Suite à un décret de Donald Trump, dans le but de démanteler l’agence fédérale des bibliothèques, les programmes de prêt d’ebooks et d’audiobooks sont gelés dans plusieurs États américains. Les conséquences se font sentir, alors que l’audience de ces services n’a jamais été aussi forte.
Un décret qui coupe court aux services numériques
Depuis le 14 mars dernier, un décret signé par Donald Trump menace l’Institut des musées et bibliothèques, agence fédérale qui finance de nombreux services publics, dont le prêt d’ebooks et d’audiobooks. En quelques semaines, son nouveau directeur, Keith E. Sonderling, a mis l’ensemble du personnel en congé administratif, annulé les subventions et licencié les membres du conseil national. Résultat : les financements sont gelés, et les bibliothèques doivent ajuster leurs services en urgence.
Un coup dur pour les prêts numériques
Les bibliothèques américaines avaient massivement investi dans le numérique, surtout depuis la pandémie. En 2023, plus de 660 millions de prêts numériques ont été recensés dans le monde, selon OverDrive. Mais ce virage coûte cher : les licences numériques sont plus onéreuses que les livres papier, et doivent être renouvelées régulièrement. Sans aides fédérales, ces services deviennent vite intenables. Le Mississippi a déjà suspendu son programme basé sur l’appli Hoopla, et dans un même temps, la bibliothèque de l’État du Maine a licencié 20 % de son personnel.
Petites structures, grandes conséquences
Le budget annuel de l’IMLS est inférieur à 300 millions de dollars, dont près de la moitié va aux bibliothèques d’État. Ces dernières répercutent ensuite les fonds vers les structures locales, souvent en zones rurales. Sans cette aide, difficile de maintenir des programmes comme les prêts interbibliothèques, les lectures d’été ou l’accès aux contenus numériques. En Californie, 20 % du financement prévu a été annulé, soit environ 3 millions de dollars. D’autres États n’ont tout simplement rien reçu.
Une riposte judiciaire en cours
Face à la décision fédérale, 21 é mais aussi l’American Library Association, ont engagé des recours en justice. Des juges ont temporairement bloqué les actions du gouvernement, mais les fonds restent gelés. Dans l’attente d’un dénouement, les bibliothèques coupent dans les services et les effectifs. Des utilisateurs s’étonnent de ne plus pouvoir accéder à leurs contenus via les applications habituelles. Difficile, dans ces conditions, de maintenir la mission de service public des bibliothèques, surtout pour les plus fragiles.
Pour les bibliothèques américaines, déjà habituées à composer avec des budgets serrés, cette nouvelle crise crée une instabilité supplémentaire. Le gel des subventions frappe d’abord les services numériques, mais ses effets se diffusent rapidement dans l’ensemble des structures. La bataille judiciaire ne fait que commencer, mais les usagers américains, eux, ressentent déjà les effets très concrets de ce virage politique.