Le géant américain du cloud Oracle subit l’une de ses pires séances boursières de l’année. L’action a décroché de plus de 15 % jeudi à Wall Street, après la publication d’un chiffre d’affaires trimestriel nettement inférieur aux attentes. La sanction est brutale, à la hauteur des exigences d’un marché devenu impitoyable face aux investissements massifs consentis dans l’IA.
Un chiffre d’affaires qui déçoit un marché habitué à l’euphorie IA
À 14h30 GMT, l’action Oracle chutait de 15,36 %, revenant à 188,75 dollars. La situation est révélatrice d’un climat où les investisseurs attendent des géants du cloud qu’ils transforment immédiatement leurs dépenses dans l’intelligence artificielle en croissance spectaculaire.
Oracle, engagé depuis deux ans dans une stratégie d’expansion colossale dans les infrastructures IA – centres de données, GPU NVIDIA, partenariats stratégiques – n’a pas livré les performances promises. Le marché espérait un trimestre exponentiel, mais il a eu un trimestre simplement solide, et donc insuffisant et en deçà des attentes du marché.
Pression maximale sur les dépenses IA
Depuis l’essor de l’IA générative, les investisseurs accordent un intérêt élevé aux acteurs capables de montrer une croissance rapide : Microsoft surperforme grâce à Azure et OpenAI, Amazon rebondit avec la croissance d’AWS et d’Anthropic, Google peine mais affiche une croissance cloud à deux chiffres.
Dans ce contexte, Oracle, qui doit encore prouver sa place dans la bataille, n’a pas réussi à convaincre. Ses revenus cloud progressent, mais trop lentement pour justifier les milliards investis dans ses infrastructures “Oracle Cloud Infrastructure” (OCI), présentées comme une alternative optimisée pour les workloads IA.
Oracle sous pression malgré une stratégie long terme ambitieuse
La firme de Larry Ellison mise pourtant sur un positionnement agressif : héberger les modèles d’OpenAI, Cohere et xAI, construire des data centers hyperscale dans plus de 20 régions, proposer une architecture cloud réputée moins coûteuse et plus flexible que celle de ses rivaux.
Mais contrairement à Microsoft ou Amazon, Oracle n’a pas encore atteint l’élan nécessaire pour rassurer Wall Street. Oracle reste perçu comme un acteur historique plutôt qu’un leader IA, il affiche un petit retard dans les parts de marché cloud et une dépendance plus forte à ses activités logicielles traditionnelles.
Un avertissement pour tout le secteur cloud
Cette correction illustre aussi l’hypervolatilité du secteur IA, où la moindre déception peut entraîner une purge instantanée. Les entreprises engagées dans la course à l’IA doivent désormais démontrer deux choses : une vision et une exécution immédiate et mesurable. Oracle affirme que la demande pour ses services IA reste extraordinaire et que les capacités d’hébergement devraient doubler en 2026. Encore faut-il prouver que cette promesse se traduise dans les revenus.