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Avec IRIS2 : l’Europe veut concurrencer Elon Musk et Starlink

Par Vincent Lautier - Publié le

Face à la domination de Starlink, l’Union européenne lance IRIS2, sa constellation de satellites pour sécuriser ses communications. Mais c’est loin d’être gagné.

Avec IRIS2 : l’Europe veut concurrencer Elon Musk et Starlink


L’Europe dégaine sa propre constellation satellitaire



La Commission européenne a enfin donné le coup d’envoi officiel d’IRIS2, sa future constellation de satellites destinée à sécuriser les communications sur le Vieux Continent. Avec un budget de 10,6 milliards d’euros, ce projet ambitieux a pour but de fournir des services de connectivité sécurisés aux gouvernements européens, aux entreprises et aux citoyens dès 2030-2031. Mais face à la concurrence, en particulier de Starlink, qui compte déjà 7.000 satellites en orbite, IRIS2 part clairement avec un train de retard.

Inauguration et lancement du projet
Inauguration et lancement du projet


Multi-orbites et sécurité : les atouts d’IRIS2



Pour se différencier, IRIS2 mise sur une architecture multi-orbites. La constellation sera composée de 290 satellites répartis sur trois niveaux : 260 satellites en orbite basse (1.200 km), pour des connexions rapides avec peu de latence, 18 en orbite moyenne (8.000 km), pour une capacité de connectivité élevée, et une dizaine en orbite très basse (400-750 km), qui servira a priori à tester de nouvelles technologies.

L’un des arguments majeurs d’IRIS2 est la sécurité des données, avec l’intégration de technologies de cryptographie quantique, censées garantir une connectivité hypersécurisée. À l’heure où les communications deviennent un enjeu stratégique majeur, l’Europe veut s’assurer qu’elle ne dépend plus des solutions étrangères, comme lors du conflit en Ukraine où Starlink joue un rôle important.

Avec IRIS2 : l’Europe veut concurrencer Elon Musk et Starlink


Un calendrier glissant et un coût qui explose



Là où ça coince, c’est le calendrier. Initialement, les premiers services étaient attendus pour 2027. Désormais, on parle d’un déploiement des premiers satellites en 2029, avec une mise en service pour 2030-2031. Quatre ans de retard, donc, alors que SpaceX continue de déployer ses satellites à un rythme effréné.

Côté budget, le constat est tout aussi mitigé. 10,6 milliards d’euros, soit 76 % de plus que les 6 milliards annoncés en 2022. L’Union européenne en finance 6 milliards, l’Agence spatiale européenne (ESA) 550 millions, et les opérateurs privés comme Eutelsat, SES ou Hispasat complètent avec 4,1 milliards. Mais attention : une partie des fonds publics reste encore à valider pour la période post-2027, et vu l’état des finances des pays de l’Union, rien n’est gagné.



Un enjeu stratégique pour l’Europe



Si on met de côté ces difficultés, IRIS2 est un projet essentiel pour assurer l’autonomie stratégique européenne dans l’espace. L’idée est claire : éviter de dépendre d’acteurs étrangers, qu’ils soient américains ou chinois, et assurer une connectivité sécurisée en cas de crise. Pour l’Europe, ce projet s’approche de ceux comme Galileo pour la navigation et Copernicus pour l’observation terrestre.

Le défi est immense, mais l’ambition est là. Reste à voir si l’Europe arrivera à rattraper son retard… Vous en pensez quoi vous ?