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Divacore : AntiPods renommés "Antidots" (à 49€)", des "clones" et un excès de bonnes notes ?

Par Didier Pulicani - Publié le

Le constructeur français Divacore fait le buzz dans les médias et sur les réseaux sociaux ces derniers mois, notamment avec les fameux AntiPods que nous avions testés récemment.

Pour rappel, il s'agit d'écouteurs sans-fil positionnés face aux AirPods, mais avec une autonomie supérieure (6H contre 5H) et quelques fonctions inédites, comme la possibilité d'appairer chaque oreillette sur un produit distincts ou encore un tarif plus agressif -~120€ contre 180€ pour les AirPods.

Divacore : AntiPods renommés "Antidots" (à 49€)", des "clones" et un excès de bonnes notes ?


En toute franchise, on a été un peu étonné par les nombreuses reviews généreuses sur YouTube, les notes obtenues par ces produits sur les site des certains revendeurs, mais surtout dans les médias français (4,5/5 dans iCreate, 4,5/5 chez 01Net), des scores souvent supérieurs aux notes des AirPods d'Apple, pourtant autrement plus aboutis. Outre certains défauts notoires à nos yeux (boite énorme, bluetooth erratique, téléphonie sur un seul écouteur, latence importante, aucun capteur de proximité, pas d'app/configuration possible), nous avions même relevé un souci récurrent (et rédhibitoire) de déconnexion de l'oreillette droite que l'on retrouve un peu partout dans les commentaires, mais que nos camarades se gardent bien de mentionner dans leurs tests et qui nécessitent pourtant le renvoi du produit. Il faut dire que Divacore fait partie de ces pépites françaises souvent primées, la startup a d'ailleurs levé 1 million d'euros en 2016, notamment auprès des financements publics locaux. Sans excès de chauvinisme, la presse française a pour habitude de donner un petit coup de pouce remarqué aux startup de la French Tech lorsqu'elles proposent de bons produits ou des modèles originaux.

Mais au-delà des bonnes notes, qui a réellement créé ses écouteurs sans fil ? La question ne nous avait pas traversé l'esprit jusqu'à ce que l'on découvre AscapeAudio, un site qui propose exactement le même produit que Divacore, mais sous une autre marque :

Divacore : AntiPods renommés "Antidots" (à 49€)", des "clones" et un excès de bonnes notes ?


Contrairement au français, la firme affiche un logo précisant Designed in Detroit, comme si les écouteurs avaient été conçus là bas. La société a bien pignon sur rue, domiciliée à Ann Arbor, près de Détroit. La firme derrière ces Ascend-1 est en réalité ROYAL ISLE DESIGN, LLC, une société créée en 2017, et qui n'a donc pas réellement eu le temps de mettre au point de tels écouteurs en quelques mois. Au mieux, elle a donc pu acheter un produit en Chine, qu'elle a ensuite rebadgé sous sa propre marque, une pratique malheureusement de plus en plus courante, même si cela reste une hypothèse.

Divacore : AntiPods renommés "Antidots" (à 49€)", des "clones" et un excès de bonnes notes ?


Autre surprise, Ascape n'est pas la seule à avoir ses AntiPods-like ! Sur Indigogo, on a trouvé un autre modèle sous le nom d'Aliens, un projet participatif qui a levé (accrochez-vous) plus de 330 000$ pour concevoir ces écouteurs, dont le design aurait été mis au point fin 2016. D'après les images, il s'agirait une nouvelle fois des mêmes produits (conçus à l'identique), et non d'une pâle copie facilement identifiable. A chaque fois, on retrouve les deux couleurs (noir et blanc), jamais de coloris plus différenciants, comme si tous provenaient des mêmes lignes de production.

Divacore : AntiPods renommés "Antidots" (à 49€)", des "clones" et un excès de bonnes notes ?

Alien fournit des images de la production, qui ne parait pas vraiment "fictive".


Il faut bien comprendre que la création de ce type d'écouteurs ne prend pas 15 jours et demande souvent de longs mois de R&D, de prototypage, sans parler de la phase d'industrialisation. Même les copies d'AirPods ont mis un moment avant d'arriver sur les sites chinois...

Finalement, qui a réellement conçu ces écouteurs ? Aucune des entreprises citées ci-dessus n'a souhaité nous répondre pour le moment, Divacore ayant simplement déclaré que ces infos sont déjà remontées à nos services juridiques sans pour autant répondre à notre question principale, sur la paternité réelle du design et de la R&D. Il est d'ailleurs possible qu'aucune de ces société ne soit à l'origine des écouteurs, qui ont pu être simplement créés en Chine et achetés en marque blanche, ce qui évite de dépenser des fortunes en développement et en production. Notez d'ailleurs que Divacore est le seul à n'avoir inscrit aucune marque ou description de l'origine du design sur les écouteurs, contrairement aux deux autres.

Divacore : AntiPods renommés "Antidots" (à 49€)", des "clones" et un excès de bonnes notes ?


MAJ : un lecteur nous signale un autre clone chez Zoook baptisé TWINPODS et proposé par une société française, basée apparemment à Paris. Là encore, mêmes produits, mêmes couleurs et mêmes fonctionnalités...

Divacore : AntiPods renommés "Antidots" (à 49€)", des "clones" et un excès de bonnes notes ?


Enfin, pour couronner le tout, Divacore propose ses Antipods sous l'appellation Antidots chez SFR et orange, un nom bien moins agressif que l'original envers Apple, sans doute une concession faite aux opérateurs pour éviter de mettre à mal leurs partenariats avec Cupertino. Les écouteurs sont actuellement bradés à 49€99, une réduction très importante pour un produit habituellement vendu entre 110 et 120€, laissant entrevoir de confortables marges pour le constructeur français.

Pour le moment, malgré nos relances, Divacore n'a pas répondu à nos questions de fond, et nous espérons que la publication de ce billet pourra permettre au moins d'obtenir des explications plus détaillées sur la réalité de ce produit que l'on nous avait vendu comme une création d'une entreprise française au moment du test. Evidemment, ne tirons pas de conclusions à la hâte, Divacore peut tout à fait avoir créé ces produits de bout en bout et s'être fait copier au moment du prototypage ou de la mise en production, une pratique qui existe malheureusement en Chine où la contrefaçon est encore monnaie courante.