Test des batteries DJI Power 500 et DJI Power 1000 : mieux qu'EcoFlow ?
Par Didier Pulicani - Publié le
Nous testons les DJI Power 500 et DJI Power 1000 depuis plusieurs semaines déjà, une période suffisante pour dresser un premier bilan de ces gros pack de 500 Wh et 1kWh dans un format très compact et proposant toute la connectique moderne. Mais est-ce suffisant pour
disrupterle marché ? Réponse dans notre test !
DJI POWER 500 et DJI POWER 1000
Lancés en Chine fin 2023, ces deux modèles débarquent donc en Europe, le temps sans doute de corriger les bugs et de tester le marché.
Pour démarrer, DJI propose donc pour le moment deux capacités :
• DJI Power 1000 (1024 Wh)
Elles se positionnent en fait face aux River 2 Max (512 wh) et River 2 Pro (750 Wh), voire même la Delta 2 (1kWh) d'EcoFlow.
Il s'agit de batteries destinées principalement aux clients de DJI : dronistes, caméraman, cadreurs/monteurs et les
digital nomadesqui ont besoin de courant en mobilité.
50 nuances de gris
Côté look, c'est assez sobre, un peu trop d'après les filles de la rédac, même si DJI n'a jamais proposé de coloris vraiment vifs sur ses produits.
Les assemblages sont à la hauteur de la réputation de la marque, sans fausse note. Le boitier est essentiellement en plastique dur, à l'exception des pieds, mais c'est tout ! De fait, il marque assez vite : en quelques mois, certaines traces ne veulent déjà plus disparaitre.
Si j'aime bien ces grosses poignées, qui facilitent la préhension à une main, j'aurais peut-être préféré une texture caoutchouteuse ou un peu plus douce par exemple.
Autre grief, seules les entrées sont protégées par des caches en plastique (dur), le constructeur ne propose rien pour les sorties AC, USB etc. En cas de pluie, ce qui s'est produit plusieurs fois durant nos tests, mieux faut l'abriter rapidement -un choix assez étonnant quand on sait que ces accumulateurs se destinent en priori à un usage extérieur.
Le placement des prises sur la même façade est assez inhabituel, et plutôt pratique à l'usage, d'autant que certaines sont à la fois des entrées et des sorties ! Au quotidien, c'est un bon pari ergonomique, d'autant qu'il y a u moins de fiches que la concurrence -seulement deux prises AC 230V, même sur le gros modèle.
Lourde et compacte
DJI a fait le choix de batterie à chimie LFP (Lithium Fer Phosphate), ce qui permet de proposer de nombreux cycles de charge/décharge -10 ans et 3000 cycles environ, à raison d'un cycle par jour.
Revers de la médaille, les accus sont moins denses qu'en NMC, avec un poids plus élevé, environ 10Kg/kWh :
• DJI Power 1000 : ~13Kg
Le choix de capacités contenues permet de les déplacer assez facilement malgré tout. Même avec 13Kg, pas besoin d'être deux ou de prendre un chariot pour les soulever.
Autre bon point, leur forme est assez compacte, et plutôt plate. Il est alors facile de les poser à plat dans un coffre ou au fond d'un van. Chez EcoFlow ou Bluetti, la forme est plus carrées ou tirée vers le haut, ce qui n'est pas toujours facile à ranger. Le Power 1000 est nettement plus compacte qu'une Delta 2 et la Power 500 bien plus fine qu'une River...
• DJI Power 1000 : 448 x 225 x 230 mm (L x l x H)
Une bonne puissance à 230V
En façade, DJI propose la plupart des connectiques habituelles, et notamment les fameuses prises 230V, qui nécessitent d'activer un onduleur.
• 2200W (230V) sur la Power 1000
La puissance est vraiment correcte, c'est suffisant pour la plupart des outils. Avec la Power 1000, vous pouvez passer la tondeuse, l'aspirateur ou même utiliser une perceuse sans problème.
La Power 500 est plus modeste, et se destine surtout à de petits appareils, comme les ordinateurs, les drones, les caméras... Pour une machine à café, un sèche-cheveux ou une bouilloire, il faut généralement au moins 1000 à 1500W.
En revanche, DJI n'est pas très souple sur les pics de puissance. Vous pouvez espérer grimper de 300W pendant une demi-seconde (plutôt 200ms dixit le manuel), ce qui est un peu juste sur certains moteurs, qui ont parfois besoin de démarrer à une puissance un peu plus élevée avant de se stabiliser. Chez EcoFlow par exemple, on peut souvent maintenir un pic pendant plusieurs dizaines de secondes avant que l'onduleur ne se coupe.
On précisera d'ailleurs qu'à pleine charge, la batterie est assez sonore, avec une grosse ventilation (32dB), ce qui pourrait être pénalisant durant un tournage par exemple.
Curieusement, il n'y a que 2 prises quelque soit la version. Même si la puissance reste partagée, il est agréable de pouvoir brancher plusieurs chargeurs... Chez EcoFlow, on a souvent 3 à 4 prises, même sur les River.
USB jusqu'à 140W
En USB, DJI est assez classique, avec :
• 2 prises USB A 24W
Cela permet de charger 2 MacBook Pro 16" simultanément et même à pleine puissance sur la Power 1000 ! Pas mal ! En revanche, pourquoi ne pas avoir mis d'autres port USB C, même moins puissants, pour les micros, les drones, les caméras... ? Pas besoin de 100W sur tous les accessoires, mais ces derniers sont de plus en plus nombreux !
Les prises USB A plafonnent à 24W, ce qui est suffisant pour un iPhone ou un iPad. Cela étant, tous nos smartphones et tablettes sont désormais en USB C également... ces ports ne sont plus très utiles de nos jours, même si l'on a encore les câbles ad-hoc.
Enfin, pour terminer avec le courant continu, DJI propose 1 ou 2 prises USB C suivant les modèles, ce qui permet d'offrir une grosse puissance en DC : jusqu'à 240W par port, ce qui permet de recharger un Mavic 3 en 32mn par exemple.
Quelques manques toutefois en DC : il n'y a pas de chargeur sans-fil Qi sur le haut de la batterie, ce qui serait pratique en mobilité. DJI n'a pas non plus jugé utile de placer une prise allume-cigare native, même si on peut en bricoler avec l'USB ou le SDC... Clairement, les campeurs ne sont pas la cible, eux qui ont souvent des accessoires (comme des compresseurs, pompes etc.) avec ce type de format.
Recharge très rapide
La recharge en AC est vraiment rapide sur ces nouvelles batteries :
• 80% en 50mn
• 1000W et 2200W en mode
path through
Le mode
path throughpermet de charger la batterie ET de l'utiliser sans perte de performance ou de durée. C'est vraiment pratique, et la batterie ne disjoncte pas malgré la puissance d'entrée très élevée.
DJI propose même un mode charge lente, pour économiser les cellules, qui n'aiment pas trop la charge rapide.
Autre originalité, la petite batterie peut se charger en USB C (100W max), ce qui peut être utile si vous n'avez pas le câble AC par exemple, mais juste un chargeur de MacBook.
Charge solaire en 2H !
Comme toute bonne batterie nomade, on peut la charger avec des panneaux solaires :
• Solaire 2x400W (Power 1000)
• Charge complète en 2H minimum
Evidemment, pour obtenir de telles puissances, il faut de gros panneaux. Ici, nous n'avions que 120W, ce qui permet déjà de charger la petite batterie en 5H et la grosse en 10H.
Ce modèle développé par Zignes (et non par DJI) est proposé en option à 299€. Il est par ailleurs très pratique et rapide à déployer. Nous avons obtenu environ 100W en plein soleil, ce qui est suffisant pour ce genre de batteries.
On regrettera que l'adaptateur pour le XT60 soit facturé 59€. Il permet certes de connecter plusieurs panneaux, mais la plupart des concurrents embarquent directement la prise XT60.
Enfin, vous pouvez toujours utiliser l'adaptateur allume-cigare, mais la puissance est très faible, et il faudra une journée complète pour charger la batterie.
Un onduleur contre les coupures de courant
C'est une fonction très utile, qui n'est pas toujours proposée : les batteries de DJI sont aussi de super onduleurs de maison !
Si vous placez la batterie entre votre Mac (par exemple) et la prise électrique, la batterie assure le relais en cas de coupure de courant ou de surtension sur le réseau. L'accumulateur ne cycle pas, il laisse juste passer le courant, mais a besoin de 20ms pour se substituer au réseau.
L'intérêt est aussi de rentabiliser au mieux sa batterie : avec ce double usage, inutile d'acheter un onduleur à côté et l'accumulateur est utilisé toute l'année, sans vraiment toucher aux cellules.
Pas d'application ?!
DJI nous avait habitués à une excellente connectivité, avec des drones, des caméras et des accessoires largement pilotables. Ici, rien de tout cela !
Pas d'app, ni de WiFi et même pas de bluetooth ! Les mises à jour se font en USB depuis un Mac (sic), alors que pratiquement tous les concurrents se sont mis aux applications mobiles ! Il n'est donc pas possible de piloter facilement la batterie, comme contrôler la puissance de charge/décharge, les heures d'activité, charger pendant les heures creuses, ni de l'allumer/éteindre lorsqu'elle est au fond du van ou tout simplement à distance.
Heureusement, l'écran compense en partie l'absence d'application. Très lumineux, il affiche les puissance d'entrée, de sortie, sans devoir aller dans des sous-menus. On peut aussi voir les duréee de charge/décharge directement... mais comme chez la concurrence finalement.
Pour conclure : une alternative à EcoFlow ?
Créé par des anciens de DJI, EcoFlow domine actuellement le marché des batteries nomades, et il serait compliqué de ne pas dresser la comparaison.
Déjà en terme de tarifs, on retrouve la même segmentation de prix :
• DJI Power 1000 : 999€ (Entre la River 2 Pro et la delta 2)
Pourquoi choisir DJI ? Car les produits sont historiquement de qualité, avec une électronique de pointe, d'excellents BMS, un SAV très réactif et une réputation de fiabilité largement reconnue.
Ces Power 500 et Power 1000 sont relativement polyvalentes, avec la plupart des ports du marché, un système d'onduleur, une bonne puissance, de la charge très rapide, des entrées et sorties AC/DC performantes... Bref, il ne manque pas grand chose sur le plan électrique.
Je reste néanmoins un peu sur ma faim en terme de fonctionnalités. Arrivé tardivement, DJI aurait pu proposer une meilleure connectivité, totalement absente ici. Si le constructeur vise à étendre son activité autour du solaire, de la domotique ou de l'auto-consommation (comme EcoFlow, Anker ou Bluetti...), il sera nécessaire de créer une application unique capable de piloter tous les produits de la marque, aujourd'hui très dispersés.
La batterie fait parfois un peu
cheapsur les matériaux, mais aussi sur le nombre de prises, alors même qu'elle se destine à un public bardés d'accessoires DJI. L'absence de résistance minimum à l'humidité étonne également, il n'y a pas non plus de petite lampe d'appoint et de prise allume-cigare... comme si le constructeur ignorait les besoins des campeurs, VanLifers, et autres digital nomades.
En réalité, il est clair que DJI vise avant tout son propre public : les monteurs, vidéastes, preneurs de son, film-makers, influenceurs... Bref, des gens pour qui le besoin est avant tout de pouvoir charger rapidement avec un produit fiable, quelque soient les conditions. Et de ce point de vue, les DJI Power 500 et DJI Power 1000 sont parfaitement dans la cible, à défaut de faire mieux que ses principaux concurrents.