Les 5 points clefs des résultats trimestriels
Par Arnaud Morel - Publié le
Il n'y aura pas de nouveauté majeure avant l'automne
Rarement un dirigeant d'Apple aura été aussi clair quant aux attentes à avoir en matière de nouveaux produits dans l'immédiat futur. Apple cherche à éviter les attentes irraisonnées et a donc annoncé clairement la couleur : il n'y aura pas de nouveau produit majeur lancé au trimestre prochain.
Nos équipes travaillent d'arrache-pied à des nouveaux matériels, logiciels et services que nous sommes impatients de lancer à l'automne, et durant l'année 2014, a ainsi précisé Tim Cook lors de la séance de questions post résultats.
La marge bénéficiaire se normalise
L'environnement concurrentiel sur le marché des smartphones est très actif, et la Pomme fait des efforts sur ses marges bénéficiaires. Dit autrement, l'iPhone n'est plus un smartphone hors norme qui s'impose facilement face à ses compétiteurs. Ceci étant, même dans ce contexte, les ventes d'iPhone progressent ce trimestre de 7 % par rapport à l'année précédente mais, dans le même temps, le marché global a lui, progressé de près de 30 %. Cette progression se fait, pour l'essentiel, sur le segment des smartphones milieu de gamme, les fameux smartphones sous les 300 $, qui constituent l'essentiel des ventes dans les pays émergents, relais de croissance essentiel de l'industrie aujourd'hui. Apple va-t-elle continuer sa politique, plus ou moins agressive selon les pays : baisser le prix des générations précédentes d'iPhone, ou va-t-elle lancer ce fameux iPhone pas cher ? La question reste ouverte mais les indices pointent tout de même en faveur de la seconde solution :
Je pense que la vraie question sur ce sujet est : est-ce que nous voulons grossir plus vite ? Nous ne voyons pas celle-ci comme le seul indice de la santé de notre entreprise, cependant.
Sur le segment des tablettes, l'iPad mini constitue désormais l'essentiel des ventes. Et celui-ci est positionné de manière agressive en matière de tarif, impliquant une marge bénéficiaire bien moindre. Ces deux facteurs réunis expliquent en grande partie une marge qui s'établit entre 36 et 37 %. Les contempteurs habituels de la Pomme, qui traitaient ses clients de pigeons lorsque celle-ci réalisait une marge bénéficiaire de 47 % estiment désormais que la marge à 37 % constitue un indice irréfutable de l'effondrement de l'entreprise californienne.
Globalement, alors que l'iPad mini, l'iPad 5 et l'iPhone 5 sont, peu ou prou, en milieu de vie, Apple peine à améliorer ses marges bénéficiaires. Or, Cupertino a longtemps réussi à améliorer celle-ci au fur et à mesure de l'avancée du produit dans son cycle de vie, les volumes de production augmentant tandis que le process de fabrication améliorait son rendement. C'est moins vrai aujourd'hui.
Le niveau d'idioties racontées est élévé
Le délire de pseudo analyses qui a précédé l'annonce des résultats aura atteint un niveau rarement vu. Impossible de dénombrer tous les articles ayant pointé du doigt qui les difficultés de production des iPhone, qui l'arrêt des commandes de pièces de Mac, qui la sinistrose économique dans laquelle s'enfoncent les fournisseurs d'Apple du fait de ventes
décevantes.
La méthode est toujours la même : prendre une information non sourcée, voire purement de l'ordre de la rumeur, la mélanger avec des prédictions d'analystes, agiter bien fort et chapeauter le tout d'un titre bien ronflant sur l'air du
Apple, c'est fini.
Et ça ne va pas s'arrêter. Un seul exemple seulement : Les Échos ce matin expédient les résultats trimestriels en trois lignes, pour consacrer l'essentiel de leur article à... Une analyse de JP Morgan publiée une semaine avant les résultats.
Apple perd de sa superbe...
Le Mac est atone, moins que le marché du PC cependant
Les ventes de Mac baissent ce trimestre, faiblement, de 2 %, tandis que le marché du PC dans son ensemble enregistre l'une des plus fortes baisse jamais enregistrée (-14 % selon IDC). Une part de cette baisse provient sans doute des ventes de tablettes, qui, elles, augmentent de 60,5 %.
Nous avons vendu près de 20 millions d'iPad ce trimestre et il est certainement exact que ces iPad ont eu un impact négatif sur les ventes de Mac. Mais je ne pense pas que ce soit d'un importance si significative, a estimé Tim Cook.
Cette baisse suit de peu de lancement des nouveaux iMac, ou plutôt la disponibilité réelle de ces nouvelles machines, lancée à la fin de l'année précédente. Un lancement que Tim Cook confesse avoir été prématuré.
Sincèrement, si c'était à refaire, j'annoncerais ces nouvelles machines après la fin de l'année dernier (NDR : ils ont été annoncé en octobre 2012), car nous avons fait attendre nos clients trop longtemps leur machine.
Cependant, un autre facteur, sans doute plus significatif, explique ce marché du Mac atone. Depuis maintenant de longues années, les évolutions en matière d'ordinateur de bureau sont mineures, incrémentielles. La seule vraie évolution enregistrée concerne l'arrivée d'écrans Retina sur une partie de la gamme des portables. Et celle-ci se fait, sur ces premières générations, au détriment de la puissance graphique absolue. Les cartes graphiques et GPU évoluent, certes, devenant capables de traiter plus d'opérations à la seconde, mais cet accroissement n'est pas capable d'absorber sur une génération de produit l'accroissement du nombre de pixels géré par un facteur 4. Dit autrement, l'arrivée d'un écran Retina impacte le prix, plus élevé, mais aussi les performances graphiques, qui seront amoindries par rapport à la génération précédent le Retina.
Même tendance sur les machines de bureau (iMac, Mac mini), où le dictat du design prend parfois le pas sur la raison : est-ce si important d'avoir l'iMac le plus fin du monde, si l'on ne peut même plus y ajouter RAM et disque dur au bout de quelques années ? Ce culte voué à la finesse des produits a également tendance à faire monter les tarifs, qui explosent littéralement lorsqu'on y ajoute quelques options, souvent surfacturées (Fusion Drive, cartes graphiques, SSD, RAM...)
Ces évolutions constante mais incrémentielles impliquent un renouvellement de machine moins fréquent. Il n'y a pas grand chose que nous pouvez faire avec un Mac cuvée 2013, que vous ne pouviez faire avec un Mac cuvée 2011, par exemple.
C'est aussi ce que pense la direction d'Apple.
Le facteur le plus important (pour expliquer la baisse du marché des PC, NDR) à mon avis est que les gens augmentent la durée de leur cycle de renouvellement de machines, précisait Tim Cook, hier.
L'iPod continue son déclin. Le niveau des ventes, sur ce second trimestre 2013 (5,6 millions), est voisin de celui du second trimestre 2005 (5,311 millions). La courbe le dit assez clairement : le marché du lecteur musical autonome est en train de mourir. Seul l'iPod touch survit, et il constitue l'essentiel des ventes du segment. Mais l'iPod touch est plus un iPhone sans fonction téléphone qu'un iPod au sens de lecteur musical stricto sensu.
Le prochain trimestre sera morose
Apple a réalisé son meilleur trimestre en Chine, et le gigantesque marché chinois constitue un réservoir de progression pour Cupertino, de même que l'Inde, dans une moindre mesure. Cependant, la conjoncture au mieux morose, l'absence de nouveaux produits et le ralentissement des ventes lié à l'arrivée en bout de cycle des produits les plus porteurs - iPhone et iPad - devraient aboutir à un 3e trimestre économiquement morne pour Apple. Les prédictions d'Apple pointent dans ce sens : entre 33,5 et 35,5 milliards de dollars de chiffre d'affaires, une marge brute se situant autour de 36- 37 %.