Test express des enceintes Devialet Phantom I & II : le luxe à la française ?
Par June Cantillon - Publié le
Présentation et caractéristiques techniques
La société française Devialet, qui a été fondée en 2007 à Paris par Pierre-Emmanuel Calmel (ingénieur), Quentin Sannié (entrepreneur) et Emmanuel Nardin (designer), a mis en avant sa vision et sa technologie basée sur le dépôt de brevet (en 2004) de l'amplification hybride analogique/numérique ADH pour séduire quelques investisseurs de renom, dont Bernard Arnault, Marc Simoncini, Xavier Niel et Jacques-Antoine Granjon, afin de donner à la marque les moyens de son ambition.
Le nom de la firme est une référence à Guillaume Vialet, ingénieur, compagnon de Diderot, et contributeur à l'Encyclopédie française. En 2015, l'aventure débute avec Phantom (sans article défini), la première enceinte signée Devialet. En 2018, la société, forte de plus de 200 brevets, accueille Franck Lebouchard en tant que dirigeant et dont le but est d'accélérer le développement à l'international.
En février 2021, le constructeur a mis son équipe d'ingénieur au travail afin de faire évoluer sa gamme et présente sa nouvelle enceinte Phantom I, tout en renommant la Reactor en Phantom II et en déployant un système d'exploitation repensé dans la foulée. Les enceintes Devialet sont livrées dans de volumineuses boîtes qui ne passeront pas inaperçues. Le packaging protège bien les produits, et ne contient que le strict minium, l'enceinte et le câble d'alimentation pour Phantom II, ainsi que la nouvelle télécommande et le câble USB nécessaire à sa recharge pour Phantom I.
Les imposantes (252x255x342 mm pour 11,4 kg sur notre balance) enceintes Phantom I 103 dB que nous avons pu essayer embarquent chacune un tweeter à dôme aluminium, un haut-parleur médium en anneau et deux haut-parleurs opposés pour le grave , un DAC 24 bits/96 kHz, un processeur ARM Cortex-A9 à 1,25 GHz et 512 Mo de RAM, un port Ethernet Gigabit, et une entrée numérique optique Toslink 24bits/96 kHz. Le constructeur annonce un niveau sonore maximal de 106 dB SPL à 1 mètre, 2x500 W RMS, et une bande passante de 16 Hz à 25 kHz à -6 dB. Niveau connectique, en sus de l'entrée optique et de l'Ethernet, Phantom I est compatible Wi-Fi (a/b/g/n/ac 2.4 GHz et 5 GHz), Bluetooth avec les codecs SBC et AAC, UPnP, Roon, AirPlay 2 et Spotify Connect. Chaque enceinte dispose de deux flasques latérales en acier inoxydable poli.
Nous avons pu également disposer de deux Phantom II 98 dB qui se distinguent par un volume nettement moins imposant (219x157x168 mm pour 4,3 kg sur la balance), l'absence de haut-parleur dédié au médium, et par la présence d'une entrée mini jack analogique/optique (24 bits/48 kHz), une amplification de 400W RMS, une bande passante de 18 Hz à 21 kHz, ainsi que de flasques en aluminium. La finition est irréprochable, avec un corps laqué pour les Phantom II, mat sur le gros modèle, une rosace en métal au design rappelant
les jardins à la françaiseprotégeant le tweeter, et un imposant radiateur granuleux sur la partie arrière de l'enceinte.
L'appréciation du design reste une histoire de goût (je le trouve personnellement fort réussi, apportant un vent de fraîcheur appréciable sur ce marché), mais les quelques visiteurs les ont immédiatement remarquées, ce qui n'est que rarement le cas pour le reste du matériel audio parfois haut de gamme qui transite par mon bureau.
Si la présence d'une entrée analogique facilite le raccordement pour ceux qui préfèrent passer en filaire, Devialet propose également le boitier Arch (qui communiquera sans fil avec les enceintes) en option à 349 euros et disposant d'un préamplificateur phono, un port Ethernet Gigabit et deux entrées RCA/câble coaxial numérique (24 bits/96 kHz).
L'installation passera par l'application dédiée qui guidera l'utilisateur et qui permet de créer rapidement une paire stéréo, d'effectuer les mises à jour du programme interne des enceintes, de choisir la source et les entrées, de gérer le volume, et de mettre en place le mode nuit qui réduira les basses fréquences. Le programme ne propose toutefois pas de préréglages d'égalisation, ni d'égalisation à bande. Devialet multiplie les petites attentions afin de créer une relation avec les enceintes, comme le fait de poser la main sur les Phantom I afin de finaliser l'installation, ou le fait que les haut-parleurs latéraux se signaleront d'un battement lors de l'initialisation (ou lorsque l'utilisateur veut consulter quelle enceinte est à gauche ou à droite). Point intéressant, la paire stéréo (Phantom I ou II) peut être sélectionnée en tant que sortie principale de macOS dans les paramètres système en AirPlay 2, ce qui n'est pas le cas des HomePod/mini à l'heure de rédiger cet article (la prochaine mise à jour de Big Sur devrait le permettre).
Rendu sonore
Petite précision préliminaire (dont la présence ne fait que souligner la particularité de ces produits et du
milieu audio) afin d'essayer de ne pas voir les commentaires inondés des habituelles complaintes accompagnant chaque article sur Devialet, et sans évoquer ici le tarif : ces enceintes sont des modèles compacts amplifiés et axés sans fil (même si une connexion filaire reste envisageable), il ne faut donc pas forcément les comparer à une configuration amplificateur/enceintes sélectionnée avec soin par son utilisateur. Le public visé n'est pas le même, et les différentes offres peuvent cohabiter sereinement sur le marché, le tout étant que l'utilisateur soit satisfait de son achat, dans un cas comme dans l'autre.
Dès la première écoute, la sensation qui saute aux oreilles est que le son produit par ces enceintes est impressionnant comparé à leur volume, et c'est d'autant plus saisissant sur les Phantom II au format encore plus compact. Les deux modèles offrent des graves percutants, avec un rendu extrêmement propre, détaillé, sans distorsion, et une dynamique enthousiasmante, y compris en les poussant dans leurs retranchements. Bien entendu, les Phantom I offrent un son encore plus plein, mais les petits modèles ne déméritent pas sur ce point. Les amateurs de musique avec des basses très présentes seront comblés, et la réserve de puissance permettra de sonoriser des pièces volumineuses, y compris avec les petits modèles. De leur côté, les aigus sont brillants et ciselés, et arrivent à trouver leur place dans le spectre sans être irritants à haut volume.
Le tableau n'est toutefois pas idyllique, même si le rendu global reste très satisfaisant pour ce type d'enceintes, le haut-médium est moins bien loti (c'est encore plus vrai sur les Phantom II qui sont dépourvues de haut-parleur dédié), et l'on sent clairement que les basses et les aigus sont plus soutenus, soulignant un léger creux avant que le tweeter ne prenne le relai. Il n'y a vraiment rien de dramatique ici, mais d'autres modèles s'en sortent mieux sur ce point. Nous avons également constaté quelques soucis de synchronisation en stéréo et de petites coupures de temps en temps en AirPlay sur les deux modèles (sans que cela ne se reproduise en filaire, évidemment, ni en Bluetooth), gageons que cela sera réglé via une mise à jour.
Conclusion
Avec ses Phantom I et II, Devialet propose des enceintes intéressantes pour qui voudrait s'offrir des modèles design, compacts, capables de produire des basses percutantes, avec une bonne réserve de puissance, un rendu global satisfaisant et la compatibilité AirPlay 2. Évidemment la technologie embarquée a un coût certain, et le tarif élitiste réservera l'écoute (particulièrement en stéréo) à un petit nombre d'élus, garantissant par la même occasion une aura de
produit luxueuxqui attirera un public ciblé. Pour le même budget, il sera bien évidemment possible d'obtenir un rendu encore plus satisfaisant avec des éléments séparés, souvent nettement plus volumineux, et visant un public différent.
• La Phantom I 103 dB à 1890 euros
• La Phantom I 108dB à 2790 euros
• La Phantom I 108dB Opéra de Paris à 3090€
• La Phantom II 95 dB à 990€
• La Phantom II 98 dB à 1290€