Aujourd'hui 16 janvier, l’Agence France-Presse et la start-up française Mistral AI ont annoncé une convention inédite permettant l’utilisation des dépêches de l’AFP par le robot conversationnel Le Chat. Cet accord pluriannuel -dont les termes financiers n’ont pas été divulgués- marque une première pour les deux partenaires.
38 millions de dépêches au service de l’IA
Dans un contexte où les géants américains comme OpenAI dominent le marché de l’IA générative, cet accord représente un partenariat stratégique à l’échelle européenne. Selon Fabrice Fries, CEO de l’AFP, c’est le premier accord entre deux acteurs aux ambitions mondiales, mais aux racines européennes affirmées.
Les deux partenaires sont gagnants ! L’initiative va en effet fournir à l’AFP une nouvelle source de revenus, essentielle dans un secteur médiatique fragilisé par la crise économique. Pour Mistral, cet accès à une source d’information vérifiée renforce la crédibilité de son IA, particulièrement dans des domaines nécessitant une rigueur journalistique.
Dès le lancement de cette collaboration, Le Chat de Mistral pourra exploiter les archives de l’AFP, qui comptent 38 millions de dépêches dans six langues (français, anglais, espagnol, arabe, allemand et portugais). Ces données, couvrant une période allant de 1983 à aujourd’hui, ne seront toutefois pas utilisées pour entraîner les modèles d’IA. Arthur Mensch, CEO de Mistral, a précisé que ces contenus sont intégrés comme un module indépendant, pouvant être désactivé à l’expiration du contrat.
Le robot conversationnel, comparable à ChatGPT, répondra aux requêtes des utilisateurs en s’appuyant sur ces dépêches. Cela permettra notamment à des professionnels, tels que des cadres d’entreprise ou des professions libérales, de préparer des mémos ou d’accéder rapidement à une information vérifiée.
Un usage complémentaire pour l’IA
Contrairement à des requêtes grand public telles que la météo ou le shopping, souvent traitées avec des données issues du web, les informations issues des dépêches de l’AFP renforceront la fiabilité des réponses nécessitant une base journalistique. D'après Arthur Mensch, pour des questions nécessitant de l’information vérifiée, c’est l’AFP qui fournira le matériau de base des réponses.
La signature de cet accord s’inscrit dans une stratégie de diversification des revenus pour l’AFP. L’agence, déjà en première ligne du programme mondial de fact-checking (qui va perdre le marché avec Meta aux USA), cherche à multiplier ses partenariats avec les plateformes numériques. Cette stratégie est cruciale alors que les médias traditionnels continuent de faire face à une profonde crise économique.
En 2023, l’AFP a enregistré un bénéfice net de 1,1 million d’euros pour la cinquième année consécutive. Une partie de son financement provient d’une compensation de l’État français pour ses missions d’intérêt général, qui s’élevait à 113,3 millions d’euros en 2023.
Un accord qui fait écho à des tendances mondiales
Dans un marché dominé par des accords entre géants américains et médias internationaux, cet accord AFP-Mistral IA se distingue par son ancrage européen et son approche modulable. Il reflète également une accélération des collaborations entre IA et médias, observée depuis 2024 avec des partenariats comme ceux d’OpenAI avec le Financial Times, Le Monde ou encore le groupe allemand Springer.
Ce partenariat entre l’AFP et Mistral IA illustre le potentiel des collaborations entre médias et IA pour offrir des services innovants, mais la nécessité d'assurer une certaine fiabilité tout en restant adaptés à des publics variés. Alors que l’intelligence artificielle redéfinit les usages de l’information, cet accord pourrait bien tracer la voie vers une coexistence harmonieuse entre journalisme et technologie.
