Si l'on met de côté les performances et fonctionnalités de Siri, le HomePod d'Apple pourrait bien briller grâce à la technologie intégrée de Beamforming.
Le beamforming est la capacité d'une enceinte à créer à partir d'un point d'émission, un ou plusieurs faisceaux sonores, afin de permettre la localisation dans l'espace des sons émis. En effet, l'ouïe humaine est capable en analysant le décalage et l'intensité des sons perçus, d'en dresser une carte mentale et ainsi de déduire la provenance des sons.
C'est la particularité exploitée par la stéréophonie -pour stéréo/espace et phonie/son- amenant un certain relief à la musique écoutée. Avec un rendu se rapprochant de l'écoute naturelle de musiciens disposés devant soi et jouant en live, mais aussi la possibilité de créer des effets de profondeur et de panoramique.
Cette technologie, révolutionnaire pour le grand public dans les années 1960, a étonnamment subi de plein fouet l'arrivée des téléphones et des enceintes nomades. Ainsi, le son provenant des haut-parleurs intégrés aux iPhone n'est stéréo que depuis l'iPhone 7. La grande majorité des enceintes nomades produit un son monophonique, parfois stéréo, mais avec un écartement bien trop faible des voies gauche et droite pour obtenir un effet de spatialisation satisfaisant.
Traditionnellement, on utilise une paire d'enceintes, dont le positionnement est primordial, afin d'obtenir un point d'écoute idéal du son stéréo appelé Sweet Spot, souvent limité de fait à un espace réduit. De plus les enceintes ne doivent pas se trouver trop près d'un mur ou d'une paroi car les réflexions sur ces derniers viennent perturber l'écoute et peuvent la rendre franchement désagréable. Bien peu de gens peuvent se permettre de placer idéalement leurs enceintes - par exemple à un mètre du mur du fond du salon- pour des raisons pratiques et esthétiques évidentes.
C'est exactement sur ce point que le HomePod pourrait tirer son épingle du jeu, permettant d'écouter la musique de façon optimale quelle que soit la pièce choisie pour l'accueillir, y compris dans des endroits particulièrement difficiles, avec beaucoup de réflexions. Ainsi les murs carrelés d'une salle de bain, l'ilot central d'une cuisine ou un salon biscornu avec une hauteur de plafond importante poseront d'énormes problèmes pour un système traditionnel, imposant alors le couteux traitement phonique des pièces. Dans ces conditions le HomePod, après analyse de l'espace et des réflexions grâce à la puce A8 intégrée, devrait nous gratifier d'un rendu bien supérieur, tout en balayant la question du positionnement physique du matériel, et ce sans surcoût.
Apple n'utilise étonnament que très peu cet argument, pourtant la vice présidente de l'ingénierie matérielle d'Apple, Kate Bergeron, évoque la genèse du HomePod en ces termes :
La conception du HomePod a commencé par une simple question: Qu'est-ce que cela signifierait si nous décidions de concevoir un haut-parleur que nous pourrions mettre dans n'importe quelle pièce, et que cette pièce n'affecte en rien la qualité du son.
C'est à mon sens, l'intérêt principal du nouveau produit de Cupertino. Les audiophiles ne sauront se passer d'un matériel performant et coûteux, accumulé avec amour, passion et patience. Cependant, pour ceux ne disposant pas de tels systèmes, ou ayant besoin de sonoriser une autre pièce disposant de moins de place -ou d'une disposition compliquée- le HomePod sera une réponse pertinente, si, et seulement si, les promesses technologiques sont tenues.
