un peu de la source sonore, la prise de son devient impossible.
En faible lumière, le capteur génère un bruit numérique plutôt important, aussi bien en photo qu'en vidéo. C'est somme toute assez normal. Notez que le Flash LED est disponible, également, lors de vos tournages vidéos. Au final, sur cette partie, le bilan s'avère très positif et l'iPhone 4 remplira parfaitement son rôle d'appareil photo et de caméra d'appoint. Du bon boulot.
Facetime
Le capteur audio/vidéo en façade est utilisé pour Facetime, la visioconférence sauce Apple. il enregistre des images en 640x480 pixels et peut, également, être utilisé comme appareil photo d'appoint (mais alors, vraiment d'appoint).
Facetime est l'arrivée, sur nos téléphones, d'un mode de visioconférence sans paramétrage, confondant de simplicité. Hélas, les limitations actuelles - Facetime ne sait parler qu'à d'autres iPhone 4 et uniquement lorsqu'ils sont connectés à un réseau WIFI - limitent singulièrement la portée de la nouveauté.
Lorsque vous téléphonez à l'un des vos contacts, un bouton Facetime apparaît si celui-ci dispose d'un iPhone 4. Il suffit alors d'appuyer sur celui-ci pour basculer en mode Facetime, lequel coupe la connexion GSM (et donc votre facturation). Une fois ce premier contact réalisé, vous pouvez directement retenter une visioconférence depuis la fiche de votre contact, désormais garnie d'un bouton Facetime. Notez que dans ce cas, aucune connexion GSM n'est nécessaire.
La qualité s'avère très bonne : la vidéo ne saute que rarement, mais ça arrive, le piqué est acceptable et tout à fait comparable à ce que l'on peut connaître via iChat. Au fait, Monsieur Apple, à quand une compatibilité iChat pour Facetime ? Le principal point marquant est la qualité audio qui se trouve considérablement améliorée lorsque vous basculez sur la visioconférence.
Les opérateurs de téléphonie compressent fortement le signal audio pour préserver leur bande passante, limitation qui disparaît e WIFI, explique-t-on du côté d'Apple. La différence, en tout cas, est flagrante, le son est net et tout à fait cristallin. L'iPhone 4 dispose, il est vrai, de deux microphones : l'un, en haut, utilisé pour Facetime, et le principal, en bas, pour vos appels. Le micro Facetime est, dans ce cas, utilisé pour supprimer le bruit ambiant parasite.
Des problèmes à la sortie
Trois problèmes, d'inégale importance, ont quelque peu perturbé la fête dans le cas de l'iPhone 4 : quelques écrans ont été affublés de taches jaunâtres, dues, d'après Apple, à un séchage incomplet d'une forme de colle, des voix se sont élevées pour décrier le capteur de proximité, capricieux, et, surtout, une large polémique a vu le jour autour d'un problème de réception lorsque la main de l'utilisateur obstrue les antennes de l'engin.
Les taches jaunes ne font, depuis, plus parler d'elle. Visiblement, la promesse d'Apple - ça va passer d'ici quelques jours quand le séchage sera complet - était justifiée.
Le capteur de proximité - qui se charge de couper l'écran quand vous portez le téléphone à l'oreille - ne s'est pas montré, sur notre iPhone, particulièrement capricieux. Cependant, certains utilisateurs considèrent qu'il l'est, et se plaignent de saisies inopinées lors de conversations téléphoniques. La problématique, alors, est logicielle : soit le capteur fonctionne, soit il ne fonctionne pas. S'il fonctionne, et c'est évidemment le cas chez à peu près tout le monde, sa "sensibilité" ou le délai avant de réactiver l'écran peuvent être corrigés à loisir. Nul doute de l'iOS 4.0.1 pour iPhone 4 apportera sa pierre à l'édifice.
La question des antennes, n'est-elle pas encore tranchée. Les conditions de survenue de problèmes de réception sont, cependant, connues : il faut être dans un endroit où la couverture réseau est faible, voire très faible, tenir l'iPhone 4 fermement avec le coin gauche totalement obstrué et avoir, en outre les mains un peu humides, ou transpirantes. Autant dire que ces conditions sont loin d'être souvent réunies et, sauf cas particulier, ce problème n'invalide pas, à lui seul, les qualités de l'iPhone 4.
D'autant, que, par ailleurs,la réception avec l'iPhone 4 a été plutôt améliorée : dans des zones où le signal passe mal - le métro est un bon terrain de chasse - l'iPhone 4 accroche plus facilement le réseau de l'iPhone 3GS.
Le problème, cependant, fait mauvais genre, au regard de la réputation de qualité d'Apple et au regard du côté tout de même haut de gamme de ce type d'appareil. Si tous les téléphones mobiles ont leur propre manière de recevoir les antennes, il est désormais classique de déporter celles-ci vers le bas de l'appareil, ceci afin de réduire la quantité d'émissions radio reçue par le corps humain. Ce taux, dit indice DAS (Débit d'absorption spécifique), est moins élevé sur l'iPhone 4 (1,17 W/kg) que sur l'iPhone 3 GS (1,19 W/kg). Il est plus élevé que celui de l'iPhone 3 G (1,03 W/kg) et Edge (0,97 w/kg) et reste dans une moyenne.
Pour en revenir à la question des antennes, tous les téléphones présentent, donc, des zones qui, obstruées, peuvent limiter la qualité de réception des données.
C'est en substance ce qu'avance Apple qui rapporte, en outre, un bogue logiciel affectant la traduction en barres de la qualité du signal :
nous avons découvert la cause de cette baisse dramatique du nombre de barres, et c'est à la fois simple et surprenant. Après enquête, nous nous sommes rendu compte que la formule que nous utilisons pour calculer le nombre de barres était totalement fausse. Dans de nombreux cas, ça abouti à afficher deux barres de plus qu'il ne le faudrait pour un signal donné. Ce n'est pas trop peu de barres, donc, mais trop. Et Apple de poursuivre,
les utilisateurs qui observent un chute de plusieures barres quand ils tiennent leur iPhone en main sont certainement dans une zone où le niveau de signal est faible, mais ils ne s'en rendent pas compte avant car le téléphone rapporte une qualité de réception trop élevée, 4 ou 5 barres.
Malgré cet élément, un problème reste vraisemblablement spécifique à l'iPhone : les petites bandes, présentes sur le contour de l'appareil, sont des jonctions d'antennes vraisemblablement actives électriquement. C'est elles, qui, obstruées par un corps conducteur, pourraient conduire à de vrais décrochements de signal. Sur le sujet, vous pouvez vous reporter à l'excellente analyse de Richard Gaywood un docteur de l'université de Cardiff en matière de transmissions sans fil. Selon lui, il sera compliqué de résoudre cette question de manière purement logicielle. Pour l'heure, l'adjonction d'un bumper, venant isoler la coque métal de la main, rempli son office. Attendons, sinon, de voir le résultat du correctif logiciel promis par Apple.
Conclusion
Au final, l'iPhone 4 reste un smartphone très convainquant et constitue une jolie évolution par rapport à la gamme antérieure. Le changement ne sera peut-être pas assez significatif pour justifier d'un passage iPhone 3 GS vers iPhone 4 même si, en la matière, passion et budget ont leur mot à dire. Apple est repassé dans le peloton de tête, pour ne pas dire en tête, en matière de smartphone mais, dans le domaine, le roi conserve rarement sa couronne bien longtemps.
L'élément qui nous paraît le plus notable est le nouveau design, qui tranche assez nettement avec les iPhone antérieurs et fait jeu égal, niveau qualité de fabrication, avec le premier iPhone. L'iPhone 4 est un bijou et il le restera plus longtemps que les autres, grâce au verre quasi inrayable utilisé. Attention, quand même à la casse pure et simple de celui-ci.
L'autre élément vraiment différenciant, par rapport aux iPhone précédents, est la partie audio/vidéo, franchement convaincante. L'iPhone 4 constitue une excellente caméra d'appoint et un très bon appareil photo qu'on transporte toujours sur soi.
L'écran Retina place, aussi, la barre assez haut mais le gain est moins sensible à l'usage. L'image est magnifique et devient, de facto, une référence en la matière. La prochaine étape sera le passage à la technologie OLED pour offrir une autonomie supérieure, encore, et un contraste plus intense.
L'autonomie a, aussi, nettement progressé. MacWorld l'a mesurée en hausse de 30 % par rapport à l'iPhone 3GS, de quoi satisfaire, largement, les besoins de la majorité des utilisateurs.
Facetime reste, à notre sens, plus gadget qu'autre chose pour le moment : fonctionnant uniquement entre iPhone 4 et en WIFI, difficile d'en avoir un usage autre qu'anecdotique. Cependant la promesse d'un avenir meilleur est bien là. Apple a indiqué que Facetime serait bloqué en WIFI durant l'année 2010 mais laisse espoir d'une ouverture à la 3G rapidement après. D'autre part, Apple tente de convaincre les acteurs du marché d'adopter son protocole, afin d'élargir la base des utilisateurs potentiels. On peut aussi espérer une compatibilité avec iChat, dont l'absence est incompréhensible aujourd'hui.