Actualité

Divers

Médiamétrie, responsable des "faibles" budgets publicitaires du web français ?

Par Didier Pulicani - Publié le

Médiamétrie est un institut français, qui règne en maitre dans le milieu publicitaire, notamment sur les mesures d'audiences sur internet, et historiquement pour la télé ou encore la radio.

L'an dernier, notre confrère Slate.fr avait déjà publié tout haut ce que de nombreux médias numériques s'écrivent entre-eux tout bas concernant les pratiques de l'institut : un système de mesure discutable, des conflits d'intérêts importants, des statistiques arrangées par les grands médias, et un monopole inébranlable dans l'hexagone, pour attester des mesures d'audience.

Il faut dire que parmi les pure-players, Médiamétrie a plutôt mauvaise presse. Les chiffres remontés par l'organismes sont généralement bien en dessous de ceux rapportés par des outils comme Google Analytics et les mesures se basent encore sur des panels (des échantillons représentatifs de la population), à l'heure où il serait pourtant très facile de faire des mesures d'audiences très précises, basées sur les données de connexions.

Slate évoque alors un chiffre, assez étonnant : comment se fait-il que la France, second marché européen en termes d'équipements numériques (tablette etc...) figure seulement au 16è rang en termes d'investissements publicitaires digitaux ?. 20% de la publicité serait ainsi dépensée sur le web, contre 25 à 35% dans des pays comparables. Le site n'écarte pas l'hypothèse selon laquelle les acteurs du segment seraient assez frileux à investir dans les nouveaux médias et préféreraient les campagnes traditionnelles, surtout en temps de crise et de restrictions budgétaires. Mais l'hypothèse de la surestimations des statistiques de la télévision fait aussi son chemin, vous allez comprendre pourquoi.

Aujourd'hui, le site s'intéresse donc au volet des conflits d'intérêt, un sujet épineux car Médiamétrie reste un organisme privé, financé par les médias eux-même.

L'actionnariat est d'ailleurs assez éloquent :

Médiamétrie, responsable des "faibles" budgets publicitaires du web français ?


35% des actionnaires proviennent des télévisions, 35% des publicitaires et environ 27% des radios. Difficile, en voyant ces chiffres, de ne pas estimer que Médiamétrie est à la fois juge et partie.

Comme le précise Giuseppe de Martino, la balle est désormais dans le camp des publicitaires : à eux de faire preuve d'un peu d'ouverture et de repenser leurs politiques. A eux, également, de prendre en compte des outils statistiques tiers (comme comScore), afin d'affiner les mesures d'audience. Mais pour le moment, aucun signe ne semble vraiment pencher pour une évolution de ce modèle franco-français, plutôt en défaveur de la nouvelle économie numérique.