Test de l'iPhone SE
Par Didier Pulicani - Publié le
SEpour
Edition Spéciale- ne fait pas spécialement rêver. Pourtant, vous verrez dans ce test que l'appareil révèle quelques bonnes surprises et pourrait même être l'un des
best-sellerdu printemps !
Un petit iPhone en 2016 : pour quoi faire ?
En 2015, Apple a écoulé 30 millions d'iPhone de 4" (essentiellement des 5s/5c), un chiffre encore impressionnant à l'heure où la plupart des smartphones du marché affichent une diagonale d'au moins 5 pouces. Apple précise d'ailleurs qu'un tiers des
nouveaux acheteurspréfèrerait ce format, un ratio qui double même en Chine, alors que l'on pensait le pays totalement accro aux phablettes -ces téléphones qui ressemblent presque à de petits iPad.
Un fabuleux produit d'appel
Mais derrière ces bons résultat, se cache peut-être un effet de gamme : Apple positionne en effet ses
petitsiPhone à des tarifs bien inférieurs aux iPhone 6/6s et les revendeurs parviennent même à faire dégringoler les tarifs de ces modèles, que l'on trouve parfois dès 300/400€ en jouant sur le marché gris. Du coup, l'iPhone 5s est devenu au fil du temps
la bonne affairepour s'offrir un iPhone
récentsans y consacrer toutes ses économies.
Ce n'est donc pas un hasard si l'iPhone de 4" cartonne autant chez les
primo-accédants, des personnes venant parfois d'Android et pour qui l'iPhone 6s parait largement surtarifé. Sans ces iPhone abordables, ils seraient probablement restés dans le carcan de Google, qui truste aujourd'hui la quasi-totalité de l'entrée de gamme.
Mais ce revival de l'iPhone 5s pourrait surtout s'expliquer par un mouvement de panique dans les hautes sphères de Cupertino. En début d'année, Tim Cook affichait la couleur : 2016 sera la première année où les ventes d'iPhone commenceront à stagner, voire même à baisser. Malgré de bonnes ventes de l'iPhone 6s et des appareils toujours plus puissants, la Pomme semble avoir du mal à trouver de nouveaux relais de croissance. Garder un modèle d'entrée de gamme compétitif -et qui ne cannibalisera pas les modèles plus chers- pourrait donc se révéler bénéfique sur le plan commercial et éviter la grosse claque lors des prochains résultats financiers.
Le format "idéal"
Pour Steve Jobs, l'ergonomie de ses appareils constituait une véritable obsession. Si le co-fondateur d'Apple a toujours tenu bon face aux
grostéléphones de ses concurrents, c'est qu'il estimait -à raison- qu'au delà de 4", l'appareil devenait difficilement utilisable à une main. Le pouce devait notamment pouvoir parcourir l'ensemble de la dalle, sans que l'iPhone ne quitte le creux de la main.
Pourtant, la réalité du marché a fait fi de ces dogmes pour une raison simple : plus l'écran est grand, et plus la lecture est confortable. Les problèmes d'ergonomie
digitale(là, je parle de nos gros doigts) deviennent tout à coup bien accessoires face aux bénéfices d'une dalle plus large : naviguer sur le web, regarder des films, profiter des jeux vidéos... Une fois que l'on s'est habitué à ces écrans de 5 à 6", il est bien difficile de faire machine arrière, même si l'on doit souvent s'aider des deux mains pour s'en servir.
Reste qu'une frange minoritaire d'utilisateurs ne l'entend pas de cette oreille.
Certains adorent les petits téléphonedéclarait Greg Joswiak pendant la keynote. A commencer par les filles, qui n'ont pas de grandes poches de pantalon et qui se retrouvent obligées de stocker leur iPhone 6 dans le sac à main. Et puis il y a ceux qui ont toujours les bras encombrés et qui souhaitent absolument pouvoir taper leurs messages avec une seule main sans risquer de faire tomber l'appareil sur le bitume. Quelqu'en soit l'excuse, ces petits téléphones jouissent encore d'avantages ergonomiques parfois rédhibitoires. Gardons quand-même à l'esprit que le smartphone est devenu un compagnon très personnel, pour lequel il n'y aura jamais de
taille idéale universelle. Un peu comme les montres, les souris ou... les sacs à main !
Un design "Sans Effort" (SE)
Depuis que nous avons l'appareil entre les mains, on a beau chercher une excuse à Jony Ive, on ne trouve pas. Comment la plus grosse capitalisation mondiale ose-t-elle présenter un téléphone prétendument moderne en reprenant un design vieux de 2012 ? Même dans l'automobile -une industrie dont les cycles de renouvellement se chiffrent sur 4 ou 5 ans- on ne se risquerait pas à changer le moteur et l'intérieur d'un véhicule tout en proposant au client une vieille carrosserie. C'est même tout le contraire : les constructeur proposent régulièrement des
facelift, ces modifications extérieures très cosmétiques, destinées à augmenter la durée de vie de la voiture jusqu'à la prochaine itération.
Que ce soit par facilité ou par précipitation, le designer en chef d'Apple est inexcusable. Face aux courbes rondouillettes des iPhone 6 & 6s, l'iPhone 5s paraissait déjà bien vieillot, alors imaginez l'iPhone SE face à l'iPhone 7 ou l'iPhone 8 d'ici 1 à 2 ans.... Pourtant, ces dernières semaines, des fuites évoquaient des prototypes de 4" reprenant les codes de l'iPhone 6 et certains rendus 3D de l'hypothétique appareils étaient parfois diablement sexy. Tim Cook a peut-être hésité jusqu'au dernier moment à proposer un modèle plus original, mais aussi plus long à produire.
Quitte à réutiliser l'existant, pourquoi ne pas s'être tout simplement inspiré de l'iPod Touch ? Les lignes du baladeur sont encore très modernes et les nouvelles couleurs introduites l'an passé auraient donné un sérieux coup de jeune à l'iPhone SE. Mais il aurait probablement été difficile de caser tous les composants du téléphone (notamment la batterie) dans un boitier si fin, ce qui explique (peut-être) que cette piste n'ait pas été retenue.
Tout comme Audi ou Porsche, Apple est avant tout une marque statutaire. On n'achète pas seulement un iPhone pour ses qualités intrinsèques, mais aussi pour son look et ses finitions. Malgré cela, la Pomme s'entête chaque année à décliner ses iPhone en version
Ssans modification apparente. Il n'y avait alors bien que les nouvelles couleurs (dorées sur le 5s, blanches sur le 4s ou rose sur le 6s) pour se différencier. L'iPhone SE ne déroge pas à la règle, et si l'on cherche à tout prix à se démarquer des anciens modèles, il faudra alors assumer ce joli rose aux accents cuivrés, loin de faire l'unanimité (surtout chez la gente masculine).
Histoire de finir sur une note positive, on se réjouira tout de même qu'Apple soit parvenue à placer son fameux capteur photo de 12MP sans faire dépasser l'optique du boitier. Sur l'iPhone 6/6s, cette protubérance rend l'appareil bancale lorsqu'il est posé une surface plane.
Performances : une bête de course !
Apple a sans doute beaucoup hésité avant de placer un processeur A9 dans le boitier. Il s'agit de la dernière génération de puces ARM que l'on retrouve sur l'iPhone 6s, et également déclinée pour l'iPad Pro.
A la sortie de la boite, la différence est très nette par rapport à l'iPhone 5s : les apps se lancent plus rapidement et toutes les actions sont quasi-immédiates. Ceux qui sont déjà passés à l'iPhone 6s et 6s Plus noteront même une interface souvent plus réactive, puisque la résolution plus faible nécessite forcément moins de calcul.
Avec Geekbench, on obtient donc logiquement des performances similaires entre un iPhone SE et un iPhone 6s. Tous deux sont par ailleurs équipés de 2Go de RAM, ce qui permet de garder en mémoire plus d'informations et d'accélérer certains traitements lourds, notamment en vidéo, en audio et en photo.
Mais le plus ironique, c'est que cet iPhone SE surclasse parfois son grand-frère. Avec une dalle plus petites, la puce a moins de pixels à traiter et peut alors présenter un affichage plus fluide. Dans les jeux, certains titres se montreront plus fluides grâce à une résolution plus faible. Nous avions déjà vécu cela à l'arrivée de l'iPhone 4 et de son écran retina, parfois plus lent que le 3GS ou encore entre l'iPad 2 plus rapide que l'iPad 3 (Retina).
L'iPhone SE aura donc logiquement une durée de vie assez longue, et devrait pouvoir prendre en charge au moins 3 ou 4 versions majeures d'iOS. Les développeurs seront en revanche un peu moins ravis de devoir -pour encore longtemps- prendre en charge 3 résolutions différentes dans leurs programmes, ce qui constitue toujours un surplus de travail important.
Enfin, on pourrait se demander si l'iPhone SE bénéficiera chaque année de la dernière génération de puce. Connaissant Apple, c'est loin d'être acquis, la firme pourrait tout à fait se contenter d'un nouveau modèle tous les 2 ans ! Cette perspective rend cet iPhone SE encore plus séduisant : si vous attendiez avec impatience qu'Apple renouvelle l'iPhone 5s, il ne faudrait pas rater une telle occasion.
Des fonctions photos/vidéos de 2016
Seconde bonne surprise de ce modèle, l'iPhone SE embarque la dernière génération de capteurs photos de la marque. Alors qu'on aurait pu s'attendre à ce qu'Apple se contente des composants de l'iPhone 6 (8MP), la firme a finalement opté pour les technologies les plus récentes.
Le meilleur appareil photo
L'appareil prend des photos en 12MP avec une ouverture honorable de ƒ2.2 et des photosites de 1,22 µm : c'est tout simplement aussi bien que l'iPhone 6s.
L'iPhone 5S propose moins de détails (et plus de bruit dans l'image) avec seulement 8MP.
Ces photos ont été prises sans HDR et sans régler la luminosité manuellement.
Nous n'avons pas noté de différence sensible entre l'iPhone SE et l'iPhone 6s, que ce soit au niveau des températures de couleur, de la stabilisation de l'image, ou de la vitesse de mise au point. L'iPhone SE peut même créer des Live Photos, ces petites photos animées finalement très rigolotes, surtout si vous utiliser les flux de photos iCloud.
On retrouve également le flash "true tone", un objectif très robuste, mais aussi des fonctions réservées à l'iPhone 6s, comme la mise au point Focus Pixels ou encore la réduction de bruit améliorée. C'est une vraie belle surprise !
Des vidéos en 4k (oui, mais) et de superbes ralentis !
Tout comme la partie photo, l'iPhone SE bénéficie des mêmes caractéristiques que l'iPhone 6s qui filme en 4k UHD (3 840 x 2 160) à 30 images par seconde. Bien que la FullHD (1080p) soit encore loin de tirer sa révérence, la montée en résolution est toujours intéressantes pour revoir ses petits films d'ici 5 ou 10 ans sans avoir l'impression qu'ils datent du siècle dernier. On regrettera néanmoins -comme sur l'iPhone 6s- qu'Apple propose encore des modèles de 16Go, sur lesquels on ne pourra stocker que quelques dizaines de minutes de vidéos, voire beaucoup moins si la mémoire est déjà bien remplie.
Puisqu'on avait déjà testé ce même capteur sur l'iPhone 6s, je ne pensais pas nécessaire de refaire une vidéo. Mais finalement, en s'amusant avec Romina, on a trouvé que le l'image était particulièrement saccadée en 4k. Du coup, on vous a refait une petite vidéo, qui montre bien le problème : tant que la vidéo est stable (plan fixe), il n'y a pas trop de souci. Mais si on bouge, alors l'image
sauteassez facilement, un effet qu'on retrouve souvent en rajoutant de la stabilisation en post-production. A vue de nez, je dirais que c'est probablement un souci logiciel dans ce qu'Apple nomme la
stabilisation de qualité cinéma. La petite taille du téléphone joue aussi sans doute un rôle : une fois en main, il est très léger et on a un peu tendance à l'orienter dans tous les sens.
Autre nouveauté majeure sur cette gamme de téléphone, l'arrivée de ralentis en FullHD à 60 et 120FPS et même à 240FPS en 720p (cf. vidéo). Là encore, c'est assez inédit à cette gamme de prix et sur de si petits appareils. Pas sûr que vous soyez nombreux à l'utiliser, mais les amateurs de sport y trouveront rapidement un intérêt.
Un capteur frontal très décevant
Tant de bonnes nouvelles ne pouvaient cacher quelques déconvenues. Apple n'a pas cru bon de doter l'iPhone SE d'un capteur frontal décent, reprenant celui de l'iPhone 6 à 1.2Mp, contre 5MP sur l'iPhone 6s. Pire, l'ouverture est même moins bonne que sur l'iPhone 6, ce qui va générer plus facilement du bruit dans l'image en basse lumière.
Les images en 1,2MP de SE font vraiment dépassées !
Maigre consolation, Apple a rajouté le
flash retinaqui permet d'augmenter temporairement la luminosité de l'écran à un niveau très élevé pour remplacer l'absence de flash en façade... et compenser ce petit capteur ridicule.
A l'heure des selfies et de Snapchat, voilà donc une décision bien étonnante, qui s'explique sans doute par une volonté de maitrise coûts et (peut-être) un problème de place dans le boitier.
Paré pour 2016
Le bel équipement de l'iPhone SE ne se limite pas à la puce A9 et au capteur photo. L'appareil renferme en effet toute l'armada pour tenir la route sur la durée.
Citons par exemple la prise en charge des réseaux 4G de génération 4 à 150Mbps comme sur l'iPhone 6 (300Mbps sur l'iPhone 6s), le bluetooth 4.2, ou encore le WiFi ac qui permet de rivaliser avec une connexion Ethernet.
L'iPhone SE permet également d'utiliser Apple Pay grâce à sa puce de
communication en champ proche. On pensait que l'absence de NFC sur le 5s était lié à un problème de place, mais ce n'est apparemment pas le cas.
Une autonomie en nette hausse
L'iPhone 5s était sans doute le pire iPhone sur le plan de l'autonomie. Ceux qui l'utilisent encore -et qui ne sont pas toujours proches d'une prise électrique- ont très souvent investi dans une petite batterie de secours, qu'ils utilisent au moins une fois par jour. C'est simple, il est impossible d'utiliser l'appareil sans excès et de finir la journée sans devoir recharger.
Avec l'iPhone SE, tout ceci n'est qu'un lointain souvenir. Avec une capacité de 1624mAh, contre 1450mAh sur le 5s, l'augmentation n'est pourtant que de 10%. Mais la puce A9 est sans doute plus économe et la Pomme a peut-être trouvé des systèmes logiciels plus efficaces pour économiser de l'énergie (nouveaux composants, optimisations logicielle).
l'appareil possède sa batterie d'origine de 2013
A l'arrivée, l'iPhone SE tient presque aussi bien que l'iPhone 6, mais ne rivalise toujours pas avec les versions
Plus, capables de tenir presque 2 jours sans recharge. Apple a encore beaucoup à faire avec ses batteries, mais lorsqu'elle progresse, il est bon de le souligner.
Quelques regrets
On a assez râlé sur le design de l'appareil, on s'en tiendra donc là sur le plan esthétique. En revanche, l'iPhone SE affiche quelques manques, qui auraient pourtant pu le hisser à la note maximale.
La première raison d'être mécontent, c'est la capacité. Lorsque j'ai commencé à rédiger ce test, j'ai voulu transférer le contenu de mon iPhone 6s Plus de 128Go sur le SE et... patatra, la place était insuffisante. iTunes ne vous propose même pas de charger qu'une partie de l'appareil, sauf à passer par une synchronisation plus classique. Bref, avec des capteurs photos/vidéo en nette hausse et des apps toujours plus gourmandes, on ne comprend pas qu'Apple ne propose pas la capacité maximale et ne fasse pas démarrer tous ses iPhone récents à 32Go.
C'est anodin, mais l'iPhone SE n'intègre pas de baromètre. Même si très peu d'apps utilisent réellement ce capteur, si vous êtes un grand baroudeur, peut-être que certains programme (altimètre etc.) ne vont pas fonctionner correctement en l'absence de connexion.
Peut-on vraiment reprocher à Apple de ne pas avoir intégré 3D Touch ? Pour utiliser environ 150 fois par jour le curseur à l'écran, je vous répondrais
Oui, assurément !. Mais pour une fois, Cupertino a fait le choix de la raison : le
taptic enginenécessite de la place supplémentaire sous l'écran, ce qui aurait de facto réduit la taille de la batterie. A choisir, mieux vaut privilégier l'autonomie. Mais à vraiment choisir, j'aurais préféré qu'Apple modifie un peu son boitier et évite ce type de compromis.
Enfin, l'iPhone SE ne bénéficie pas de la seconde génération de capteur d'empreinte. Touch ID sera donc un peu plus lent que sur l'iPhone 6s, qui active l'écran d'accueil presque instantanément. Mais avant de se plaindre, notez que cette rapidité extrême empêche aussi d'apercevoir rapidement ses notifications sur l'écran de verrouillage. Maigre consolation, j'en conviens.
Bilan
Après une semaine d'utilisation, l'iPhone SE nous a laissé une sensation bizarre. Comme celle d'avoir renoué avec un vieux pote que l'on avait un peu oublié, mais qui a su se bonifier avec le temps. Décidément, le choix d'un design vieillot a bien du mal à passer, même si cette couleur Or Rose aide à faire passer la pilule.
Si l'on accepte de revenir (ou de rester) sur un petit écran de 4" (ce qui n'est pas mon cas), difficile d'être réellement critique sur l'aspect fonctionnel. Son plus gros défaut sera sans doute d'avoir opté pour une caméra frontale de piètre qualité, mais en toute objectivité, cela gênera surtout vos correspondants dont l'écran est plus large. Non vraiment, cet iPhone est rapide, taillé pour l'avenir, et il ne souffre que de très peu de compromis.
Apple a -pour une fois- fait un bel effort sur les prix. A 489€ pour 16Go, c'est presque inespéré pour filmer en 4k, photographier en 12MP et profiter d'une puce dernier cri. A choisir entre ça et un iPhone 6 moins performant vendu 200€ plus cher, on se dit qu'il y a comme un
problèmedans la gamme.
On vous conseillera vivement -si le budget le permet- d'opter pour le modèle de 64Go, seule version permettant d'envisager l'avenir (et la revente) avec sérénité.