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Mac4Ever teste Art rage studio pro 3.0.7

Par Arnaud Morel - Publié le

Moins célèbre que les ténors du genre, Art Rage Studio Pro est un logiciel de dessin qui mérite d'être découvert. Vendu 69 € en version Studio Pro et 35 € en version "simple", Art Rage, proposé en version 3.0.7, creuse, cependant, un sillon bien à lui avec des choix d'ergonomie revendiqués et assumés. Retrouvez les principales caractéristiques de ce logiciel dans ce test, rédigé par Oliver Audy.

Mac4Ever teste Art rage studio pro 3.0.7



Un logiciel dedié aux gribouilleurs digitaux



À l’inverse des ténors du genre comme Photoshop et Painter, Artrage a toujours été un peu à part, considéré comme un logiciel de dessin assez mineur, permettant d'impressionnants effets de matières, mais incapable de rivaliser avec les superstars généralement utilisées dans le monde de l'illustration numérique.

Le Artrage nouveau en sa version 3.0.7, qui se définit comme un logiciel de dessin numérique permettant des effets de matières très sensuels (du classique crayon papier en passant par le pastel, l'aquarelle, jusqu'au couteau à peindre pour peinture à l'huile) annonce un certain nombre de fonctions alléchantes pour les dessinateurs habitués à l'univers Adobe et Corel : calques et groupes de calques, outils de sélection avancés, interface travaillée et ergonomique…

Qu'en est-il réellement ?…


Gardons les bonnes habitudes !…



Les habitués de Photoshop se sentiront à l’aise, on retrouve la traditionnelle palette de calques, avec la possibilité de régler leur opacité, leur mode de fusion, et de créer des groupes. On peut même les transformer manuellement comme dans le best-seller d'Adobe. Aussi, la pipette s'active en maintenant "alt" enfoncé. Bref, les développeurs d'Artrage ont conscience qu'il ne faut pas dépayser l'utilisateur, "et ils ont bien raison, ma bonne dame"!

Pour le déplacement et le zoom, Artrage s'inspire de Sketchbook en proposant une palette flottante qui se révèle assez pratique à l'usage. Le déplacement avec le raccourci clavier "espace" propre aux logiciels Adobe est aussi conservé.

A noter qu'un selecteur de couleur est disponible par raccourci clavier quand on appuie sur "Alt" et "Pomme", comme dans Photoshop CS5.

Des petits détails facilitent la vie du dessinateur frénétique, bien pressé de gribouiller: par exemple, le réglage de l'opacité d'un calque se fait en cliquant sur une petite icône, et en laissant le stylet appuyé vers le haut le bas. Ce genre de fonction, très intuitive, inaugurée par Autodesk Sketchbook dans sa première version pour régler la taille de la pointe d'une brosse et sa transparence, a été reprise par Photoshop depuis la version CS4. Aussi, appuyer sur la touche "pomme" vous permet de réaliser des traits droits, pratique pour simuler des traits à la règle.

Coté boutons et icônes, c'est un régal pour l'œil: les outils artistiques sont littéralement représentés de façon très réaliste. L'interface verte/argenté joue énormément sur les effets aqua, et met l'utilisateur très à l'aise.

À noter que l'export au format .psd (Photoshop) fonctionne très bien.

Mac4Ever teste Art rage studio pro 3.0.7



Des outils originaux



Le "stylo glop", une sorte de feutre qui simule des fuites, très réalistes, il est jouissif à manier. On se croirait revenu sur les bancs du lycée, à dessiner comme un cancre au fond de la classe avec des outils improvisés, extirpés de la trousse de sa jolie voisine.

Les "stickers", des clip-arts regroupés que l'on peut disséminer sur sa création; force est d'admettre qu'ils sont de plus ou moins bon goût: effets de matières, mouches, galets, chiffres, etc. L'utilisateur professionnel n'y trouvera que très peu d'intérêt, même si cela peut dépanner de temps à autre.

"Les stencils" sont des pochoirs aux formes diverses, assez amusants à utiliser, que l'on déplace sur le canvas grâce à un clic+espace.

La fonction "références", qui permet de placer en Post-it® une image punaisée sur son plan de travail, évite d'avoir une seconde fenêtre d'ouverte pour l'image qui sert de modèle à votre création. On peut même zoomer et déplacer l'image à l'intérieur du Post-it® !… De la grande magie, assurément.

En pleine frénésie dessinatoire, lorsque votre brush est active, les palettes ont le bon goût de "disparaître" temporairement pour laisser la place à votre furie créatrice. Une excellente fonction !…


Tout un attirail au service de la rage de peindre !…



Rendons à César ce qui lui appartient, Artrage remplit on ne peut plus correctement son rôle de logiciel artistique, dont les effets de matières surprenants peuvent être vraiment qualifiés de "natural media".

A titre d'exemple, l'outil d'encrage au pinceau est vraiment remarquable, on retrouve la sensibilité de l'outil traditionnel, les pleins et les déliés sont bien respectés.

La Palette "Préréglage" comportes des fonctions très riches: pour chaque outil, des variantes pré-parametrées impressionnantes offrent une large palette d'effets. On citera entre autre la correction automatique des traits ("auto smooth me" ) permettant de "corriger" les traits de dessin au crayon. Très appréciable, cette fonction n'existe (à ma connaissance) que dans Painter ou Illustrator, mais pas encore dans Photoshop.

Aussi, le réglage "dry on wet" de l'outil pinceau permet d'obtenir des encrages (comprenez par "encrage" le contour noir propre à la bande dessinée) assez sympathiques pour peu que l'on combine cela avec les options de la fenêtre "paramètres".

Autre innovation d'Artrage, la possibilité d'avoir une icône de verre d'eau qui "nettoie" la brosse des couleurs environnantes qui l'ont souillée pendant la session de peinture; cette option demande un petit temps d'adaptation, mais se révèle très réaliste au final (elle s'accompagne en sus d'un petit bruit de goutte qui tombe dans l'eau, particulièrement rafraîchissant ;)

Et c'est en mélangeant qu'on devient forgeron: en combinant les différents outils, on obtient des résultats quasi naturels. Essayez une colorisation en commençant avec l'outil "aquarelle", puis adoucissez le tout avec un couteau à palette "Blurred frosting", pour ensuite finir par de légers coups de "rouleau", résultat garanti !

Mac4Ever teste Art rage studio pro 3.0.7



Les ombres au tableau…




La plupart des outils, même s'ils sont riches au niveau des effets de matières, peuvent parfois décontenancer lorsque l'on cherche à mélanger (le fameux "blending" en anglais) les couleurs. Cette impression est renforcée par l'impossibilité de changer rapidement de taille de pinceau (il faut repasser par la palette inférieure gauche) ou leur transparence. Aussi, de nombreux outils comme le "tube de peinture" sont un peu cheap, et ne satisferont que les plus amateurs.
On notera aussi certaines (petites) lenteurs au niveau de l'interface, notamment lors du déplacement/suppression des calques dans leurs palettes, et des transformations des éléments. (si l’on compare à Photoshop, bien sûr).

Concernant les outils, le crayon est bien geré, mais quand même un inférieur à celui de Sketchbook pro d'Autodesk, qui reste à mon sens LA référence en matière de rendu de sensation de croquis sur papier.

Du point de vue de l'ergonomie, comme je le disais ci-dessus, on redimensionne sa brush par un clic-glissé sur la petite palette en bas à gauche, ce qui oblige la main à faire des allers-retours. Pour ca, Sketchbook Pro et sa palette de redimensionnement volante est quand même bien plus ergonomique.

- La forme des curseurs s'appréhende difficilement: on a le choix entre un pointeur représentant l'outil, une croix, ou un rond symbolisant approximativement la taille de la brush. Le professionnel demandeur de précision se trouvera quelque peu lésé.

- Effacer une sélection n'est pas possible avec la touche "delete", il faudra passer par le bouton "effacer la sélection" de la fenêtre "Paramètres". Là aussi on aurait aimé un raccourci plus accessible.

- Les outils de sélections se limitent à un lasso et à un outil rectangle et rond. On aurait aimé récupérer la sélection d'un calque, fonction essentielle en dessin numérique !

- Lorsque l'on se trouve sur une autre fenêtre de Mac OS, et que l'on veut repasser sur sa surface de travail Artrage en cliquant dessus, le clic compte comme un trait de crayon. Ce n'est pas le cas dans Photoshop, qui considère qu'un premier clic sur une image Photoshop n'est pas une action créative, mais juste un acte de sélection de l'application.

- La taille des outils est assez limitée (100% dans la palette inférieure gauche en accès direct), ce qui ne suffit pas à couvrir une zone assez grande, sauf si vous rentrez un chiffre supérieur pour bénéficier d'une taille de brosse plus grande (par exemple: 500%) Néanmoins, attendez-vous à des ralentissements: couvrir un A4 en 250 ppi peut vite s'avérer pénible (sur un G5 dual core) !….

Mac4Ever teste Art rage studio pro 3.0.7



Pour conclure, car il le faut bien un jour: un logiciel pour petits et grands



Artrage Studio Pro ne déçoit pas: son interface soignée s'apprécie comme une sucrerie. Il est relativement fluide sur un G5 dual 2GH avec 4 go de ram (format de papier: 10X15 en 250PPI), même si les grosses brushes rament un peu, comme dans Painter, ou même Photoshop et ses "formes doubles".

Vendu 79 USD (69 €), la version pro est moins chère que Sketchbook pro (130 USD environ) et que Corel Painter (Environs 160 euros). Le forum Artrage (principalement anglophone) offre un intéressant support technique, et la communauté semble plutôt active.

Moins confus que son grand frère Corel Painter au niveau des options de brosses, il saura satisfaire les utilisateurs débutants et amateurs en leur offrant des outils faciles d'accès. Son interface ludique conviendra aussi parfaitement aux enfants: de quoi susciter de bien belles vocations !…

Les professionnels seront sans aucuns doutes séduits par l'ergonomie qui rappelle vraiment les logiciels Adobe et consort, ainsi que par certaines options novatrices originales; en somme, un logiciel qui mérite largement d'être adopté !…




Art Rage Studio Pro, 69 €
Oliver Audy