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Test du casque ZIK de Parrot

Par Didier Pulicani - Publié le

Produire des casques lorsqu’on n’a aucune expérience audio reste une opération délicate. Beaucoup s’y sont cassés les dents, à commencer par les fabricants de périphériques de jeux, qui ont presque tous une grosse arche de gamer au catalogue, et dont la qualité sonore est rarement au rendez-vous. Vous avez aussi des marques comme Beats Electronics ou SkullCandy qui, sur des segments différents (Beats vise le haut-de-gamme, Skull les ados fauchés) vendent à tour de bras, tandis que la qualité d’écoute n’est jamais à la hauteur d’un Sennheiser ou d’un AKG au tarif équivalent.

Test du casque ZIK de Parrot


Chez Parrot, on n’est pas totalement novice dans le domaine. Cette petite réussite française compte déjà une vingtaine d’années d’existence et a construit sa réputation sur ses puces de traitement du signal, tout en maitrisant parfaitement les technologies sans fil. Parrot fut même l’un des précurseurs des systèmes embarqués utilisant le bluetooth dans les véhicules (en 1999) mais aussi parmi les premiers à se lancer dans la reconnaissance vocale, dans le milieu des années 90.

Cette année, le constructeur a donc décidé de venir taquiner le marché, avec une enceinte (ZIKMU) et un casque (le ZIK). Pas question de faire du bas-de-gamme, Parrot s’attaque directement à un public bien défini, à la recherche de design, de qualité, et qui a les moyens de ses ambitions. Paradoxalement, on entre ici en confrontation directe avec les Beats, dont toute la stratégie marketing repose sur le design et la qualité des matériaux. Vous verrez dans le test que le pari est plutôt réussi pour Parrot, qui, lui, ne s’est pas contenté d’une coque vide.

Une finition exemplaire



Test du casque ZIK de Parrot


Que l’on soit fan (ou non) de Starck, il faut reconnaitre que le designer français remporte souvent la majorité des suffrages une fois l’objet en mains. L’homme aime les formes douces, épurées, et lorsqu’on lui confie un produit électronique, il s’acharne -comme Apple- à cacher les éléments disgracieux. Mais ce cher Philippe ne s’est pas contenté du design extérieur : pour placer la batterie dans l’oreillette gauche, il suffit de faire glisser le flanc extérieur par une simple pression, cette partie de la coque étant simplement… aimantée !

Test du casque ZIK de Parrot


Le Zik est esthétiquement une réussite. Les matériaux sont doux, haut-de-gamme, et le casque respire la qualité. On le saisit sans problème au niveau de l’arceau central, bien rigide, et renforcé d’une petite mousse sur la partie supérieure.

Les écouteurs, eux, sont larges et se calent bien sur les oreilles, le casque n’appuyant pas sur les pavillons mais englobant totalement les oreilles. Parrot a réussi à trouver une mousse qui ne compresse pas trop le crâne et après plusieurs heures d’écoute, je n’ai pas ressenti de douleur particulière.

Test du casque ZIK de Parrot


La recherche de qualité s’étend sur toute la chaine : que ce soit l’USB (pour la recharge) ou le câble jack, tous deux sont tressés (ce qui évite les noeuds) et les embouts sont gainés de plastique caoutchouteux, texturés façon peau de pêche, donnant un aspect également très qualitatif.

Test du casque ZIK de Parrot


Un concentré d’électronique



La technologie n’a de sens que lorsqu’elle est invisible pour l’utilisateur. Et je dois dire qu’en la matière, le pari est réussi. Parrot a inclu dans son casque toutes les dernières fonctionnalités du moment, mais de manière très transparente.

Effleurer pour cliquer



Starck ayant éliminé les boutons, il fallait bien trouver un système de télécommande efficace et rapidement accessible. Parrot a donc doté l’oreillette droite d’une surface tactile permettant -grâce à un léger effleurement- de changer de piste ou d’augmenter/diminuer le volume sonore.

Test du casque ZIK de Parrot


Outre le petit plaisir de réaliser le geste dans le métro face à des regards interloqués, le système est efficace et très rapide. On apprécie notamment la finesse du réglage du volume, ce qui n’est pas toujours le cas avec une télécommande classique. Sur un iPhone, un tapotement permet également de prendre un appel et même de raccrocher.

Un détecteur de tête



Puisque le casque est alimenté et que chaque seconde d’écoute vient puiser dans la batterie, Parrot a jugé utile de détecter la présence de l’utilisateur. Ainsi, si vous retirez le casque de votre crâne, il se met en veille automatiquement. Il faudra cependant utiliser l’interrupteur pour vraiment le mettre hors-service et préserver l’autonomie.

Un micro via conduction osseuse



Test du casque ZIK de Parrot


C’est une des dernières avancées en matière audio : les ingénieurs savent désormais capter le son de votre voix par conduction osseuse (comme sur les Google Glass). Il s’agit surtout d’améliorer le son déjà obtenu par les deux micros extérieurs. On retiendra surtout qu’en conversation téléphonique (ou via Skype), le son est très clair et de bonne qualité, bien meilleur que le signal transmis à travers le réseau !

Une réduction active de bruit intelligente



La réduction active de bruit est un procédé tout simple, du moins sur le papier : le casque possède des micros extérieurs (4 pour le ZIK, 2 en interne et 2 à l’extérieur) et capte donc les éléments parasites environnants. Pour éviter de les entendre dans le casque, ce dernier génère une onde contraire, qui va alors annuler celle des bruits extérieurs.

Test du casque ZIK de Parrot


Dans les faits, c’est tout simplement bluffant : dans le train ou en avion, vous pourrez écouter votre musique à un volume sonore faible et ne pas être gêné pour les roulis des wagons ou les bruits des réacteurs. Chez Parrot, la réduction nous a paru d’un très bon niveau mais peut-être un peu moins efficace que celle d’un BOSE, par exemple. En revanche, je trouve l’idée de laisser passer quelques médiums plutôt utile, puisque cela permet d’entendre les gens qui vous parlent, et éviter l’isolation totale, qui peut s’avérer carrément dangereuse en déplacement.

Une autonomie très correcte



En utilisation intensive (bluetooth, réduction de bruit), le Zik offre environ 6H d’autonomie. C’est pas mal du tout et largement dans le haut du panier. En branchant la prise jack, on passe rapidement à 17/18H, de quoi faire un long trajet en avion par exemple. Et si vraiment, le casque se décharge totalement, vous pouvez toujours continuer à l’utiliser via la prise jack. Notez tout de même qu’une fois que le DSP n’est plus alimenté, le casque passe en mode passif et le son est alors assez médiocre.

Bluetooth un jour…



Le Zik, comme tous ses concurrents, utilise le Bluetooth pour capter le signal audio. La connexion se fait en un clin d’oeil avec le Mac ou l’iPhone et le casque est immédiatement reconnu. Nul besoin de refaire la manip’ à chaque fois, dès que vous l’allumez, le son vient immédiatement sortir dessus.

Test du casque ZIK de Parrot


Si vous n’avez jamais écouté de la musique sans fil à la patte, la sensation de liberté est vraiment agréable. Pouvoir se faire un p’tit café (ou aller aux toilettes, me souffle ma collègue) sans débrancher est assez pratique, même si le Bluetooth limite pas mal la portée (quelques mètres seulement). Si votre réseau WiFI est déjà bien encombré, il ne faudra pas espérer pouvoir sortir de la pièce…

L’appareil dispose également d’une sortie jack, pratique si vous voulez éviter la désynchro (on en parle plus bas). Dommage que la prise USB se contente de recharger le casque, et ne transmette pas le son !

Une application iOS pour paramétrer le casque



Rassurez-vous, il n’est pas nécessaire d’avoir un iPhone pour utiliser le Zik. Toutefois, Parrot Audio Suite offerte par Parrot permet d’accéder à quelques réglages bien pratiques, qu’on ne retrouve pas sur l’appareil :

- activer/désactiver l’annulation active de bruit
- paramétrer les égaliseurs : vous pouvez régler chaque fréquence séparément ou utiliser les préréglages fournis



- activer le Tunes by Lou Reed. L’artiste, avant sa mort, avait travaillé avec le constructeur pour proposer un réglage spécifique à la musique Rock, avec notamment des basses renforcées. Lou Reed était très enthousiaste quant à la restitution. Il nous disait prendre beaucoup de plaisir et ressentir la scène sonore telle qu'il l'avait en tête a déclaré un ingénieur au moment de l’annonce du partenariat.
- activer le Parrot Concert Hall, un mode d’écoute qui spacialise le son à plusieurs degrés (de la petite chambre à la salle de concert). C’est assez efficace si l’on aime ce type de réglage.
- Enfin, l’app permet de mettre à jour le casque (on est 2013, tout se met à jour !) mais aussi de voir le niveau de la batterie.

Parrot Audio Suite

Parrot Audio Suite

Parrot Sa

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Son



Je ne vais pas tourner autour du pot, mais je trouve que le son de ce casque est très bon. Alors certes, Mac4Ever n’a pas encore les moyens de se payer un analyseur de spectre, capable de vous dire quelle est la réponse en fréquence précise de l’appareil, mais ce type de mesure reste tout aussi subjective à interpréter que mon aptitude à distinguer si le dernier Blackfeet Revolution sonne correctement dans mes oreilles.

Concrètement, les basses sont bien présentes, légèrement poussées, mais sans excès. Le reste du spectre m’a paru bien équilibré et sur un morceau classique, je n’ai pas eu l’impression de perdre des instrus ni de me faire percer le crâne avec des aigus trop présents. Ayant l’habitude des grandes marques (type AKG ou Sennheiser), le Zik tient tout à fait la route sur le plan du rendu sonore.

Test du casque ZIK de Parrot


Là où je serais plus mitigé, c’est avec le bluetooth. Parrot utilise le codec SBC lorsque votre fichier est en MP3, sinon, c’est le signal MPEG4 (AAC 256kbps maxi) qui sera transmis. Même si la majorité des gens ne verront sans doute pas la différence (surtout avec du MP3), je trouve que les artefacts (dus à la compressions SBC) s’entendent quand-même, si votre morceau est assez riche musicalement. Mais les puristes n’utilisent de toute façon pas de casque sans fil et sur ce segment, Parrot s’aligne avec la norme, qui ne devrait pas beaucoup évoluer ces prochaines années. Bref, on entre dans le même genre débat qui oppose MP3/AAC vs CD, et il faut bien garder à l’esprit que la majorité des amateurs de musique n’ont certainement pas l’oreille absolue.

L’autre inconvénient du bluetooth, c’est la latence. Si vous écoutez de la musique sur iTunes ou votre iPhone, vous pouvez ne jamais vous en rendre compte. En revanche, en regardant la moindre vidéo, vous verrez rapidement que les lèvres des personnages sont légèrement désynchronisées avec le son. Oh, c’est pas grand chose, mais le délais est suffisant pour être perceptible. Parrot, sur ses forums, évoque environ 180ms de décalage. C’est à la fois peu et beaucoup. Concrètement, si vous regardez de temps en temps des p’tits clips sur YouTube, c’est pas si gênant. En revanche, sur un long film ou si vous jouez de la guitare au casque, c’est vite insupportable et on se dépêchera de rebrancher le jack.

Acheter ou ne pas acheter ?



A plus de 300€, l’achat du Zik ne se fait pas sur un coup de tête et il doit répondre à un besoin bien précis, à savoir un casque de qualité, bardé de fonctionnalités et regroupant toutes les dernières technologies du moment. Je trouve qu’il se positionne très bien face aux Beats (très bien finis, mais d’une qualité sonore très en dessous) et aux BOSE, qui modifient très largement le spectre, même si cela plait à pas mal de monde.



Il n'y a pas de public type du ZIK, même s'il répond parfaitement aux critères du jeune cadre urbain, qui ne veut pas s'embêter avec des fils dans tous le sens et avoir un peu de tranquillité dans les transports. Il conviendra aussi très bien aux vrais mélomanes, en complément d'un bon Sennheiser ou AKG filaire, qui restera lui, à la maison.

Prix et dispo



Le Zik est disponible pour un prix public de 329€, un tarif qui peut toutefois beaucoup varier d’une boutique à l’autre (on le trouve sous les 300€ assez facilement).

Vous pouvez comparer les prix chez boulanger, la Fnac, darty, amazon, Materiel.net ou encore ldlc.

La note !