Voici un nouveau coup de pression européen contre les plateformes chinoises à bas coût.Selon des informations obtenues par Reuters, les bureaux européens de Temu à Dublin ont fait l'objet d'une perquisition surprise la semaine dernière par les autorités de régulation de l’UE. L’enquête porte sur de possibles subventions d’État chinoises accordées à la plateforme, filiale du géant PDD Holdings.
Un nouveau lever d'action
Cette intervention s’inscrit dans le cadre du Foreign Subsidies Regulation (FSR), un règlement récent qui permet à Bruxelles de s’attaquer aux entreprises non européennes bénéficiant d’avantages publics considérés comme faussant la concurrence.
Entré en vigueur en 2023, le FSR donne à la Commission des pouvoirs inédits : perquisitions, demandes de documents, obligations de transparence, voire interdiction d’acquisitions ou sanctions financières si des aides étrangères sont jugées illégales. L’objectif est de rétablir l’équité face à des entreprises bénéficiant de financements publics massifs, en particulier en provenance de Chine (mais cela marche aussi avec les USA).
Pour Temu, dont la stratégie repose sur des prix ultra-agressifs, la question est explosive : si l’enquête confirme l’existence de subventions d’État, Bruxelles pourrait y voir un soutien déloyal permettant à la plateforme de casser les prix au détriment d’acteurs européens. La Commission ne commente pas pour l’instant, et Temu n’a pas répondu aux demandes de réaction.
Temu : un succès fulgurant… et une surveillance accrue
Avec son slogan Shop like a billionaire (Achetez comme un milliardaire), Temu attire les clients avec des coupons de réduction hallucinant et ses prix défiant toute concurrence. Le site a conquis des millions de consommateurs américains et européens, notamment dans un contexte d’inflation persistante. En Europe, la plateforme compterait plus de 116 millions d’utilisateurs mensuels, selon les estimations citées par Reuters.
Mais ce succès attire désormais l’attention de plusieurs régulateurs, pour plusieurs raisons à commencer par des prix trop bas pour être honnêtes uniquement liés à l’efficacité logistique. Viennent s'ajouter une dépendance à des expéditions directes depuis la Chine, susceptibles de contourner certaines obligations fiscales et douanières. Et enfin, bonus de fin : des soupçons récurrents de soutien étatique, que Pékin dément systématiquement.
L’Europe s’apprête à supprimer l’exemption douanière sous les 150 euros
Cette perquisition intervient alors que Bruxelles prépare un changement majeur : la fin de l’exonération de droits de douane pour les colis de moins de 150 euros. Cette mesure viserait largement à Temu, Shein et d’autres plateformes chinoises, responsables d’un afflux massif de micro-colis dans l’UE.
La Commission prévoit de supprimer cette exemption d’ici fin 2026, ce qui pourrait faire grimper les prix et ralentir les volumes de commandes. Pour Temu, l’impact serait considérable car son modèle repose précisément sur l’absence de coûts douaniers et une logistique très fragmentée.
Qu'en penser ?
Entre le FSR, le Digital Services Act, la future refonte des règles douanières et l’offensive contre les pratiques des géants asiatiques du e-commerce, l’Union européenne consolide une ligne de plus en plus assumée : protéger son marché intérieur face à des acteurs soutenus par des États tiers. Temu devient ainsi, après TikTok, Shein ou Huawei, un nouvel exemple de cette stratégie de confrontation régulatoire. Ces investigations déboucheront-elles sur des sanctions ou la plateforme parviendra-t-elle à convaincre qu’elle ne bénéficie d’aucune aide incompatible avec les règles européennes ?
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