Test des MacBook Pro Retina 13" et MacBook Pro Retina 15" (2014)
Par Didier Pulicani - Publié le
Il aura fallu attendre l’été 2014 pour qu’Apple se décide enfin à mettre à jour ses MacBook Pro Retina. Pas de grosses nouveautés cette année, certes, mais un petit coup de fouet côté CPU bienvenu et des prix en légère baisse sur certains modèles.
Puisque la gamme ne change pas d’un pouce (hormis cette montée en fréquence), je vous invite à relire notre dossier complet publié l’an dernier, qui reste parfaitement d’actualité (ici pour le 13”, par là pour le 15”). Dans ces colonnes, nous nous concentrerons uniquement sur l’augmentation des performances CPU, avec quelques benchs, et accompagnés de nos traditionnels conseils d’achats. Nous avons eu la chance de pouvoir tester les deux modèles 13” et 15” d’entrée de gamme, mais aussi la version la plus puissante des MacBook Pro Retina, avec un CPU capable d’atteindre les 4GHz !
Avant de rentrer dans le vif du sujet, je ne boude pas mon plaisir de vous recoller la vidéo que l'on avait tournée l'an dernier dans laquelle Sophie revenait sur les principales nouveautés de cette génération 2013/2014 :
Cela fait maintenant plusieurs années qu’Intel donne l’impression de faire du surplace. Il faut dire que le fondeur n’a plus de réel concurrent, tant sur les machines de bureau que du côté des portables. Il y a bien AMD, mais la firme est incapable de réduire la consommation électrique de ses puces. C’est bien simple, à l’heure où nous écrivons ces lignes, pratiquement aucun portable PC n’intègre de processeur AMD ! Et ne croyez pas que ça s’améliore côté GPU : si le géant américain propose de bons modèles sur les machines de bureaux, il figure aux abonnés absent sur l’immense majorité des ordinateurs portables actuellement en vente !
Depuis 3 générations de processeurs, Intel a fait le pari unilatéral de la réduction de la consommation. La dernière mouture (Haswell) a encore permis de gagner plusieurs heures d’autonomie sur les portables tout en augmentant encore légèrement les performances. L’utilisateur n’est donc pas tenté de renouveler son matériel pour gagner en rapidité, mais plutôt en mobilité. Depuis son lancement, la génération
La prochaine grande évolution se nommera Broadwell et ne devrait pas arriver avant une bonne année. Malgré ce retard -qui fera forcément stagner les ventes dans l’intervalle- on ne sait pas si cette génération renouera réellement avec la montée en puissance qu’on avait pu connaitre avec les premières puces
Apple n’aime pas se retrouver tributaire de fournisseurs paresseux et pourtant, on a l’impression que cette année, la firme de Cupertino manque elle-aussi de motivation. Puisqu’Intel fait du surplace, pourquoi ne pas faire évoluer le reste des composants ? Si les MacBook Pro Retina restent d’excellentes machines, elles ne sont pas exemptes de défauts. Il n’est par exemple toujours pas possible de changer (facilement) le SSD puisqu’Apple utilise des connecteurs propriétaires. Il existe pourtant -depuis un moment déjà- des standards (comme le mSATA ou le M.2) permettant de changer ces barrettes de mémoire flash très facilement, en se procurant les SSD dans le commerce (bien moins chers que ceux d’Apple). On aurait aussi aimé que la marque propose une plus grande variété de capacités et en profite pour baisser un peu ses tarifs (les SSD du commerce observent une baisse continue des prix depuis 1 an, ce qui n'est pas le cas chez Apple).
La plus grande déception viendra finalement du GPU : Apple a décidé de garder la GeForce 750M sur cette machine, alors qu’NVidia commercialise depuis plusieurs mois une toute nouvelle génération de puces mobiles (8x0M). Comme on l’a vu ensemble, la 750M est en fait une 650M renommée : la carte date de 2012 et elle est aujourd’hui considérée comme un modèle milieu, voire presque bas-de-gamme. Certes, elles fait encore tourner les jeux récents convenablement (en baissant un peu les réglages), mais la dalle Retina reste très exigeante pour assurer un affichage fluide et l’on n’aurait pas craché sur un GPU un peu plus véloce pour tenir la cadence, surtout si Tim Cook dévoile ses écrans 4k cette année.
Finalement, Apple, comme Intel, a décidé de se donner le temps de développer sa prochaine génération et n’a pas souhaité investir plus d’énergie que nécessaire cette année. Elle économise ainsi de la R&D mais aussi des marges de production. L’utilisateur final gagne quand-même un peu de puissance (on le verra plus bas) et également de la RAM supplémentaire associée (parfois) à des baisses de prix, un moindre mal pour tous ceux qui attendaient cet update pour renouveler leur bécane.
+200Mhz sur toute la gamme, voilà pour le marketing. Le nombre de coeurs, lui, ne bouge pas, la consommation non plus et la puissance augmente donc sur le papier de 10% environ. La gamme 13” démarre à 2.6Ghz, culmine à 3Ghz (en option) et les fréquences s’étalent de 2,2Ghz à 2,8Ghz sur le 15” .
Voici un petit récapitulatif des différents modèles de puces intégrées à cette génération :
Deux choses sont à retenir de ce tableau :
- Pour la première fois, un CPU mobile d’Intel dépasse les 4GHz ! Il s’agit là uniquement du mode turbo, certes, mais c’est une barrière qui a été franchie, au même titre que celle du GHz à l’époque du G4. C’est d’autant plus impressionnant que la puce possède un TDP de 47Watts, similaire aux modèles moins rapides.
- ensuite, les CPU des MacBook Pro 13” ont, il est vrai, des fréquences de base supérieures à leurs homologues 15”, mais il s’agit d’un trompe-l’oeil. Le passage de 2 à 4 coeurs permet tout simplement de doubler la puissance de la machine. En clair, même le plus puissant des 13” arrivera à peine à la moitié des performances d’un modèle 15” de base. Si vous faites de la photo, de la vidéo ou que vous avez toujours 5 ou 10 applications ouvertes, la différence se ressent nettement au quotidien. Précisons qu’aujourd’hui, la plupart des logiciels effectuant de gros traitements savent tirer partie de plusieurs coeurs.
Maintenant que vous êtes à l’aise avec la notion de ”mode Turbo”, il est nécessaire de rajouter un second niveau de précision. Depuis qu’Intel sait adapter la fréquence selon les besoins, il faut aussi savoir qu’un MacBook Pro fonctionnera la plupart du temps avec une fréquence réelle encore bien inférieure à celle annoncée. Petit test rapide : sur une machine vendue à 2.6Ghz, en rédigeant cet article avec 5/6 logiciels ouverts (Safari, Numbers, Outlook…), le CPU tournera en fait entre 1 et 2 Ghz. Pas d’inquiétude toutefois, si un programme a besoin de plus de puissance, Intel augmentera immédiatement la cadence et le CPU fonctionnera à 100% de ses capacités, voire à 150% avec le Turbo actif.
Que retenir de cette information ? Tout simplement, que la différence entre un CPU à 2.2Ghz et un CPU à 2.8Ghz sera parfaitement imperceptible au quotidien. Il est loin le temps où un ordinateur avec un CPU à 500MHz était sensiblement plus lent que son grand-frère à 800MHz. La plupart des tâches courantes n’ont pas besoin de toute la puissance disponible (1 à 2Ghz suffisent) et il faudra vraiment mettre la machine à rude épreuve pour sentir l’augmentation réelle de la fréquence entrer en jeu.
En tant qu’acheteur, on estimera donc plus intéressant de gaver la machine en SSD et en RAM que d’aller vers un CPU légèrement plus rapide. A moins de réaliser quotidiennement de gros traitements sous Final Cut Pro, les 200Mhz supplémentaires ne devraient en rien révolutionner votre quotidien.
Les premiers benchs publiés sur la toile se confirment ici avec des gains proportionnels aux nouvelles fréquences. Il faudra compter entre 6 et 9% de puissance supplémentaires sur le 15" et entre 7 et 8% sur le 13".
Assez amusant, les modèles haut-de-gamme de 2014 et de 2013 (respectivement en vert et en bleu) creusent sensiblement l'écart sur certains logiciels optimisés. Ici par exemple, Final Cut Pro se montre particulièrement véloce avec nos deux machines (la 750M, absente du 15" à 2,2Ghz, entre certainement en ligne de compte)
Nous l’avons vu plus haut, le GPU ne bougera pas cette année, avec une 750M qui fait du zèle malgré son âge avancé. Comme vous pouvez le voir sur les graphiques ci-dessous, l’augmentation des fréquences CPU n’aura aucun impact sur les performances ludiques. Logique, les titres actuels sont très gourmands en 3D, beaucoup moins en temps-processeur.
En revanche, on a été vraiment surpris de voir que dans certains jeux (Batman, Tomb Raider..), l'Iris Pro qui équipe l'entrée de gamme.. se montrait plus rapide que le modèle équipé de 750M. Nous avons refait les tests à plusieurs reprises pour s'assurer qu'il ne s'agissait pas d'une erreur. Il est par exemple possible qu'Apple livre de nouveaux pilotes pour l'Iris Pro sur ces machines, qui ne soient pas encore intégrés à la version grand public d'OS X 10.9.4 :
Cela se confirme aussi en OpenCL (ici avec Luxmark) où le haut-de-gamme de 2014 se fait presque rattraper par l'entrée de gamme, pourtant sans GPU dédié. Encore plus étonnant, la version Iris Pro (2014) se montre plus rapide que le haut-de-gamme de l'an dernier (nous avons répété le test, pour vérifier nos chiffres) :
Sans atteindre les scores fabuleux des MacBook Air, les MacBook Pro Retina 2014 conservent leur -déjà très bonne- autonomie, obtenue grâce au passage à l'architecture Haswell l'an dernier.
Les données fournies par Apple (8H pour le 15", 9H pour le 13") sont obtenues avec un grand nombre de restrictions. Voilà pourquoi nous préférons réaliser nos tests de manière plus poussée, avec la luminosité au maximum, le WiFi activé et les réglages standards de la machine. On est ainsi capable de lire un film de plus de 5H sur le 15" et de 6H30 sur le 13", soit une excellente performance ! Du côté des usages, notre test
Difficile cependant de se passer de chargeur sur une journée complète de travail (8 à 10H), sauf à faire de grosses concessions sur les réglages, comme de réduire la luminosité à 40 ou 50%, et couper un certain nombre de choses (bluetooth, disques durs USB, écrans externes...). À l'image de ce qui se passe chaque année sur l'iPhone, on peut difficilement doubler l'autonomie d'un ordinateur alors que chaque nouveau composant aura besoin de quelques watts supplémentaires pour fonctionner !
Comme pour les MacBook Air, Apple fait son marché tantôt chez Samsung, tantôt chez SanDisk pour se fournir en SSD. Parmi nos modèles de test, seul le 13" (avec 128Go) était équipé d'un SanDisk, les deux autres 15" (256Go et 1To) bénéficiant d'un modèle Samsung.
Comme on a pu le voir à de nombreuses reprises, les SSD Samsung sont bien plus performants. Heureusement, il semble qu'Apple se fournisse chez ce dernier pour les versions 512Go et 1To. La loterie
Pas d'affolement toutefois, à moins de traiter des flux 4k sous Final Cut Pro, la plupart des utilisateurs (même professionnels) ne feront pas la différence, tant les performances restent élevées dans tous les cas. On regrettera simplement qu'Apple n'informe pas ses clients que ses disques peuvent offrir des performances différentes sur un même modèle.
Notons enfin les débits toujours aussi fabuleux de la version 1To, qui tire pleinement partie des 4 lignes de PCIe présentes sur ces machines : rendez-vous compte, ce SSD dépasse 1,2Go/s en lecture et 1,1Go/s en écriture !
L’achat d’un MacBook Pro se fait rarement à la va-vite et c’est bien normal : vu le tarif, il serait dommage de se tromper de modèle. Voici donc quelques conseils d’achat pour vous guider dans votre choix; n’hésitez pas à réagir à cet article si vous avez d’autres questions.
La question de la taille d’écran se pose souvent en mobilité, deux pouces d’écart permettant tout de même de gagner pratiquement 500 grammes. Au quotidien, la différence se ressent nettement dans le sac-à-dos, si bien que beaucoup hésitent toujours entre mobilité et confort d’utilisation.
Pourtant, contrairement au MacBook Air -où les modèles 11” et 13” affichent des caractéristiques voisines- les différences ne se limitent pas ici à la taille de l’écran. Le 15” est environ deux fois plus puissant, que ce soit au niveau du processeur ou du circuit graphique. Le gap se ressent dans le prix, forcément, et chaque machine visera donc un public finalement assez différent : le 13” convient assez bien à de la bureautique avancée, du développement et même des petites tâches multimédia. En revanche, les professionnels de la photo ou de la vidéo -avec des traitements lourds- ne pourront se passer de quadri-coeur, uniquement disponible sur le 15”. Les fanas de jeux et de 3D ne pourront pas non plus se satisfaire du modèle 13” largement sous-équipé, avec son GPU Iris (non Pro) et l’absence d’options permettant de relever un peu le niveau (quadri-coeur, GPU dédié…).
La gamme 13” est assez bien étagée et, pour une fois chez Apple, le supplément de SSD et de MHz n’est pas surfacturé. Sur ce type de machine, nous aurions tendance à vous conseiller de privilégier la taille du SSD avant-tout : 128Go sont aujourd’hui trop justes pour stocker ses données sans un disque externe à côté et 256Go nous paraissent vraiment le minimum vital sur une bécane qui a vocation professionnelle. Notez que si votre budget est vraiment serré, vous pourrez aussi augmenter un peu le capacité via des cartes SD : on en trouve désormais jusqu’à 128Go ! Pour autant, elles ne remplacent pas vraiment le SSD interne, puisque les débits sont plus faibles et que ce dispositif n’a pas été conçu pour être utilisé comme un disque, et pourrait vieillir un peu moins bien.
Le passage du Core i5 au Core i7 est facturé assez cher, et le gain en performance restera assez contenu (comptez 5 à 10% grand maximum). À choisir, passez plutôt la machine à 16Go de RAM. Ce sera un argument de poids à la revente et surtout, cela permettra à ce MacBook Pro de voir l’avenir plus sereinement.
Notez enfin qu’Apple propose toujours le MacBook Pro 13”
La gamme 15” ne propose que deux modèles standards, avec comme principale différence l’absence de GPU dédié sur la petite configuration. Pour autant, l’Iris Pro n’est pas aussi ridicule face à la 750M que l’Iris (non pro) des 13”, surtout en OpenGL. La 750 restera malgré tout plus à l’aise dans les jeux et même indispensable pour les applications utilisant CUDA (comme une bonne partie de la suite Adobe ou de certains logiciels de 3D).
Comme sur le 13”, on évitera les mises à jour du CPU : l’upgrade est facturée assez cher pour une différence de performance très contenue. Préférez un SSD plus costaud, qui vous permettra de stocker images, vidéos, MP3 et applications sans trop de sacrifice.
Compte tenu du peu d’évolutions cette année, le Refurb constitue plus que jamais une bonne alternative pour acheter un MacBook Pro moins cher. Vous pouvez ainsi vous offrir une version ”boostée” sur le Refurb pour le prix de l’entrée de gamme neuf. Sur le 15”, cela vous permet d’accéder à la GeForce 750M au tarif de l’Iris Pro ! Notez qu’Apple propose -à l’heure où nous écrivons ces lignes- de nombreuses configurations personnalisées, avec des options de CPU ou de SSD. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le Refurb vaut souvent plus le coup pour le haut-de-gamme et permet de gagner jusqu’à 500 euros sur certains modèles !
Les ventes flash et les bons plans
Elles sont souvent temporaires et rarement prévisibles : Elles permettant parfois de gagner 10 à 15% sur une machine.
Apple Store Education
Enfin, les étudiants et enseignants peuvent s'orienter vers l'Apple Store Education. Les réductions sont d'environ 5%, c'est toujours ça de pris !
La note !
Cette cuvée 2014 ne marquera pas les esprits, et pour cause, Apple manquait clairement d’ambition cette année. Les ingénieurs étaient sans doute trop occupés sur l’iWatch et sur l’iPhone 6 pour se pencher sur la question. On regrettera d’une part, l’absence de nouveautés côté GPU mais aussi la stagnation des capacités des SSD. Il serait également temps qu’Apple se penche sur le manque d'évolutivité de ces machines et utilise enfin des connecteurs SSD PCIe standards. Quant à la RAM soudée, peu de chance qu’Apple revienne un jour en arrière; mais pire, le procédé pourrait se généraliser rapidement aux machines de bureau. Sans rentrer dans les détails, souder la mémoire vive présente un intérêt substantiel en terme de performance et de stabilité, tout la question étant de savoir si la RAM initiale suffira pour toute la durée de vie de la machine.
Ces petites mesquineries sont d’autant plus désagréables que les MacBook Pro Retina font toujours figure de référence sur le haut-de-gamme des portables, PC compris. Le compromis puissance/autonomie est aujourd’hui introuvable chez la concurrence et certaines technologies -comme le Thunderbolt 2 ou l’écran Retina- sont même assez inédites.
Au final, nous avons ici une gamme toujours très homogène, parfaitement étagée, bien équipée, bien qu’un peu chère côté options. Nous avons donc décidé de conserver une note élevée, qui pourrait cependant baisser l’an prochain si Apple ne se montre pas plus ambitieuse.
Résumé : le MacBook Pro Retina 13"
Résumé : le MacBook Pro Retina 15"
Puisque la gamme ne change pas d’un pouce (hormis cette montée en fréquence), je vous invite à relire notre dossier complet publié l’an dernier, qui reste parfaitement d’actualité (ici pour le 13”, par là pour le 15”). Dans ces colonnes, nous nous concentrerons uniquement sur l’augmentation des performances CPU, avec quelques benchs, et accompagnés de nos traditionnels conseils d’achats. Nous avons eu la chance de pouvoir tester les deux modèles 13” et 15” d’entrée de gamme, mais aussi la version la plus puissante des MacBook Pro Retina, avec un CPU capable d’atteindre les 4GHz !
Avant de rentrer dans le vif du sujet, je ne boude pas mon plaisir de vous recoller la vidéo que l'on avait tournée l'an dernier dans laquelle Sophie revenait sur les principales nouveautés de cette génération 2013/2014 :
(Invalid youtube)
Apple, esclave d’Intel et d’NVidia
Cela fait maintenant plusieurs années qu’Intel donne l’impression de faire du surplace. Il faut dire que le fondeur n’a plus de réel concurrent, tant sur les machines de bureau que du côté des portables. Il y a bien AMD, mais la firme est incapable de réduire la consommation électrique de ses puces. C’est bien simple, à l’heure où nous écrivons ces lignes, pratiquement aucun portable PC n’intègre de processeur AMD ! Et ne croyez pas que ça s’améliore côté GPU : si le géant américain propose de bons modèles sur les machines de bureaux, il figure aux abonnés absent sur l’immense majorité des ordinateurs portables actuellement en vente !
Depuis 3 générations de processeurs, Intel a fait le pari unilatéral de la réduction de la consommation. La dernière mouture (Haswell) a encore permis de gagner plusieurs heures d’autonomie sur les portables tout en augmentant encore légèrement les performances. L’utilisateur n’est donc pas tenté de renouveler son matériel pour gagner en rapidité, mais plutôt en mobilité. Depuis son lancement, la génération
Coreest un immense succès, en grande partie car les ventes de portables ont explosé. Il faut dire que la différence de performances entre un ordinateur fixe et son pendant mobile n’est plus aussi importante que par le passé, et qu’un MacBook Pro Retina -en l’occurrence- n’a souvent pas à rougir face à un iMac ou même un Mac Pro d’entrée de gamme.
La prochaine grande évolution se nommera Broadwell et ne devrait pas arriver avant une bonne année. Malgré ce retard -qui fera forcément stagner les ventes dans l’intervalle- on ne sait pas si cette génération renouera réellement avec la montée en puissance qu’on avait pu connaitre avec les premières puces
Coreou si, comme avec Haswell, Intel donnera une nouvelle fois la priorité aux économies d’énergie.
Un profond manque d’ambition
Apple n’aime pas se retrouver tributaire de fournisseurs paresseux et pourtant, on a l’impression que cette année, la firme de Cupertino manque elle-aussi de motivation. Puisqu’Intel fait du surplace, pourquoi ne pas faire évoluer le reste des composants ? Si les MacBook Pro Retina restent d’excellentes machines, elles ne sont pas exemptes de défauts. Il n’est par exemple toujours pas possible de changer (facilement) le SSD puisqu’Apple utilise des connecteurs propriétaires. Il existe pourtant -depuis un moment déjà- des standards (comme le mSATA ou le M.2) permettant de changer ces barrettes de mémoire flash très facilement, en se procurant les SSD dans le commerce (bien moins chers que ceux d’Apple). On aurait aussi aimé que la marque propose une plus grande variété de capacités et en profite pour baisser un peu ses tarifs (les SSD du commerce observent une baisse continue des prix depuis 1 an, ce qui n'est pas le cas chez Apple).
La plus grande déception viendra finalement du GPU : Apple a décidé de garder la GeForce 750M sur cette machine, alors qu’NVidia commercialise depuis plusieurs mois une toute nouvelle génération de puces mobiles (8x0M). Comme on l’a vu ensemble, la 750M est en fait une 650M renommée : la carte date de 2012 et elle est aujourd’hui considérée comme un modèle milieu, voire presque bas-de-gamme. Certes, elles fait encore tourner les jeux récents convenablement (en baissant un peu les réglages), mais la dalle Retina reste très exigeante pour assurer un affichage fluide et l’on n’aurait pas craché sur un GPU un peu plus véloce pour tenir la cadence, surtout si Tim Cook dévoile ses écrans 4k cette année.
Finalement, Apple, comme Intel, a décidé de se donner le temps de développer sa prochaine génération et n’a pas souhaité investir plus d’énergie que nécessaire cette année. Elle économise ainsi de la R&D mais aussi des marges de production. L’utilisateur final gagne quand-même un peu de puissance (on le verra plus bas) et également de la RAM supplémentaire associée (parfois) à des baisses de prix, un moindre mal pour tous ceux qui attendaient cet update pour renouveler leur bécane.
CPU
+200Mhz sur toute la gamme, voilà pour le marketing. Le nombre de coeurs, lui, ne bouge pas, la consommation non plus et la puissance augmente donc sur le papier de 10% environ. La gamme 13” démarre à 2.6Ghz, culmine à 3Ghz (en option) et les fréquences s’étalent de 2,2Ghz à 2,8Ghz sur le 15” .
Voici un petit récapitulatif des différents modèles de puces intégrées à cette génération :
Deux choses sont à retenir de ce tableau :
- Pour la première fois, un CPU mobile d’Intel dépasse les 4GHz ! Il s’agit là uniquement du mode turbo, certes, mais c’est une barrière qui a été franchie, au même titre que celle du GHz à l’époque du G4. C’est d’autant plus impressionnant que la puce possède un TDP de 47Watts, similaire aux modèles moins rapides.
- ensuite, les CPU des MacBook Pro 13” ont, il est vrai, des fréquences de base supérieures à leurs homologues 15”, mais il s’agit d’un trompe-l’oeil. Le passage de 2 à 4 coeurs permet tout simplement de doubler la puissance de la machine. En clair, même le plus puissant des 13” arrivera à peine à la moitié des performances d’un modèle 15” de base. Si vous faites de la photo, de la vidéo ou que vous avez toujours 5 ou 10 applications ouvertes, la différence se ressent nettement au quotidien. Précisons qu’aujourd’hui, la plupart des logiciels effectuant de gros traitements savent tirer partie de plusieurs coeurs.
Et le mode ”escargot”, on en parle ?
Maintenant que vous êtes à l’aise avec la notion de ”mode Turbo”, il est nécessaire de rajouter un second niveau de précision. Depuis qu’Intel sait adapter la fréquence selon les besoins, il faut aussi savoir qu’un MacBook Pro fonctionnera la plupart du temps avec une fréquence réelle encore bien inférieure à celle annoncée. Petit test rapide : sur une machine vendue à 2.6Ghz, en rédigeant cet article avec 5/6 logiciels ouverts (Safari, Numbers, Outlook…), le CPU tournera en fait entre 1 et 2 Ghz. Pas d’inquiétude toutefois, si un programme a besoin de plus de puissance, Intel augmentera immédiatement la cadence et le CPU fonctionnera à 100% de ses capacités, voire à 150% avec le Turbo actif.
Que retenir de cette information ? Tout simplement, que la différence entre un CPU à 2.2Ghz et un CPU à 2.8Ghz sera parfaitement imperceptible au quotidien. Il est loin le temps où un ordinateur avec un CPU à 500MHz était sensiblement plus lent que son grand-frère à 800MHz. La plupart des tâches courantes n’ont pas besoin de toute la puissance disponible (1 à 2Ghz suffisent) et il faudra vraiment mettre la machine à rude épreuve pour sentir l’augmentation réelle de la fréquence entrer en jeu.
En tant qu’acheteur, on estimera donc plus intéressant de gaver la machine en SSD et en RAM que d’aller vers un CPU légèrement plus rapide. A moins de réaliser quotidiennement de gros traitements sous Final Cut Pro, les 200Mhz supplémentaires ne devraient en rien révolutionner votre quotidien.
Les benchs !
Les premiers benchs publiés sur la toile se confirment ici avec des gains proportionnels aux nouvelles fréquences. Il faudra compter entre 6 et 9% de puissance supplémentaires sur le 15" et entre 7 et 8% sur le 13".
Assez amusant, les modèles haut-de-gamme de 2014 et de 2013 (respectivement en vert et en bleu) creusent sensiblement l'écart sur certains logiciels optimisés. Ici par exemple, Final Cut Pro se montre particulièrement véloce avec nos deux machines (la 750M, absente du 15" à 2,2Ghz, entre certainement en ligne de compte)
GPU : de nouveaux pilotes en exclu ?
Nous l’avons vu plus haut, le GPU ne bougera pas cette année, avec une 750M qui fait du zèle malgré son âge avancé. Comme vous pouvez le voir sur les graphiques ci-dessous, l’augmentation des fréquences CPU n’aura aucun impact sur les performances ludiques. Logique, les titres actuels sont très gourmands en 3D, beaucoup moins en temps-processeur.
En revanche, on a été vraiment surpris de voir que dans certains jeux (Batman, Tomb Raider..), l'Iris Pro qui équipe l'entrée de gamme.. se montrait plus rapide que le modèle équipé de 750M. Nous avons refait les tests à plusieurs reprises pour s'assurer qu'il ne s'agissait pas d'une erreur. Il est par exemple possible qu'Apple livre de nouveaux pilotes pour l'Iris Pro sur ces machines, qui ne soient pas encore intégrés à la version grand public d'OS X 10.9.4 :
Cela se confirme aussi en OpenCL (ici avec Luxmark) où le haut-de-gamme de 2014 se fait presque rattraper par l'entrée de gamme, pourtant sans GPU dédié. Encore plus étonnant, la version Iris Pro (2014) se montre plus rapide que le haut-de-gamme de l'an dernier (nous avons répété le test, pour vérifier nos chiffres) :
Autonomie
Sans atteindre les scores fabuleux des MacBook Air, les MacBook Pro Retina 2014 conservent leur -déjà très bonne- autonomie, obtenue grâce au passage à l'architecture Haswell l'an dernier.
Les données fournies par Apple (8H pour le 15", 9H pour le 13") sont obtenues avec un grand nombre de restrictions. Voilà pourquoi nous préférons réaliser nos tests de manière plus poussée, avec la luminosité au maximum, le WiFi activé et les réglages standards de la machine. On est ainsi capable de lire un film de plus de 5H sur le 15" et de 6H30 sur le 13", soit une excellente performance ! Du côté des usages, notre test
bureautique intensifrecharge la page d'accueil de Mac4Ever toutes les 15 secondes, ce qui constitue une utilisation assez courante du web. Et là encore, l'autonomie est relativement similaire.
Difficile cependant de se passer de chargeur sur une journée complète de travail (8 à 10H), sauf à faire de grosses concessions sur les réglages, comme de réduire la luminosité à 40 ou 50%, et couper un certain nombre de choses (bluetooth, disques durs USB, écrans externes...). À l'image de ce qui se passe chaque année sur l'iPhone, on peut difficilement doubler l'autonomie d'un ordinateur alors que chaque nouveau composant aura besoin de quelques watts supplémentaires pour fonctionner !
SSD : la loterie toujours de mise !
Comme pour les MacBook Air, Apple fait son marché tantôt chez Samsung, tantôt chez SanDisk pour se fournir en SSD. Parmi nos modèles de test, seul le 13" (avec 128Go) était équipé d'un SanDisk, les deux autres 15" (256Go et 1To) bénéficiant d'un modèle Samsung.
Comme on a pu le voir à de nombreuses reprises, les SSD Samsung sont bien plus performants. Heureusement, il semble qu'Apple se fournisse chez ce dernier pour les versions 512Go et 1To. La loterie
SanDiskne touche a priori que les petits modèles de 128Go et 256Go.
Pas d'affolement toutefois, à moins de traiter des flux 4k sous Final Cut Pro, la plupart des utilisateurs (même professionnels) ne feront pas la différence, tant les performances restent élevées dans tous les cas. On regrettera simplement qu'Apple n'informe pas ses clients que ses disques peuvent offrir des performances différentes sur un même modèle.
Notons enfin les débits toujours aussi fabuleux de la version 1To, qui tire pleinement partie des 4 lignes de PCIe présentes sur ces machines : rendez-vous compte, ce SSD dépasse 1,2Go/s en lecture et 1,1Go/s en écriture !
Conseils d’achat
L’achat d’un MacBook Pro se fait rarement à la va-vite et c’est bien normal : vu le tarif, il serait dommage de se tromper de modèle. Voici donc quelques conseils d’achat pour vous guider dans votre choix; n’hésitez pas à réagir à cet article si vous avez d’autres questions.
13 ou 15” ?
La question de la taille d’écran se pose souvent en mobilité, deux pouces d’écart permettant tout de même de gagner pratiquement 500 grammes. Au quotidien, la différence se ressent nettement dans le sac-à-dos, si bien que beaucoup hésitent toujours entre mobilité et confort d’utilisation.
Pourtant, contrairement au MacBook Air -où les modèles 11” et 13” affichent des caractéristiques voisines- les différences ne se limitent pas ici à la taille de l’écran. Le 15” est environ deux fois plus puissant, que ce soit au niveau du processeur ou du circuit graphique. Le gap se ressent dans le prix, forcément, et chaque machine visera donc un public finalement assez différent : le 13” convient assez bien à de la bureautique avancée, du développement et même des petites tâches multimédia. En revanche, les professionnels de la photo ou de la vidéo -avec des traitements lourds- ne pourront se passer de quadri-coeur, uniquement disponible sur le 15”. Les fanas de jeux et de 3D ne pourront pas non plus se satisfaire du modèle 13” largement sous-équipé, avec son GPU Iris (non Pro) et l’absence d’options permettant de relever un peu le niveau (quadri-coeur, GPU dédié…).
Nos conseils sur la gamme 13”
La gamme 13” est assez bien étagée et, pour une fois chez Apple, le supplément de SSD et de MHz n’est pas surfacturé. Sur ce type de machine, nous aurions tendance à vous conseiller de privilégier la taille du SSD avant-tout : 128Go sont aujourd’hui trop justes pour stocker ses données sans un disque externe à côté et 256Go nous paraissent vraiment le minimum vital sur une bécane qui a vocation professionnelle. Notez que si votre budget est vraiment serré, vous pourrez aussi augmenter un peu le capacité via des cartes SD : on en trouve désormais jusqu’à 128Go ! Pour autant, elles ne remplacent pas vraiment le SSD interne, puisque les débits sont plus faibles et que ce dispositif n’a pas été conçu pour être utilisé comme un disque, et pourrait vieillir un peu moins bien.
Le passage du Core i5 au Core i7 est facturé assez cher, et le gain en performance restera assez contenu (comptez 5 à 10% grand maximum). À choisir, passez plutôt la machine à 16Go de RAM. Ce sera un argument de poids à la revente et surtout, cela permettra à ce MacBook Pro de voir l’avenir plus sereinement.
Notez enfin qu’Apple propose toujours le MacBook Pro 13”
SuperDriveà la vente : il permet de mettre à jour la RAM et le disque dur après achat. Evidemment, son GPU est vieillissant mais son CPU reste voisin de celui qui équipe le 13” Retina. Cette option reste donc envisageable pour les petits budgets, d’autant qu’on trouve aujourd’hui des SSD de grosse capacité à des tarifs de plus en plus abordables.
Nos conseils sur la gamme 15”
La gamme 15” ne propose que deux modèles standards, avec comme principale différence l’absence de GPU dédié sur la petite configuration. Pour autant, l’Iris Pro n’est pas aussi ridicule face à la 750M que l’Iris (non pro) des 13”, surtout en OpenGL. La 750 restera malgré tout plus à l’aise dans les jeux et même indispensable pour les applications utilisant CUDA (comme une bonne partie de la suite Adobe ou de certains logiciels de 3D).
Comme sur le 13”, on évitera les mises à jour du CPU : l’upgrade est facturée assez cher pour une différence de performance très contenue. Préférez un SSD plus costaud, qui vous permettra de stocker images, vidéos, MP3 et applications sans trop de sacrifice.
Acheter moins cher : le Refurb, Apple Store Education....
Compte tenu du peu d’évolutions cette année, le Refurb constitue plus que jamais une bonne alternative pour acheter un MacBook Pro moins cher. Vous pouvez ainsi vous offrir une version ”boostée” sur le Refurb pour le prix de l’entrée de gamme neuf. Sur le 15”, cela vous permet d’accéder à la GeForce 750M au tarif de l’Iris Pro ! Notez qu’Apple propose -à l’heure où nous écrivons ces lignes- de nombreuses configurations personnalisées, avec des options de CPU ou de SSD. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le Refurb vaut souvent plus le coup pour le haut-de-gamme et permet de gagner jusqu’à 500 euros sur certains modèles !
Les ventes flash et les bons plans
Elles sont souvent temporaires et rarement prévisibles : Elles permettant parfois de gagner 10 à 15% sur une machine.
Apple Store Education
Enfin, les étudiants et enseignants peuvent s'orienter vers l'Apple Store Education. Les réductions sont d'environ 5%, c'est toujours ça de pris !
La note !
Cette cuvée 2014 ne marquera pas les esprits, et pour cause, Apple manquait clairement d’ambition cette année. Les ingénieurs étaient sans doute trop occupés sur l’iWatch et sur l’iPhone 6 pour se pencher sur la question. On regrettera d’une part, l’absence de nouveautés côté GPU mais aussi la stagnation des capacités des SSD. Il serait également temps qu’Apple se penche sur le manque d'évolutivité de ces machines et utilise enfin des connecteurs SSD PCIe standards. Quant à la RAM soudée, peu de chance qu’Apple revienne un jour en arrière; mais pire, le procédé pourrait se généraliser rapidement aux machines de bureau. Sans rentrer dans les détails, souder la mémoire vive présente un intérêt substantiel en terme de performance et de stabilité, tout la question étant de savoir si la RAM initiale suffira pour toute la durée de vie de la machine.
Ces petites mesquineries sont d’autant plus désagréables que les MacBook Pro Retina font toujours figure de référence sur le haut-de-gamme des portables, PC compris. Le compromis puissance/autonomie est aujourd’hui introuvable chez la concurrence et certaines technologies -comme le Thunderbolt 2 ou l’écran Retina- sont même assez inédites.
Au final, nous avons ici une gamme toujours très homogène, parfaitement étagée, bien équipée, bien qu’un peu chère côté options. Nous avons donc décidé de conserver une note élevée, qui pourrait cependant baisser l’an prochain si Apple ne se montre pas plus ambitieuse.
Résumé : le MacBook Pro Retina 13"
Résumé : le MacBook Pro Retina 15"